Ordre royal et militaire de Saint-Louis
L’ordre royal et militaire de Saint-Louis est un ordre honorifique français créé par un édit de Louis XIV du pour récompenser les officiers catholiques les plus valeureux ayant au moins 10 ans de présence au sein des régiments du royaume, quelle que soit leur condition de naissance[1],[2].
Pour les articles homonymes, voir Saint-Louis.
Ordre royal et militaire de Saint-Louis | ||||||||||
Croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. |
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Décernée par Royaume de France | ||||||||||
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Type | Distinction militaire comportant 3 classes (chevalier, commandeur, grand-croix) | |||||||||
Éligibilité | Militaires catholiques | |||||||||
Décerné pour | Courage militaire | |||||||||
Statut | Ordre disparu | |||||||||
Description | Devise : Bellicae virtutis praemium (Récompense du courage militaire) | |||||||||
Chiffres | ||||||||||
Date de création | ||||||||||
Dernière attribution | 1830 | |||||||||
Importance | ||||||||||
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Ruban de l'Ordre | ||||||||||
Histoire
Sa naissance est due à la réorganisation des armées au milieu du XVIIe siècle et l’apparition de militaires de valeur plus nombreux et faisant partie de la bourgeoisie. L’ordre le plus prestigieux, l'ordre du Saint-Esprit, était réservé à la noblesse et ne comptait que cent chevaliers ; les ordres de Saint-Michel, de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem avaient eux aussi des statuts qui limitaient le nombre des récipiendaires. Voilà pourquoi fut décidée la création de cet ordre dont le bénéficiaire devait être catholique et avoir servi plus de dix ans comme officier, mais pas obligatoirement noble.
Le 1693, tous les princes du sang furent agrégés à l’Ordre. La première grande promotion eut lieu le , dans le salon de l’appartement du roi. Louis XIV donna un coup d’épée sur l’épaule droite et sur l’épaule gauche de chaque postulant, qui se tenait à genoux, en disant : « Par Saint Louis, je vous fais chevalier. » Cet événement fut célébré par le peintre François Marot dans le tableau Première tenue des chevaliers de l'ordre de Saint Louis, , projet pour une tapisserie, peint en 1710, conservé aujourd'hui au Château de Versailles[3].
Cependant les nobles représentaient une part très importante de l'effectif, qui alla croissant au cours du XVIIIe siècle, avec l’éviction progressive des roturiers des corps d’officiers de l’armée. Pour les officiers protestants, notamment les Suisses et les Allemands au service du roi de France, Louis XV créa l’institution du mérite militaire en 1759. Les bas-officiers (nos actuels sous-officiers) et les militaires du rang ne pouvaient pas recevoir l’ordre de Saint-Louis ou l’institution du Mérite militaire, mais ils avaient droit au médaillon des deux épées qui leur ouvrait certains privilèges. À noter que ce médaillon des épées dit médaillon de vétérance n'est pas supprimé par les Révolutionnaires, contrairement aux ordres de la royauté.
En 1791, l’ordre de Saint-Louis est réuni avec le mérite militaire sous le nom de Décoration militaire. Cette décoration est elle-même supprimée le , mais restaurée par Louis XVIII qui l'attribua à des officiers émigrés et des chefs vendéens.
En 1814, le roi Louis XVIII recrée l’ordre de Saint-Louis avec le but avoué de le substituer à la Légion d’honneur. Cette tentative ne dure pas, il disparaît avec Louis Philippe ; l’ordre de Saint-Louis n'est plus attribué par l'État depuis 1830.
