Guerre des Six Jours

La guerre des Six Jours s'est déroulée du lundi 5 au samedi et opposa Israël à l'Égypte, la Jordanie et la Syrie.

Pour les articles homonymes, voir Guerre des Six Jours (homonymie).

Guerre des Six Jours
Les territoires pris par Israël lors de la guerre des Six Jours.
Informations générales
Date 5 -
Lieu Israël, Égypte, Sinaï, Cisjordanie, Golan
Casus belli Fermeture par l'Égypte du détroit de Tiran
Issue

Victoire israélienne

• Occupation par Israël du Sinaï, du plateau du Golan, de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza
Belligérants
Israël Égypte
Syrie
Jordanie
Irak
Liban (faible participation)
Commandants
Yitzhak Rabin

Moshe Dayan
Uzi Narkiss
Israël Tal
Yeshayahu Gavish
Motta Gur
Mordechai Hod (en)

Ariel Sharon
Ezer Weizman
Gamal Abdel Nasser

Abdel Hakim Amer
Abdul Munim Riad
Ahmad Ismail Ali
Noureddine al-Atassi
Salah Jedid
Hafez el-Assad
Hussein
Zaid ibn Shaker (en)

Asad Ghanma
Forces en présence
264 000 hommes
196 avions militaires
800 chars de combat
547 000 hommes
957 avions militaires
2 504 chars de combat
Pertes

779 morts
2 593 blessés
15 prisonniers
400 chars de combat détruits[1]
46 avions détruits

10 000 à 15 000 tués ou portés disparus et 4 338 capturés


700 à 6 000 tués ou portés disparus et 533 capturés


2 500 tués et 591 capturés

Total - 21 500 tués, 45 000 blessés et plus de 6 000 capturés ; des centaines de chars et plus de 452 aéronefs détruits.


10 tués et une trentaine de blessés. Aéronefs détruits.


Un avion détruit

Conflit israélo-arabe

Batailles

Israël et pays arabes (depuis 1948)

Massacres

Cette guerre fut déclenchée par Israël en réaction aux mouvements de troupes de l'Égypte et à la suite du blocus du détroit de Tiran aux navires israéliens par l'Égypte le (les Israéliens avaient préalablement annoncé qu'ils considéreraient cet acte comme un casus belli)[2]. Le soir de la première journée de guerre, la moitié de l'aviation arabe était détruite ; le soir du sixième jour, les armées égyptiennes, syriennes et jordaniennes étaient défaites[3]. Les chars de l'armée israélienne bousculèrent leurs adversaires sur tous les fronts. En moins d'une semaine, l'État hébreu tripla son emprise territoriale : l'Égypte perdit la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï, la Syrie fut amputée du plateau du Golan et la Jordanie de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

Plus symbolique encore que la défaite arabe fut la prise de la vieille ville de Jérusalem.

Les résultats de cette guerre, épisode du conflit israélo-arabe, influencent encore aujourd'hui la géopolitique de la région[4]. Si Israël s'est depuis retiré de la plus grande partie des territoires occupés, le Sinaï et la bande de Gaza, d'autres ont été annexés : Jérusalem-Est et le plateau du Golan,  deux actes non reconnus par la communauté internationale  et une partie de la Cisjordanie est toujours occupée.

Résumé

Le 16 , l'Égypte déclare un état d'alerte, procède à d'importants mouvements de troupes dans le désert du Sinaï et exige le départ des forces de maintien de l'ordre de l'ONU qui s'y trouvent depuis 1957. Elle impose aussi le blocus du détroit de Tiran qui donne accès à la mer Rouge, via le golfe d'Aqaba, aux navires israéliens. Israël considère que le blocus constitue un acte de guerre en violation du droit international[5]. Face à ce blocus, aux propos bellicistes de dirigeants arabes et à la mobilisation des armées arabes[5], Israël décide de lancer une attaque préventive[6] aérienne et terrestre le contre l'Égypte au sud. Israël demande par voie diplomatique à la Jordanie de rester neutre mais celle-ci attaque Israël dès le premier jour[7],[8]. À la suite du succès éclair dans le Sinaï, Israël lance une contre-attaque contre la Jordanie puis le contre la Syrie sur le plateau du Golan.

