Alexandre-François de La Rochefoucauld

Alexandre-François, 1er comte de La Rochefoucauld (né à Paris dans la paroisse de l'église Saint-Sulpice[1], le – mort dans l’ancien 10e arrondissement de Paris[1], le ), est un militaire, diplomate et homme politique français.

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Alexandre de La Rochefoucauld

Titre 1er comte de La Rochefoucauld
(1809-1841)
Successeur Alexandre Jules de La Rochefoucauld
Années de service 1791 - 1792
Conflits Guerres révolutionnaires
Distinctions Légion d'honneur
(Grand officier)
Chevalier de Saint-Louis
Ordre de l'Aigle noir
Biographie
Dynastie Maison de La Rochefoucauld
Nom de naissance Alexandre-François de La Rochefoucauld-Liancourt
Naissance
Saint-Sulpice (Paris)
Décès
Paris Xe
Père François XII de La Rochefoucauld
Mère Felicité de Lannion
Conjoint Adélaïde de Pyvart de Chastullé

Alexandre François de La Rochefoucauld était le fils cadet du duc de Liancourt et de Félicité-Sophie de Lannion[2], et le frère de François XIII, duc de La Rochefoucauld.

Biographie

Alexandre François de La Rochefoucauld embrassa d'abord la carrière des armes et suivit, comme officier d'état-major à l'armée du Nord, le général La Fayette lors de la campagne de 1792. Les frontières françaises étaient alors menacées par les armées combinées de la Russie et de l'Autriche[3]. Après la chute de la monarchie, il quitta l'armée[3].

Cette manifestation et les tentatives qu'il fit, de concert avec sa famille[3], pour sauver le roi et la reine, appelèrent sur lui l'attention du nouveau gouvernement : mis hors la loi, il fut obligé de chercher son salut dans la fuite[3]. Il ne revint en France que sous Consulat[4], « tiré de sa retraite » par le coup d'État du 18 brumaire[3].

Il avait épousé, en 1788, la fille du comte de Chastulé, officier aux Gardes-Françaises, riche propriétaire à Saint-Domingue, cousine germaine d'Alexandre de Beauharnais, dont la veuve, Joséphine de Beauharnais, était remariée avec le général Bonaparte. Cette parenté amena des « relations naturelles[3] » entre le premier Consul et lui.

Premier Empire

Napoléon Ier, qui désirait se l'attacher, donna son épouse pour dame d'honneur à l'impératrice Joséphine, et maria leur fille au prince Aldobrandini, frère du prince Borghèse.

Placé à la tête de l'administration de Seine-et-Marne, lors de la création des préfectures, le comte de La Rochefoucauld devint, en l'an IX ([2]), ambassadeur (ou chargé d'affaires[4] ou ministre plénipotentiaire[2] selon les sources) auprès de la cour de Saxe. Les ratifications du traité de Lunéville n'avaient pas encore été échangées : sa mission était d'amener l'électeur à des dispositions plus favorables à la France, il y parvint[3].

Le 9 vendémiaire an XII, il fut nommé membre de la Légion d'honneur, et en fut nommé commandant le 25 prairial de la même année.

Ambassade à Vienne

La rupture du traité d'Amiens devait exercer une grande influence sur les affaires d'Allemagne.

La Rochefoucauld « montrant de l'habileté[4] » dans ces diverses missions diplomatiques, « ses talents diplomatiques le firent juger, dans ces circonstances difficiles, digne d'un plus grand théâtre[3] », et Napoléon l'envoya comme ambassadeur à Vienne ([2]) en remplacement de Champagny[4]. Il arriva dans cette ville le .

L'érection du royaume d'Italie (1805), la réunion de la république de Gênes à l'Empire français, amenèrent bientôt, de la part de l'Autriche, des demandes formelles d'explication qui ne tardèrent pas à devenir des préludes de guerre[5]. Le comte de La Rochefoucauld éclaira l'Empereur sur les sourdes menées du cabinet de Vienne, sur les armements considérables qui se faisaient dans les États héréditaires des Habsbourg, et l'instruisit du traité secret conclu entre l'Autriche, la Russie et l'Angleterre. Ayant reçu ordre de demander ses passeports, il quitta Vienne le [5].

