Capharnaüm

Capharnaüm ou Capernaüm (en hébreu כְּפַר נַחוּם Kəfar Nāḥūm ou Kfar Naḥūm, ou Tell Naḥūm, en arabe كفر ناحوم ou تل ناحوم) est un village de pêcheurs de l'ancienne province de Galilée, sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade (ou lac de Génézareth, ou mer de Galilée) au nord de l'État d'Israël. Sous la dynastie des Hasmonéens, ce village faisait de 6 à 10 hectares et sa population avoisinait les 1 700 personnes[1].

Pour les articles homonymes, voir Capharnaüm (homonymie).

Capharnaüm

Plan du site. La maison de saint Pierre se trouve à la lettre B
Localisation
Pays Israël
Coordonnées 32° 52′ 52″ nord, 35° 34′ 30″ est
Géolocalisation sur la carte : Israël
Capharnaüm

Ce mot est surtout utilisé au sens figuré pour qualifier un lieu de grande pagaille, renfermant beaucoup d'objets entassés pêle-mêle, un endroit en désordre[note 1] et par métonymie un amas de ces objets. Ce sens, uniquement utilisé en français et beaucoup utilisé par Balzac, est justifié par Littré par le fait que Capharnaüm était lié à la lecture de l'évangile selon Saint-Marc, II, 2, sur l'attroupement lors de la venue de Jésus[2],[3]. Selon Larousse, il s'agit d'« une grande ville de commerce »[4]. Il y a probablement aussi un rapprochement phonétique avec cafourniau (issu du latin furnus, « four »), petite pièce à côté de la maison servant de « débarras obscur »[5].

Étymologie

Son nom vient de l'hébreu כְּפַר נַחוּם Kfar Nahum », Kfar désignant le village et Nahum la compassion, la consolation ; il s'agit littéralement du « village du Consolateur »). Il est possible qu'il y ait un lien avec le prophète Nahum originaire d'une bourgade appelée Elcoshé, le « village du Consolateur » étant cette bourgade et non le site actuel de Capharnaüm. Un rapprochement phonétique est également possible entre Elcoshé et la secte judéo-chrétienne des Elkasaïtes. En langue arabe, Capharnaüm est appelée Talhum, se référant au tell, colline, monticule, et à Hum (peut-être une abréviation de Nahum)[6].

Histoire

Le site est occupé au IIIe millénaire av. J.-C. et à l'âge du bronze (moyen et récent). Après une période d'abandon à l'âge du fer, le site est occupé à nouveau au Ve siècle av. J.-C.[7]. Une cité est fondée au début de la dynastie hasmonéenne de Judée, car les monnaies les plus anciennes retrouvées sur le site datent du IIe siècle av. J.-C.. Elle était située près de la frontière de la province de Galilée, sur un embranchement de la route commerciale appelée Via Maris. À l'époque du récit de l'Évangile, Capharnaüm comprenait un poste de douane et une petite garnison romaine commandée par un centurion, ce qui explique la présence de l'apôtre Lévi, dit Matthieu, qui devait y avoir un bureau d'où il prélevait la taxe maritime sur les pêches et la taxe frontalière sur les marchandises[8].

Capharnaüm est citée seize fois dans les évangiles, ce qui en fait le lieu le plus cité après Jérusalem[9] : « Lorsque Jésus entendit que Jean avait été jeté en prison, il revint en Galilée. En quittant Nazareth, il se rendit à Capharnaüm, situé à proximité du lac, dans la région de Zabulon et de Naphtali et il y séjourna (Matthieu 4 : 12-13) », se fixant dans la maison de saint Pierre à partir duquel il rayonne durant son ministère. Bourgade de pêcheurs et de paysans ne comptant pas plus de 1 000 habitants[10], les juifs pieux (comme en atteste la découverte archéologique de récipients de type hérodien destinés aux purifications rituelles) fréquentant la synagogue et proches de la tradition ancestrale sont peu réceptifs à la parole de Jésus qui maudit le village : « Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu'au ciel ? Non, tu descendras jusqu'au séjour des morts !. (Luc 10 : 15) »

Bethsaïde (bourgade voisine de Capharnaüm au bord du lac de Tibériade, mais située de l'autre côté du Jourdain) est présentée dans le Nouveau Testament comme ville d'origine des apôtres Pierre et de son frère André, de Philippe et semble avoir un lien avec Nathanaël.