Après six jours de combats, de nouvelles lignes de cessez-le-feu remplacent les anciennes, la Cisjordanie, la péninsule du Sinaï, la bande de Gaza et le plateau du Golan passant sous contrôle israélien (voir Territoires occupés). La navigation des navires israéliens par le détroit de Tiran est désormais assurée et Jérusalem, qui était divisée entre Israël et la Jordanie depuis 1949, est réunifiée sous contrôle israélien.

À l'issue de la guerre des Six Jours, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 242 (1967) qui réclame la fin immédiate de l'occupation militaire. Cette résolution, fréquemment invoquée depuis dans les négociations de paix au Proche-Orient, reste encore inappliquée[9]. Elle ne précise toutefois pas comment devraient être restitués les territoires dont elle demande l'évacuation par Israël, les territoires aujourd'hui dits « palestiniens » étant avant 1967 sous contrôle jordanien ou égyptien.

Situation géostratégique précédant le conflit (1956 – 1967)

La précédente guerre israélo-arabe de 1956 lors de la crise du canal de Suez s'était soldée par une défaite militaire mais une victoire politique capitale pour l'Égypte. À la suite du renoncement des États-Unis et de la Grande-Bretagne à soutenir financièrement la construction du barrage d'Assouan[10], le président égyptien, Gamal Abdel Nasser, avait nationalisé le canal de Suez en 1956. La France et le Royaume-Uni avaient alors soutenu ensemble une attaque israélienne dans le Sinaï jusqu'au canal de Suez. Mais la condamnation fut unanime dans le monde. Les États-Unis, l'Union soviétique et l'ONU s'accordèrent sur le retrait israélien et l'URSS menaça même Paris et Londres d'une frappe nucléaire [11].

Durant la période menant à la guerre, les attaques de Fedayin palestiniens et les contre-attaques israéliennes, augmentent les tensions interfrontalières.

Le succès de Nasser avait donc été d'obtenir cette pression diplomatique des États-Unis et de l'Union soviétique pour pousser Israël à se retirer de la totalité du Sinaï. En échange, Israël obtint le maintien de Casques bleus de l'ONU dans le Sinaï pour veiller à garder cette frontière démilitarisée. L'Égypte avait également accepté de mettre un terme à la guérilla menée sur le sol israélien. Ainsi, la frontière israélo-égyptienne put connaître une période de calme sans précédent depuis 1948.

Aucun pays arabe n'avait pourtant reconnu l'existence de l'État d'Israël, mais la région était dans un équilibre incertain depuis 1956, maintenu davantage par la compétition entre Égypte, Syrie et Jordanie que par une résolution réelle des problèmes. En pleine guerre froide, l'Égypte et la Syrie étaient désormais alliées à l'URSS de Nikita Khrouchtchev et au bloc de l'Est tandis que la Jordanie était soutenue par les Britanniques.

Plusieurs années après le conflit, Israël construisit un réseau de transport de l'eau en puisant dans les eaux du lac de Tibériade. En réponse, la Syrie initia un plan de dérivation des sources du Jourdain des eaux de certaines rivières (Dan /Baniyas) afin qu'elles n'alimentent plus le lac. Des attaques à l'artillerie lourde, depuis les hauteurs du Golan, se répétèrent aussi contre les civils israéliens du Nord-Est de la Galilée. Avec le bombardement des voies et le détournement de l'eau en 1964, la frontière israélo-syrienne resta le théâtre de tensions permanentes.

En 1966, l'Égypte et la Syrie signèrent une alliance militaire qui les engageait réciproquement dans le cas d'une guerre impliquant l'un des deux pays. Le , un incident mineur à la frontière israélo-syrienne se transforma rapidement en une bataille aérienne de grande échelle au-dessus du Golan. Le résultat fut la destruction de sept Mig-21 syriens et le survol menaçant des avions de l'armée israélienne au-dessus de Damas. Les incidents frontaliers se multiplièrent et nombre de dirigeants arabes politiques et militaires appelèrent à la fin des représailles israéliennes. En Égypte, Nasser, toujours en quête d'une position centrale dans le monde arabe, surenchérit par la déclaration selon laquelle il prévoyait de remilitariser le Sinaï. La Syrie encouragea l'Égypte dans ce sens, mais ne se prépara pas immédiatement à l'éventualité d'un nouveau conflit. L'Union soviétique soutint les besoins militaires des pays arabes. On apprit plus tard qu'un rapport soviétique du 13 mai avait prétendu que les troupes israéliennes se regroupaient le long de la frontière syrienne alors qu'il n'en était rien[12].

