Fédération nationale des Camelots du roi

La Fédération nationale des Camelots du roi est un réseau de vendeurs du journal L'Action française et de militants royalistes qui constituent le service d'ordre et de protection du mouvement Action française. Ils sont actifs entre 1908 et 1936.

Pour les articles homonymes, voir Camelot (homonymie).

Les origines du mouvement

L’année 1908

Arrestation d'un camelot du roi lors des fêtes de Jeanne d'Arc à Paris. Carte postale, 1909.

Les Camelots du roi sont créés en novembre 1908. Leur rôle est à l’origine de vendre les numéros du journal de l’Action française dans les rues de Paris, d'où leur nom de camelots, marchands de journaux[1]. Ils sont recrutés d’une part dans le groupe royaliste du XVIIe arrondissement organisé par Henry des Lyons pour vendre des journaux à la porte des églises, et d’autre part parmi les ouvriers et employés royalistes de l’Accord social de Firmin Bacconnier.

Le mouvement rassemble des individus très différents : des étudiants des classes supérieures (les trois frères Real del Sarte, Théodore de Fallois, Armand du Tertre), mais aussi des recrues de situation plus humble comme Marius Plateau, garçon de course à la Bourse, Georges Bernanos, Lucien Lacour, menuisier, Louis Fageau, commis-boucher.

Les Camelots sont l’instrument d’une politique de tumulte de la part de l’Action française. Ils sont bien davantage une force armée qu’une force de proposition politique. L’idée est de susciter le trouble pour rappeler la cause royaliste à l’opinion et faire ainsi de nouvelles recrues.

Les membres des Camelots portent une grande admiration à Charles Maurras en tant qu'écrivain et en tant qu'homme politique. Il est leur maître incontestable même si certains vont petit à petit marginaliser leur position au sein de l'Action française, sans toutefois remettre en cause leur affiliation avec ce mouvement[2].

Le premier président des Camelots du roi se nomme Maxime Real del Sarte, tandis que Henry des Lyons en est le secrétaire. L’homme qui décide des rapports des Camelots avec l’organisation centrale de l’Action française, ainsi que la discipline est Maurice Pujo.

Idéologie

La doctrine des Camelots est le nationalisme antirépublicain, antidémocratique, qui se dit « intégral » dans la mesure où sa conclusion est monarchique. L'objectif est en effet de restaurer une monarchie « traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire, et décentralisée », ceci par « tous les moyens, même légaux », d’où l’utilisation de la violence[3].

Les Camelots récusent la conception universaliste de la citoyenneté, incarnée par le vote. Ils accusent la République d’être un régime « purement juif » ou protestant (ils reprennent la théorie des « quatre États confédérés » de Maurras : la démocratie institue l’avènement non pas d’un État mais de quatre que seraient celui des Juifs, celui des francs-maçons, celui des protestants et celui des « métèques »). Elle est donc, pour eux, une atteinte aux « racines catholiques de la nation française ». Cette vision trouve son paroxysme durant le Front populaire en 1936, contre lequel les Camelots mènent leurs plus violentes campagnes, dénonçant une « République sioniste menée par le Juif Léon Blum ».

Dans les années 1910, les Camelots se prennent brièvement d’amitié avec l’extrême gauche[4] : leurs militants ont sympathisé en prison avec les anarcho-syndicalistes, et se sont découvert un ennemi commun : la République. L'urgence de la guerre met rapidement fin à ce rapprochement.

Structure de l'organisation

À gauche Charles Maurras, à droite Maxime Real del Sarte (1923).

Les Camelots sont divisés en sections locales comprenant environ 40 hommes. À la fin de l’année 1909 on en compte 65 dans toute la France. Leurs obligations sont lourdes : ils doivent se tenir prêts pour tous les défilés ou manifestations, et bien sûr vendre L'Action française tous les dimanches. Le tirage du journal atteint son maximum à l’été 1926 : 100 000 exemplaires, auxquels il faut ajouter environ 15 000 exemplaires pour le Supplément du Dimanche[5].