Au IIe siècle, après la destruction de Jérusalem et l'interdiction à tous Juifs d'y pénétrer, Capharnaüm est peuplée de Juifs nazôréens et d'artisans venus du reste de l'Empire byzantin. Il y a 1 500 habitants au Ve siècle[réf. nécessaire].

Une église byzantine est construite sur les restes de ce qui est appelé « la maison de saint Pierre », dont on remarque encore les vestiges.

Le village, gravement endommagé par un tremblement de terre en 746, est reconstruit un peu plus loin au nord-est mais, par la suite, son déclin et finalement son abandon au cours du XIe siècle sont mal connus[réf. souhaitée]. Malgré l'importance de Capharnaüm dans la vie de Jésus, rien n'indique la moindre construction à l'époque des croisés.

Le site est redécouvert en 1838 par Edward Robinson, un américain spécialiste de géographie biblique. En 1866, le cartographe britannique Charles Wilson identifie les ruines de la synagogue et, en 1894, une partie de l'ancien site est achetée par la Custodie de Terre sainte des franciscains. Les principales fouilles franciscaines sont menées de 1968 à 1984. D'autres fouilles du site grec-orthodoxe voisin sont organisées de 1978 à 1982[7].

Sur le site se trouvent les restes de l'ancienne ville de Capharnaüm : les vestiges d'une synagogue monumentale de l'époque byzantine (lettre A sur le plan) ; la maison de saint Pierre (lettre B, Insula Sacra, sur le plan) au-dessus de laquelle a été construite une église catholique moderne ; l’église grecque-orthodoxe des Sept Apôtres construite en 1931 à l'emplacement où fut reconstruit le village de Capharnaüm après le tremblement de terre de 746 ; un couvent franciscain est à l'entrée du site.


Bibliographie

  • Jean De Fraine, Nouvel atlas historique et culturel de la Bible, Paris, 1961.
  • (en) Stanislao Loffreda, « Capernaum », dans Eric M. Meyers (dir.), Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Near East, vol. 1, Oxford et New York, Oxford University Press,

Notes et références

Notes

  1. Capharnaüm : grande ville de commerce, et pour cela, ce nom a pris le sens de lieu où mille choses sont entassées.

Références

  1. (en) Peder Borgen, David Edward Aune, Torrey Seland, Jarl Henning Ulrichsen, Neotestamentica et Philonica : studies in honor of Peder Borgen, Brill, (lire en ligne), p. 40
  2. Littré, édition de Jean-Jacques Pauvert, de 1971, tome 1, p 1427
  3. Littré, édition de Claude Blum de 2007, (ISBN 978-2-907488-65-5), p. 152
  4. « Grand Larousse de la langue française », 1971, p. 586
  5. Jean Maillet, Poubelle, Colt, Béchamel, Silhouette, et les autres. L'histoire étonnante de 101 noms propres devenus noms communs, L’Opportun, , p. 127
  6. (en) Vassilios Tzaferis, Excavations at Capernaum, 1978–1982, Eisenbrauns, , 234 p.
  7. Loffreda 1997
  8. Jean-Christian Petitfils, Jésus, Fayard, , p. 57
  9. (en) New Catholic encyclopedia, Volume 3, Thomson/Gale, , p. 83
  10. (en) Donald John Wiseman, Edwin M. Yamauchi, Archaeology and the Bible, Zondervan, , p. 79

Article connexe

Liens externes

  • Portail de l’archéologie
  • Portail d’Israël
  • Portail Israël antique et Juifs dans l’Antiquité
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.