Les troupes israéliennes ont détruit un avion de surveillance arabe.

En , Nasser massa les troupes égyptiennes dans le Sinaï[12] et le 17 mai, il exigea le retrait des forces d'interposition de l'ONU du Sinaï et le secrétaire général de l'ONU, U Thant, suivit cette requête. L'ONU demanda à déplacer ses troupes sur le territoire israélien mais Israël refusa ce redéploiement qui aurait constitué une brèche dans l'accord de cessez-le-feu précédent. Nasser concentra des troupes et des chars d'assaut sur la frontière avec Israël. Le 23 mai, l'Égypte bloqua l'accès au détroit de Tiran aux navires israéliens (route du sud essentielle à l'approvisionnement des Israéliens en pétrole et blocus du port d'Eilat), ce qui était sans précédent depuis les accords internationaux sur les droits de passage dans le détroit, signés en 1957 par 17 puissances maritimes[13]. Israël considéra cela comme un casus belli. La tension dans la région glissait d'un relatif statu quo vers une guerre régionale. Un début de panique s'empare de la population israélienne qui redoute un nouvel holocauste[12].

Les quelques réticences à entrer en guerre du roi Hussein qui craignait le panarabisme de Nasser furent vite effacées par les nombreux partisans de la guerre en Jordanie. Le , l'Égypte signait avec la Jordanie un traité de défense mutuelle, qui s'ajoutait à l'alliance militaire déjà en place avec la Syrie. Le président Nasser déclara : « Notre objectif sera la destruction d'Israël. Le peuple arabe veut se battre. » Plusieurs jours plus tard, les forces jordaniennes étaient commandées par un général égyptien. Israël appela de nombreuses fois la Jordanie à éviter les hostilités, mais Hussein était face à un dilemme : partir en guerre et risquer le contrecoup d'une réponse israélienne, ou bien rester neutre et risquer une insurrection en Jordanie.

Le gouvernement d'Israël était soucieux de savoir si la Jordanie serait impliquée dans le conflit pressenti, car une attaque depuis la Cisjordanie (sous contrôle jordanien depuis 1949) aurait pu couper le pays en deux très rapidement. Toutefois, l'armée jordanienne ne semblait pas capable d'une telle manœuvre et la Jordanie avait plutôt jusque-là été le terrain d'opérations menées par les autres pays arabes. De plus, plusieurs états éloignés commencèrent à mobiliser leurs armées, notamment l'Irak, le Soudan, le Koweït et l'Algérie.

En Israël, certains voyaient, dans l'éventualité d'un nouveau conflit, une occasion d'assurer l'intégrité du pays en établissant des zones tampons. Selon le journaliste Mike Shuster, Israël « était encerclé par des États arabes décidés à le détruire. L'Égypte était dirigée par Gamal Abdel Nasser, un nationaliste provocateur dont l'armée était la plus puissante des pays arabes du Moyen-Orient. La Syrie était gouvernée par le radical Parti Baas qui préparait en permanence des menaces pour pousser Israël à la mer ». L'élite israélienne, dans la situation de blocus du détroit au sud et de mobilisation égyptienne dans le Sinaï et étant donné l'état d'embourbement des États-Unis au Viêt Nam, jugea que, si des dispositions militaires pouvaient apparaître non souhaitables, elles pourraient néanmoins être nécessaires.

Dans le camp égyptien, Nasser, fort du soutien syrien et du contrôle militaire des forces jordaniennes que lui attribuait l'alliance signée le , se faisait la même réflexion. Il estimait qu'Israël se soucierait de l'opinion publique internationale et n'attaquerait donc pas en premier. En même temps, le blocus du détroit du sud fragilisait de plus en plus l'économie et l'armée israélienne, et Nasser estimait que son armée pourrait facilement repousser une première attaque déclenchée par les Israéliens, puis aurait suffisamment de forces pour couper Israël en deux. Certains de ses commandants pensaient le contraire, sachant qu'un tiers des troupes égyptiennes était impliqué dans la guerre civile au Yémen et que les moyens de communication et de ravitaillement égyptiens n'étaient pas en bon état. Nasser continua néanmoins à augmenter le niveau de mobilisation en Égypte, en Syrie et en Jordanie pour mettre Israël sous pression.

