Vol transatlantique
Un vol transatlantique est le vol d'un aéronef d'un côté à l'autre de l'océan Atlantique, soit d'est en ouest ou d'ouest en est, d'Europe ou d'Afrique vers l'Amérique du Nord ou du Sud, soit en sens inverse. Il peut être accompli par des avions, des dirigeables, des aérostats ou d'autres aéronefs.
Historique
Au début du XXe siècle les premières traversées en avion au-dessus des mers consituent des exploits retentissants.
- le , le Français Louis Blériot traverse la Manche de Calais à Douvres.
- le , l'Irlandais Denys Corbett Wilson (en) traverse la mer d'Irlande de Goodwick (en) à Enniscorthy.
- le , l'Américaine Harriet Quimby est la première femme a traverser la Manche de Douvres à Hardelot-Plage.
- en , le Français Roland Garros traverse la mer de Sicile de Tunis à Trapani.
- le , Garros réussi la traversée de la Méditerranée de Fréjus à Bizerte.
- le , le Norvégien Tryggve Gran traverse la mer du Nord de Cruden Bay à Jæren.
Mais l'océan Atlantique représente encore à l'orée des années 1910, un obstacle infranchissable.
Plus légers que l'air
En , le journaliste américain Walter Wellman tente la traversée depuis Atlantic City à bord du dirigeable America. Une tempête au large du Cape Cod le fait dévier de sa route, puis une panne de moteur l'oblige à abandonner à mi-chemin, entre New-York et les Bermudes. Wellman, son équipage de cinq personnes - ainsi que le chat du ballon - sont sauvés par le navire britannique RMS Trent. La traversée se termina par un échec, mais la distance parcourue, environ 1 600 km, était à l’époque un record pour un dirigeable.
La première traversée d'Est en Ouest sans escale fut réalisée par le Dirigeable Type 33 de la William Beardmore and Company, commandé par le major George Herbert Scott. Parti d'East Fortune en Écosse le , il arriva à Long Island le .
Le premier vol transatlantique commercial fut celui du LZ 127 Graf Zeppelin du 11 au , entre Friedrichshafen et Lakehurst.
Plus lourds que l'air
En 1913, le Daily Mail offre une récompense de 10 000 livres pour le premier, "aviateur à traverser l'Atlantique dans un avion depuis n'importe quel point situé aux États-Unis, au Canada ou à Terre-Neuve et n'importe quel point situé en Grande-Bretagne ou en Irlande, en 72 heures consécutives".
La première traversée du nord de l'Atlantique fut réalisée en mai 1919 par l'Américain Albert Cushing Read sur un hydravion Curtiss NC-4 en vingt-trois jours. Parti le de Rockaway, il arrive le à Plymouth (Royaume-Uni), après plusieurs escales, dont Terre-Neuve et Les Açores.
Le , l'Australien Harry Hawker et son navigateur Kenneth Mackenzie Grieve, tentent d'effectuer le vol sans escale au-dessus de l'océan Atlantique. Ils partent de Mount Pearl, à Terre-Neuve, à bord d'un biplan Sopwith Atlantic. Après quatorze heures et demie de vol, une surchauffe du moteur les force à faire demi-tour. Ayant croisé la route d'un cargo danois, ils amerrissent avant d'être secourus.
Le , le Prix Orteig est lancé, récompensant de 25 000$ (soit 355 775,75$ pour l'année 2015) le premier aviateur allié qui réaliserait un vol sans escale entre continents, de New-York à Paris, ou dans l'autre sens.
Quelques semaines plus tard, les 14 et , Alcock et Brown réalisèrent le premier vol sans escale en reliant Saint-Jean de Terre-Neuve à Clifden en Irlande sur un Vickers Vimy IV, et remportèrent le prix du Daily Mail.
Du et , les Portugais Sacadura Cabral et Gago Coutinho utilisent trois hydravions Fairey IIID pour relier Lisbonne à Rio de Janeiro. Ils sont les premiers à traverser l'Atlantique-Sud en avion.
