Guerre civile russe
La guerre civile russe est l'ensemble des événements qui déchirent l'ancien Empire russe durant plus de cinq années, de la fin 1917 à 1923, le gros des combats étant terminé en 1921. Elle se situe dans le prolongement de la révolution russe d'octobre 1917 ; l'essentiel des campagnes militaires se poursuit jusqu'à la proclamation de la NEP.
Pour les articles homonymes, voir Révolution russe (homonymie).
Date |
– (5 ans, 7 mois et 9 jours) |
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Lieu | Anciens territoires de l'Empire russe (actuels Russie, Ukraine, Géorgie, Finlande, Pologne, Kazakhstan, Biélorussie, Azerbaïdjan, Estonie, Lettonie, Lituanie), Mongolie-Extérieure, Perse |
Issue | Victoire des Bolcheviks en Russie, Ukraine, Géorgie, Kazakhstan, Arménie, Azerbaïdjan et Biélorussie ; défaite des Bolcheviks dans les pays baltes, en Pologne et en Finlande ; mise en place d'un régime communiste en Mongolie-Extérieure. |
Changements territoriaux | Formation de l'URSS en 1922 ; indépendances de la Lituanie, de la Lettonie, de l'Estonie, de la Pologne et de la Finlande |
V. Lénine L. Trotski Boris Doumenko F. Podtieklov (ru) M. Frounze A. Samoïlo D. Parski D. Nadiojny I. Sorokine A. Avtonomov R. Sivers A. Snesarev K. Kalinine M. Toukhatchevski | A. Koltchak † L. Kornilov † A. Dénikine P. Wrangel V. Kappel S. Wojciechowski E. Miller Mikhail Dieterichs Grigori Semenov William S. Graves George Evans Stewart (en) E. Ironside Y. Mitsue M. Janin Ernest Broșteanu (en) |
Guerre civile russe
Batailles
Campagne de la steppe • Bataille de Krouty • Première campagne du Kouban • Marche de Iași au Don • Seconde campagne du Kouban • Intervention en Russie septentrionale • Grande marche de glace de Sibérie • Révolte de Tambov • Révolte de Kronstadt • Intervention en Sibérie
La guerre civile russe n'oppose pas simplement les révolutionnaires bolcheviks aux « Blancs » monarchistes partisans du retour à l'ancien régime tsariste. La violence ruineuse du conflit n'est pas due au seul choc des terreurs « blanche » et « rouge » décidées d'en-haut. Cette guerre civile est d'abord un chaos indescriptible et très violent, où l'État et la société russes se sont désintégrés sous la poussée de multiples forces centrifuges, jusqu'à leur reconstruction et leur reprise en main par les bolcheviks victorieux[2].
La guerre a vu en effet les autres formations révolutionnaires (mencheviks, SR, anarchistes, députés de l'ex-Constituante) se battre également contre les bolcheviks, parfois de façon autonome, parfois au prix d'une collusion avec les généraux blancs. Les tentatives d'émancipation de minorités nationales, l'action des « armées vertes » paysannes (hostiles à la fois aux bolcheviks et aux Blancs), la défense de projets de société concurrents (Makhnovchtchina anarchiste en Ukraine), l'intervention étrangère, les multiples règlements de compte et les déchaînements de violence spontanés n'ont pu qu'ajouter aux troubles[3]. Enfin, les retournements d'alliance et les divisions internes n'ont pas manqué, ni les retournements de situation : Kiev change ainsi 14 fois de main pendant la guerre.
Les bolcheviks ont bénéficié de leur organisation supérieure et de leur discipline. Bien qu'ils aient rencontré (et réprimé) des résistances populaires virulentes, leur programme a été finalement mieux reçu des masses que celui des Blancs, lequel tendait au retour pur et simple à l'état des choses antérieur. Le camp des opposants à la révolution d'Octobre a pâti de son hétérogénéité et de ses désunions.
Certains généraux « blancs » tels Lavr Kornilov se soucient en fait fort peu de rétablir la monarchie, et se voient très bien à la tête d'une république dictatoriale. Leurs projets préfigurent en partie les fascismes européens[4].
