Paradoxe français

Le paradoxe français (French Paradox en anglais) désigne l'étude épidémiologique d'une importante et étonnante contradiction entre la richesse en matières grasses et en vins français de la cuisine française, en particulier de la cuisine du Sud-Ouest et de la cuisine de la Provence méditerranéenne riche en huile d'olive, et la relative bonne santé publique des Français en matière de maladie cardio-vasculaire ou de cancer, en comparaison en particulier avec les mauvais résultats sur la santé publique anglo-saxonne et mondiale en rapport avec l'industrie agroalimentaire moderne américaine et britannique, souvent qualifiée d'importante source de « malbouffe ».

Ne doit pas être confondu avec Un paradoxe français ou Exception française.

Historique

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (janvier 2018). 
Pour l'améliorer, ajoutez des références vérifiables [comment faire ?] ou le modèle {{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.

L'expression « paradoxe français » est créée en 1981 par les Français Richard, Cambien et Ducimetière après avoir comparé les niveaux de maladie cardio-vasculaire et de consommation de matières grasses en France[1].

Les plus faibles taux statistiques d'infarctus sont obtenus avec la cuisine méditerranéenne[réf. nécessaire] avec seulement 38 cas pour 100 000 habitants (8 fois moins que les 315 cas pour 100 000 habitants des États-Unis et du Royaume-Uni), avec une espérance de vie humaine de 10 ans plus élevée que dans le nord-est de la France, et 80 cas pour 100 000 habitants[2] pour la cuisine française du Sud-Ouest (4 fois moins que les Américains / Britanniques), tout en ayant un taux de cholestérol sanguin équivalent ou plus élevé que ceux-ci, ce qui contredit la théorie communément admise mettant en corrélation directe le taux de cholestérol sanguin avec le risque de maladie cardio-vasculaire (l'infarctus est la première cause de décès prématuré, et les AVC la troisième, avec des taux importants d'hypertension artérielle, diabète, dépression, maladie d'Alzheimer et cancers…)[réf. nécessaire].

Théorie des bienfaits de l'alcool

Verre de vin rouge

Plusieurs études et hypothèses non exclusives les unes des autres se sont concurrencées jusqu'en . Depuis cette date, la communauté scientifique s'accorde à dire, dans la lignée des recherches publiées par The Lancet, que l'alcool, y compris le vin, ne peut en aucun cas être bénéfique pour la santé, même à dose très faible[3]. Cette étude porte sur les habitants de 195 pays et s'étend sur une période de 25 ans. Elle s'intitule Alcohol use and burden for 195 countries and territories, 1990–2016: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study[4].

Le vin rouge est riche en antioxydants lorsqu'il est consommé en très grandes quantités[citation nécessaire]. Une théorie contestée, notamment, par les travaux publiés le 23 août 2018 dans The Lancet estime qu'une consommation dite « modérée » (un à trois verres par jour) préviendrait le développement des maladies cardio-vasculairesInterprétation abusive ?. Elle [Qui ?] affirme que le resvératrol, un des nombreux polyphénols contenus dans certains vins, est un puissant antioxydant protecteur. Cette hypothèse s'appuie essentiellement sur des observations in vitro (voir par exemple, des travaux de l'INRA publiés en janvier 2010[5]). Plus généralement, l'action potentiellement bénéfique des polyphénols contenus dans le vin rouge (peau et pépins du grain de raisin) est régulièrement mise en avant. Pourtant, il s'agit plutôt de l'action de leurs métabolites et leurs polymères (tel le trans-resvératrol, polymère actif du resvératrol) liés aux interactions avec les enzymes digestives, la majorité des polyphénols des vins ne passant pas la barrière intestinale[6].

Cette théorie a longtemps fait débat, et ce d'autant que d'énormes intérêts économiques viticoles sont en jeu et que des études in vivo complémentaires sont nécessaires pour mettre surtout en évidence la synergie des différents polyphénols, l'action d'un seul étant insuffisante selon des études sur des modèles animaux[7]. Notamment, la plupart des études qui concluent à un effet protecteur de la consommation d'alcool souffrent d'une erreur méthodologique sérieuse, puisque sont rangés dans la catégorie des abstinents les anciens alcooliques devenus abstinents (cela dit, un alcoolique, par définition, ne fait pas une consommation de vin « à dose raisonnable », ce qui explique que les anciens alcooliques soient classés parmi les abstinents)[8]. Quelques études limitent la catégorie des abstinents aux abstinents de toujours, relativement rares dans la population concernée, et ne retrouvent pas cet effet protecteur. Le petit nombre d'études reposant sur une méthodologie correcte ne permet pas de confirmer la théorie des bienfaits de l'alcool en général et du vin rouge en particulier. L'alcool est responsable de nombreuses pathologies.

Autres produits

Huile d'olive

Avec un effet bénéfique sur la santé grâce à ses molécules o-diphénols, oleuropéine, tyrosol, hydroxytyrosol, tyrosols et hydroxytyrosols aglycones, tocophérols, dont les propriétés contre les maladies cardio-vasculaires ont été scientifiquement démontrées en particulier dans l'huile vierge de première pression à froid. Ces composés phénoliques sont aussi présents dans les olives de table[9].

Oméga-3

Ils ont des importants effets antioxydants : poisson gras, huile de colza froide, etc.

Volailles

Les canards, oies, poules, « viande non mammifère » seraient plus riche en bon cholestérol (HDL) qu'en mauvais (LDL)[réf. nécessaire].