Les Camelots vendent le journal et se battent contre « les Rouges » quand ils se font attaquer, mais ils aident également leurs amis : le dimanche de Pâques 1925, ils assurent par exemple le service d’ordre d’une réunion catholique ; en mars 1926, ils défendent une réunion de la Fédération catholique à Marseille ; assurent le service d'ordre de René Benjamin, attaqué lors de ses conférences par des syndicats d’instituteurs qu’il avait ridiculisés.

Dans les années 1920 les succès du royalisme chez les étudiants est tel que le terme de Camelot finit par désigner n’importe quel membre actif. Les membres actifs des Camelots le restaient généralement le temps de leurs études, et un certain nombre d’entre eux entraient ensuite dans les cadres d’Action française.

L'organisation valorise fortement la jeunesse. L'Action française et la Revue critique des idées et des livres font sans cesse référence à la vigueur, à la beauté et à la pureté de la jeunesse, essentielle au combat monarchiste. Ainsi Georges Bernanos déclare « La jeunesse française aime la grandeur »[6]. Certains intellectuels soulignent cet aspect, comme l'historien Daniel Halévy, pourtant dreyfusard et proche de Charles Péguy, qui décrit le rassemblement du 24 mai des jeunes gens membres des Camelots du roi et de l'Action française comme un « spectacle si rare dans nos rues parisiennes, cette élégance virile, cette beauté, cette noblesse… »[7].

Personnalités ayant milité au sein de l'organisation

Les méthodes d'action des Camelots du roi

Les Camelots privilégient le « coup de force » dont Charles Maurras fait la théorie dès 1900, et que le mouvement monarchiste prépare en mettant « la violence au service de la raison »[13]. Dans la perspective du « coup de force », les Camelots engagent dès leur création de virulentes campagnes nationalistes et antirépublicaines, dans l'intention avouée d'abattre le régime.

Violences et provocations

Étudiants en majorité, les Camelots du roi témoignent d'un goût prononcé pour la farce provocatrice, le folklore royaliste (ils reprennent notamment le répertoire des chansons chouannes) et les affrontements avec les étudiants de gauche et leurs adversaires politiques.

Munis de canne à bout ferré ou de nerfs de bœuf, ils recherchent l'affrontement et n'hésitent pas à en venir aux mains avec les forces de police. En mars 1912 Lucien Lacour et Maxime Real del Sarte recrutent ainsi une trentaine de jeunes gens costauds, parmi lesquels Georges Bernanos, afin de briser violemment une réunion bonapartiste.

Capables de se mobiliser rapidement et massivement, les Camelots apparaissent souvent plus nombreux qu’ils ne sont. Bien que leur brutalité leur vaille des critiques, elle inspire le respect à leurs adversaires. Leur détermination et leur goût pour l’action donnent à leur action un caractère révolutionnaire qui tranche alors avec les interminables débats des groupes révolutionnaires socialistes.

Leur violence est aussi verbale : dans leurs chansons, dans leurs affiches, on trouve partout des références ouvertes à la haine. Quelques figures marquantes à ce propos comme celle de Bernanos[2] en sont un exemple : il écrit ainsi au professeur Alain, en réponse à un de ses articles d'un journal républicain rouennais : « Ce n'est pas ton idée que je méprise, c'est toi-même ».

Une menace pour l'ordre et pour la droite

Faisant office à la fois de service d'ordre de l'Action française, de troupes de choc et d'activistes du mouvement, ils retinrent assez vite l'attention inquiète du pouvoir, et surtout de Briand qui voyait en eux et en leur violence de sérieux dangers pour l'ordre et le maintien de la République.

Mais s'ils contrariaient les républicains, les Camelots gênaient presque plus la droite que la gauche. Leurs audaces, la violence de leurs polémiques et leur goût pour les batailles de rues scandalisent les royalistes restés fidèles à l'esprit conservateur et légaliste de l'orléanisme[3].

