Austen Henry Layard

Austen Henry Layard[1] ( - ), est un voyageur, archéologue, cunéiformiste, historien de l'art, dessinateur, collectionneur, écrivain et diplomate connu surtout pour avoir fait les premières excavations de Kalkhu.

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Austen Henry Layard

Biographie

Illustration issue d'une édition germanophone de A Popular Account of Discoveries at Nineveh
Ca' Cappello Layard Carnelutti. Demeure d'Austen Henry Layard à Venise

Né à Paris dans une famille anglaise aisée et huguenote, il est le fils de Henry P.J. Layard qui travaille dans l'administration coloniale de Ceylan, lui-même fils de Charles Peter Layard, doyen de Bristol et petit-fils de Daniel Peter Layard un médecin. La mère d'Austen est la fille de Nathaniel Austen, banquier de Ramsgate et en partie d'origine espagnole. Son oncle est Benjamin Austen, un solicitor de Londres et un ami de Benjamin Disraeli dans les années 1820 et 1830[2].

Il passe une grande partie de son enfance en Italie et y apprend à aimer l'art et les voyages, mais il est aussi éduqué en Angleterre, en France et en Suisse. Après avoir fait des études de droit et travaillé six ans dans le bureau de son oncle Benjamin Austen, il part pour Ceylan en espérant y trouver du travail dans l'administration de cette colonie britannique. Il commence son voyage en 1839, prenant la route terrestre à travers l'Asie.

Après avoir vagabondé plusieurs mois, principalement en Perse, et ayant abandonné son projet d'aller à Ceylan, il retourne à Constantinople en 1842. Il y fait la connaissance de Sir Stratford Canning, l'ambassadeur britannique, qui l'embauche et lui fait faire des missions diplomatiques non officielles dans la partie européenne de la Turquie. En 1845, encouragé par Canning, il quitte Constantinople pour explorer les ruines de l'Assyrie, auxquelles son nom est aujourd'hui associé. Lors d'un de ces voyages dans la région, sa curiosité fut éveillée par les ruines de Kalkhu sur le Tigre et par le tumulus de Kuyunjik près de Mossoul, déjà partiellement fouillé par Paul Émile Botta.

Layard reste aux environs de Mossoul jusqu'en 1847, excavant à Kuyunjik et Kalkhu et observant les conditions de vie de plusieurs peuples de la région. Il prend sous son aile un de ses assistants, Hormuzd Rassam, qui poursuit les fouilles lorsqu'il retourne en Angleterre en 1848, où il publie Nineveh and its Remains: with an Account of a Visit to tile Chaldaean Christians of Kurdistan, and the Yezidis, or Devil-worshippers, et Inquiry into the Painters and Arts of the Ancient Assyrians (deux volumes, 1848-1849).

Pour illustrer les objets antiques décrits dans ses livres, il publie un grand volume folio intitulé Illustrations of the Monuments of Nineveh (1849). Après avoir passé plusieurs mois en Angleterre et ayant été diplômé d'un DCL de l'université d'Oxford[2], il retourne à Constantinople en tant qu'attaché de l'ambassade britannique, et en août 1849 commence une seconde expédition au cours de laquelle il étend ses investigations aux ruines de Babylone et aux tumulus de la Mésopotamie méridionale. Ses écrits sur cette expédition, Discoveries of the Ruins of Nineveh and Babylon (1863), sont illustrés par un autre folio, A Second Series of the Monuments of Nineveh. Pendant cette expédition, il réussit à envoyer de splendides exemples d'objets en Angleterre ; ils sont aujourd'hui dans la collection assyrienne du British Museum[3]. Pendant cette expédition de 1849, il trouve à Ninive (actuel Irak) vingt-deux mille tablettes en terre cuite en écriture cunéiforme, provenant de l'ancienne bibliothèque d'Assurbanipal.

À part l'intérêt archéologique de son travail en identifiant Kuyunjik comme le site de l'ancien Ninive, et en fournissant beaucoup de renseignements archéologiques aux chercheurs, les deux livres de Layard comptent parmi les meilleurs récits de voyage en anglais.