Dans la nuit du 16 au , les aviateurs portugais Sarmento de Beires, Jorge de Castilho et Manuel Gouveia ont pris l'avion depuis l'archipel des Bijagos en Guinée portugaise, pour se rendre à l'île Fernando de Noronha au Brésil, dans un hydravion Dornier Do J Argos devenant les premiers à traverser l'Atlantique-Sud de nuit.
Les 8 et , les Français Charles Nungesser et François Coli tentent de traverser l'Atlantique-Nord, entre Paris et New York, dans un biplan Levasseur PL-8 dénommé " L'Oiseau Blanc ", mais ils disparaissent sans laisser de trace. Cet événement marqua l'opinion française de l'époque, surtout après la fausse annonce de leur réussite par la presse quotidienne.
Les 20 et , Charles Lindbergh réalisa la première traversée New York - Paris sans escale sur son Ryan NYP "Spirit of St. Louis " et remporta le prix Orteig. Parti à 7 h 52 (heure de NYC) de l'aérodrome Roosevelt-Field, de Long Island, près de New York, il longea ensuite la côte est américaine, vers le Nord, jusqu'au Nouveau-Brunswick, puis survola Terre-Neuve et aborda les côtes d'Irlande le lendemain vers 17 h (heure de Paris). Il dépassa la pointe sud de l'Angleterre vers 19 h, puis Cherbourg à 20 h 25. Après 10 minutes passées à repérer la piste, qui ne sera éclairée qu'après plusieurs passages, il atterrit le à 22 h 22 (heure de Paris) à l'aéroport du Bourget en Seine-Saint-Denis (France) et devant près de 200 000 spectateurs. Il avait parcouru près de 5 808 kilomètres en 33 h et 30 minutes, et à l'arrivée, il ne lui restait plus que 320 litres de carburant sur les 1 700 emportés au départ. De retour aux États-Unis par bateau, la traditionnelle ticker-tape parade est organisée en son honneur, dans les rues de New-Yok, le suivant.
Les 14 et , Dieudonné Costes et Joseph Le Brix, sur un Breguet XIX, effectuent la première traversée de l'Atlantique-Sud sans escale et dans le sens Est-Ouest ls décollent de Saint-Louis du Sénégal le à 6h23, et se posent à Natal au Brésil dans la nuit du à 2h00 (heure de Paris).
Les 12 et , le pilote allemand Hermann Koehl avec son copilote irlandais James Fitzmaurice accompagnés de leur passager le baron Ehrenfried Guenther Von Huenefeld effectueront avec leur avion Junkers W 33 "Bremen" la première traversée Est-Ouest de l'Atlantique-Nord sans escale. Parti de Baldonnel en Irlande à 05 h 38 (TU) ils atterriront sur l'île Greenly (Greenly island) au large Blanc-Sablon sur la Côte-Nord du Québec après un vol de 36 heures et 30 minutes à 18 heures 08 (TU). Leur vol, particulièrement difficile la nuit, aura été caractérisé par une forte dérive les ayant mené jusqu'aux confins de l'Arctique canadien[1].
Les 13 et , Jean Assollant, René Lefèvre et Armand Lotti, sont les premiers Français à réussir la traversée de l'Atlantique-Nord, dans le sens Ouest-Est, à bord de l'avion Bernard 191 GR, " Oiseau Canari ". Partis de la plage d’Old Orchard Beach, (Boston) dans l’État du Maine, aux États-Unis, le , ils atterrissent le lendemain, sur la côte nord de l’Espagne après 29 heures et 22 minutes de vol, sur un trajet affichant 5 900 kilomètres au-dessus des flots. Cette traversée est marquée par la présence à bord de l'appareil, du premier passager clandestin de l'histoire aérienne, un américain de vingt-deux ans, nommé Arthur Schreiber.
Les 1er et , Dieudonné Costes effectue la première traversée de l'Atlantique-Nord sans escale, dans le sens Est-Ouest (beaucoup plus difficile en raison des vents contraires), avec Maurice Bellonte, à bord de l'avion Breguet XIX TF Super Bidon " Point d'Interrogation ". Partis de Paris à 9h54, le 1er septembre, les deux hommes atterrissent après 37 heures de vol sur le terrain de Curtiss-Field, à New-York.