Israël tenta d'empêcher le blocage du détroit par des voies diplomatiques. Notamment, elle se tourna vers les États-Unis et le Royaume-Uni qui avaient garanti en 1957 qu'ils seraient capables d'ouvrir le détroit de Tiran si besoin était. Elle se tourna même vers le général de Gaulle qui avait déclaré que « 1967 n'est pas 1957 », dans le cadre de la nouvelle politique arabe de la France. Toutes les demandes israéliennes pour éviter le conflit furent sans réponse, menaçant l'avenir du pays. Les Israéliens dénoncèrent le blocus comme étant une action correspondant aux critères internationaux d'acte de guerre.

D'après l'historien israélien Michael Oren, ce fut la première fois que le « téléphone rouge » liant la Maison-Blanche au Kremlin fut utilisé pendant la guerre froide. Le , le ministre israélien des Affaires étrangères, Abba Eban, se rendit à Washington pour connaître la position du gouvernement américain dans l'éventualité d'une guerre. À peine arrivé, il lui fut secrètement annoncé par le gouvernement israélien que des informations révélant le plan d'une attaque syro-égyptienne dans les 48 prochaines heures avaient été obtenues. Eban en informa le président Johnson et ses conseillers, qui le renvoyèrent en précisant que les positions égyptiennes dans le Sinaï n'étaient que défensives et que les services d'espionnage américains n'avaient pas reçu d'informations corroborant l'annonce de cette opération. Toutefois, Johnson entra en contact avec Alexeï Kossyguine au Kremlin pour demander à l'URSS d'empêcher ses protégés du Proche-Orient d'attaquer Israël pour éviter une crise mondiale. L'ambassadeur soviétique au Caire, Dimitri Pojidaev, lut une lettre de Kossyguine à Nasser qui le prévenait qu'en cas d'attaque dans les 48 heures, l'URSS ne le soutiendrait pas. Le ministre égyptien de la Défense, Abdel Hakim Amer, annonça alors au général Mahmud Sidqi (en) que l'opération était annulée[14].

Les dirigeants israéliens décidèrent qu'en l'absence de réaction américaine et de l'ONU, Israël se devait d'agir. Le 1er juin, Moshe Dayan fut nommé ministre de la Défense d'Israël. Le 3 juin, le cabinet du président américain Johnson fit un constat ambigu : Israël continue ses plans de guerre. Selon Shlomo Gazit (en), la confiance des dirigeants israéliens aurait été confortée par le fait qu'en 1965, le roi du Maroc, Hassan II, avait fait enregistrer au profit du Mossad les travaux d’une réunion secrète des dirigeants arabes destinée à évaluer leurs capacités militaires, enregistrements qui montraient l'impréparation de l'armée égyptienne[15].

L'attaque israélienne contre l'Égypte survint le 5 juin et alors démarra une guerre-éclair.

Invité par Ezer Weizman, l'As français de la Bataille d'Angleterre, Pierre Clostermann, confident du général de Gaulle, assista à l'assaut du dans le QG du Chel Ha'Avir. En milieu de journée il sera également présent au Conseil des ministres, Shimon Peres souhaitant s'entretenir avec lui sur la position française[16], de même que Ben Gourion qu'il rencontrera à son domicile le [17].

La guerre

L'attaque d'Israël

La conquête du Sinaï.

La plus grande force aérienne des armées arabes est en Égypte. Leurs avions sont tous récents et de conception soviétique. Ils possèdent également 45 bombardiers moyens Tu-16 capables d'attaquer des cibles civiles ou militaires israéliennes. Toutefois, les infrastructures défensives égyptiennes sont relativement faibles et ils ne disposent pas non plus de bunkers pour protéger leur aviation en cas d'attaque.

Le lundi à 7 h 45, survolant la Méditerranée à très basse altitude pour éviter les radars, l'aviation israélienne attaque l'Égypte où la plupart des avions de chasse et leurs pilotes sont comme à leur habitude au sol après leur première patrouille de la matinée comme les services secrets israéliens l'avaient observé. La totalité de l'aviation israélienne est engagée tandis que seuls 12 intercepteurs sont gardés en réserve pour protéger l'espace aérien israélien[18]. En 500 sorties, Israël détruit 309 des 340 avions militaires égyptiens[19]. Cela représente un succès au-delà des espérances des stratèges israéliens, qui avaient élaboré ce plan depuis longtemps. Les pertes israéliennes sont de 19 appareils, pour des causes techniques principalement. Cela a pour conséquence une supériorité aérienne totale de l'aviation israélienne durant tout le conflit, supériorité dont dépendit en grande partie la victoire écrasante d'Israël.

