Raoul Girardet

Raoul Girardet, né le dans le 20e arrondissement de Paris[1] et mort le à Saint-Pierre-du-Bosguérard[2],[3], est un historien français.

Pour les articles homonymes, voir Girardet.

Il est spécialiste des sociétés militaires et du nationalisme français[2].

Carrière universitaire

Agrégé d'histoire et docteur ès lettres, Raoul Girardet fut professeur à l'université de Paris, à l'Institut d'études politiques de Paris — avec entre autres pour élèves Laurent Fabius et Jean-Pierre Chevènement[4] —, à l'École nationale d'administration (ENA), l'École spéciale militaire de Saint-Cyr et à l'École polytechnique.

Parmi d'autres enseignements à l'Institut d'études politiques de Paris, il a assuré, en alternance avec René Rémond et Jean Touchard[5], secrétaire général de la Fondation nationale des sciences politiques, un cours mémorable sur Le mouvement des idées politiques dans la France contemporaine, étalé sur plusieurs années, ainsi qu'un séminaire de 3e cycle sur « Les années 1930 ». Il est « une personnalité phare de Sciences Po et marque des générations d'étudiants »[6].

Biographie

Raoul Girardet, né un an après bataille de Verdun, vient d'une famille de militaires de carrière, patriotes et républicains.

Sa jeunesse est marquée par un premier engagement : l'Action française. Les ligues nationalistes se présentent alors « comme une forme de contestation à l'égard de l'ordre établi, de rupture, de refus et de subversion » [réf. nécessaire], extrêmement séduisante pour un adolescent. Girardet est également sensible au romantisme de l'action révolutionnaire dirigée contre l'ennemi héréditaire allemand. Le rayonnement de Charles Maurras, le prestige de l'Action française expliquent le choix particulier de cette ligue, bien plus qu'une adhésion totale aux thèses de Maurras. Outre les diverses actions menées en tant que Camelot du Roi, l'Action française est pour Girardet l'occasion de se créer un tissu de relations, qu'il ne reniera pas, et de se faire de solides amis avec qui il partagera parfois ses engagements futurs. Il quitte toutefois le mouvement au début de la guerre, écœuré par l'antisémitisme et la collaboration.

Le second engagement majeur est l'entrée dans la Résistance. Si Girardet éprouve quelques difficultés à se détacher de la personnalité tant vénérée du maréchal Pétain, héros de la Première Guerre mondiale, son indignation devant l'armistice est immédiate. Il se sent alors plus proche du général Giraud que de De Gaulle et avoue avoir eu une préférence pour un engagement dans l'armée britannique plutôt que dans les troupes gaullistes[7]. Il sert la Résistance par un grand nombre de petites actions quotidiennes et cependant dangereuses (boîte aux lettres, transport de messages, etc.), qui lui valent finalement d'être arrêté par la Gestapo en 1944 et d'être interné à la prison de Fresnes durant six mois puis au camp de Compiègne, mais il échappe de peu à la déportation. Il recevra la Croix de guerre 1939-1945[8].

À partir de 1955, il écrit dans l'hebdomadaire royaliste de Pierre Boutang La Nation française sous le pseudonyme de Philippe Méry. Ses articles spécialisés dans les questions militaires font de lui une « référence et même une sorte de conscience pour les officiers de l'armée d'Algérie »[9].

La troisième grande aventure de Girardet est son engagement dans la guerre d'Algérie, où les velléités d'abandon que montra de Gaulle dès son allocution sur l'autodétermination, le , poussaient Girardet à adopter un antigaullisme féroce. Pensant qu'un abandon de l'Algérie équivaudrait à un nouvel armistice, ou tout simplement incapable de reconnaître les propres torts de la France, Girardet est déçu par l'attitude du général de Gaulle. À la suite du Manifeste des 121 publié le dans Les Temps modernes appelant les appelés du contingent à l'insoumission, est rédigé un manifeste des intellectuels français réaffirmant « la mission civilisatrice de l'armée en Algérie. Contre les professeurs de trahison ». Raoul Girardet fait partie des signataires[10] aux côtés de Jacques Perret, de Jacques Laurent, de Roger Nimier, de François Natter, d'Henri Massis ou encore de Jules Monnerot. Il quitte La Nation française, trop gaulliste à ses yeux, et écrit des articles pro-OAS qu'il publie dans L'Esprit Public – où il est corédacteur en chef avec Roland Laudenbach –, journal très radical qui va jusqu'à comparer de Gaulle à Hitler[11]. Girardet participe à l'OAS en métropole[12] puisqu'il prend part à la branche « Action politique et propagande » aux côtés de ces mêmes universitaires (François Bluche, Jules Monnerot, le patron des éditions de la Table ronde, Roland Laudenbach) et les écrivains Jacques Laurent et Jacques Perret. La revue L'Esprit public, lancée en par Philippe Héduy et Hubert Bassot, est d'ailleurs la « façade publique de l'OAS ». Ces activités militantes lui vaudront d'être arrêté et incarcéré au début de pour « provocation de militaires à la désobéissance[11] ». Le procès s'achève sur un non-lieu.