Il y fut accrédité de nouveau le , après la signature du traité de Presbourg. Alors, le protectorat de la confédération du Rhin, dont Napoléon venait d'être investi, forçait François II du Saint-Empire de renoncer au titre d'empereur germanique. L'ambassadeur français sut, « avec une rare habileté »[5], atténuer l'impression que produisit à la cour de Vienne cette modification importante introduite dans le système politique de l'Europe, impression que devait rendre plus irritante encore l'invasion du royaume de Naples, l'érection du grand-duché de Berg et l'envahissement du Hanovre.

En 1806, il quitta l'ambassade de Vienne pour se rendre à Berlin, où Napoléon se trouvait alors. Il prit une part active aux négociations qui donnèrent à la Saxe une existence politique d'un ordre plus élevé (l'électorat de Saxe devenait le royaume de Saxe), et assurèrent ainsi son adhésion au système français[5].

Ambassade à Amsterdam

Alexandre de La Rochefoucauld
Fonctions
1er Préfet de Seine-et-Marne
11 ventôse an VIII11 frimaire an VIII
Gouvernement Consulat
Successeur Jean-Baptiste Collin de Sussy
Ambassadeur de France
à Dresde ( Électorat de Saxe)
Ambassadeur de France
à Vienne ( Archiduché d'Autriche)
Prédécesseur Jean-Baptiste Nompère de Champagny
Successeur Antoine François Andréossy
Ambassadeur de France
à Amsterdam ( Royaume de Hollande)
Prédécesseur Pierre Antoine Dupont-Chaumont
Successeur Absorption du royaume de Hollande par l'Empire français
Député de l'Oise
Législature IIe législature de la Seconde Restauration
Groupe politique Royaliste constitutionnel
Législature IVe législature
Groupe politique Centre gauche
Prédécesseur Étienne Maurice Gérard
Élection 3 juillet 1830
Législature Ire législature de la monarchie de Juillet
Groupe politique Centre gauche
Membre de la Chambre des pairs
Monarque Napoléon Ier
Législature Cent-Jours
Monarque Louis-Philippe Ier
Législature Monarchie de Juillet
Biographie
Nationalité Française
Résidence no 100, rue Saint-Dominique (1814)[1]

Préfets napoléoniens
Liste des préfets de Seine-et-Marne
Liste des députés de l'Oise

Le [2], il fut nommé à l'ambassadeur de Hollande : « il remplit, avec adresse et bonheur, cette nouvelle mission rendue si difficile par les dispositions secrètes[5] » du roi Louis-Napoléon, dont le zèle pour les intérêts du pays qu'il gouvernait lui faisait péniblement supporter l'autorité de l'Empereur, son frère, et le contrôle incessant auquel ses mesures étaient soumises.

Par décret du 28 octobre 1808, Napoléon le fait comte de La Rochefoucauld et de l'Empire.

En 1809, les Anglais débarquèrent en Zélande. L'ambassadeur français déploya, dans cette circonstance critique, une activité remarquable, et on lui dut, en grande partie, la promptitude avec laquelle furent réunis les moyens qui préservèrent Anvers et ses chantiers d'une ruine presque certaine ; il fut puissamment secondé par les Hollandais, dont « la loyauté et l'affabilité de son caractère avait captivé l'estime et l'affection[5] ».

Le roi de Prusse, connaissant toute son influence sur l'esprit des Hollandais, chargea le comte de La Rochefoucauld d'appuyer de son crédit un emprunt qu'il voulait faire en Hollande ; cet emprunt fut rempli, et, en reconnaissance de ce service, le monarque lui envoya le cordon de l'ordre de l'Aigle noir, que Napoléon lui permit de le porter.

En décembre 1809, le divorce entre Joséphine et Napoléon met un terme aux fonctions de première dame d'honneur de la comtesse de La Rochefoucauld.