Le , Amelia Earhart décolle de Harbour Grace, à Terre-Neuve, aux commandes de son monomoteur Lockheed Vega 5b, à destination de Paris. Après avoir rencontré des tempêtes au-dessus de l'Atlantique, elle se pose dans un champ, à Culmore près de Derry, en Irlande du Nord, après un vol de 14h56. Elle devient du même coup, la première femme à avoir traversé l'Atlantique en solitaire.
Les 18 et , Jim Mollison, pilotant un de Havilland Puss Moth effectue la première traversée Est-Ouest en solitaire, de Portmarnock en Irlande, à Pennfield (en) au Nouveau-Brunswick. L'exploit similaire sera réalisé par une autre femme, Beryl Markham, les 4 et , dans un Percival Vega Gull, depuis Abingdon à l'Île du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse[2].
Vols commerciaux
En est fondée l'Aéropostale après le rachat des lignes aériennes de l'industriel Pierre-Georges Latécoère. Et sous l'impulsion du célèbre pilote Jean Mermoz, la compagnie effectue le premier survol commercial de l'Atlantique-Sud, de Saint-Louis à Natal, les 12 et , au terme d'un vol de 21 heures et 10 minutes. L'appareil est un hydravion monomoteur Latécoère 28-3 dénommé " Comte-de-la-Vaulx " aux commandes desquelles Mermoz est secondé par le radiotélégraphiste Léopold Gimié et le navigateur Jean Dabry. Mais les liaisons régulières entre la France et l'Amérique du Sud n'interviendront que vers 1933 et 1934, toujours avec Mermoz, mais aussi Henri Guillaumet.
Les 4 et , le premier passager aérien transatlantique fut Charles Levine. Clarence Chamberlin l'a transporté en tant que passager de Mineola à Eisleben (en Allemagne) dans un Wright-Bellanca WB-2.
Les 17 et , Amelia Earhart était passagère dans un avion piloté par Wilmer Stultz. Comme l'essentiel du vol avait été effectué sur des instruments pour lesquels Earhart n'avait aucune formation, elle n'a pas piloté l'aéronef.
Le premier vol transatlantique commercial sans escale fut celui du Focke-Wulf Fw 200 Condor de la Lufthansa, qui relia Berlin à New York, soit 6 550 km, en en 24 h 55 min à l'aller puis 19 h 47 min au retour, à une vitesse moyenne de 264 et 330 km/h respectivement[3].
A partir du , Henri Guillaumet, pour le compte de la toute jeune compagnie Air France Transatlantique, s'attaque à des vols d'exploration sur l'Atlantique-Nord, à bord des hydravions géants hexamoteur, Latécoère 521 " Lieutenant-de-Vaisseau-Pâris " et Latécoère 522 " Ville-de-Saint-Pierre ". Au total, il effectuera 13 traversées, avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale. Le , pour sa 12e traversée, il effectue, sans escale, la liaison directe New York - Biscarrosse en 28 heures de vol, soit 5 875 km à la moyenne de 206 km/h, dont 2 300 km avec un moteur stoppé, ce qui lui permet de décrocher le Ruban Bleu du record de la traversée pour hydravion.
Le , la Pan Am de Juan Trippe inaugure un service transatlantique de passagers entre New York et Marseille, en utilisant des hydravions Boeing 314. Le , un service est également mis en service entre New York et Southampton. Un tarif simple était de 375$.
Les vols terrestres réguliers, entre l'Europe et les États-Unis, ont commencé en et le principal concurrent de la Pan Am fut la TWA d'Howard Hughes, qui commença les vols transatlantiques en 1946 avec des quadrimoteurs Lockheed Constellation.
Du jusqu'en 2003, Air France et British Airways proposaient des vols commerciaux supersoniques grâce au Concorde.
