Le Bernin

Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin ou Cavalier Bernin (en italien : Cavaliere Bernini) (Naples, Rome, ), sculpteur, architecte et peintre. Il fut surnommé le second Michel-Ange.

Pour les articles homonymes, voir Bernini.

Artiste très important, son art, typiquement baroque, est caractérisé par la recherche du mouvement, la torsion des formes, le spectaculaire et les effets d'illusion. Par son abondante production artistique, il se place comme la figure de proue de l'art baroque à Rome.

Biographie

Son talent précoce attire l'attention du pape Paul V. Favori des papes, il devient l'architecte de la place Saint-Pierre. Il fut employé sans interruption par les pontifes : Grégoire XV le nomma chevalier ; Urbain VIII le combla de richesses ; plutôt en disgrâce sous le pontificat d'Innocent X il n'en conçut pas moins la fontaine des quatre fleuves de la place Navone. On lui doit le baldaquin aux colonnes torsadées du maître-autel et le dessin de la majestueuse colonnade et des statues qui encerclent la place devant la basilique Saint-Pierre. Ses fontaines monumentales, dont celle des Quatre Fleuves, offrant à la vue de tous le déchaînement des forces vives du baroque, exerceront une grande influence sur l'urbanisme romain et sur l'organisation des places publiques dans les autres capitales européennes. Charles Ier d'Angleterre lui fit faire sa statue.

Début

Buste de Paul V (1621-1622) par Le Bernin.

Gian Lorenzo naît, à Naples, le d'Angelica Galante et de Pietro Bernini, sculpteur maniériste d'origine florentine. Le couple se rend à Rome en 1605 où Pietro travaille pour le compte du cardinal Scipione Borghese ce qui est l'occasion de faire montre du talent précoce du fils qui travaille auprès de son père.

Pietro Bernini travaille sur les chantiers de Paul V Borghèse, achevant en particulier ce qui est reconnu comme son chef-d'œuvre, l’Assomption de la Vierge du baptistère de Sainte-Marie-Majeure et la chapelle Paolina destinée à accueillir la tombe de Paul V et Clément VII pour laquelle Pietro Bernini réalise un couronnement de Clément VII (1611). Le jeune Gian Lorenzo bénéficie très jeune de l'expérience de son père, en particulier en ce qui concerne l'organisation du travail collectif sur un chantier et la fusion des œuvres architectoniques, picturales, sculpturales dans un ensemble de marbres polychromes.

La Rome des débuts du XVIIe siècle est une ville qui vit un renouveau artistique phénoménal avec en particulier l'introduction de la révolution naturaliste en peinture introduite par Le Caravage et l'influence baroque initiée dans les Flandres par Rubens, et où le talent ne demande qu'à être reconnu.

Œuvres de jeunesse (1609 - 1617)

Sous le patronage du cardinal Scipion Borghèse, alors membre de la famille papale régnante, le jeune Bernini commence à être reconnu comme sculpteur de talent. Ses premières œuvres sont des pièces décoratives destinées à orner le jardin de la villa Borghèse, Priape et Flore (1615 - 1616) (aujourd'hui au Metropolitan Museum of Art). Un groupe décoratif des Quatre Saisons commandé par Leone Strozzi pour le jardin de sa villa romaine dont les traits sensuels et réalistes des festons de fruits dénotent l'influence des œuvres caravagiennes présentes dans la collection du cardinal et auxquelles Le Bernin n'a pas pu échapper.

Dans sa première phase stylistique, on dénote une influence nette de la sculpture hellénistique dans des œuvres qui imitent à la perfection le style antique comme le révèlent le Saint-Sébastien de la collection Thyssen Bornemisza à Madrid et un Saint-Laurent sur le gril dans la collection Contini Bonacossi à Florence.