Cette tendance était massivement représentée au bureau politique du duc Philippe d'Orléans, et se retrouvait dans les pages du Gaulois, dont le directeur, Arthur Meyer était proche du duc. Ce royalisme traditionnel parut avoir gain de cause lorsque, le 20 mars 1910, Le Gaulois publia un entretien avec le duc d'Orléans, qui dénonçait les violences des Camelots du roi, et qui brandissait la menace d'un désaveu formel si leurs militants « continuaient à ne pas distinguer entre amis et ennemis, et si une persistante erreur de manœuvre les poussait à diriger leur feu sur le gros des troupes royalistes »[14].

Propagande

Au-delà des manifestations, les Camelots savaient user de la propagande pour vendre leur cause, et nombre de tracts et de journaux monarchistes colportent leur idéologie. En effet, si les Camelots avaient été une gêne plus qu'une aide pour le duc d'Orléans, dès 1911 le bureau politique du prince passa sous le contrôle de l'Action française, et resta entre ses mains pour un quart de siècle.

Durant le Front populaire la vision antisémite et antirépublicaine des Camelots est à son paroxysme et leurs actions atteignent un nouveau seuil de violence. Ils mènent de violentes campagnes avec une ardeur renouvelée, dénonçant une république « sioniste » menée par « le juif Léon Blum ». Pour se faire connaître, ils n'hésitent pas à attirer l’attention sur eux par tous les moyens, certains se faisant arrêter volontairement pour comparaître en procès public et pour faire parler d'eux dans la presse.

L'apogée des Camelots et de l'Action française se situe autour de 1911, avant la Grande Guerre. C'est à cette période que la Revue critique des idées et des livres fait circuler une pétition qui rassemble aussi bien des intellectuels français reconnus que des militants monarchistes, en protestation contre l'arrestation de Henri Lagrange, membre des Camelots du roi, alors âgé de 17 ans[15].

Stratagèmes

Ils usaient aussi de stratagèmes. Il arrivait que lors d’un défilé les Camelots de tête de cortège aillent se replacer en queue de cortège pour défiler une deuxième fois, ce qu'ils font, par exemple, le 28 novembre 1926, lors du pèlerinage célébrant les morts d’Action française au cimetière de Vaugirard. Le 30 mai 1927, lors du défilé de Jeanne d’Arc, les Camelots désorganisent les groupes catholiques rivaux en transmettant des contre-ordres au moyen de branchements clandestins effectués sur la ligne téléphonique.

Coups d'éclat

Majoritairement étudiants, les coups d’éclat des Camelots commencent à la Sorbonne à Paris.

L'affaire Thalamas

Le professeur d’histoire Amédée Thalamas ne possédait pas le titre de docteur ès lettres, mais le Conseil des professeurs de la faculté des lettres, présidé par le doyen Alfred Croiset, l'avait autorisé, en novembre 1908 et pour la durée de l'hiver, à tenir chaque semaine un cours libre sur la pédagogie de l’histoire. Ce cours était scindé en douze petits cours. Entraînés par Maxime Real del Sarte, les Camelots, qui détestaient ouvertement Thalamas (il avait remis en cause le caractère surnaturel de la mission de Jeanne d’Arc) décidèrent d'interrompre, chaque mercredi, le cours donné par Thalamas, quitte à avoir recours à la violence :

