Transfiguration (christianisme)


La Transfiguration est un épisode de la vie de Jésus-Christ relaté par le Nouveau Testament. La fête religieuse qui lui correspond se situe le 6 août. Il s'agit d'un changement d'apparence corporelle de Jésus pendant quelques instants de sa vie terrestre, pour révéler sa nature divine à trois disciples. Le mot « transfiguration » en français vient de la traduction latine du mot grec metamorphosis (métamorphose).

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La partie supérieure de la Transfiguration de Raphaël (1520), représentant Élie, Jésus et Moïse (tenant les Tables de la Loi).

Cet état physique, considéré comme miraculeux, est rapporté dans les trois Évangiles synoptiques : (Mt 17,1-9, Mc 9,2-9, Lc 9,28-36). C'est, selon le christianisme, la préfiguration de l'état corporel annoncé aux croyants pour leur propre résurrection.

Texte

La Transfiguration, icône russe du XVe siècle. Le Christ transfiguré entre Élie (les livres des Prophètes) à sa droite et Moïse (le Pentateuque) à sa gauche. En bas de gauche à droite, les apôtres Jacques, Jean et Pierre.

Évangile selon Matthieu, 17:1-13 :

« Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean, son frère, et il les conduisit à l'écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici, Moïse et Élie leur apparurent, s'entretenant avec lui. Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit. Et voici, une voix fit entendre de la nuée ces paroles : celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection : écoutez-le ! Lorsqu'ils entendirent cette voix, les disciples tombèrent sur leur face, et furent saisis d'une grande frayeur. Mais Jésus, s'approchant, les toucha, et dit : Levez-vous, n'ayez pas peur ! Ils levèrent les yeux, et ne virent que Jésus seul. Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : ne parlez à personne de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité des morts. Les disciples lui firent cette question : pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Élie doit venir premièrement ? Il répondit : il est vrai qu'Élie doit venir, et rétablir toutes choses. Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu, qu'ils ne l'ont pas reconnu, et qu'ils l'ont traité comme ils ont voulu. De même le Fils de l'homme souffrira de leur part. Les disciples comprirent alors qu'il leur parlait de Jean Baptiste[1]. »

Récit évangélique

Dans les Évangiles, la Transfiguration se situe après la multiplication des pains, au moment où les disciples, Pierre en particulier, reconnaissent en lui le Messie. Jésus a déjà annoncé une fois qu'il doit mourir et ressusciter trois jours après, et qu'il doit se rendre à Jérusalem. Il l'annoncera encore deux fois après sa Transfiguration. Il semble que ce soit au cours de la fête des tentes que cet épisode se déroule.

Jésus, rendu sur une montagne avec ses disciples Pierre, Jacques et Jean, se trouve métamorphosé : l'aspect de son visage change et ses vêtements deviennent d'une blancheur éclatante. Cette description rappelle celle de la descente de Moïse du mont Sinaï (« La peau de son visage rayonnait », Ex 34. 29-30) et celle qui est faite, dans les textes apocalyptiques, des anges envoyés du Seigneur.

Aux côtés de Jésus se tiennent deux grandes figures bibliques : Élie et Moïse.

Symbolique du texte

Le lieu traditionnel de la Transfiguration est le mont Thabor, près du lac de Tibériade. Ce lieu a peut-être été choisi à l'époque byzantine pour sa proximité avec Nazareth et le lac de Tibériade. Certains exégètes situent l'événement au mont Hermon, puisque les épisodes évangéliques qui l'encadrent se situent dans cette région. Pour les maronites, la Transfiguration a eu lieu dans la région de Bcharré, sur le mont Liban.

La montagne de la Transfiguration fait référence au mont Horeb et au mont Sinaï, deux lieux symboliques de l'Ancien Testament, en raison de la présence aux côtés du Christ de Moïse et d'Élie, dont les missions leur sont liées[2].

La nuée d'où sort la voix du Père fait écho à la nuée qui enveloppait les Hébreux lors de l'Exode et de leur traversée du désert. La proposition de saint Pierre de dresser trois tentes fait également référence selon certains observateurs à la tente de la rencontre dans l'Ancien Testament[3].

