Ligue d'extrême droite

Le terme ligue d'extrême droite (ou ligue nationaliste) désigne les multiples organisations politiques qui, dans la France des années 1920-1930, défendent des idées d’extrême droite, hostiles à la république parlementaire. Souvent antisémites, elles s'investissent dans la lutte anti-bolchevique. Certaines d'entre elles se présentent comme étant l'expression d'un fascisme français.

Pour les articles homonymes, voir Ligue nationaliste et Ligue.

L'apparition des ligues

Elles apparaissent majoritairement dans la France du XXe siècle, durant la période de l'entre-deux-guerres. Cela dit, certaines trouvent leurs racines à la fin du XIXe siècle notamment aux alentours de 1880 avec notamment :

Les ligues qui se créent sont initialement des associations d'anciens combattants de la Grande Guerre, majoritairement adeptes du « plus jamais ça ! ». Viennent s'y ajouter par suite d'autres thèmes : le combat contre le principal ennemi (la gauche), les communistes « moscoutaires » et le régime parlementaire.

Finalement, plusieurs facteurs expliquent la floraison et le succès de ces organisations[1] : les transformations de la société, la déception sinon la rancœur des anciens combattants, la peur provoquée par le Cartel des gauches, la montée du bolchevisme, les sentiments xénophobes créent des mouvements d'opinion qui ne trouvent pas leur place au sein des partis politiques traditionnels français.

Liste des principales ligues

  • En 1908, les Camelots du roi deviennent la branche militante de l'Action française.
  • En 1913, la Ligue franc-catholique fut fondée par le prêtre Ernest Jouin à Paris, 8è arrondissement[2]. Elle publiait la Revue internationale des sociétés secrètes (RISS). Plusieurs de ses membres ont participé à des institutions instaurées par le régime de Vichy.
  • En 1920, la Ligue de la République est fondée, formée d'anciens combattants.
  • En , les Jeunesses patriotes sont créées et se présentent comme la « section jeune » de la Ligue des patriotes de Déroulède. Elles sont parrainées par Jean Ybarnégaray et Pierre Taittinger. Son objectif est le renforcement du pouvoir exécutif et la « protection des institutions contre la gauche ». Les Jeunesses patriotes adoptent des rituels inspirés du fascisme italien (défilés militaires et saluts « à la romaine ») mais sont finalement plus fascistes dans leurs rituels que dans leur programme.
  • Le , « Le Faisceau », est créé par Georges Valois, ancien anarchiste, royaliste. Il se revendique ouvertement du modèle fasciste mussolinien et entend faire la synthèse du nationalisme et du socialisme : instaurer une dictature nationale au-dessus de toutes les classes sociales, avec un chef proclamé par les combattants et acclamé par la foule. Il se décompose en quatre Faisceaux (le Faisceau des combattants ou légions, regroupant les anciens combattants de la Première Guerre mondiale et des guerres coloniales, organisés en compagnies, sections et groupes ; le Faisceau des producteurs, composé de corporations ; le Faisceau des jeunes avec les Jeunesses fascistes ; le Faisceau universitaire). Le Faisceau civique dispose d'un journal (Le Nouveau Siècle, fondé le ), d'un uniforme et de rituels (défilés paramilitaires). La ligue atteint son apogée en 1926 avec 25 000 « Chemises bleues »[4] avant de connaître de graves dissensions internes en 1928, conduisant à son éclatement.
  • En 1927, les Croix-de-feu, organisation d'anciens combattants décorés au combat, est créée. En 1931, le recrutement s'ouvre également aux fils de ces derniers. Le colonel François de La Rocque (qui n'y adhère qu'en 1929) en devient le président en 1931. Cette ligue se distingue de certaines par son respect de la République et son refus du fascisme. En 1936, elle devient le Parti social français qui va évoluer vers le centre droit.

Conséquences politiques

Lors des événements dramatiques du 6 février 1934, ce sont autant de ligues (99) qui manifestent avec plus ou moins de vigueur. Le suicide en 1936 de Roger Salengro gravement et injustement diffamé par le journal Gringoire proche de l'Action française choque l'opinion. Nombre de catholiques, influencés par la condamnation portée par le Saint-Office visant Maurras et l'Action française (décret du ), commencent à faire défection pour rejoindre des positions plus modérées.

Les ligues peuvent être dissoutes en application de la loi du votée sous le gouvernement Pierre Laval. L'Action française et ses associations connexes sont dissoutes par le gouvernement Albert Sarraut dès le mois suivant l'agression dont Blum est victime (le ). Les autres le seront le par le gouvernement Blum de Front populaire.

Le mouvement d'opinion provoqué par la montée des ligues en France contribue fortement à la création d'un mot d'ordre d'antifascisme, qui réunit à nouveau les organisations et partis de gauche, à l'époque divisés. Il en résulte un clivage et une opposition entre « anti-fascistes » et « anti-communistes », qui polarise la vie politique française de l'entre-deux-guerres.

Notes

  1. « Histoire de France », Larousse Paris 1998
  2. Cédric Perrin, « La Ligue franc-catholique dans les années 1930 : sociologie et sociabilités militantes d’une génération de l’antijudéo-maçonnisme », Archives Juives, vol. 52, no 2, , p. 135 (ISSN 0003-9837 et 1965-0531, DOI 10.3917/aj1.522.0135, lire en ligne, consulté le )
  3. “Le temps des chemises vertes, Révoltes paysannes et fascisme rural (1929-1939) ” par R.O. Paxton, Paris Edit° du Seuil 1966
  4. Zeev Sternhell, « Anatomie d'un mouvement fasciste en France. Le Faisceau de Georges Valois », Revue française de science politique, vol. 26, n°1, février 1976, p. 25-26.

Voir aussi

Articles connexes

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