Pierre Taittinger

Pierre Taittinger, né le à Paris et mort le dans la même commune, est un industriel et un homme politique français de la droite nationaliste d'entre-deux-guerres. Propriétaire du Champagne Taittinger, il est connu pour avoir dénoncé la possibilité d'une percée allemande à Sedan deux mois avant l'attaque allemande de . Après l'armistice du , il soutient le régime du maréchal Pétain.

Pour les autres membres de la famille, voir Famille Taittinger.

Biographie

Né dans le 18e arrondissement de Paris[1], Pierre Charles Taittinger est issu d'une famille lorraine qui quitta la Moselle en 1871 pour demeurer française. Il est le fils de Pierre Alexandre Taittinger et de Caroline Testut, une des héritières de l'entreprise Testut[2].

Il entre en politique avant l'âge de 20 ans dans le mouvement bonapartiste. Sa carrière politique est interrompue par la Grande Guerre dont il revient capitaine avec la Légion d'honneur et plusieurs citations. Il est élu député de Charente-Inférieure en 1919, puis, en 1924, député de Paris dont il représente le premier arrondissement jusqu'en 1940.

Ligue des jeunesses patriotes

Pierre Taittinger préside un meeting des Jeunesses patriotes en 1936.

Bonapartiste, il appartient à la Ligue des patriotes fondée en 1882 par Déroulède et présidée depuis 1914 par Barrès. En , il est nommé membre du comité directeur de la LDP[3]. Il préside alors une petite section de la LDP qu'il transforme en un groupement autonome, les Jeunesses patriotes (JP), en 1924[4]. Les JP deviennent, dès le milieu des années 1920, un des principaux mouvements anti-communistes et patriotiques, concurrençant l'Action française et les Croix de Feu. En 1935, elles donnent naissance au Parti national et social puis au Parti républicain national et social en 1936.

Pierre Taittinger est maire de Saint-Georges-des-Coteaux (Charente-Maritime) jusqu'à sa mort. Élu conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine en 1937, il est promu commandeur de la Légion d'honneur en mars 1940.

Lors de la drôle de guerre, il produit en mars 1940 un rapport parlementaire extrêmement critique de l'état des défenses françaises à Sedan, après une étude de tout le front des Ardennes. Il déclare à cette occasion : « Il semble qu'il y ait des terres de malheur pour nos armées. » Ses critiques sont balayées par le commandant de la IIe armée, le général Huntziger, bien en cour auprès du généralissime Gamelin et des milieux politiques[5],[6].

Président du Conseil municipal de Paris

Il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940.

Conseiller municipal de Paris de 1936 à 1942, son pétainisme le conduit à accepter, des autorités d'occupation, la présidence du conseil municipal de Paris, qu'il occupa de 1943 à 1944.

Parrainé par Henry du Moulin de Labarthète, homme d'influence à Vichy, et par Roger de Saivre, il est décoré de la francisque (no 316)[7].

Sauver Paris de la destruction

Le , il écrit à Pierre Laval pour lui demander de déclarer Paris « ville ouverte » pour la préserver des destructions.

Le , il reçoit le commandant Dufresne, chef d'état-major des FFI pour le dissuader de lancer l'insurrection générale décidée par Henri Rol-Tanguy arguant que, aux côtés du consul général de Suède Raoul Nordling, il a dissuadé le général Dietrich von Choltitz de détruire la capitale rue par rue. Il s'oppose en vain à ce que l'on hisse le drapeau tricolore sur l'hôtel de ville. Devant la tournure des événements, il se propose de recevoir le général de Gaulle sur le perron de l'hôtel de ville, ce que Dufresne refuse.

Lors de la prise de l'Hôtel de ville, il est arrêté par le Comité parisien de Libération. Il est emprisonné au vélodrome d'Hiver, à Drancy puis à Fresnes. Il est libéré le . Déchu de ses droits civiques pour avoir voté les pleins pouvoirs en juillet 1940, il est inéligible pendant 5 ans et abandonne la vie politique.

Son livre Et Paris ne fut pas détruit est couronné par l'Académie française. Il est nommé Chevalier des Arts et des Lettres. En 1954, il est nommé[Par qui ?] député honoraire. Taittinger devient membre de l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain après la guerre.