La Transfiguration. Pologne, fin XIVe siècle / début XVe siècle. L'image de l'amande, dont il faut casser l'écorce pour trouver la substance, se retrouve dans les icônes où le Christ est représenté au centre d'une figure en forme d'amande.

Pour l’Église catholique, le but immédiat de la Transfiguration était « de préparer le cœur des disciples à surmonter le scandale de la croix ». Cette transfiguration est aussi une annonce de la « merveilleuse adoption qui fera de tous les croyants des fils de Dieu »[4].

Selon Hans Urs von Balthasar, quand « les disciples, à la fin, voient de nouveau Jésus seul, ils savent quelle plénitude de mystère se cache dans sa simple figure, car sa relation à toute l'ancienne Alliance, sa relation permanente au Père et à l'Esprit qui, comme nuée, a aussi couvert de son ombre les disciples représentant l'Église à venir, tout cela se trouve inclus en lui. Sa Transfiguration n'est pas une anticipation de la Résurrection - dans laquelle son corps sera transformé à Dieu - mais au contraire la présence du Dieu trinitaire et de toute l'histoire du salut dans son corps prédestiné à la croix. »

La fête de la Transfiguration

Elle a lieu dans toutes les Églises le 6 août. Une corrélation est possible avec la fête juive du 15 Av, qui a lieu au même mois et comporte certaines ressemblances[5].

Cette fête est connue en Orient depuis le Ve siècle[4]. L'Église catholique fête la Transfiguration le 6 août mais cette fête peut être avancée ou reculée au dimanche le plus proche. Les Églises d'Orient ont les premières célébré cette solennité, qui devint une grande fête universelle en Occident après la victoire de Belgrade en 1456 où l'avancée turque fut stoppée pour 70 ans[6].

L'Église orthodoxe fête elle aussi la Transfiguration (une des Douze Grandes Fêtes) le 6 août. Pour les Églises qui utilisent le calendrier julien, elle tombe actuellement le du calendrier grégorien. C'est une grande fête où l'on jeûne bien que située avant la période de jeûne de la Mère de Dieu du au .

Dans l'Église d'Éthiopie, la fête est appelée Buhe. Elle est célébrée avec éclat le selon le calendrier julien.

Dans l’Église arménienne, la fête de la Transfiguration est fêtée dans le mois de juillet (le 7 pour 2013) en correspondance avec l'ancienne fête païenne de Vartavar.

Représentations dans l'art

La Transfiguration par Giovanni Bellini

Comme le premier art chrétien des mosaïques de Rome et de Ravenne, l'art roman et l'art byzantin ont souvent représenté cette scène.

De nombreux peintres, parmi lesquels Raphaël, Rubens, Bellini ont représenté la Transfiguration. On y retrouve le trio de Jésus entouré de Moïse et d'Élie, avec à leurs pieds, les disciples endormis trop empêtrés dans leur nature terrestre pour comprendre pleinement la signification de la rencontre. Il faudra l'arrivée d'une nuée et l'intervention d'une voix qui en sort qui leur confirme la nature du Christ pour les éclairer.

En musique, cet événement a fait l'objet d'un oratorio d'Olivier Messiaen, intitulé La Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ, écrit de 1965 à 1969, et créé à Lisbonne le sous la direction de Serge Baudo. L'œuvre dure une heure et demie, et fait appel à sept solistes, 100 choristes et 109 instrumentistes.

Peintures de la Renaissance

Notes et références

  1. Mt 17:1-13. Traduction de Louis Segond, 1910.
  2. Plonger dans le mystère de la Transfiguration.
  3. Fête de la Transfiguration.
  4. « La messe, fête de la Transfiguration du Seigneur », Magnificat, no 237, , p. 88-89.
  5. Transfiguration et Tou BeAv.
  6. Transfiguration du Seigneur sur le site nominis.cef.fr.

Annexes

Bibliographie

  • Georges Habra, La Transfiguration selon les Pères grecs, Paris, éd. du Jubilé, 3e édition revue et corrigée, , 249 p.
  • J.-C. Genel, La Transfiguration, collection « À travers les yeux de Jean », éditions Entre Deux Mondes (2016).

Articles connexes

Liens externes

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