Lac de Tibériade

Le lac de Tibériade, mer de Galilée, lac de Kinneret ou encore lac de Génézareth est un lac d'eau douce d'une superficie de 160 km2 situé au nord-est d'Israël entre le plateau du Golan et la Galilée.

Pour les articles homonymes, voir Kinneret.

Lac de Tibériade

Le lac de Tibériade vu du mont des Béatitudes.
Administration
Pays Israël
Subdivision Tibériade
Géographie
Coordonnées 32° 48′ 18″ N, 35° 35′ 14″ E
Type Lac naturel
Superficie 166 km2
Longueur 21 km
Largeur 13 km
Périmètre 53 km
Altitude −212 m
Profondeur
 · Maximale
 · Moyenne

entre 40 et 49 m
25,6 m
Volume 4 131 000 000 m3
Débit moyen 15,8 m3/s
Hydrographie
Bassin versant 273 km2
Alimentation Jourdain, Nahal Amud, Nahal Zalmon
Émissaire(s) Jourdain
Durée de rétention 5 ans
Géolocalisation sur la carte : Israël
Redbelly tilapia (Tilapia zillii; "Poisson saint-pierre") servi dans un restaurant de Tiberias/Tibériade.

Situé à plus de 200 m au-dessous du niveau de la mer, il est traversé par le fleuve Jourdain. Riche en poissons, il est réputé pour ses tempêtes violentes à cause des différences de température avec les hauteurs environnantes.

Étymologie

Ce lac est appelé « le lac de Tibériade » dans la Mishna, le Talmud et la Tossefta à cause de sa proximité avec la ville de Tibériade. On y trouve aussi « lac de Guinossar », du nom de la vallée qui est proche. Ce nom a été transmis dans les langues européennes sous la forme Génésareth.

En arabe et en français, on utilise le nom « lac de Tibériade » (en arabe : بحيرة طبريا (buhayrat tabariya)). Dans les versions grecque et latine des Évangiles, on utilise le nom « mer de Galilée ». C’est également le cas en anglais.

En hébreu, son nom est « mer de Kinneret » (ים כנרת). Il apparaît dans le livre des Nombres (parasha Massei 34,11)[1] :

«...puis elle [la frontière] suivra le bord oriental de la mer de Kinneret »

et dans le livre de Josué (13,27)[2], en parlant du territoire de Gad

«…avec le Jourdain pour limite, jusqu’à l’extrémité de la mer de Kinneret, au bord oriental du Jourdain. »

Une explication du nom Kinneret est qu’il s’agit d’une allusion à sa forme, kinnor (כנור) signifiant « lyre », d’où kinneret « en forme de lyre ». Selon le Talmud, le nom du lac lui vient du fait que « ses fruits sont doux comme le son de la lyre » (Talmud de Babylone, Meguila 6a).

Histoire

Sur la rive ouest du lac est construite la ville éponyme de Tibériade. Capitale de la Galilée, elle fut fondée par Hérode Antipas en l'honneur de l'empereur romain Tibère. C'est aujourd'hui une station balnéaire de 31 000 habitants, réputée pour ses sources chaudes et son climat sec.

Il existe de nombreux sites archéologiques et historiques autour du lac de Tibériade, notamment Hattin, site de la bataille de Hattin (1187) lors de laquelle Saladin battit 1 200 chevaliers croisés. Sous les eaux du lac, au sud-ouest, se trouve une énorme structure conique de blocs de basalte non taillés, découverte par des archéologues en 2013. Encore énigmatique, elle pèserait environ 60 000 tonnes[3]. Cependant, la Bible, mentionne de telles œuvres humaines sous le terme araméen Yegar-Sahadouthâ monceau-témoignage ») ; une autre hypothèse voudrait qu'il s'agisse d'une nurserie à poissons.