En 1810, l'Empereur avait pris la résolution de réunir le royaume de Hollande à l'Empire, si son frère se refusait à adhérer rigoureusement au blocus continental. De La Rochefoucauld usa, dans cette circonstance délicate, « de toutes les ressources d'un esprit adroit[5] » ; mais l'irritation des esprits était telle, à Amsterdam surtout, qu'il y courut des dangers personnels. Napoléon le rendit, en quelque sorte responsable de l'abdication de son frère, et il dut porter le poids de son mécontentement. Aussi, rappelé à Paris à la fin de , il manifesta le désir de ne plus être chargé de nouvelles missions ; et il se livra dès ce moment aux loisirs et aux charmes de la vie privée.

« À l'exemple de son vertueux père, il devint la Providence des malheureux ; il leur assura les secours qui soulagent la misère, et le travail qui la prévient. 150 ouvriers se réunirent dans une filature fondée par lui dans son domaine de Crèvecœur[5]. »

 Lievyns, Verdot, Bégat, Fastes de la Légion d'honneur.

Carrière parlementaire

Bien qu'il eut « semblé renoncer à la politique[4] », il accepta toutefois, pendant les Cent-Jours () le titre éphémère de membre de la Chambre des pairs : qu'il perdit trois mois plus tard, à la seconde Restauration.

Les électeurs du 3e arrondissement de l'Oise (Senlis) ne pouvaient pas trouver un « plus digne représentant[5] », aussi, il le « dédommagèrent[4] » en l'envoyant trois fois à la Chambre des députés, où sa place fut constamment marquée au centre gauche :

  1. le , avec 276 voix (358 votants, 440 inscrits), contre 46 à Louis-Étienne Héricart de Thury. Il siégea parmi les royalistes constitutionnels, mais ne fut pas réélu en 1824 ;
  2. le , en remplacement d’Étienne Maurice Gérard, qui avait opté pour Bergerac (Dordogne)[4]. Élu par 174 voix (290 votants, 376 inscrits), contre 64 à Michel Nicolas Gérard de Blincourt et 28 à Héricart de Thury, il combattit le ministère Polignac, fut des 221, et obtint sa réélection,
  3. le , au collège de département de l'Oise, avec 173 voix sur 293 votants et 328 inscrits.

Le comte de La Rochefoucauld se rallia avec empressement au drapeau de 1830[5], et, partisan de la monarchie de Louis-Philippe Ier, il la défendit à la Chambre des députés jusqu'aux élections du , où il échoua, puis à la Chambre des pairs, où l'appela une ordonnance royale du suivant.

Ayant hérité de sa mère l'ancien marquisat de Crèvecoeur le Grand et son château, il fut maire de la commune de 1830 à 1831 et conseiller-général du canton de Crèvecoeur le Grand de 1831 à 1833.

Le roi des Français le fit grand officier de la Légion d'honneur le .

Le comte Alexandre de La Rochefoucauld mourut à Paris le , « emportant avec lui l'estime et les regrets de ses concitoyens[5] ». Inhumé au cimetière du Père-Lachaise[6] (14e division, 2e ligne, no 26), son éloge funèbre fut prononcé au palais du Luxembourg par son collègue, le marquis de Pange[4].

En 1820, il acheta l'Hôtel de Caraman, 28 rue Saint Dominique à Paris, qui prit alors le nom d'Hôtel d'Estissac et resta dans sa descendance jusqu'à sa vente, en 1929. Cet hôtel abrite aujourd'hui la Maison de la Chimie.

Après sa mort, le domaine et le château de Crèvecoeur le Grand furent vendus, puis démantelés[7]. Une aile du château abrite aujourd'hui la mairie, une autre une EHPAD.

Famille et descendance

Fils cadet de François XII (1747-1827), duc de La Rochefoucauld et de Félicité-Sophie de Lannion[2] (1745-1830), le comte de La Rochefoucauld avait pour frères et sœurs :