  • lors du premier cours, le 2 décembre 1908, étudiants et Camelots envahissent l'amphithéâtre Michelet et mènent un tapage d'enfer. Maxime Real del Sarte et Lucien Lacour infligent à Thalamas une paire de fessées. Celui-ci s'enfuit. Les jeunes gens quittent la salle, se répandent sur le boulevard Saint-Michel, rompent les barrages de la police, franchissent la Seine, et arrivent à la statue de Jeanne d'Arc, où ils déposent une gerbe de fleurs.
  • Le 23, voulant réhabiliter Jeanne d'Arc, Maurice Pujo entreprend de lui consacrer un cours libre en pleine Sorbonne, au sein de l'amphithéâtre Guizot. Il trace devant ses auditeurs un tableau historique, comparant l'état de la France au XVe siècle avec celui de son temps. Il est en train de conclure quand un officier de paix, suivi d'un capitaine de la Garde et d'une file de soldats, lui demande de sortir. Les auditeurs se dispersèrent sans incidents.
  • Le premier procès fait à un Camelot du roi a lieu le 24 décembre : Serge Real del Sarte est accusé de « violence à agent ». Le même jour, un groupe de 500 manifestants, conduit par son frère Maxime et les Camelots, se dirige vers le Sénat et envahit la cour du palais aux cris de « À bas la République ». Le 31 décembre, Maxime Real del Sarte est condamné à quinze jours de prison pour « outrages à agents ».

La campagne contre Thalamas dure trois mois, avec de nombreuses arrestations pour injures et violences à agents : outre celles de Maurice Pujo et Maxime Real del Sarte, son frère Yves, Henry des Lyons, Marius Plateau, Georges Bernanos et des dizaines de Camelots anonymes sont arrêtés, puis relâchés après avoir passé une quinzaine de jours en prison.

L'affaire Thalamas suscite alors des réactions passionnées ; les camps thalamistes et antithalamistes se sont confrontés à nouveau en 1909. Cet épisode s'inscrit dans une période de « mythification » de Jeanne d'Arc dans les milieux nationalistes français ; il s'agit de l'un des premiers coups d'éclat des Camelots du roi[16].

L'affaire Stavisky

En 1933, la crise économique venue d'Amérique touche la France et s'accompagne en plus d'une crise politique, l'affaire Stavisky, avec la montée de l'antiparlementarisme en France.

Le 25 décembre 1933, sur ordre du sous-préfet Antelme, le directeur du Crédit municipal de Bayonne Gustave Tissier est arrêté pour fraude et mise en circulation de faux bons au porteur pour un montant de 25 millions de francs. On découvre rapidement que Tissier n'est que l'exécutant du fondateur du Crédit communal, Serge Alexandre Stavisky, qui a organisé cette fraude sous la surveillance complice du député-maire de Bayonne, Dominique-Joseph Garat (il sera condamné à deux ans de prison)[17].

L'enquête, menée notamment par Albert Prince, chef de la section financière du parquet de Paris, permet de découvrir les nombreuses relations entretenues par l'escroc dans les milieux de la police, de la presse et de la justice : le député Gaston Bonnaure, le sénateur René Renoult, le ministre des Colonies et ancien ministre de la Justice Albert Dalimier, les directeurs de journaux Dubarry et Aymard.

L'Action française et les Camelots s'emparent alors de l'affaire, dénonçant « le scandale de Bayonne ». D’une banale escroquerie, l'« affaire Stavisky » devient un scandale politico-financier qui touche tous les milieux de la république établie, en particulier le parti radical. L'indignation populaire entraîne la chute du gouvernement radical-socialiste. Édouard Daladier remplace Camille Chautemps à la présidence du Conseil. Il destitue aussitôt le préfet de police Jean Chiappe, suspect de sympathie avec les ligues de droite. Le 6 février 1934, Édouard Daladier présente à l'Assemblée nationale le nouveau gouvernement. Dans le même temps, une grande manifestation est organisée à Paris, place de la Concorde, à l'appel des Camelots, de l'association d'anciens combattants Les Croix-de-Feu ainsi que de mouvements communistes, sur le thème : « À bas les voleurs ! » La manifestation dégénère. La police tire. Seize manifestants et un policier sont tués. On compte un millier de blessés. Trois jours plus tard, une contre-manifestation dégénère à son tour et fait 9 morts. Édouard Daladier doit céder la place à Gaston Doumergue à la tête du gouvernement[18].