Durant l'hiver 1986, a été découvert dans le lac, près de ce qui est généralement considéré comme l'ancienne Magdala /Tarichée, un exemplaire unique de barque romaine[4] (longueur 8,3 m, largeur 2,6 m, profondeur 1,2 m) pour la pêche et le transport de marchandises. Le carbone 14 situe la construction de cette barque au Ier siècle de notre ère, ce qui lui vaut parfois le surnom de « barque de Pierre » ou « barque de Jésus ».

La délimitation des frontières de la Palestine mandataire en 1922-1923 en vertu de l'accord Paulet–Newcombe (en) octroya à cette dernière la juridiction sur l'ensemble des eaux du lac. Seule la rive nord-est fut cédée à la Syrie[5]. Lors du plan de partage de la Palestine en 1947, les territoires mandataires se trouvant dans cette zone furent intégralement placés sous l'autorité d'Israël. Depuis l'occupation du plateau du Golan en 1967, la rive orientale est entièrement sous contrôle israélien d'autant qu'il a été annexé de manière unilatérale par l'État hébreu en 1981. Cette annexion n'étant pas reconnue par la communauté internationale, cette dernière en demande la restitution à la Syrie qui en fait un sujet au cœur d'un éventuel processus de paix entre les deux pays. Tandis qu'Israël se réclame des frontières de 1923, la Syrie voudrait un retour aux positions du , incluant donc une partie de la rive orientale du lac dans son territoire[6].

Hydrographie

Évolution récente du niveau du lac de Tibériade, avec une remontée particulière en 2019-2020.
La carte bathymétrique.

Le lac reçoit de l'eau principalement du fleuve Jourdain qui s'y déverse au nord et en ressort au sud.

Il constitue aujourd'hui une ressource hydraulique importante pour Israël. Des travaux de canalisations ont permis l'approvisionnement des villes en eau douce et l'irrigation à des fins agricoles, essentiellement dans le désert du Néguev. Le développement du dessalement de l'eau de mer en Israël qui diminue les pompages dans les eaux du lac de Tibériade n'empêche pas le lac d'atteindre un de ses niveaux les plus bas à l'automne 2017 en raison de la sécheresse du précédent hiver[7]. La situation s'aggrave à l'automne 2018[8]. Afin de lutter contre la baisse de niveau du lac, le gouvernement israélien approuve le un plan pour l'alimenter en eau dessalée. Il prévoit que d'ici 2022, 100 Mm3 d'eau y soient déversés annuellement. Le projet prévoit la construction de deux usines de dessalement, une en Galilée occidentale, l'autre à Nahal Sorek, pour une capacité totale de 300 Mm3 par an[9].

À la suite de pluies abondantes en 2019 et 2020, le niveau remonte et atteint les 209,275 mètres sous le niveau de la mer le , un niveau qui n'avait jamais été atteint depuis juillet 2004. Celui-ci devrait encore monter à la suite de la fonte des neiges du mont Hermon, même en l'absence de pluie. Si le niveau monte encore de 47,5 cm, les vannes d'un barrage situés au kibboutz Degania doivent être ouvertes afin d'empêcher le lac de déborder. Tout danger est donc écarté pour l'instant[10],[11].

Caractéristiques

Lac de Tibériade vu par le satellite Spot.
Autre vue du lac de Tibériade depuis le mont des Béatitudes.
  • Superficie : 166 km2
  • Longueur : 21 km
  • Largeur : 13 km
  • Périmètre : 53 km
  • Profondeur moyenne : 25,6 m
  • Temps de renouvellement : 5 ans
  • Débit annuel : 700 000 000 m3 en entrée et 500 000 000 m3 en sortie.

Importance culturelle et religieuse

Rive du lac de Tibériade.
Cimetière du kibboutz Kinneret et la tombe de Naomi Shemer (l'avant-dernière).

