Comités de défense paysanne

Les Comités de défense paysanne, surnommés les Chemises vertes, sont une organisation réactionnaire française d'extrême droite de l'entre-deux-guerres.

Histoire

Fondés en 1927 par un fervent défenseur de la cause agricole Henri Dorgères[1], ils regroupent des cultivateurs et des éleveurs attirés par le concept de retour à la terre. Anti-parlementaire et xénophobe, le groupe s'oppose à l'État et aux fonctionnaires, dont l'instituteur rural fournit la figure honnie[2]. Le premier comité de défense paysanne, fondé en Ille-et-Vilaine, est né d'une protestation contre la loi de 1928 étendant les assurances sociales aux ouvriers agricoles [2]. Cette hostilité envers la régulation étatique n'exclut pas le soutien à un ultra-protectionnisme, qui s'étendrait jusqu'aux produits issus des colonies [2]. Dorgères mêle ainsi protectionnisme et antisémitisme en accusant le Groupe Louis-Dreyfus d'importer illégalement du blé et de «casser» le marché [3].

Basé dans le Nord-Ouest de la France, il parvient moins à s'implanter dans d'autres parties du territoire[4]. Ce parti épouse rapidement certaines formes du fascisme agraire de la vallée du Pô, mais, il se heurte rapidement à l'action efficace du gouvernement, qui n'hésite pas à envoyer la force armée pendant les récoltes, pour assurer l'approvisionnement des villes. Modeste Legouez, futur sénateur de l'Eure, fut le premier président des « Jeunesses vertes », habillées en chemises de cette couleur [2]. A l'apogée du mouvement, sous le Front populaire, les jeunes militants sont plusieurs dizaines de milliers répartis sur 50 départements [2].

Les Comités de défense paysanne bénéficient du financement de quelques notables locaux, tels le comte de la Bourdonnaye, président de la chambre d'agriculture d'Ille-et-Vilaine, le duc d'Harcourt, député conservateur du Calvados, Jacques Lemaigre Dubreuil (qui devint par la suite proche de la Cagoule) ou encore Jacques Le Roy Ladurie [2]. Il se situe dans la continuité des « Sections d'assaut » créées par Edmond Jacquet ainsi que du mouvement alsacien de Joseph Bilger [2].

Leur discours violent voulait s'opposer à la marginalisation des campagnes et aux saisies des possessions des agriculteurs, y compris par la force. Violence qui resta en grande partie incantatoire mais qui favorisa à la marge l'émergence d'une politique agrarienne louant la terre sous le régime de Vichy.

Les Comités rejoignent en 1934 le Front paysan, avec l'Union nationale des syndicats agricoles, des associations de producteurs, et le Parti agraire et paysan français de Fleurant-Agricola.

Programme

Le programme des comités s'organise autour de trois buts principaux :

  • la volonté de remplacement des notables ruraux par d'authentiques paysans à la tête des organisations agricoles[5] ;
  • le rêve d'une unité du monde agricole alors divisé entre une mouvance anticléricale et une mouvance cléricale[5] ;
  • la prise de conscience du problème fondamental de l'équilibre ville-campagne, sorte de conceptualisation avant l'heure d'un nécessaire aménagement du territoire[5].

Bibliographie

  • Robert O. Paxton, Le fascisme en Action, Seuil, 2004, (ISBN 978-2-7578-0293-9).

Notes et références

  1. R. O. Paxton, Le Fascisme en Action, p. 127.
  2. Pascal Ory, "Le dorgérisme, institution et discours d'une colère paysanne (1929-1939)", in Revue d'histoire moderne et contemporaine, T. 22e, No. 2 (Apr. - Jun., 1975), pp. 168-190
  3. César Christine, « Les métamorphoses des idéologues de l'agriculture biologique. La voix de La Vie Claire (1946-1981) », Ecologie & politique, 2003/1 (N°27), p. 193-206. DOI : 10.3917/ecopo.027.0193. URL : http://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique1-2003-1-page-193.htm
  4. R. O. Paxton, Le Fascisme en Action, p. 126.
  5. Xaver Eman, « Henry Dorgères ou la paysannerie en chemise verte », Rivarol, juillet-août 2006

Voir aussi

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