D’autres incidents surviennent à la Sorbonne, comme la campagne contre le professeur de droit Lyon-Caen, de confession juive, que les Camelots réussissent à faire mettre en retraite anticipée ; ou encore l'intervention de Maurice Pujo faisant irruption dans une salle de cours de l’université et écartant le chargé de cours pour donner une leçon sur l’Action française.

Le coup d'éclat de Lucien Lacour

Dans la nuit du 19 au 20 novembre 1910, des Camelots placardent sur les murs de Brest une affiche intitulée « Les Gloires de la République », qui représente une grosse femme juive — portant un bonnet phrygien et un accoutrement maçonnique et attaque avec virulence le président du Conseil Aristide Briand et « Reinach Boule-de-Juif » (pique à propos de son embonpoint, en référence à la nouvelle de Maupassant). Le lendemain, l’un d’eux, Lucien Lacour, réussit à donner deux gifles à Briand, en criant : « À bas la République ! Vive le roi ! À bas Briand, partisan de Lafferre, des fichards et d’Israël contre notre Pays ! »[19].

L'assassinat de Marius Plateau

Le 22 janvier 1923, le secrétaire général des Camelots, Marius Plateau, est assassiné par Germaine Berton, une militante anarchiste qui voulait « venger les morts de Jaurès ». Décapités, les Camelots laissent éclater leur fureur : saccage des bureaux et des imprimeries de trois journaux de gauche : L’Œuvre, L’Ère Nouvelle et Bonsoir. Cette fois, l’opinion publique ne soutient pas les Camelots et Le Populaire écrit : « quelqu’un (Germaine Berton) a osé retourner les méthodes des Camelots contre eux ».

L’année 1931 marque un nouvel élan de l’activité des Camelots du roi. Le soir du 31 mai 1923 plusieurs personnalités de gauche doivent s’exprimer lors d’un rassemblement républicain destiné à dénoncer la politique allemande. Mais les Camelots agressent ce soir-là Marc Sangnier, Maurice Violette et Marius Moutet en les battant et les enduisant de goudron. Le lendemain les communistes, les socialistes et, pour la première fois, les radicaux expriment leur profond mécontentement. Les radicaux, par la voix de leur chef Édouard Herriot, demandent au gouvernement de réaffirmer son caractère républicain.

Le 27 novembre 1931 les Camelots troublent le Congrès du désarmement international, organisé par l’École de la Paix de Louise Weiss, au Trocadéro à Paris et rassemblant plusieurs milliers de personnes venues d’une quarantaine de pays différents. Les Camelots, alliés aux Croix-de-Feu et aux Jeunesses Patriotes donnent l’assaut à la tribune et expulsent les personnalités qui l’occupaient. Il faut évacuer la salle pour réussir à en faire sortir les Camelots.

La dissolution des Camelots du roi

Inculpé de provocation au meurtre, Charles Maurras (accompagné de Georges Calzant) est interrogé le 15 février 1936 par un juge d'instruction à la suite de l'agression commise contre Léon Blum par des camelots du roi et ligueurs de l'Action française (Le Populaire, 16 février 1936).

Les années 1934-1936 marquent la fin des Camelots du roi. En 1934 ils participent aux troubles comme les autres ligues d’extrême droite, mais ils manquent d’organisation. Eugen Weber parle d’une « troupe vaillante mais d’un commandement lamentable ». Les plans d’action sont égarés quelques jours avant les manifestations et l’évènement trouve très peu de relais en province.

Le 13 février 1936, lors des obsèques nationales de l’historien royaliste Jacques Bainville, Léon Blum fend le cortège en voiture, boulevard Saint-Germain, à Paris. Reconnaissant le député socialiste, les Camelots réagissent, l'attaquent et le blessent sévèrement au cou et à la tempe. L'enquête montrera que « la plupart des agresseurs portaient des brassards et insignes d'Action française », et le chapeau de Blum sera retrouvé dans les locaux du mouvement royaliste[20],[21].

