Obélisque

Un obélisque (nom masculin, du grec ancien ὀϐελίσκος / obeliskos, « broche à rôtir »[1]) est un monument monolithe élevé, utilisé notamment dans l'architecture sacrée de l'Égypte antique. Dans le vocabulaire architectural, l'obélisque se distingue de la pyramide par sa hauteur qui est supérieure à trois fois la moitié de la base[2].

Cet article possède des paronymes, voir Obélix et Obelisk.

Pour les articles homonymes, voir obélisque (homonymie).

Cette stèle est composée de trois parties :

  • un piédestal qui assure l'équilibre de l'ensemble ;
  • un fût quadrangulaire s'amincissant vers le sommet ;
  • une cassure de la pente au sommet pour obtenir la forme d'une pyramide, c'est le pyramidion.

La forme allongée de l'obélisque invite à voir dans cette architecture phallique (en) un symbole de fertilité, mais sa verticalité représente aussi l'âme qui s'élève vers le ciel après la mort, d'où l'utilisation fréquente de ce monument dans l'art funéraire[3].

Égypte

Benben est le nom égyptien désignant l'obélisque. D'après les Héliopolitains, Atoum- se serait manifesté sous cette forme pour la première fois et l'obélisque serait un rayon de soleil figé. C'est certainement selon cette symbolique que le pyramidion était recouvert de feuilles d'or.

On a retrouvé la trace d'une cinquantaine d'obélisques au moins, dont la plupart se sont conservés ou ont été restaurés ; ces monolithes ont souvent été déplacés et ce depuis l'Antiquité, d'abord par les pharaons eux-mêmes (voir l'exemple de Tanis) puis par les souverains lagides pour orner leurs monuments alexandrins et enfin, emportés hors d'Égypte comme trophées par les empereurs romains. Au XIXe siècle le gouvernement égyptien offrit aux grandes capitales du monde certains de ces colosses de pierre qui ornent désormais de célèbres places ou des parcs.

L'obélisque inachevé d'Assouan se trouve encore dans sa carrière, non détaché du sol rocheux.

Liste d'obélisques égyptiens par ordre chronologique

L'aiguille de Cléopâtre (obélisque de Thoutmosis III), au bord de la Tamise, à Londres.
Obélisque de Thoutmôsis III, Istanbul, Turquie
  • obélisque de Pépi Ier à Héliopolis ; premier obélisque monolithe connu, actuellement fragmentaire, ses restes sont visibles sur le site ;
  • deux obélisques de Ramsès II au Caire, un dans l’île d’El Jézirah, l’autre près de l’aéroport, autrefois à Tanis ;
  • obélisque de Ramsès II, achevé par Mérenptah puis Séthi II dit « obélisque de Berlin », où il était conservé (Berlin, Ägyptisches Museum und Papyrussammlung) ; provenance : Athribis ; aujourd'hui au musée archéologique de Poznań en Pologne ;
  • obélisque de Séthi II à Karnak, allée des sphinx du temple d'Amon ;
Karnak
Louxor
Héliopolis
Alexandrie
Le Caire
Tanis

Italie

C'est en Italie que l'on trouve le plus grand nombre d'obélisques en provenance d'Égypte, avec plus d'une quinzaine importés à Rome, et treize qui sont actuellement dressés au sein de la ville[4]. À la fin du XVIe siècle, le pape Sixte V les fit réériger pour baliser un pèlerinage dans Rome, en les surmontant d'une croix chrétienne et d'autres ornements.

À Rome

Parmi les obélisques de Rome :

Dans le reste de l'Italie
Obélisque de la fontaine de l'Éléphant, piazza del Duomo à Catane.

Autres lieux

Obélisque de Nectanébo II au British Museum

Éthiopie

La ville d'Aksoum, ancienne capitale de l'empire axoumite, possède de nombreux obélisques antiques en forme de stèles, dont l'un, emporté par l'Italie lors de l'occupation de l'Éthiopie, a été restitué en 2005 et redressé en 2008[7].. Des fouilles archéologiques menées à sa base ont permis de comprendre ses modes d'érection, et par voie de conséquence de restituer la hauteur originelle de ces stèles géantes intégrées jadis dans des podiums. L'une d'elles constitua même avant son abattage le plus grand et plus haut monolithe jamais dressé dans l'histoire de l'homme, avec 32,60 m hors sol[8].