La situation en Égypte et en Israël au soir du premier jour

L'Égypte vit depuis longtemps sous la censure et la propagande pour mobiliser l'opinion arabe. Au soir du premier jour, alors que la situation des troupes égyptiennes est catastrophique, la radio diffuse l'annonce de grandes victoires et insiste sur le fait que des avions israéliens ont été abattus. Le peuple est en fête, surtout au Caire où les gens descendent dans les rues fêter une victoire qu'ils croient acquise[20]. Alors que l'armée israélienne progresse, les généraux égyptiens préfèrent dissimuler le délitement de l'armée égyptienne à Nasser : lorsqu'il l'apprend, celui-ci est effondré[21]. En Israël, la radio israélienne diffuse seulement l'annonce du début des combats, sans indiquer les vainqueurs. La seule chaîne de télévision captée en Israël étant égyptienne, la population croit à un désastre.

La frontière entre l'Égypte et Israël aux environs d'Eilat, en 2008.

Bande de Gaza et péninsule du Sinaï

Bénéficiant de l'avantage acquis par l'aviation et seulement quelques minutes après le début de l'attaque aérienne, les 70 000 hommes et 700 blindés[12] de l'armée de terre israélienne attaquent les forces égyptiennes stationnées dans le Sinaï. Privées de soutien aérien, celles-ci ne sont pas capables de faire face. De plus, les officiers supérieurs égyptiens ne peuvent coordonner une retraite en ordre qui devient rapidement une débandade. Les jours suivants, l'armée israélienne conquiert facilement le désert du Sinaï.

Le 8 juin, l'Égypte accepte le cessez-le-feu. 15 000 égyptiens furent tués où blessés, 5 000 furent fait prisonnier ainsi que 500 officiers durant les 4 jours de combats. 80% de la puissance militaire égyptienne était mise hors de combat. Les pertes israéliennes étaient de 300 tués et 1 000 blessés environ[22].

Front jordanien

Suite de la guerre : dégagement par les Israéliens de l'esplanade devant le mur des Lamentations à Jérusalem en juillet 1967.
Paratroopers at the Western Wall (en) : parachutistes israéliens au mur des Lamentations le 7 juin 1967

Israël appelle la Jordanie à rester en dehors de la guerre à travers des voies diplomatiques (dont par le biais des Nations Unies)[23]. La Jordanie ne déclare pas la guerre mais engage les hostilités le à 9 h 30 en tirant à travers la ligne d'armistice de 1949, en bombardant Israël, en capturant le quartier général des Nations unies à Jérusalem et en encerclant les positions israéliennes sur le mont Scopus. La Jordanie lance aussi une attaque aérienne avec 16 Hawker Hunter[23].

Le premier jour de guerre est un désastre pour l'armée égyptienne, mais la radio diffuse des annonces de victoire. Au contraire, les communiqués de l'armée israélienne disent seulement que des combats ont été engagés. Israël brouillant les communications, le roi Hussein de Jordanie tout comme le général (égyptien) de ses armées auraient donc cru à la victoire de l'Égypte.

Le ministre de la Défense israélien Moshe Dayan, au vu de la facilité qu'avaient ses troupes au Sinaï, rappelle des forces à Jérusalem. L'aviation israélienne détruit celle de la Jordanie, tandis que les parachutistes israéliens encerclent puis prennent le contrôle de tout Jérusalem et de toute la rive occidentale du Jourdain le mercredi 7 juin. Dans le calendrier hébraïque, cette date correspond au 28 Iyar 5727, jour où sera désormais célébré chaque année le Jour de Jérusalem.

Historique de la frontière sur le plateau du Golan.

Le cessez-le-feu israélo-jordanien prend effet le au soir.