Christianisme

Le lac a une grande importance pour les chrétiens. C'est sur ses rives dont les collines boisées et les petites plaines fertiles abritaient de nombreux villages de pêcheurs et d'agriculteurs que de nombreux épisodes de la vie de Jésus, rapportés dans les Évangiles, ont eu lieu ; ainsi, la tempête apaisée (Lc 8, 12,25), la pêche miraculeuse (Lc 5, 4-6), la marche sur les eaux (Mt 14, 22-33), ou la dernière apparition aux disciples alors qu'il était ressuscité (Jn 21, 1s). Le lac est un lieu de pèlerinage chrétien :

  • Bethsaïde, ancienne cité, sur la rive nord du lac, près de Capharnaüm ;
  • Capharnaüm, ancienne cité, sur la rive nord du lac, de l'hébreu kfar (village) et Nahum (compassion, consolation). Ville où est venu prêcher Jésus et où il guérit l'esclave du centurion. Vestiges d'une église octogonale et d'une synagogue monumentale du IIIe siècle ou IVe siècle[12]. Maison de saint Pierre ;
  • Chorazeïn ;
Lever de soleil sur la mer de Galilée depuis l'Oasis d'Emmanuel - Tibériade

Judaïsme

Le lac est un lieu de pèlerinage pour les Juifs. Les pèlerins juifs viennent y prier sur :

Le lac a donné son nom au kibboutz Kvoutzat Kinneret qui est situé à proximité. Dans le cimetière de Kinneret, qui surplombe le lac, sont enterrés plusieurs idéologues socialistes et pionniers sionistes de la seconde et de la troisième aliyah. C'est dans ce cimetière que sont enterrées les artistes Rachel Bluwstein, connue sous le nom de Rachel hameshoreret (la poétesse Rachel), et Naomi Shemer, autrice-compositrice israélienne. Beaucoup de chanteurs israéliens ont consacré des chansons au lac de Tibériade.

Islam

Selon un hadîth[14], son assèchement est un des signes mineurs de la fin des temps, et il signe l'émergence du faux-messie, le dajjal.

Représentations graphiques

Voir aussi

Notes et références

  1. Livre des Nombres, chapitre 34, verset 11.
  2. Livre des Nombres, chapitre 13, verset 27.
  3. (en) A Submerged Monumental Structure in the Sea of Galilee, Israel, par Yitzhak Paz1, Moshe Reshef, Zvi Ben-Avraham, Shmuel Marco, Gideon Tibor et Dani Nadel, The International Journal of Nautical Archeology, 4 février 2013, DOI : 10.1111/1095-9270.12005.
  4. Voir le descriptif complet de La barque romaine du lac de Tibériade sur le site du Ministère israélien des Affaires étrangères.
  5. « Entre Syrie et Israël: les cartes topographiques du Joulân-Golan, vecteurs de revendications territoriales », sur mappemonde-archive.mgm.fr (consulté le )
  6. Cahier spécial sur le Proche-Orient dans Le Monde diplomatique.
  7. Mélanie Lidman, « Le lac de Tibériade se dirige vers son niveau le plus bas jamais enregistré », sur The Times of Israel,
  8. AFP, « Miracle naturel surexploité, le lac de Tibériade s’assèche », sur The Times of Israel,
  9. AFP, « Israël : le lac de Tibériade alimenté en eau de mer dessalée », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  10. « Le lac de Tibériade atteint son plus haut niveau depuis 2004 », sur fr.timesofisrael.com, (consulté le ).
  11. (en) Zafrir Rinat, « Lake Kinneret Is the Fullest It's Been in Five Years, and There's More to Come », sur haaretz.com, (consulté le ).
  12. (en) Stanislao Loffreda, « Capernaum », dans Eric M. Meyers (dir.), Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Near East, vol. 1, Oxford et New York, Oxford University Press,
  13. Les historiens modernes s'accordent pour localiser Ænon près de la ville de Salim en Samarie, comme l'indique l'évangile attribué à Jean (BOISMARD, 1973), (Murphy O'Connor, 1990, p. 361-363). L'autre endroit « Béthanie au-delà du Jourdain » n'est toujours pas identifié avec certitude cf. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien,  éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 217.
  14. Récit de Nawass Ibn Samaan rapporté dans le Sahih Muslim.
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