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Dans ce chapitre, nous rappelons quelques théorèmes importants qui serviront l'étude ultérieure des recherches d'extrema et des équations aux dérivées partielles.

Définitions

Ouvert

Un ouvert d'un espace vectoriel normé E est une partie U de E telle que pour tout point x de U, U contient une boule ouverte de centre x et de rayon strictement positif.

Espace de Banach

L'espace usuel est un espace de Banach.

Entre espaces de dimension finie, toute application linéaire est continue. Entre espaces de Banach, d'après le théorème de Banach-Schauder, la réciproque d'une bijection linéaire continue est toujours continue.

Difféomorphisme

Soient E et F deux espaces vectoriels normés, V un ouvert de E et W un ouvert de F. Un Ck-difféomorphisme de V dans W est une bijection de classe Ck de V dans W dont la réciproque est aussi de classe Ck.

Théorème d'inversion locale

Théorème

Soient E et F deux espaces de Banach, U un ouvert de E, une fonction de classe Ck (k ≥ 1), et tel que :

l'application est bijective.

Alors, se restreint en un Ck-difféomorphisme d'un ouvert contenant (et inclus dans U) dans un ouvert (de F).

Fin du théorème
Corollaire

Soient E et F deux espaces de Banach, U un ouvert de E, une fonction de classe Ck (k ≥ 1) telle que pour tout , l'application est bijective. Alors :

  • est ouverte, en particulier est un ouvert de F ;
  • si de plus est injective alors est un Ck-difféomorphisme de sur .

Théorème des fonctions implicites

Énoncé

Théorème

Soient E, F et G trois espaces de Banach, U un ouvert de E × F, une fonction de classe Ck (k ≥ 1), et tel que :

  • ;
  • l'application est bijective.

Alors, il existe un ouvert contenant et une application de classe Ck, tels que :

;
Fin du théorème


Exemple

Montrer qu'au voisinage de (0, 0), la relation définit implicitement y en fonction de x.

La fonction est polynomiale, de classe , donc au moins de classe et la dérivée partielle de ƒ au point étudié vaut :

et n'est donc pas nulle. Ainsi, d’après le théorème des fonctions implicites, il existe une fonction φ telle que :

au voisinage de l'origine.

Fin de l'exemple

Remarques

  • L'intérêt de ce théorème est qu'on dispose de nombreux outils pour étudier les nappes paramétrées (en dimension 3), notamment ceux permettant la recherche d'extrema, sujet abordé au chapitre suivant.
  • En différentiant l'équation , on obtient :
    ,
    Si , en différentiant deux fois , on obtient :
    ,
    expression dans laquelle on peut remplacer à l'aide de l'équation précédente. En continuant (jusqu'à l'ordre ), on peut ainsi exprimer les différentielles successives de en fonction de celles de .
  • Sur toute partie connexe C de V contenant , est alors la seule application continue vérifiant
    .
    (C'est un exercice sur la connexité.)

Inégalité des accroissements finis

Inégalité des accroissements finis pour les fonctions à valeurs vectorielles

Soient un segment réel, une application continue sur et dérivable sur , et un réel tel que

.

Alors :

.
Fin du théorème
Remarque
Panneau d’avertissement Contrairement au cas des fonctions à valeurs réelles, il n'y a pas ici d'égalité des accroissements finis.

Théorème de Schwarz

Énoncé

Soient et deux espaces vectoriels normés.

Théorème

Théorème — Si une fonction est deux fois différentiable en un point , alors l'application bilinéaire est symétrique.

Corollaire — Si une fonction est deux fois différentiable en un point , alors sa matrice hessienne en ce point est symétrique :

.
Fin du théorème

Remarques

La version plus souvent énoncée dans les ouvrages suppose définie seulement au voisinage du point , mais elle résulte du théorème ci-dessus, en étendant de façon arbitraire une telle fonction à l'espace entier.

En mathématiques, l’intérêt de ce théorème est multiple. D'une part, à l'affirmative, il permet de réaliser les calculs de dérivée partielle, donc simplifie l'étude des équations aux dérivées partielles. D'autre part, sa contraposée permet par l'absurde de montrer que certaines fonctions ne sont pas deux fois différentiables, comme dans l'exemple ci-dessous.

En physique et en chimie, les hypothèses de ce théorème sont souvent vérifiées et son utilisation est presque systématiquement implicite. On montre ainsi des égalités en thermodynamique classique, des formules fondamentales d'analyse vectorielle, ou dans l'étude des ondes (par exemple dans l'équation des télégraphistes).

Contre-exemple

Le contre-exemple suivant, proposé par Peano en 1884, montre qu'une fonction peut, en un point, posséder une matrice hessienne non symétrique (donc ne pas être deux fois différentiable, d'après le théorème de Schwarz).

Il s'agit de la fonction :

Ses dérivées partielles premières sont :

et

,

de sorte que

.

Développement limité

Formule de Taylor-Young

Si est fois différentiable en un point , alors elle admet en ce point un développement limité à l'ordre , donné par

avec la notation o de Landau, et en notant le -uplet .

Fin du théorème

Exemple : formule de Taylor-Young à l’ordre 2

Si est deux fois dérivable au point , alors

,

ce qui, si , s'écrit :

.

La formule de Taylor-Young vectorielle ci-dessus se démontre de la même façon que son homologue réelle, à l'aide du lemme suivant :

Lemme d'« intégration » terme à terme

Si a un développement limité à l'ordre en :

où chaque application multilinéaire continue est symétrique, alors a un développement limité à l'ordre en :

.
Fin du lemme

Théorème de différentiation terme à terme

Énoncé

Théorème

Soient U un ouvert connexe d'un espace vectoriel normé E et une suite d'applications différentiables de U dans un espace de Banach F, telle que :

  • il existe un élément de U tel que converge dans F ;
  • pour tout , il existe tel que la suite des différentielles converge uniformément sur vers une fonction .

Alors :

  • la suite converge vers une fonction , uniformément sur chacune des boules ;
  • cette fonction est différentiable et .
Fin du théorème

(Si les sont continues, le sera donc également.)

Remarques

Ce théorème généralise le théorème de dérivation terme à terme valable pour les suites de fonctions d'une variable réelle ou, plus généralement, le théorème de dérivation d'une intégrale paramétrique. Il intervient notamment dans le cas de fonctions « limites », qu'on ne sait pas exprimer autrement que comme limite d'une suite, ou dans le cadre des séries de fonctions.

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