Irak

En 1846, un petit obélisque noir est découvert en Irak par Austen Henry Layard, sur le site archéologique de Kalhu (Nimroud), ancienne capitale de l'Assyrie. Ce monument, érigé en -825 par Salmanazar III (-858, -824), est actuellement conservé au British Museum, à Londres.

Obélisques modernes

La plupart des nombreux obélisques modernes sont de maçonnerie ou de béton, donc non monolithiques, et souvent démesurés :

Amérique

Europe

L'obélisque d'Aldégonde, à Reggio d'Émilie.
Via della Conciliazione, à Rome.

Quelques-uns, cependant, continuent la tradition antique de l'obélisque monolithe :

À Rome, la Via della Conciliazione — dégagée en 1936-50 pour relier la Basilique Saint-Pierre au centre de la capitale — est bordée d'obélisques servant de lampadaires.

L'obélisque est en France une forme très souvent donnée aux monuments aux morts, qui sont principalement érigés par les communes, cependant ils sont de taille plus modeste que la plupart des réalisations déjà mentionnées ci-dessus.

Asie

Cimetières

Des obélisques de peu de hauteur sont aussi parfois érigés dans des cimetières, monuments funéraires ornant des caveaux individuels ou familiaux.

Obélisque ou pyramide ?

Certains monuments appelés "pyramides" sont en fait des obélisques. C'est le cas par exemple de la Pyramide du bois de Vincennes à Paris et de la Pyramide sur le pont de Saint-Sulpice (Saint-Sulpice-de-Cognac, Charente).

Pour voir d'autres exemples :

Notes et références

  1. Définitions lexicographiques et étymologiques de « obélisque » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Jean-Marie Pérouse de Montclos, Architecture : vocabulaire, Impr. nationale, , p. 442.
  3. (es) Beatriz de la Fuente, Arte funerario, Universidad Nacional Autónoma de México, , p. 90.
  4. Les obélisques de Rome, consulté le 04/02/2015
  5. (en) en:Kingston Lacy
  6. Robert Solé, Le Grand Voyage de l'obélisque, Seuil
  7. Valérie Sasportas, « L'obélisque d'Axoum enfin réinstallé en Éthiopie », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  8. Bertrand Poissonnier, 2012: Les stèles géantes d’Aksum à la lumière des fouilles de 1999
  9. Article de La Montagne : L'histoire méconnue de l'obélisque de Clermont-Ferrand

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Ouvrages généraux
  • Nestor L'Hôte, Notice historique sur les obélisques égyptiens et en particulier sur l'obélisque de Louxor, Paris, Éd. Leleux,  ;
  • E. A. Wallis Budge, Cleopatra's Needles and Other Egyptian Obelisks, Londres, The Religious Tract Society, (réimpr. 1990) ;
  • Labib Habachi, The Obelisks of Egypt, Charles Scribner's Sons, (ISBN 0-460-12045-X) ;
  • Labib Habachi, The Obelisks of Egypt, skyscrapers of the past, American University in Cairo Press, , 203 p. (ISBN 977-424-022-7) ;
  • (de) Labib Habachi et Carola Vogel, Die unsterblichen Obelisken Aegyptens, Mayence, von Zabern, (ISBN 3-8053-2658-0) ;
  • Armin Wirsching, Obelisken transportieren und aufrichten in Aegypten und in Rom, Norderstedt, Books on Demand, 2007, 2e éd. 2010, 132 p. (ISBN 978-3-8334-8513-8, lire en ligne).
Obélisques de Rome, ouvrages en ligne
Obélisques d'Éthiopie, articles en ligne
  • Bertrand Poissonnier, Les stèles géantes d’Aksum à la lumière des fouilles de 1999, vol. 4, in Fauvelle-Aymar Fr.-X. (dir.), Palethnologie de l’Afrique, P@lethnologie, (lire en ligne), p. 49-86.

Liens externes

  • Portail de l’Égypte antique
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