Poissons

Les poissons et poissons gras, comme la truite, avec les acides gras qu'ils contiennent sont considérés très favorables et indispensables à la santé, avec un taux de consommation supérieur dans le sud de la France. Le poisson est pauvre en LDL et autres hydrates saturés (point commun avec l'alimentation japonaise, riche en poisson, à bonne longévité).

Fruits et légumes frais

Leur consommation est supérieure dans le sud de la France, avec un apport d'antioxydants bénéfiques à la préservation de la santé.

Glucides

Contrairement aux lipides, ils seraient responsables du surpoids et des maladies cardio-vasculaires, comme le suggère déjà le gastronome Brillat-Savarin dans son ouvrage Physiologie du goût de 1825. « L'hypothèse lipidique », communément admise, selon laquelle l'excès de consommation de graisses (et le cholestérol) serait le responsable principal des maladies cardio-vasculaires[10] semble en voie de réfutation (scandale des statines et absence de relations cholestérol/maladies cardio-vasculaire).

Pourpier

Plante sauvage prolifique dans les pays du bassin méditerranéen, riche en oméga-3, qui pourrait contribuer à baisser le risque cardio-vasculaire « les poules s'en régalent, comme s'en régalent aussi limaces et autres animalcules, dont les poules en liberté se régalent aussi[2] ».

Illusion statistique

En 1999, Malcolm Law et Nicholas Wald ont publié une étude dans le British Medical Journal[11] - dont les données sont issues d'une étude de 1994[12] sur l'alcool et l'alimentation - pour expliquer que le paradoxe français ne pourrait être qu'une illusion, causée par deux distorsions statistiques.

Premièrement, ils attribuent environ 20 % de la différence des taux de maladies cardio-vasculaires entre la France et le Royaume-Uni par un taux de déclaration de celles-ci inférieur en France par rapport au Royaume-Uni.

Ensuite, ils présentent une hypothèse de délai d'apparition : s'il existe un délai entre une augmentation des taux de cholestérol et une augmentation de maladie coronarienne, alors le taux de mortalité actuel dû aux maladies cardio-vasculaires est plus probablement lié aux taux de cholestérol et à la consommation de matières grasses animales antérieurs (délai estimé à 30 ans). L'augmentation des taux de cholestérol et de la consommation de matières grasses animales est plus récente en France qu'au Royaume-Uni (la consommation française a augmenté jusqu'au niveau anglais entre les années 1970 et 1980). Les auteurs citent le Japon, dont l'augmentation de la consommation de matières grasses animales et des taux de cholestérol entre 1965-1970 et 1988-1990 n'a pas encore entraîné d'augmentation des maladies cardio-vasculaires en 1992.

Bibliographie

Notes et références

  1. (en) A. Evans, « The French paradox and other ecological fallacies », International Journal of Epidemiology, vol. 40, no 6, , p. 1486–1489 (ISSN 0300-5771, DOI 10.1093/ije/dyr138, lire en ligne, consulté le )
  2. Maurice Legoy, « Le "French Paradox" »,
  3. Décryptages no 36, revue de l'ANPAA, reprenant l'article de The Lancet, 2019.
  4. 2016, GBD 2016, Alcohol Collaborators, The Lancet, 23 août 2018.
  5. M. Chalopin, A. Tesse, M.C. Martinez et al., « Estrogen Receptor Alpha as a Key Target of Red Wine Polyphenols Action on the Endothelium », PLOS ONE, (lire en ligne)
  6. Pascale Sarni-Manchado et Véronique Cheynier, Les Polyphénols en agroalimentaire, Tec & Doc Lavoisier, 2005, 398 p. (ISBN 2743008059).
  7. (en) N. A. Al-Awwadi, A. Bornet et al., « Red wine polyphenols alone or in association with ethanol prevent hypertension, cardiac hypertrophy, and production of reactive oxygen species in the insulin-resistant fructose-fed rat », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 52, no 18, , p. 5593-7.
  8. (en) Kaye Middleton Fillmore, William C. Kerr, Tim Stockwell, Tanya Chikritzhs, Alan Bostrom « Moderate alcohol use and reduced mortality risk: Systematic error in prospective studies » Addiction Research & Theory, 2006, vol. 14 (2), p. 101-132.
  9. « Vin et Santé »
  10. « Le cholestérol n'a rien à voir avec le développement de l'athérosclérose » (traduction de l'article (en) Sally Fallon and Mary G. Enig, « What Causes Heart Disease? », )
  11. (en) Malcolm Law, Meir Stampfer, D. J. P. Barker et Johan P. Mackenbach, « Why heart disease mortality is low in France: the time lag explanationCommentary: Alcohol and other dietary factors may be importantCommentary: Intrauterine nutrition may be importantCommentary: Heterogeneity of populations should be taken into accountAuthors' response », BMJ, vol. 318, no 7196, , p. 1471–1480 (ISSN 0959-8138 et 1468-5833, PMID 10419293, DOI 10.1136/bmj.318.7196.1471, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) M.H Criqui et B.L Ringel, « Does diet or alcohol explain the French paradox? », The Lancet, vol. 344, no 8939, (ISSN 0140-6736 et 1474-547X, DOI 10.1016/S0140-6736(94)92883-5, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

  • Portail de la cuisine française
  • Portail de la vigne et du vin
  • Portail de la médecine
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.