Organisation
La durée de service fut portée de dix à vingt ans peu après la création de l'ordre. Le dauphin, le général des galères, l’amiral et les maréchaux de France étaient membres-nés de l’ordre. Les princes de famille royale n'obtenaient un grade dans l’Ordre qu’après avoir effectué leur première campagne de guerre. Les militaires nommés devaient être reçus chevaliers dans une cérémonie où ils prêtaient serment au roi et à la religion catholique. Cette cérémonie de réception était présidée de 1693 à 1700 uniquement par le roi ; à partir de 1700 le dauphin reçut le droit de recevoir les nouveaux chevaliers, droit qui fut étendu à tous les princes du sang et les maréchaux de France en 1705, puis à tous les officiers généraux membres de l'ordre. On distinguait trois classes de membres de l'ordre : chevaliers, dont le nombre n'était pas limité, commandeurs, dont le nombre est limité à vingt-quatre, et grand'croix, dont le nombre est limité à huit. Lorsqu’un grand'croix de Saint-Louis devenait chevalier du Saint-Esprit, il redevenait simple chevalier de Saint-Louis. Cette disposition avait pour but de libérer des « places » de grand'croix afin de récompenser les généraux en plus grand nombre.
Un certain nombre de pensions étaient accordées aux membres de l'ordre : de 800 à 2 000 livres pour certains chevaliers, de 3 000 à 4 000 livres pour les commandeurs et 6 000 livres pour les grand'croix.
Le grand maître de l'ordre est le roi, mais l'administration au jour le jour de l'ordre est confiée à un conseil formé de six chevaliers, quatre commandeurs et deux grand'croix. Ce conseil était élu chaque année par une assemblée générale de l'ordre tenue le 25 août, jour de la Saint-Louis, dans le palais de résidence du roi. L'ordre comptait également à son origine des officiers : un trésorier, un greffier et un huissier. Recrutés dans les services des secrétariats d'État à la marine et à la guerre, ils portaient la croix de chevalier et le titre d’officier de Saint-Louis. En 1719, le Régent créa quinze offices héréditaires d'administration de l'ordre : trois grands-officiers, portant les insignes de grand'croix, quatre commandeurs et huit officiers. En 1779, le nombre d'officiers fut réduit à deux : trésorier et huissier.
L’ordre de Saint-Louis et la noblesse
Il n'était pas nécessaire d'appartenir à l'ordre de la noblesse pour être reçu dans celui de Saint-Louis. Toutefois, comme la noblesse était coutumièrement destinée aux emplois militaires, les chevaliers de Saint-Louis étaient majoritairement d'origine noble.
En 1750, l'ordre de Saint-Louis fut assimilé à une charge anoblissante : le fait d'être capitaine et chevalier de Saint-Louis pendant trois générations légitimes et consécutives conférait la noblesse à titre héréditaire. Cette disposition créant une nouvelle noblesse militaire fut cependant remise en cause dans les dernières années de l'Ancien Régime. En fait, très peu de familles accédèrent à la noblesse en vertu de cette disposition qui sera conservée lors de la création de l'ordre de la Légion d’honneur.
Depuis 1750, les membres de l'ordre sont exemptés de la taille s'ils sont roturiers. Le dernier chevalier de Saint-Louis fut le général Joseph-Marie Farinole, d'une famille de la noblesse corse de Bastia reconnue noble par la monarchie lors de l'annexion de l'île.
Insignes
L'ordre comprenait trois classes :
- chevalier, lequel portait l'insigne à un ruban rouge sur la poitrine gauche ;
- commandeur, portant l’insigne à une écharpe rouge du côté gauche ;
- grand-croix, ayant l’insigne à une écharpe rouge du côté gauche et une plaque sur la poitrine à gauche.
Cet ordre devint le prototype de tous les ordres honorifiques modernes (existence des différentes classes, type d’insigne, écharpe, etc.). L’insigne était composée d’une croix de Malte blanche et or, portant des fleurs de lys aux angles. Au centre se trouvait un médaillon portant l’inscription « LUD(OVICUS) MAG(NUS) INS(TITUIT) 1693 » pour « Louis le Grand l’a institué en 1693 », entourant une représentation de Saint Louis. Selon certains, la couleur rouge du ruban de la Légion d'honneur serait un souvenir de l’ordre de Saint-Louis.