De cette période datent aussi un Putti avec dragon et un Faune émoustillé par des Amours (circa 1617, coll. Metropolitan Museum of Art) qui sont sans doute encore des œuvres collectives, les premières créations indubitablement de la main du Bernin sont la Chèvre Amalthée avec Zeus enfant et un faune (1615, coll. Galerie Borghèse) de facture naturaliste, le buste de Giovanni Battista Santoni conservé en l'église Santa Prassede de Rome et les allégories de l’Âme damnée et l’Âme sauvée (1619, conservées au Palazzo di Spagna).

Groupes de Borghèse

Avec les quatre groupes de Borghèse qui l'occupent pendant cinq ans, Le Bernin atteint une gloire immédiate. Il s'agit de trois sujets mythologiques et un biblique correspondant aux centres d'intérêt antiquisants de leur commanditaire, le cardinal Scipion Borghèse :

L’Énée et Anchise ne se démarque pas encore totalement de l'influence paternelle maniériste et est sans doute forcément influencé par une fresque de Raphaël dans la Stanza dell’Incendio di Borgo au Vatican où, fuyant l'incendie de Rome, un homme mûr porte son père sur ses épaules, suivi de son fils. D'un point de vue allégorique, l'œuvre représente les trois âges de la vie, où Anchise porte sur ses épaules une statue des dieux Lares, il est lui-même porté par son fils Énée alors qu'Ascagne les suit en soutenant le feu sacré, les trois (et la statue des ancêtres portée par Anchise) fondant une représentation spatiale d'un arbre généalogique. D'un point de vue psychologique, il n'est pas innocent que Le Bernin choisisse ce thème (un fils dans la force de l'âge portant son père affaibli sur ses épaules) alors qu'il atteint la majorité.

Le Rapt de Proserpine est un sujet tiré des Métamorphoses d'Ovide quand Pluton enlève Proserpine. Il est offert au cardinal Ludovico Ludovisi neveu du pape Grégoire XV et secrétaire d’État, il reviendra par la suite dans les collections de la galerie Borghèse. Sa composition en spirale est faite pour accentuer le dynamisme dramatique et est soulignée par le mouvement des cheveux et des drapés. L'empreinte des doigts du dieu des enfers dans les chairs de Proserpine est virtuosement réaliste et participe aussi de l'effet dramatique du rapt.

Avec son David, Le Bernin, âgé d'à peine vingt-cinq ans, se mesure avec l'icône insurpassable de la Renaissance italienne, le David de Michel-Ange, l'un comme l'autre symbolisent à la perfection l'art de leur temps : autant l'œuvre michelangelesque est posée, digne, racée, élégante, autant Le Bernin parvient, en représentant David sur le point de lancer son projectile à l'aide de sa fronde, le torse tourné, le visage grimaçant d'effort, à réunir tous les éléments de l'art baroque : l'énergie, le mouvement, le dynamisme. Et l'on peut dire que celui-ci est le symbole de la Rome de la Contre-Réforme, d'une église prête à affronter ses adversaires alors que celui-là représente à la perfection la Florence de la Renaissance, fière cité jalouse de son indépendance. À moins qu'il ne s'agisse du geste du Bernin lui-même, défiant le Goliath-Michel-Ange ?

Le sujet d’Apollon et Daphné est une fois de plus tiré des Métamorphoses d'Ovide : la nymphe Daphné, victime des ardeurs du dieu Apollon, supplie son père de lui venir en aide ; Pénée transforme alors sa fille en laurier et Le Bernin capture ce moment précis opérant par-là une mise en abyme puisque dans une scène pleine de vie et de pathos, il immobilise dans le marbre la jeune nymphe qui se fige dans une écorce protectrice et s'enracine dans la terre. Au risque de nous répéter, on ne peut que souligner la tension dramatique, l'impression de mouvement donnée par une construction en spirale typique de l'art baroque en général et marque de fabrique du Bernin en particulier. Avec cette œuvre, Le Bernin atteint un summum esthétique.