Front syrien

Jusqu'au vendredi 9 juin, les combats sur la frontière syro-israélienne sont limités à des bombardements syriens. Mais le , après avoir intercepté un télégramme qui le convainc que les Soviétiques n'ont pas l'intention d'intervenir, Moshe Dayan décide de lancer l'armée israélienne à la conquête du plateau du Golan. Ce plateau représente une hauteur stratégique importante pour Israël. La Syrie étant un allié de l'Union soviétique, l'armée israélienne n'a que quelques heures pour avancer avant de se voir imposer un cessez-le-feu par l'URSS et les États-Unis.

Les combats du donnent des résultats mitigés : les Syriens perdent en fin d'après-midi leurs positions avancées, mais la pénétration israélienne reste limitée. Le 10 juin, l'état-major syrien, craignant un mouvement de contournement israélien à travers la plaine de la Bekaa au Liban, ordonne le retrait de ses troupes du Golan pour construire une ligne de défense autour de Damas. L'armée israélienne s'engouffre alors dans l'espace libéré et la confusion s'installe côté syrien où l'on voit par exemple la radio annoncer vers 8 h 45 la chute de Quneitra alors que les premières troupes israéliennes n'atteindront la ville que dans l'après-midi[24].

Face à l'évolution de la situation, Leonid Brejnev (dirigeant de l'URSS) menace les États-Unis d'intervenir militairement de façon directe et les deux super puissances imposent un cessez-le-feu à la Syrie et à Israël qui prendra effet le samedi au soir, mettant fin à la guerre des Six Jours[25].

Durant les combats, les syriens perdirent 2 500 tués, 5 000 blessés et 591 prisonniers. Les israéliens avaient perdu 127 tués et 600 blessés[22].

Batailles en mer et dans les airs

Le , un bombardier irakien, un Tupolev Tu-16, parvient à lâcher plusieurs bombes de plusieurs tonnes sur la ville de Netanya. La ville semble avoir été confondue avec Tel Aviv et l'avion avait été confondu par les radars israéliens comme étant un avion israélien de retour à la base. Celui-ci est abattu après avoir effectué son bombardement[26].

Le , l'aviation et la marine israéliennes attaquent par erreur l'USS Liberty, navire américain spécialisé dans la collecte de renseignements[27].

Conclusion des hostilités

La résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies du exigeait « l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient » (Middle-East dans le texte en anglais).

Nouvelle guerre d'usure

Les pays arabes adoptent la résolution de Khartoum en , définissant une ligne de conduite commune. La résolution contient notamment dans son paragraphe 3, ce qui est connu comme les « trois non » des relations israélo-arabes de l'époque[28] :

  1. pas de paix avec Israël,
  2. pas de reconnaissance d'Israël,
  3. pas de négociation avec Israël.

À partir du début de l'année 1969, de nouveaux combats eurent lieu entre l'Égypte et Israël le long du canal de Suez. Les Égyptiens s'appuyaient sur l'utilisation de l'artillerie dans des opérations de type soviétique[pas clair]. Les avions israéliens faisaient des incursions poussées en Égypte. Les États-Unis parvinrent à mettre un terme à ces hostilités en mais malgré leurs efforts dans les négociations, ils n'obtinrent ni une réouverture du canal de Suez ni un désengagement militaire. Cette guerre d'usure constitua une transition avant la guerre du Kippour, en .