  1. François XIII Armand Frédéric (1765-1848), 8e duc de La Rochefoucauld, duc de Liancourt, etc., marié en 1794 avec Marie-Françoise de Tott (1770-1854), dont postérité ;
  2. Aglaé Émilie Joséphine (1774-1789) ;
  3. Frédéric Gaëtan (1779-1863), marquis de Liancourt, marié en 1808 avec Marie Caroline Petronilla Schall de Bell (vers1794/1795-1870), « gräfin » von Schall-Riaucour, dont postérité ;
  • Alexandre-François de La Rochefoucauld épousa, le (mariage contracté à Paris le [2]), Adélaïde de Pyvart de Chastullé ( - ), 1re dame d'honneur de l'impératrice Joséphine (1804-1810), fille de François, comte de Pyvart de Chastullé et de Julie Laffilard. Ensemble, ils eurent :
    • Alexandrine Julie Clémentine de La Rochefoucauld (Paris, - Paris, ) ;
    • Adèle Marie Hortense Françoise de La Rochefoucauld (Paris, - Pise, ), dame du palais de l'impératrice Marie-Louise (1809-1814), mariée, le à Paris, avec Francesco Borghèse (1776-1839), prince Aldobrandini et 7e prince de Sulmona (1832), dont postérité ;
    • Alexandre-Jules de La Rochefoucauld (Mello, - Paris, ), 2e comte de La Rochefoucauld (1841), 2e duc d'Estissac (1840), colonel, aide de camp, député du Loiret, marié, le à Liancourt, avec Hélène Desolle (1803-1864), dont :
    • Wilfrid Marie François de La Rochefoucauld (Paris, - ), marié le à Sennecey-le-Grand, avec Maria Cécile Pauline Lhuillier (née le à Saulieu), dont :
      • Eugène Marie Alexandre Wilfrid de La Rochefoucauld (Sennecey-le-Grand, - Saint Maurice, Algérie, 27 janvier 1897), sans postérité ;
      • Ernest Gustave François de La Rochefoucauld ( Sennecey-le-Grand, - ), sans postérité ;
      • Eugénie Alexandrine Cécile de La Rochefoucauild, religieuse du Sacré-Coeur (La Rochette, 22 juillet 1831 - Bourges, 27 janvier 1887) ;
      • Ernestine Lise de La Rochefoucauld (La Rochette, 25 août 1832 - La Rochette, 9 septembre 1832) ;
      • Louise, dite Blanche de La Rochefoucauld (La Rochette, 25 août 1837 - Paris 9è, ), mariée en 1860 avec Henry Litolff (1818-1891), musicien ;
    • François Joseph Polydore de La Rochefoucauld (Paris, -Paris, ), secrétaire d'ambassade à Saint-Pétersbourg (1824), marié :
      (1°) le à Weimar avec Adélaïde Charlotte Nathalie de Bussche-Hünnefeld ( - ), dont un fils
      (2°) le à Paris, avec Marie-Christine de Pracomtal (1830-1905), sans postérité ;
      • (1°) François Marie Clément Ernest Jules Aymar de La Rochefoucauld (Weimar, - 1925), comte de La Rochefoucauld, marié à Amiens le (divorce en 1885), avec Adrienne Gabrielle Marie de Morgan de Belloy (1845-1920), fille d'Adrien Marie Joseph de Morgan de Belloy et de Sophie Charlotte de Gomer. Sans postéfrité.

Récapitulatifs

Titres

Décorations

Rubans des décorations

Armoiries

Image Armoiries
Armes du comte de La Rochefoucauld et de l'Empire

Écartelé : au premier d'azur à la tête de lion arrachée d'argent qui est le signe des ministres employés à l'extérieur, au deuxième et troisième de gueules plein. Au quatrième burelé d'argent et d'azur à trois chevrons de gueules brochant sur le tout. Le premier écimé.[8],[9]

Armes du comte de La Rochefoucauld, pair de France

Burelé d'argent et d'azur, à trois chevrons de gueules, brochant sur le burelé, le premier chevron écimé.[10]

Ascendance

Notes et références

  1. Léonore LH/2361/33.
  2. Courcelles 1827, p. 70.
  3. Fastes 1844, p. 366.
  4. Robert & Cougny 1891, p. 602.
  5. Fastes 1844, p. 367.
  6. Dans la sépulture de Alexandre François, comte de La Rochefoucauld (1765-1841) reposent :
  7. Georges Martin, Histoire et généalogie de la Maison de La Rochefoucauld, tome 1, Lyon, l'auteur, (ISBN 978-2-901990-12-3), p. 195-204 & 224
  8. Archives nationales BB/29/966, p. 307.
  9. Révérend 1894, p. 48-49.
  10. Rietstap 1884.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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