Les principaux modèles suivent les régimes successifs ; Louis XIV, la Régence, Louis XV, Louis XVI, l'Émigration (1792-1814) et enfin la Restauration. Sous la monarchie de Juillet (1830-1848), les croix pouvaient être portées si les fleurs de lys des cantonnement des branches étaient supprimées. En 1830, les nominations dans l'ordre de Saint-Louis prennent fin.
On peut situer la période d'un insigne au mode de fixation des centres :
1/ Louis XIV : 2 rivets fixent les centres aux branches
2/ Régence - Louis XVI : une goupille fixe les centres par le travers de la croix
3/ Restauration : les centres ont des pattes de fixation qui sont insérées dans une cire rouge
Catégories de récipiendaires de l’ordre de Saint-Louis
- Chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis
- Commandeur de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis
- Grand-croix de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis
Devise
La devise de l'ordre est : « Bellicae virtutis praemium », c'est-à-dire « Récompense du courage militaire »[4].
Bibliographie
- Jean-François Louis d'Hozier, Recueil de tous les membres composant l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, depuis l'année 1693, époque de sa fondation ; précédé des édits de création et autres relatifs audit ordre, au bureau général du Bon Français, Paris, 1817, tome 1, 1818, tome 2
- Christophe Guimaraes, l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis 1693-1830 - Abrégé historique suivi de ses lettres, sceaux, croix, médailles commémoratives et jetons. Édition revue, corrigée et considérablement augmentée. Montluçon, Chez l'auteur, 2014, préface du général d'armée Jean-Louis Goergelin, grand chancelier de la Légion d'honneur (ISBN 978-2-9544800-0-8).
- Alexandre Mazas et terminée par Théodore Anne, Histoire de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis depuis son institution en 1693 jusqu'en 1830, Didot, Dentu :
- [Histoire de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis depuis son institution en 1693 jusqu'en 1830, tome 1],
- [Histoire de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis depuis son institution en 1693 jusqu'en 1830, tome 2],
- [Histoire de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis depuis son institution en 1693 jusqu'en 1830, tome 3].
- Christophe Guimaraes, « Les insignes et médailles commémoratives de l'Ordre de Saint-Louis 1693-1830 », Symboles & Traditions, numéro spécial 2004. Préface du général d'armée aérienne Jean-Philippe Douin, grand chancelier de la Légion d'honneur.
- Olivier Matthey-Doret, « L'Ordre de Saint Louis 1693 / 1848, étude raisonnée des croix et objets », 2012, dépôt légal BNF Paris, 215 photos couleurs, édition limitée numérotée.
- Lucien Bély (dir.), Dictionnaire Louis XIV, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1405 p. (ISBN 978-2-221-12482-6).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Édit de création de l’ordre de Saint-Louis.
- Recueil des membres de l’ordre de Saint-Louis d'après Jean-François-Louis d'Hozier, Paris, 1817.
- Site recensant les « oubliés » de d'Hozier.
- Ordre royal et militaire de Saint-Louis 1814 - 1830.
- Site très complet traitant des décorations militaires et civiles françaises.
- Le fonds de l'Association paternelle des chevaliers de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis et du mérite militaire est conservé aux Archives nationales (Pierrefitte-sur-Seine), sous la cote 2AS : inventaire du fonds 2AS.
- Les archives des distinctions dans l’ordre de Saint-Louis attribuées sous la Restauration sont conservées aux Archives nationales (France).
Notes et références
- Édit de Louis XIV portant création et institution de l'Ordre de Saint-Louis, article 11
- Société d'histoire du droit et des institutions des pays de l'Ouest de la France, Droit privé et Institutions régionales, Publication Univ Rouen Havre, , p. 625.
- Ordre de St Louis, Versailles (Collection)
- Musée national de la Légion d'honneur et des ordres de chevalerie (France), La renaissance du culte de saint Louis au XVIIe siècle L'ordre militaire. La Maison royale de Saint-Cyr (lire en ligne), p. 25
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