Routes transatlantiques les plus utilisées
Ce tableau montre les routes transatlantiques les plus utilisées d'Amérique du Nord en Europe :
d'Amérique du Nord |
d'Europe |
2010 | |
---|---|---|---|
1 | New York, JFK | Londres, Heathrow | 2 501 546 |
2 | Los Angeles, LAX | Londres, Heathrow | 1 388 367 |
3 | New York, JFK | Paris, CDG | 1 159 089 |
4 | Chicago, O'Hare | Londres, Heathrow | 1 110 231 |
5 | Montreal, Trudeau | Paris, CDG | 1 105 007 |
6 | New York, Newark | Londres, Heathrow | 1 065 842 |
7 | Toronto, Pearson | Londres, Heathrow | 926 239 |
8 | Chicago, O'Hare | Francfort | 866 733 |
9 | Boston, Logan | Londres, Heathrow | 851 728 |
10 | San Francisco | Londres, Heathrow | 841 549 |
11 | Miami | Londres, Heathrow | 795 014 |
12 | New York, JFK | Francfort | 710 876 |
13 | New York, JFK | Madrid | 690 624 |
14 | Washington DC, Dulles | Francfort | 659 532 |
15 | Orlando | Londres, Gatwick | 648 400 |
16 | New York, JFK | Rome | 563 129 |
17 | Detroit | Amsterdam | 613 971 |
18 | Los Angeles, LAX | Paris, CDG | 558 868 |
19 | San Francisco | Francfort | 537 888 |
20 | Houston | Londres, Heathrow | 528 987 |
Record
Le vol transatlantique le plus rapide a été effectué par un Lockheed SR-71 Blackbird en 1 heure 56 minutes en 1974[4].
Le record transatlantique pour un avion commercial est détenu par un Concorde de British Airways, le , en 2h52 minutes et 59 secondes, après avoir atteint une vitesse maximale de 2 172 km/h[5],[6].
Le temps le plus rapide pour un avion de ligne subsonique a été de 5 heures et 1 minute avec un Vickers VC10[7], mais un Boeing 787 a effectué le vol en 5 heures et 13 minutes sur une plus longue distance New-York-Londres en 2018[8].
Le , porté par la tempête Ciara, le vol BA112 bat le record du monde du vol transatlantique subsonique New York-Londres le plus rapide, en reliant ces deux villes en 4h56, soit avec 1h20 d'avance sur l'horaire prévu avec une vitesse de pointe de 1314,92 km/h (710 kt)[5],[9].
Traversées notables
Postérité
De nombreux monuments commémorent les traversées des pionniers de l'aviation transatlantique.
- Statue d'Alcock et Brown à Londres-Heathrow
- Statue au Bourget pour commémorer les vols de Nungesser et Coli et de Lindbergh
- Monument pour Lindbergh à Valença
- Monument pour Cabral et Coutinho à Lisbonne
- Plaque commémorative pour Earhart à Burry Port
- Monument à Tarfaya, escale de l'Aéropostale
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Transatlantic flight » (voir la liste des auteurs).
- (en) Fred.W.Hotson, The Bremen (The fascinating story of the first east-west flight across the North Atlantic..., CANAV BOOKS, , 223 p. (ISBN 0-921022-02-6)
- (en) Sally Shuttleworth, « Philip W. Martin, Mad women in Romantic writing, Brighton, Harvester Press, New York, St Martin's Press, 1987, 8vo, pp. x, 198, illus., £29.95. », Medical History, vol. 34, no 04, , p. 452 (ISSN 0025-7273 et 2048-8343, DOI 10.1017/s0025727300052893)
- Focke-Wulf Fw 200S-1 Condor "Brandenburg" (D-ACON)
- "Blackbird Records." sr-71.org. Retrieved: 18 October 2009.
- « Grâce à la tempête Ciara, trois avions de ligne rallient New York à Londres en moins de 5 heures », sur La dépêche du Midi, (consulté le ).
- Reuters News Service, « SST makes record flight », St Louis Post, (lire en ligne, consulté le )
- « VC10: The RAF's Record Breaking 'Airliner' » [archive du ], sur forces.net (consulté le )
- (en) Alison Millington, « A Norwegian plane flew from New York to London in 5 hours 13 minutes », sur businessinsider.com, (consulté le )
- « Tempête Ciara : des avions plus rapides, portés par les vents », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
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