Industriel du Champagne

Financier, il fonde à Reims, en 1932, la maison de vins de Champagne qui porte son nom, le Champagne Taittinger, et qui occupe les caves de l'ancienne église Saint-Nicaise de Reims. Il fit restaurer l'hôtel Chastelain, dit des comtes de Champagne, rue de Tambour, qui est classé monument historique et lègue à la ville sa propriété de La Grainetière, à l'île de Ré, devenue colonie de vacances pour les enfants de Reims.

Famille

Il épouse, en 1917, Gabrielle Guillet (1893-1924), fille d'un propriétaire d'une maison de cognac[8], puis en 1925, Anne-Marie Mailly (1887-1986), veuve de guerre[2], et est enterré à Reims avec sa seconde épouse au cimetière du Nord, près de son fils François (1921-1960).

Pierre Taittinger eut huit enfants :

  1. Guy Taittinger (1918-1978) ;
  2. Michel Taittinger (1920-1940) ; mort pour la France le à Saint-Parres aux Tertres (Aube), décoré de la Légion d'honneur ;
  3. François Taittinger (1921-1960) ;
  4. Jean Taittinger (1923-2012) ; député UDR de 1958 à 1973, maire de Reims de 1959 à 1977, ancien ministre, père notamment de Jean-Frantz Taittinger qui a été député-maire d'Asnières-sur-Seine ;
  5. Marie-Clotilde Taittinger, née en 1924 ; épouse de Jean Fabius Henrion ;
  6. Pierre-Christian Taittinger (1926-2009) ; maire du 16e arrondissement de Paris (de 1989 à 2008) et sénateur (de 1968 à 1995) ;
  7. Claude Taittinger, né en 1927 ; père de Brigitte qui a été président-directeur général des parfums Annick Goutal jusqu’en et qui a épousé Jean-Pierre Jouyet en 2006 ;
  8. Colette Taittinger, mère de Christophe de Margerie, président de Total de 2010 à 2014.

Notes et références

  1. Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 18/4373/1887 (consulté le 15 décembre 2012)
  2. « Les Taittinger » www.lexpress.fr, 19 septembre 2002
  3. La Presse, 28 mai 1920, p. 2.
  4. « Audition de M. Pierre Taittinger, député de Paris », in Marc Rucart (dir.), Rapport général fait au nom de la commission d'enquête chargée de rechercher les causes et les origines des événements du 6 février 1934..., annexes, t. II, Paris, Chambre des députés, p. 1685.
  5. (de) Karl-Heinz Frieser, Blitzkrieg-Legende: der Westfeldzug 1940, Walter de Gruyter GmbH, (ISBN 978-3-486-56201-9, lire en ligne), p. 178
  6. (en) Martin S. Alexander, « Prophet Without Honour? The French High Command and Pierre Taittinger's Report on the Ardennes Defences, March 1940 », War & Society, vol. 4, no 1, 1986-05-xx, p. 53–77 (ISSN 0729-2473 et 2042-4345, DOI 10.1179/106980486790303880, lire en ligne, consulté le )
  7. Philippe Nivet, article « Taittinger (Pierre) », in Michèle et Jean-Paul Cointet, Dictionnaire historique de la France sous l'Occupation, Taillandier, 2000, p. 663.
  8. « Les Taittinger » www.lexpress.fr 19 septembre 2002

Voir aussi

Bibliographie

  • Raymond Massiet, ex Commandant Dufresne, La préparation de l'insurrection et la bataille de Paris, édition Payot, 1945 p. 127.
  • « Pierre Taittinger », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960
  • Jean Philippet, Le temps des ligues. Pierre Taittinger et les jeunesses patriotes (1919-1944), Institut d'études politiques de Paris, thèse de doctorat d’histoire sous la direction de Raoul Girardet, 2730 p. + annexes, .
  • Jean Philippet, « La crise du parti nationaliste (PRNS, successeur des Jeunesses Patriotes) à la fin des années trente », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, t. 109, no 3, , p. 79-93 (lire en ligne).

Article connexe

Liens externes

  • Portail de la politique française
  • Portail de Paris
  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
  • Portail de la production industrielle
  • Portail de la vigne et du vin
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.