Le lendemain, un conseil des ministres est réuni d'urgence à l'Élysée et le président Albert Lebrun signe le décret de dissolution « des associations et groupements de fait, dénommés ci-après : la Ligue d'Action française, la Fédération nationale des Camelots du roi et la Fédération nationale des étudiants d'Action française ».

Les Camelots du roi après la guerre

Les Camelots du roi se maintiennent après la seconde guerre mondiale. Ils se sont opposés aux « mouvements gauchistes » de Mai 68. On les retrouve aussi présents lors des commémorations du bicentenaire de la Révolution, où ils occupent la cathédrale Notre-Dame de Paris, le Panthéon ou encore le théâtre de l'Europe, et perturbent une interprétation de la Carmagnole d'Hélène Delavault. Ils fleurirent la statue de Jeanne d'Arc contre l'interdiction du préfet et malgré les barrages de CRS en 1991. Dans le défilé annuel du mouvement Action française à Paris pour la date anniversaire de Jeanne d'Arc, on peut entendre leurs slogans royalistes tels Action française !, Ni droite, ni gauche, Monarchie populaire !, Vive le roi !, Le roi à Paris, à bas la République !

Moins nombreux qu'autrefois, ils conservent néanmoins une visibilité, notamment par le biais du Groupe d'Action royaliste, qui rappelle souvent le rôle joué par les Camelots du roi dans l'histoire, et qui actuellement s'organise en réseau militant tout en cherchant à moderniser le royalisme au début du XXIe siècle. Une partie d'entre eux rejoignent en 2018 le Bastion social[22].

Cet esprit Camelot du roi est également représenté par une association historique de l'Action française : l'Association Marius Plateau.[réf. souhaitée]

Divers

Dans la nouvelle « L'Enfance d'un chef » (tirée du recueil Le Mur, 1938), Jean-Paul Sartre décrit l'enfance et la jeunesse d'un jeune Camelot déchiré entre l'engagement nationaliste (Charles Maurras) et surréaliste (André Breton).

Presse des Camelots du roi

  • Le Clairon du Rhône et du Sud-Est. Organe mensuel royaliste publié par les Camelots du roi (Lyon, décembre 1909 - ?)
  • Le Grelot, puis Le Grelot de Tarn-et-Garonne. Organe [puis organe hebdomadaire] des Camelots du roi (Montauban, 10 septembre 1911 - 9 juin 1912, nos 1-39).
  • Chez Le Diable Bitru. Revue des Camelots du roi. Supplément à L'Étudiant français de novembre 1933 dirigé par Max Regnier et Jabon.

Documents sonores

  • Chanson des Camelots du roi, par André Bekaert de l'Opéra-Comique, avec Orchestre de France et Chœurs sous la direction de Victor Alix. Suivi de : Au jardin de France, par Maxime Brienne, Éric Royne de la Gaîté Lyrique, avec chœurs, orgue et orchestre dirigés par Victor Alix, 1 disque : 78 t, aig. 25 cm, [sans date, ni éditeur].
  • Grande fantaisie sur des airs et refrains royalistes, Orchestre de France, La France bouge, Vive le roi quand même !, Chanson de Monsieur Henri, Chanson des Camelots du roi, Debout, les gas !, La bataille de Fontenoy, La chasse aux Loups, La Royale, 1 disque : 78 t, aig. 25 cm, [sans date, ni éditeur].