Ces trois engagements reflètent, pour lui, son attachement à certaines valeurs, patriotisme et tradition. Les origines et les combats de Girardet expliquent en grande partie les centres d'intérêt autour desquels se concentre son œuvre : la question militaire, le nationalisme, le colonialisme, l'histoire des idées politiques. Ce sont ces thèmes que l'on retrouve essentiellement dans sa bibliographie et dans les participations qu'il a pu apporter à divers ouvrages collectifs.

Le 01/03/1974, Raoul Girardet est élu membre titulaire de la 2e section de l'Académie des sciences d'outre-mer

Atteint de la maladie d'Alzheimer dans ses dernières années, Girardet meurt le [2],[3].

Ouvrages

  • La Société militaire de 1815 à nos jours, Plon, Paris, 1953 ;
  • Ceux d'Algérie: Lettres de Rappelés / précédées d'un débat entre Jean-Yves Alquier, Roger Barberot, Raoul Girardet, Michel Massenet et Thierry Maulnier, Plon, 1957 ;
  • Pour le tombeau d'un capitaine, Éditions de l'Esprit nouveau, Paris, 1962 ;
  • La Crise militaire française (1945–1962), Armand Colin, coll. « Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques », Paris, 1964 ;
  • Le Nationalisme français (1871–1914), Armand Colin, coll. « U / Idées politiques », Paris, 1966 ;
  • L'Idée coloniale en France de 1871 à 1962, La Table Ronde, Paris, 1972 (Grand Prix Gobert de l'Académie française) ;
  • Mythes et mythologies politiques, Éditions du Seuil, coll. « L'Univers historique », Paris, 1986 (ISBN 2-02-009348-0) ;
  • Problèmes militaires et stratégiques contemporains, Dalloz, Paris, 1988 (ISBN 2-247-00947-6) ;
  • Singulièrement libre, entretiens avec Pierre Assouline, Perrin, Paris, 1990 (ISBN 2-262-00717-9) ;
  • Nationalismes et nation, Complexe, coll. « Questions au XXe siècle », Bruxelles, 1995 (ISBN 2-87027-560-9)

Annexes

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

Notes

    Références

    1. Archives de Paris 20e, acte de naissance no 2302, année 1917 (page 5/31) (avec mention marginale de mariages et de décès)
    2. Mort de l'historien Raoul Girardet, consulté le 20 septembre 2013.
    3. La mort de l'historien Raoul Girardet sur l'Opinion, consulté le 22 septembre 2013.
    4. Documentaire Raoul Girardet par Pierre-André Boutang, Chaîne Histoire , regardé le .
    5. « Mort de Raoul Girardet "Mythes et mythologies politiques"», Michel Winock, huffingtonpost.fr, 26 septembre 2013.
    6. « Raoul Girardet, historien du sentiment national », Philippe-Jean Catinchi, Le Monde.fr, 22 septembre 2013.
    7. Singulièrement libre, entretiens avec Pierre Assouline, Perrin, Paris, 1990
    8. Raoul Girardet, mort d'un historien engagé, Jacques de Saint Victor, Le Figaro.fr, 22 septembre 2013
    9. Philippe d'Hugues, Raoul Girardet, un acteur du XXe siècle, La Nouvelle Revue d'histoire, no 69, novembre-décembre 2013, p. 34-35
    10. Jean-Paul Gautier, Les extrêmes droites en France, éditions Syllepses, 2009, p. 63.
    11. Article nécrologique du Monde, édition datée du mardi 24 septembre 2013, page 18
    12. Jean-Paul Gautier, Les extrêmes droites en France, éditions Syllepses, 2009, p. 73.
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