Pontificat d'Urbain VIII Barberini

Urbain VIII par Le Bernin
Dais, chœur de la basilique Saint-Pierre de Rome

En 1623, succédant à Grégoire XV, le florentin Maffeo Barberini monte sur le trône pontifical sous le nom d'Urbain VIII. Le Bernin trouve en lui le mécène idéal, Urbain mène une politique de « grands travaux » pour graver dans la pierre la volonté de reconquête de l'église comme force triomphante du paganisme via les missions et du protestantisme via la Contre-Réforme : une architecture spectaculaire, une esthétique communicante, persuasive et festive voire fastueuse en seront les vecteurs.

Première commande pontificale dès 1623, une Santa Bibiana, statue destinée à orner l'église homonyme, déjà représentée en posture d'extase et qui s'intègre en une scénographie toute baroque aux fresques de Pierre de Cortone. Par la suite, il utilisera souvent l'effet théâtral des draperies, des jeux de marbres, de l'intégration de la peinture, de la dramatisation de la scène par un clair-obscur.

En 1624, le pape décide de l'édification d'un baldaquin de bronze au-dessus de l'autel de Saint Pierre. La construction s'étend de 1624 à 1633 et, pour ce faire, on utilise le bronze du Panthéon ce qui fera dire : Quod non fecerunt Barbari fecerunt Barberini Ce que les Barbares n'ont pas fait, les Barberini l'ont fait »). Le génie théâtral du Bernin s'exprime à plein dans ce dais soutenu par des colonnes torses qui rappellent le trône et le temple du roi Salomon, iconographie (jamais innocente) liant Rome à Jérusalem, soulignant la continuité sinon la légitimité voire le primat du Vatican avec/sur le judaïsme. La modénature du monument souligne également l'importance des Barberini (des abeilles en référence aux armes de la famille papale) et la sûreté de leur goût (le laurier, symbole d'Apollon et des arts).

En 1627, le tombeau du pape est commandé au Bernin. Il sera achevé des années plus tard et placé en face de celui de Paul III, l'initiateur de la Contre-Réforme qu'Urbain VIII pensait avoir achevée. C'est l'occasion pour le Bernin de se mesurer, comme il l'a déjà fait avec son David, avec Michel-Ange qui avait réalisé le tombeau de Jules II. La statuaire représente le pape bénissant de la main, la Justice et la Charité à ses côtés et la Mort, sous forme d'un squelette aux pieds du Saint-Père, écrit son épitaphe ; l'idée iconographique novatrice est que la Mort elle-même est soumise au pouvoir du pape…

Le chantier du palais Barberini est confié, vers 1630, au Bernin en collaboration avec Francesco Borromini qui deviendra son grand rival par la suite. La fontaine du Triton (Fontana del Tritone) qu'il achève en 1643 est la première d'une longue série de réalisations de « mobilier urbain ». La fontaine des abeilles (Fontana delle Api) immortalise peu après les trois abeilles symbole de la famille Barberini.

Bustes de Costanza Bonarelli et de Méduse

L'année 1638 est marquée par un scandale. Le Bernin, qui était encore célibataire, avait noué une relation intime avec Costanza Bonarelli, femme du sculpteur Matteo Bonarelli, entré dans son équipe en 1636. Il ne faisait pas mystère de cette situation et avait immortalisé sa maitresse à ses côtés dans un tableau maintenant perdu, ainsi que dans un buste qui la présente en négligé, en train d'entrouvrir les lèvres comme si elle était surprise. Des accroche-cœur ornent son abondante chevelure à la hauteur des tempes. Selon plusieurs experts, Costanza pourrait avoir servi de modèle pour la figure de la Charité sur le tombeau d'Urbain VIII qu'il a sculptée durant cette période[1]. Or, en , découvrant que son frère Luigi avait lui aussi une relation avec Costanza, il entre dans une folle colère, poursuit Luigi à travers la ville et tente de le tuer à coups de barres de fer. Il charge en outre un serviteur d'aller défigurer Costanza avec un rasoir. Le pape devra intervenir. Le Bernin se marie le avec Caterina Tezio, réputée être la plus jolie femme de Rome[2].