Il s'intéresse ensuite à la politique. Élu député libéral d'Aylesbury dans Buckinghamshire en 1852[3], il est sous-secrétaire des affaires étrangères pour plusieurs semaines, mais il critique ouvertement le gouvernement, en particulier en ce qui concerne les forces militaires. Il est en Crimée pendant la guerre, et devient membre du comité choisi pour enquêter sur la conduite de l'expédition. En 1855 il refuse une offre de travail de la part de Lord Palmerston n'ayant pas trait avec les affaires étrangères et devient Lord Rector de l'université d'Aberdeen[2]. Le de la même année il essaye de faire passer une résolution à la Chambre des communes ; elle échoue largement. La résolution déclarait que l'administration n'était plus une méritocratie, le mérite ayant été sacrifié en faveur de l'influence personnelle et l'adhérence à la routine. En 1856, il compte parmi les fondateurs de la Banque ottomane[2] qui devient la banque centrale de l'Empire ottoman ; il en fut de nouveau le président à partir de 1866, succédant à William Clay. Après sa défaite électorale à Aylesbury en 1857, Layard visite l'Inde pour enquêter sur les causes de la révolte des Cipayes. Il réessaye de se faire élire à York en 1859 sans succès mais est élu à Southwark l'année suivante. De 1861 à 1866 il est sous-secrétaire aux affaires étrangères[2] sous les gouvernements de Lord Palmerston et de Lord John Russell.

En 1866 on l'élit curateur du British Museum et trustee de la National Gallery[3], et en 1868 commissaire en chef des œuvres publiques au gouvernement de William Ewart Gladstone et membre du Conseil privé. Il prend sa retraite de la Chambre des communes en 1869 lorsqu'on lui donne une mission d'envoyé extraordinaire à Madrid. En 1877 Lord Beaconsfield le nomme ambassadeur à Constantinople et participe dans les négociations qui ont conduit à l'occupation britannique de Chypre[2]. Il reste au poste jusqu'au retour au pouvoir de Gladstone en 1880, quand il se retire définitivement de la vie publique. En 1878, lors du Congrès de Berlin, on lui donne l'Ordre du Bain[2].

La vie politique de Layard fut particulièrement houleuse. Son attitude était plutôt brusque et la passion qu'il démontra sur les sujets qui le tenaient à cœur était ardente, parfois au point d'être imprudente.

Il se retire à Venise, où il acquiert un palais sur Grand Canal en 1880, le Ca' Cappello Layard Carnelutti. Installé ici, il passe son temps à collectionner des toiles de l'école vénitienne, à rédiger ses mémoires et à écrire sur l'art italien[4]. Disciple de son ami et critique d'art Giovanni Morelli ; il présente son point de vue dans sa révision du Handbook of Painting, Italian Schools (1887) de Franz Kugler. Il écrit aussi une introduction à la traduction de Constance Jocelyn Foulkes du livre de Morelli, Italian Painters (1892-1893), et édite cette partie du Murray's Handbook of Rome (1894). En 1887 il publie, à partir de notes prises à l'époque, un récit de son premier voyage au Moyen-Orient, intitulé Early Adventures in Persia, Susiana and Babylonia. Une version abrégée de cette œuvre est publié en 1894, peu après sa mort, avec une courte préface de Lord Aberdare. Layard écrit aussi des essais pour plusieurs associations, comme la Huguenot Society, dont il est le premier président.

Il meurt à Londres le [3].

Collection

Après le décès d'Austen Henry Layard, sa femme et héritière, Mary Enid Evelyn (née Guest) aussi connue comme Lady Layard, continue à organiser des soirées artistiques avec l'aristocratie vénitienne au Ca' Cappello Layard Carnelutti pendant plusieurs années[4].

Une partie de la collection Layard à Venise est léguée à la National Gallery de Londres. En 1902, l'Italie adopte une nouvelle loi permettant aux autorités italiennes de limiter le nombre de tableaux à exporter. Après un litige avec les autorités britanniques, 6 des 7 tableaux de la collection destinés à la galerie sont transportés en Angleterre[3].

