Marche sur les eaux

La Marche sur les eaux est un épisode de la vie de Jésus de Nazareth et de ses apôtres figurant dans certains des évangiles du Nouveau Testament qui montrent « Jésus marchant sur les eaux ».

Saint Pierre tentant de marcher sur les eaux par François Boucher (1766)
Versailles, Cathédrale Saint-Louis

Il s'agit d'un des miracles accomplis par Jésus dans le cadre précis de la domination de la nature, où l'on voit Pierre, figure de l’Église, quittant la « nave juive », dans l’obéissance au Seigneur, comptant sur la puissance de sa parole.

Dans l'évangile selon Marc, toutefois, les disciples, affirme Camille Focant, « répondent à l'épiphanie de Jésus sur le lac comme le faisaient « ceux du dehors » qui voient et entendent sans comprendre (4,12), car leur cœur est endurci (6,53). Cette dernière expression n'avait été jusqu'ici été utilisée que pour les Pharisiens (3,5) juste avant qu'ils ne complotent la mort de Jésus [...] plus la révélation salvifique de Jésus s'affirme de manière extraordinaire, plus les disciples semblent régresser vers une dureté de cœur semblable à celle des adversaires de Jésus. On ne peut mieux faire pour désarçonner le lecteur »[1].

Rudolf Bultmann « démythologise » cet épisode évangélique et le range parmi les théologoumènes, c'est-à-dire des affirmations théologiques présentées dans les récits bibliques comme des faits historiques[2].

Dans les Évangiles

(Nota Bene : cet épisode ne figure pas dans l'Évangile selon Luc).

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

« Quand le soir fut venu, ses disciples descendirent au bord de la mer. Etant montés dans une barque, ils traversaient la mer pour se rendre à Capernaüm. Il faisait déjà nuit, et Jésus ne les avait pas encore rejoints. Il soufflait un grand vent, et la mer était agitée. Après avoir ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus marchant sur la mer et s’approchant de la barque. Et ils eurent peur. Mais Jésus leur dit : C’est moi ; n’ayez pas peur ! Ils voulaient donc le prendre dans la barque, et aussitôt la barque aborda au lieu où ils allaient. »

 Traduction d'après la Bible Louis Segond, chapitre 6 versets 16 à 21.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

« Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer, et Jésus était seul à terre. Il vit qu’ils avaient beaucoup de peine à ramer ; car le vent leur était contraire. À la quatrième veille de la nuit environ, il alla vers eux, marchant sur la mer, et il voulait les dépasser. Quand ils le virent marcher sur la mer, ils crurent que c’était un fantôme, et ils poussèrent des cris ; car ils le voyaient tous, et ils étaient troublés. Aussitôt Jésus leur parla, et leur dit : Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur ! Puis il monta vers eux dans la barque, et le vent cessa. Ils furent en eux-mêmes tout stupéfaits et remplis d’étonnement. »

 Traduction d'après la Bible Louis Segond, chapitre 6, versets 47 à 51.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

« Aussitôt après, il obligea les disciples à monter dans la barque et à passer avant lui de l'autre côté, pendant qu'il renverrait la foule. Quand il l'eut renvoyée, il monta sur la montagne, pour prier à l'écart; et, comme le soir était venu, il était là seul. La barque, déjà au milieu de la mer, était battue par les flots; car le vent était contraire. À la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux, marchant sur la mer. Quand les disciples le virent marcher sur la mer, ils furent troublés, et dirent : C'est un fantôme! Et, dans leur frayeur, ils poussèrent des cris. Jésus leur dit aussitôt : Rassurez-vous, c'est moi; n'ayez pas peur ! Pierre lui répondit : Seigneur, si c'est toi, ordonne que j'aille vers toi sur les eaux. Et il dit : Viens ! Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux, pour aller vers Jésus. Mais, voyant que le vent était fort, il eut peur; et, comme il commençait à enfoncer, il s'écria: Seigneur, sauve-moi ! Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? Et ils montèrent dans la barque, et le vent cessa. Ceux qui étaient dans la barque vinrent se prosterner devant Jésus, et dirent : Tu es véritablement le Fils de Dieu. »

 Traduction d'après la Bible Louis Segond, chapitre 14, versets 22 à 33.

Le Christ sauvant l'apôtre Pierre de la noyade, par Lorenzo Veneziano (1370).

Interprétation

Pour Origène, la barque représente nos vies confrontées aux vents et aux flots tumultueux imposés par le Mal. Malgré toutes les péripéties qui surviennent, le Christ veut que les humains tiennent bien le cap des vertus ; et lorsque abattus, fatigués, ils ne voient pas l'autre rive, Jésus vient les sauver en leur apportant deux de ses symboles : la foi et la lumière. Il représente également l'espoir pour ces hommes perdus dans la noirceur de la nuit. Pour le théologien dans son commentaire, tout comme pour un autre miracle intitulé la Pièce dans la bouche d'un poisson, saint Pierre est mis en avant car il sera le successeur du Christ.

Le père Joseph-Marie Verlinde précise que ce miracle suit la scène de la Multiplication des pains dans la Bible (Mt 14. 13-21). Il dit bien aussi que les disciples avec leur barque s'enfoncent dans la nuit, qui est là, le symbole des problèmes que l'Église aura à traverser mais aussi les difficultés de nos vies personnelles. Pour ce prédicateur, le Messie n'a pas peur de marcher dans les tempêtes de nos vies, d'être un phare pour l'humanité. Cette apparition sur l'eau est aussi le symbole de sa résurrection, de son retour parmi les vivants ; c'est l'Alliance omniprésente de Dieu avec les humains et la fécondité qu'il place dans nos actes quotidiens. « Le rapprochement – voire la superposition – des deux scènes (la multiplication des pains et la marche sur l'eau) nous invite à découvrir au cœur du Pain partagé, la présence mystérieuse de celui qui se révèle en marchant sur les eaux. La lumière du jour éclaire du pain, la lumière de l’Esprit, qui luit dans les ténèbres de notre ignorance, éclaire la divinité de celui qui se tient sous ces humbles espèces. Jésus est « le pain de vie descendu du ciel », le pain que le Père offre lui-même à ses enfants », écrit le père Joseph-Marie Verlinde. Il conclut en expliquant que lors de la communion, dans l'hostie il y a le pain, mais que ce pain contient la lumière[3]. La lumière qu'il contient est, sans doute, entre autres, les écritures lues lors de l'office ; les prières récitées en sont une autre.

Artistes ayant utilisé ce thème

  • Ivan Aivazovsky (1817-1900), peintre arménien de langue russe, Walking on Water (1888).

Notes et références

  1. Camille Focant, L'Évangile selon Marc, Cerf, Paris, 2010, p. 257.
  2. André Malet, Bultmann et la mort de Dieu : Présentation, choix de textes, biographie, bibliographie, Paris, Neuchâtel, Seghers/Delachaux et Niestlé, , p. 47
  3. Homélie du père Joseph-Marie Verlinde du 3 août 2004
  4. Base arcade - Archive nationales, Paris
  5. EminemVEVO, « Eminem - Walk On Water (Audio) ft. Beyoncé », (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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