Charles Avery et Irving Lavin ont noté les ressemblances entre le buste de Costanza Bonarelli et celui de Méduse. Il semble que ce dernier aurait été réalisé quelques années après le scandale, alors que le sculpteur s'était assagi et voulait faire acte de repentance[3].

Pontificat d'Innocent X Pamphili

En 1644, GianBattista Pamphili est élu au trône de Saint-Pierre. C'est un pape austère ou aux ambitions artistiques limitées par la crise des finances du Saint-Siège (fin de la guerre de Trente Ans et traités de Westphalie). Coup dur à la réputation du Bernin, c'est aussi l'année de la démolition du campanile de la basilique Saint-Pierre pour des raisons de statique. Ses concurrents en profitent pour faire valoir leur place, Borromini obtient le chantier de Saint-Jean de Latran, Carlo Rainaldi construit le Palazzo Pamphilj et commence la construction de l'église Sainte-Agnès en Agone sur la Piazza Navona.

Le Bernin n'est pas en disgrâce mais cela y ressemble presque et il faut l'habile médiation du prince Niccolò Ludovisi pour qu'on lui commande la réalisation de la magnifique fontaine des Quatre-Fleuves (1648 - 1651).

Durant cette décennie, il réalise également un Monument à la sœur Maria Raggi à Santa Maria sopra Minerva, une Verità aujourd'hui dans la galerie Borghèse, un buste d'Innocent X (coll. Galleria Doria Pamphili) et un buste de Francesco I d’Este (coll. museo Estense di Modena).

Théâtralisation de la foi

L'Extase de sainte Thérèse dans la chapelle Cornaro

Entre 1647 et 1652, Le Bernin travaille sur ce qui est son chef-d'œuvre et celui de la sculpture baroque, l'Extase de sainte Thérèse (voir image) dans la chapelle Cornaro de Santa Maria Della Vittoria à Rome. Il s'agit d'une commande du cardinal Federico Cornaro pour célébrer sainte Thérèse récemment canonisée (1622) et première carmélite à l'avoir été. La lumière zénithale accentue la position extatique de la sainte, comme terrassée par la flèche mystique de l'ange.

« Le Bernin, ah ! le délicieux Bernin [...]. Il est puissant et exquis, une verve toujours prête, une ingéniosité sans cesse en éveil, une fécondité pleine de grâce et de magnificence ! ... »

Écrivait Émile Zola dans Les Trois Villes, publié en 1898. Le célèbre auteur poursuivait en faisant dire à son Narcisse qu'il avait contemplé, la Saint Thérèse « des heures et des heures, sans jamais épuiser l'infini précieux et dévorant du symbole ».

L'œuvre, située à Rome, dans l'une des chapelles latérales de Santa Maria della Vittoria, semble en effet inépuisable. Bernini, l'un des géants du XVIIe siècle, comparable à Michel-Ange pour la diversité de ses talents et l'importance de son corpus, met ici tout son génie au service d'une œuvre profondément, parfaitement baroque. En convoquant tous les arts, l'architecture, la sculpture et même la peinture par l'utilisation subtile de la polychromie des marbres, il réalise, entre 1647 et 1652, une ambitieuse mise en scène de théâtre, au propre comme au figuré, où les membres de la famille du cardinal Federico Cornaro semblent assister à un spectacle.

Ce spectacle est celui de l'extase, ou « Transverbération de sainte Thérèse » : la traduction en image de l'expérience mystique décrite par la sainte dans le Livre de la vie, publié pour la première fois en espagnol en 1588.
Il fallait la qualité inégalée du ciseau du Bernin pour parvenir à représenter, au centre de la chapelle, dans une niche, le corps abandonné, éclatant de blancheur, de la carmélite. L’ambiguïté de la scène et de la représentation de l'ange, Éros païen tout autant que créature angélique, ne manquèrent pas de susciter des commentaires dont le plus célèbre reste celui, très interprétatif, de Jacques Lacan[4].