Notes et références

  1. « La Gazette 24 novembre 1908 », sur Retronews - Le site de presse de la BnF (consulté le )
  2. François Huguenin, À l'école de l'Action française, un siècle de vie intellectuelle.
  3. Bertrand Renouvin, Le Royalisme, histoire et actualités, Paris, Economica, 1997.
  4. L'Action Française, Paris, Hachette littérature, 1997.
  5. Ibid.
  6. Georges Bernanos, Zola ou l'idéal.
  7. François Huguenin, À l'école de l'Action française, un siècle de vie intellectuelle, Lattès, Paris, 1998.
  8. Charles Maurras, Tombeaux, Paris, NEL, 1921.
  9. Henry Bedel, Figures rouergates, Rodez, imprimerie Carrère, 1919, page 41.
  10. L'Action française.
  11. Henry Bedel, Figures rouergates, Rodez, imprimerie Carrère, 1919, page 40.
  12. Jean-Loup Bernanos, À la merci des passants, Paris, Plon, 1985, et Iconographie, Paris, Plon, 1988.
  13. Charles Maurras, Enquête sur la monarchie, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1935.
  14. Eugen Weber, L'Action Française, Paris, Hachette littérature, 1997.
  15. « L’Action française 5 juillet 1911 », sur Retronews - Le site de presse de la BnF (consulté le )
  16. Jacques Prevotat, Michel Leymarie, l'Action française : culture, sociétés politiques, Presses universitaires du Septentrion 2008, p. 219.
  17. Claude Goyard, « Un aspect de la police politique sous la Troisième République : l'enquête et le rôle de la Sûreté générale dans l'affaire Stavisky », dans Jacques Aubert (dir.), L'État et sa police en France, Genève, Droz, 1979, p. 177-206.
  18. Paul Jankowski, Cette vilaine affaire Stavisky, Histoire d'un scandale politique, Paris, Fayard, 2000.
  19. Lettre de Lucien Lacour du 21 novembre 1910.
  20. Frédéric Monier, Léon Blum : la morale et le pouvoir, Paris, Armand Colin, coll. « Nouvelles biographies historiques », , 285 p. (ISBN 978-2-200-35589-0, présentation en ligne), p. 118-121.
  21. Frédéric Monier, « La haine et la ferveur. Léon Blum agressé - 13 février 1936 »], note no 294, Fondation Jean-Jaurès, 11 février 2016, lire en ligne.
  22. « Soupes populaires, ratonnades et saluts nazis, bienvenue au Bastion Social », sur streetpress.com, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Lucien Victor-Meunier, Camelots du roi et camelots du pape, Bordeaux, Bureaux de la France du Sud Ouest, « Des Idées et des faits », 1909.
  • Maurice Pujo, Les Camelots du roi, Paris, Ernest Flammarion, 1933 ; rééd. avec une préface de Pierre Pujo, Les Éditions du Manant, 1989.
  • Brigitte et Gilles Delluc, Jean Filliol, du Périgord à la Cagoule, de la Milice à Oradour, Pilote 24 édition, 2005.
  • Xavier Cheneseau, Camelots du roi : les troupes de choc royalistes (1908-1936), Boulogne Billancourt, Défi, 1997 ; rééd. : Paris, Éditions de l'Homme libre, 2000 (ISBN 2912104114) , Paris, Les Éditions AGNUS, 2010 (ISBN 9782918291015).
  • François Hugenin, À l'école de l'Action française, un siècle de vie intellectuelle.
  • Bertrand Renouvin, Le royalisme, histoire et actualités, Paris, Economica, 1997.
  • Weber Eugen, L'Action Française, Paris, Hachette littérature, 1997.
  • Charles Maurras, Enquête sur la monarchie, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1935.
  • Jacques Prévotat, Michel Leymarie, L'Action Française : culture, sociétés politiques, Paris, Presses universitaires du Septentrion, 2008.
  • Claude Goyard, Un aspect de la police politique sous la Troisième République : l'enquête et le rôle de la Sûreté générale dans l'affaire Stavisky, dans Jacques Aubert (dir.), L'État et sa police en France, Genève, Droz, 1979.
  • Paul Jankowski, Cette vilaine affaire Stavisky, Histoire d'un scandale politique, Paris, Fayard, 2000.

Articles connexes

Liens externes

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