Jeunesses patriotes

La Ligue des jeunesses patriotes, ou Jeunesses patriotes (JP), est une ligue d'extrême droite française active durant l'entre-deux-guerres.

Historique

Opposition au Cartel des gauches (1924-1926)

Les Jeunesses patriotes sont créées en 1924 par le député bonapartiste Pierre Taittinger dans le cadre de la vieille Ligue des patriotes, dont elles se détachent en 1926.

L’année 1924 est marquée par l’agitation des ligues nationalistes en France en réaction à la victoire électorale du Cartel des gauches mais aussi de l'ensemble des forces de droite, comme en témoigne la fondation de la Ligue républicaine nationale par Alexandre Millerand. Une partie de ses cadres et de ses adhérents anciens combattants est issue de la Ligue des chefs de section.

Les JP ont peu de profondeur idéologique (ils veulent un régime fort plutôt que vraiment fasciste) mais jouent un rôle important dans l'histoire de l'extrême droite française. Tout d'abord, de très nombreux responsables de l'extrême droite des années 1930-1940 passent, au moins un temps, dans ses rangs. Ensuite, copiant les escouades du fascisme italien, les JP jouent le rôle de service d'ordre pour les autres partis « nationaux », notamment pour les meetings de candidats de la Fédération républicaine. Ils participent également à des actions contre les communistes, et en , en marge d'une réunion électorale, des incidents éclatent dans la rue Damrémont entre les JP et des militants communistes. Ces derniers font quatre morts dans les rangs des Jeunesses patriotes[1].

Ainsi, les JP assurent la passerelle entre une partie des droites républicaines et parlementaires et les mouvements ligueurs, l'Action française ou la « nébuleuse fascistoïde ». On lui prête 65 000 membres en 1926.

Les Jeunesses Populaires apporteront leur soutien au côté des Croix-de-feu au Comité contre l’Évacuation de la Rhénanie et de la Sarre fondé en 1929 par le général Mordacq.

Deuxième offensive des JP (1932-1936)

Avec le retour de la droite au pouvoir dans les années 1926-1932, Pierre Taittinger décide, contre l’avis d’une partie de sa base, de mettre son action entre parenthèses. Cette tactique a un avantage pour lui : les Jeunesses Patriotes se fondent dans le paysage politique et survivent ainsi discrètement jusqu’en 1932.

Puis leur activité est relancée par la victoire électorale du Cartel des gauches en 1932. Les JP participent aux manifestations de rue en 1933 et 1934 et à l'agitation ligueuse. Elle atteint un maximum de 100 000 membres en 1934. À la suite de la crise du 6 février 1934, elle crée avec Solidarité française le Front national qui se veut une organisation de rassemblement des ligues au niveau de la propagande et de l'action.

Les JP sont dissoutes en avec les autres ligues nationalistes. De nombreux membres la quittent alors : Henri de Kerillis, Charles Trochu, Georges Scapini, Philippe Henriot, etc.

Un groupe homonyme verra le jour au Canada français en . Menées par Walter O’Leary et, dans une moindre mesure par son frère Dostaler, ces Jeunesses Patriotes souhaitent la création d’un État indépendant irrigué par un corporatisme d’inspiration mussolinienne.

Avatars des JP après la dissolution des ligues (1936-1944)

Les fidèles aux JP se transforment en Parti national et social, puis en Parti républicain national et social (PRNS). Ce parti participe au Front de la liberté lancée en à l'initiative de Jacques Doriot et de son Parti populaire français qui est une tentative de rapprochement des partis « nationaux », à laquelle souscrit la Fédération républicaine. Localement, ses militants œuvrent dans des rassemblements régionaux, comme le Rassemblement national lorrain en Lorraine.

Personnalités des JP et du PRNS

Notes et références

  1. Pierre Milza, Fascisme français, Paris, Flammarion, 1987, p. 112
  2. Camille Catalan, Rapport fait au nom de la commission d'enquête chargée de rechercher les causes et les origines des événements du 6 février 1934 : préparation de la manifestation, Paris, Chambre des députés, 17 mai 1934, p. 11.
  3. « Parti républicain national et social », L'Alerte, mensuel des nationaux-sociaux, Lyon, septembre 1936, p. 1.
  4. Catalan, op. cit., p. 29.
  5. Le Matin, 20 mars 1938, p. 5.
  6. L'Alerte, organe du Parti républicain national et social et des Jeunesses nationales et sociales, Lyon, janvier 1939

Voir aussi

Bibliographie

Sur les Jeunesses patriotes et ses avatars

  • Jean Philippet, Le temps des ligues. Pierre Taittinger et les jeunesses patriotes (1919-1944), Institut d'études politiques de Paris, thèse de doctorat d’histoire sous la direction de Raoul Girardet, 2730 p. + annexes, .
  • Jean Philippet, « La crise du parti nationaliste (PRNS, successeur des Jeunesses Patriotes) à la fin des années trente », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, t. 109, no 3, , p. 79-93 (lire en ligne).

Les Jeunesses patriotes au sein de l'extrême droite

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