Comme le résumait Hippolyte Taine, dans le long commentaire qu'il consacra à la chapelle Cornaro dans son Voyage en Italie en 1866 : Bernin « a trouvé ici la sculpture moderne, toute fondée sur l'expression, et pour achever il a disposé le jour de manière à verser sur ce délicat visage pâle une illumination qui semble celle de la flamme intérieure, en sorte qu'à travers le marbre transfiguré qui palpite, on voit luire comme une lampe l'âme inondé de félicité et de ravissement »[5].

Pontificat d'Alexandre VII Chigi

Colonnade de la place Saint-Pierre

Alexandre VII est un pape humaniste et urbaniste qui monte sur le trône de saint Pierre en 1655.

Il commande au Bernin la colonnade de la place Saint-Pierre lequel trouve une solution urbanistique et symbolique élégante en concevant une colonnade qui s'écarte depuis la basilique comme deux bras qui accueilleraient la foule. Dans son projet, l'architecte aurait souhaité fermer entièrement la place par une troisième aile à l'est de celle-ci, mais la mort d'Alexandre VII, interrompit définitivement les travaux[6]. Le plan elliptique est typique de l'architecture baroque influencée par les découvertes contemporaines en astronomie, l'usage de l'ellipse se généralisera pour devenir un lieu commun de l'architecture baroque et rococo.

Avant cela, le Bernin a réalisé, pour l'abside de la basilique Saint-Pierre, la chaire de saint Pierre (Cathedra Petri), ajoutant un chef-d'œuvre de plus à la liste déjà longue. L'œuvre est un reliquaire contenant la cathèdre paléochrétienne, portée par les statues monumentales des quatre pères de l'Église, symboles de la sagesse et de la connaissance qui soutiennent l'autorité papale. L'originalité est ici de situer le siège de l'évêque (et le pape, successeur de saint Pierre n'est autre qu'un évêque parmi d'autres dans une longue lignée, en théorie appelé à s'asseoir sur la chaire du premier évêque de Rome) en hauteur, comme inaccessible, inatteignable, affirmant indirectement la suprématie de Rome sur les autres patriarcats.

De 1658 à 1678, il travaille à l'édification de l'église Saint-André du Quirinal dont le plan elliptique servira de modèle pour nombre d'églises baroques par la suite. Le Bernin, qui a beaucoup contribué à l'embellissement ou la complétion de bâtiments existants et peu construit d'édifices dans leur totalité considère cette église comme son chef-d'œuvre architectural.

Le Bernin est un artiste de réputation internationale et, dès 1664, Colbert l'invite en France pour le compte de Louis XIV qui doit faire pression sur le pape pour qu'il libère son architecte préféré, lequel part pour Paris en pour travailler sur la restructuration du Louvre. Reçu comme un prince[7], il réalise alors un buste du roi, mais aucun de ses projets de façade pour le Louvre ne sera retenu, marquant le début du déclin de l'influence italienne sur l'art architectural français[8]. On lui préfère le projet de Claude Perrault. La statue équestre du roi, qu'il avait proposée lors de son séjour en France, et qui sera réalisée quelques années plus tard à Rome, sera livrée, mais « exilée » dans un coin peu prestigieux du parc de Versailles. On n'ignore rien des détails[9] de son séjour à Paris grâce à la relation précise qu’en a faite Paul Fréart de Chantelou.

Il retourna à Rome dès . Comme pour Urbain VIII, il réalise le tombeau d'Alexandre VII avec les allégories de la Charité, de la Vérité devant la Prudence et la Justice avec une porte qui symbolise le passage vers l'au-delà.

Dernières années

Extase de la bienheureuse Ludovica Albertoni (1675), église San Francesco a Ripa, Rome

Sous Clément IX, Le Bernin réalise une série d'anges pour le pont Saint-Ange de Rome. De cette série, seule une statue est de la seule main du Bernin laquelle est aujourd'hui conservée en la basilique Sant'Andrea delle Fratte.