Après la mort de Lady Layard, 77 tableaux toujours à Venise sont soumis à une nouvelle loi régissant l'exportation d'œuvres d'art. En 1914, après de longues négociations, les peintures sont finalement autorisées à quitter l'Italie. L'éclatement de la Première Guerre mondiale, retardera son transport à Londres jusqu'en 1916[3].

Œuvres

Ouvrages

  • (en) Austen Henry Layard, Inquiry into the Painters and Arts of the Ancient Assyrians, Londres, John Murray, 1848-1849
  • (en) Austen Henry Layard, Nineveh and Its Remains : With an Account of a Visit to the Chaldæan Christians of Kuridstan, and the Yezidis, vol. 1, Londres, John Murray, (lire en ligne)
  • (en) Austen Henry Layard, Nineveh and Its Remains : With an Account of a Visit to the Chaldæan Christians of Kuridstan, and the Yezidis, vol. 2, Londres, John Murray, (lire en ligne)
  • (en) Austen Henry Layard, Illustrations of the Monuments of Niniveh, Londres, John Murray,
  • (en) Austen Henry Layard, The Monuments of Nineveh, From Drawings made on the Spot, Londres, John Murray, (lire en ligne)
  • (en) Austen Henry Layard, Inscriptions in the cuneiform character from Assyrian monuments, Londres, John Murray, (lire en ligne)
  • (en) Austen Henry Layard, A Popular Account of Discoveries at Nineveh, Londres, John Murray, , 360 p. (lire en ligne)
  • (en) Austen Henry Layard, Discoveries Among the Ruins of Nineveh and Babylon : With Travels in Armenia, Kurdistan, and the Desert, Londres, Harper & Brothers, , 586 p. (lire en ligne)
  • (en) Austen Henry Layard, A Second Series of the Monuments of Nineveh, Londres, John Murray, (lire en ligne)
  • (en) Austen Henry Layard, The Nineveh Court in the Crystal Palace, Londres, John Murray, , 80 p. (lire en ligne)
  • (en) Austen Henry Layard, Early Adventures in Persia, Susiana, and Babylonia : Including a Residence among the Bakhtiyari and Other Wild Tribes before the Discovery of Nineveh, Londres, John Murray,
  • (en) Austen Henry Layard, Autobiography and letters from his childhood until his appointment as H.M. Ambassador at Madrid, Londres, John Murray, , 346 p. (lire en ligne)

Notes et références

  1. À l'époque prononcé (en anglais) « laird » et non « lay-ard ».
  2. (en) University of California Libraries, Eminent persons : biographies, Londres, Macmillan, (lire en ligne), « Sir Henry Layard », p. 130
  3. (en) « Austen Henry Layard | Collectors | National Gallery, London », sur www.nationalgallery.org.uk (consulté le )
  4. Alice Cazzola, « Les tableaux vivants à Venise au tournant du XXe siècle : l’histoire d’un passe-temps mondain retracée dans le journal de Lady Layard », RACAR : Revue d'art canadienne / Canadian Art Review, vol. 44, no 2, , p. 110-127 (ISSN 0315-9906, DOI https://doi.org/10.7202/1068321ar, lire en ligne)
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Austen Henry Layard » (voir la liste des auteurs).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Brackman, Arnold C. The Luck of Nineveh: Archaeology's Great Adnventure. New York: McGraw-Hill Book Company, 1978 (ISBN 007007030X); New York: Van Nostrand Reinhold, 1981 (ISBN 0442282605).
  • (en) Jerman, B.R. The Young Disraeli . Princeton, NJ: Princeton University Press, 1960.
  • (en) Larsen, Mogens T. The Conquest of Assyria . Routledge. 1996. (ISBN 041514356X)
  • (en) Lloyd, Seton. Foundations in the Dust: The Story of Mesopotamian Exploration . London; New York: Thames & Hudson, 1981 (ISBN 0500050384) .
  • (en) Waterfield, Gordon. Layard of Nineveh . London: John Murray, 1963.
  • (en) « Austen Henry Layard », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [Henry Layard  (en) Lire en ligne sur Wikisource]

Articles connexes

Liens externes

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