Notes et références

  1. (en) Steven Zaloga, Armour of the Middle East Wars 1948–78, Osprey Publishing, (ISBN 9780850453881).
  2. « Évenements ayant conduit à la Guerre des Six Jours (1967) » [PDF], sur L'Histoire d'Israël en cartes (consulté le ), p. 20.
  3. Philippe Rekacewicz, « La guerre des six jours (1967) », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le ).
  4. « La Guerre des Six Jours »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur Arte.
  5. (en) Simon McKenzie, Disputed territories and international criminal law : Israeli settlements and the International Criminal Court (ISBN 978-0-367-14782-2 et 0-367-14782-3, OCLC 1114512478, lire en ligne).
  6. « Guerre de Six jours », sur Encyclopédie Universalis (consulté le ).
  7. Cuau 1968, p. 171-175.
  8. « The Six Day War and Its Enduring Legacy », sur Washingtoninstitute.org (consulté le ).
  9. (en-GB) « 1967: Israel ends six-day war », BBC, (lire en ligne, consulté le ).
  10. M. Bakre, J. Bethemont, R. Commère et A. Vant, L'Egypte et Haut-Barrage d'Assouan : de l'impact à la valorisation, Presses de l'Université de Saint-Étienne, (ISBN 2851452037, lire en ligne).
  11. « Peut-on encore s’en remettre à la dissuasion nucléaire ? », sur Meta-Defense.fr (consulté le ).
  12. Cyrille Louis, « Guerre des Six-Jours: une victoire écrasante qui a stupéfié les armées arabes », Tribune Juive (repris du Figaro), (lire en ligne, consulté le ).
  13. Voir la déclaration de Georges Picot pour la France, et celle d'une douzaine d'autres nations, à l'AG de l'ONU le ((en) « 12 Statements by Representatives of the Maritime Powers at the United Nations on Freedom of Navigation- March-April 1957 », sur mfa.gov.il (consulté le )) :
    « le golfe d'Aqaba dont les côtes appartiennent à quatre différents États constitue des eaux internationales… la liberté de navigation doit être assurée dans ce golfe et dans les détroits qui y mènent… aucun pays n'a le doit d'empêcher le libre et simple passage des navires de toute nationalité et de tout type ».
  14. « Event Archive: Michael Oren - Commonwealth Club »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  15. (en) Ronen Bergman, « Mossad listened in on Arab states' preparations for Six-Day War », sur Yediot Ahoronot, (consulté le )
  16. « Pierre Clostermann : la guerre des Six Jours dans le QG du Chel Ha’Avir », sur Pierre Clostermann (consulté le ).
  17. (en) S. Ilan Troen et Zaki Shalom, « Ben Gurion’s Diary for the 1967 Six-Day War », Israel Studies, vol. 4, no 2, , p. 195-220 (DOI 10.2979/ISR.1999.4.2.195).
  18. Cuau 1968, p. 129.
  19. Henry Laurens, La Question de Palestine : Le rameau d'olivier et le fusil du combattant, t. 4, Fayard, , 912 p. (ISBN 978-2-213-66801-7), p. 12.
  20. Pierre Hazan, 1967, la guerre des six jours : la victoire empoisonnée, Éditions Complexe, (ISBN 978-2870273005, lire en ligne), p. 37.
  21. Hazan 2001.
  22. La guerre des 6 jours : La victoire de la stratégie
  23. (en) Avi Shlaim, Wm Roger Louis et William Roger Louis, The 1967 Arab-Israeli War: Origins and Consequences, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-107-00236-4, lire en ligne)
  24. Henry Laurens, « La Question de la Palestine après 1967 » (cours au Collège de France), sur Collège de France, (consulté le ).
  25. Cuau 1968, p. 301.
  26. (en) Misrad ha-huts (Ministère des affaires étrangères) et Ganzakh ha-medinah Israel (Service d'archives de l'état), « Israel Foreign Ministry Memo, HZ 5937/30: Israel State Archives », Israel Studies, vol. 4, no 2, , p. 227–236 (ISSN 1527-201X, DOI 10.1353/is.1999.0001, lire en ligne, consulté le ).
  27. Cuau 1968, p. 275.
  28. (en) « The Khartoum The joint resolution passed by eight the member states of the Arab League: Egypt, Syria, Jordan, Lebanon, Iraq, Algeria, Kuwait and Sudan. Resolutions », sur Jewish Virtual Library (consulté le ).

Bibliographie

  • Yves Cuau (préf. Raymond Aron), Israël attaque : 5 juin 1967, Robert Laffont, coll. « Ce jour-là », .
  • Pierre Hazan, 1967, la guerre des six jours : la victoire empoisonnée, Éditions Complexe, (ISBN 978-2870273005, lire en ligne), p. 37.
  • Herman Wouk, Les jours glorieux, Plon, (ISBN 2259182755).
  • Pierre Razoux (préf. Amiral Pierre Lacoste), La Guerre des Six Jours (5-) : Du mythe à la réalité, Éditions Economica, (ISBN 2717851933, présentation en ligne).
  • Raphaël Delpard (nouvelle édition revue et corrigée), La guerre des Six jours : La Victoire et le Poison, Marie B, (1re éd. 2007).
  • Christophe Réveillard (dir.), « Le Général de Gaulle et la guerre des Six Jours », dans Le Général de Gaulle et le monde arabe, Beyrouth, Dar An-Nahar, (présentation en ligne), p. 225-237.

Liens externes

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