Il s'attaque une ultime fois au thème de l'extase avec celle de la bienheureuse Ludovica Albertoni terminée en 1674.

Il meurt à Rome en 1680 et est enterré dans la basilique Sainte-Marie-Majeure.

Deux ans après sa mort, la reine Christine de Suède, alors en exil à Rome, commande sa biographie à Philippe Baldinucci (La Vie du chevalier de Bernin).

Œuvres

Sculpture

Fontaine de la Barcaccia, Rome
Fontaine des Quatre-Fleuves, Piazza Navona, Rome

Architecture

Toutefois, les clochetons ajoutés à la façade du Panthéon, très critiqués (les « oreilles d'âne du Bernin »), ont été démontés en 1883.

Peintures

Pour Le Bernin, la peinture est une activité annexe. Ses toiles révèlent néanmoins une touche sûre dénuée de pédanterie.

Dessins

  • Portrait d'Agostino Mascardi, pierre noire, sanguine et rehauts de craie blanche, H. 0,261 ; L. 0,192 m[13]. Paris, Beaux-Arts de Paris[14]. Dans les années 1630, le Bernin réalisa un dessin et une peinture représentant Mascardi, si la toile a disparu, la feuille des Beaux-Arts de paris correspond vraisemblablement à l'oeuvre dessinée. La forte personnalité de l'écrivain dans la force de l'âge, se révèle à travers son regard clair et intelligent et son oeil vif et dilaté. Cette recherche d'harmonie entre le visage et l'âme rejoint celle de son contemporrain Diego Vélasquez.

Influences

Il jouera un rôle déterminant dans la carrière du peintre Baciccio à Rome. Grâce à son intermédiaire, Gaulli reçoit plusieurs commandes qui feront bientôt de lui un des peintres les plus recherchés de Rome. De plus, sa participation répétée à des entreprises dirigées par Le Bernin, en firent le transcripteur, en peinture, de la vision du sculpteur, tant dans le domaine du mouvement qui anime les étoffes, que dans celui de l'expression des sentiments. Il avait appris du Bernin que « la représentation de personnes ne voulait pas qu'elles restassent fermes et calmes, mais qu'elles parlassent et se mussent » (Lione Pascoli dans sa biographie de 1730)[15].

Hommages

Billet de 50 000 lires à l'effigie du Bernin.
  • Philippe Baldinucci a écrit sa biographie (1682) commanditée par la reine Christine de Suède.
  • Son autoportrait a été utilisé sur les billets de 50 000 lires.
  • Quelques œuvres de Le Bernin ont également été utilisées dans le livre Anges & Démons de Dan Brown, certaines de ses sculptures devant servir de fil conducteur sur la Voie de l'Illumination des Illuminati.
  • Un cratère est dédié au Bernin sur la surface de Mercure.

Notes et références

  1. Voir Avery 1998 et Lavin 2009, p. 788-848.
  2. Voir le chapitre consacré à cette affaire dans Lavin 2009, p. 788-848.
  3. Voir Avery 1998, p. 91-92 et Lavin 2009, p. 788-848.
  4. l’extase de Sainte Thérèse. Le psychanalyste Jacques Lacan disait : .
  5. Voyage en Italie. À Rome, Editions Complexe, Coll. « Le regard littéraire », année 1999, (ISBN 978-2870273456)
  6. La place St-Pierre sur le site du Vatican
  7. E.H Gombrich, Histoire de l'art, Editions Phaidon, (ISBN 0714896780)
  8. Louis XIV, insatisfait des propositions des architectes français, fera appel au Bernin pour redessiner la façade du Louvre. Mais la grande rencontre entre le Roi-Soleil et le grand architecte ne produit pas les effets escomptés. Le Bernin s'aliène rapidement les artistes de la cour de France par le mépris avec lequel il traite les réalisations françaises. Son projet n'est pas retenu, de plus sa grande statue équestre du roi qui portait trop le style du sculpteur fougueux et irascible, fut rebaptisée au nom d'un général romain de l'Antiquité (voir Journal du voyage du cavalier Bernin en Francepar M. de Chantelou.
  9. « Louis XIV par le Bernin | Histoire et analyse d'images et oeuvres », sur www.histoire-image.org (consulté le )
  10. http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=4384
  11. Mina Gregori (trad. de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685 p. (ISBN 2-84459-006-3), p. 468
  12. Collection d'autoportraits du Musée des Offices, (it) Wolfram Prinz (et aut.), « La collezione di autoritratti : Catalogo generale », dans Gallerie degli Uffizi, Gli Uffizi, Florence, Centro Di, (1re éd. 1979), 1211 p. (ISBN 88-7038-021-1), p. 806.
  13. « Portrait d'Agostino Mascardi, Gian Lorenzo Bernini, sur Cat'zArts »
  14. Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, Portraits dans les collections de l’École des Beaux-Arts, Carnets d’études 36, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p 39-41, Cat. 10
  15. Elisa Acanfora, Miroir du Temps : Chefs-d’œuvre des musées de Florence, Silvana Editoriale et Musée des Beaux-Arts de Rouen, (OCLC 496465908), p. 190

Annexes

Bibliographie

  • Philippe Arnaud, Le Concetto Bernini, in L'Architecte bâtisseur de la ville, éditions Mango, 2002
  • Loïc Aubry, Les carnets secrets du Bernin ou La Vérité Dévoilée, roman, Bordessoules, 2009, (ISBN 978-2-916344-43-0)
  • Charles Avery (trad. de l'anglais, photogr. David Finn), Bernin. Le génie du baroque, Paris, Gallimard, , 287 p. (ISBN 2-07-011562-3)
  • (en) Andrea Bacchi et Anna Coliva (dir.), Bernini, Officina Libraria, , 440 p. (ISBN 978-88-99765-56-9). Catalogue de l'exposition à la Galerie Borghèse du au .
  • Andrea Bacchi & Stefano Tumidei - Bernin, La Sculpture à Saint-Pierre, (Actes Sud / Motta), 1998, (ISBN 2-7427-1913-X)
  • Filippo Baldinucci, La vie du Cavaliere Bernini, 1682.
  • Elodie Bauzon, Mémoires du Bernin, Lulu Com, 2011.
  • (nl) Cornelis de Bie, Het Gulden Cabinet, 1662, p. 445
  • M. Grazia Bernardini, Bernin. Les sculptures, Gebart, (ISBN 978-88-98302-02-4)
  • Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Le Bernin » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
  • Paul Fréart de Chantelou, Le journal de voyage du Cavalier Bernin en France, Editions Macula, (ISBN 978-2-86589-066-8). Édition originale de 1885 du manuscrit inédit publié et annoté par Ludovic Lalanne sur (lire en ligne) (ce livre reprend le texte publié en feuilleton dans la Gazette des arts, en 1877 et 1878).
  • Laurent Dandrieu, Le roi et l'architecte : Louis XIV, le Bernin et la fabrique de la gloire, Paris, Cerf, coll. « Histoire », , 197 p. (ISBN 978-2-204-10648-1)
  • Chantal Grell et Milovan Stanish, Le Bernin et l'Europe : Du baroque triomphant à l'âge romantique, PU Paris-Sorbonne, coll. « Mythes, critique et histoire », , 428 p. (ISBN 978-2-84050-211-1, lire en ligne)
  • (en) Irving Lavin, Visible spirit. The art of Gianlorenzo Bernini. vol. II, Londres, The Pindar Press,
  • Rudolf Wittkower, Bernin : Le sculpteur du baroque romain, Phaidon Press Ltd., coll. « Beaux-arts - monographie », , 256 p. (ISBN 978-0-7148-9432-4)

Articles connexes

Liens externes

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