Selon Serge Wolikow, « la guerre civile forme le Parti et fabrique une politique identifiée à la révolution sans être celle qui avait été rêvée. Entre 1918 et 1921-1922, se met en place un État révolutionnaire : la guerre civile est en même temps perçue comme la poursuite de la révolution[5]. »
Principales phases de la guerre civile
Première expansion : novembre 1917 – mars 1918
L'autorité du nouveau gouvernement bolchevik est relayée et progressivement étendue sur l’ensemble du territoire de l’ancien Empire russe, en suivant notamment les voies de communication existantes (chemin de fer).
La signature du traité de Brest-Litovsk en et la réaction des forces politiques russes opposées au nouveau régime constitue un premier coup d'arrêt à l'expansion territoriale soviétique.
La réaction russe et internationale met le nouveau pouvoir soviétique en danger : avril 1918 – septembre 1918
Les forces russes opposées au gouvernement soviétique (Blancs, socialistes modérés) et les puissances étrangères (Japon, France, Royaume-Uni, légion tchèque) interviennent et réduisent drastiquement le territoire contrôlé par les bolcheviks.
La victoire de la toute nouvelle Armée rouge à Kazan le symbolise la fin du recul soviétique.
Consolidation de la République soviétique : septembre 1918 – octobre 1919
À partir d’, le front bolchevik ne recule plus. La Biélorussie et la région de la Volga sont même reconquises en janvier-. Les attaques blanches du printemps rognent les marges du territoire soviétique, mais restent insuffisantes pour le réduire significativement.
Au début de l’automne 1919, l'issue semble indécise.
Avance générale soviétique : octobre 1919 – août 1920
Les fronts adverses s’effondrent les uns après les autres, et les puissances étrangères se retirent.
À la veille du « miracle de la Vistule » (défaite soviétique contre les Polonais en ), les territoires contrôlés par le pouvoir bolcheviques atteignent leur expansion maximale à l’Ouest, ses dirigeants espèrent exporter la révolution en Europe.
Consolidation définitive du régime et du territoire soviétique : août 1920 – juin 1923
Le territoire soviétique atteint sa configuration historique ; il consolide son pouvoir sur ses marges orientales (Extrême-Orient russe, Mongolie) ; les révoltes paysannes localisées en Ukraine et dans le Sud de la Russie sont réduites courant 1921.
Prémices
La guerre civile commence en , aussitôt après la prise de pouvoir par Lénine. Le nouveau régime se répand en Russie selon différents scénarios : dans les villes et régions où les bolcheviks peuvent compter sur de fortes concentrations ouvrières (Ivanovo, Kostroma, centre miniers de l'Oural), ils ont généralement déjà le contrôle politique par l'intermédiaire des soviets locaux ; dans d'autres régions, ils doivent composer avec diverses forces de gauche et triomphent parfois au terme d'une confrontation armée assez brève (Kazan, Samara, Saratov, Nijni Novgorod, etc.) ; dans les bourgs et les régions agricoles, où les bolcheviks sont très minoritaires (Koursk, Voronej, Orel, dans les villes de Sibérie, etc.), la prise de pouvoir entraîne souvent des conflits sanglants[6].
Finlande
En janvier 1918, la révolution en Finlande est réprimée par les « Blancs », aidés par la division allemande du général Rüdiger von der Goltz. La répression est brutale. Les prisonniers rouges sont abattus à la mitrailleuse dans des fossés. La Terreur blanche fait 35 000 morts dans un pays de 4 millions d'habitants. Début , on compte 64 camps de concentration comprenant 81 000 prisonniers (soit 6 % de la population adulte finlandaise), essentiellement répartis au sud du pays. La difficulté énorme que représente le maintien d'un système carcéral aussi massif dans une Finlande détruite par la guerre civile amène rapidement le gouvernement d'Helsinki à mettre en place des lois d'amnistie. Début , les camps sont regroupés en 26 lieux de détention puis progressivement démantelés, si bien qu'en décembre, il ne reste plus que 6 100 prisonniers, considérés comme les plus dangereux. Fin 1921, il ne restera plus que 900 emprisonnés politiques. Au total, on estime à 12 500 le nombre de prisonniers décédés dans les premiers camps de la guerre civile – avec plus de 25 % de pertes pour certains (comme celui de Ekenäs) – chiffre auquel il faut ajouter les 268 exécutions capitales prononcées après la répression de l'insurrection bolchevique.
Pour les monarchistes russes, c'est un exemple à suivre et un avertissement de ce qui attend les révolutionnaires s'ils perdent le pouvoir. Plus loin dans le temps, les bolcheviks se souviennent de l'écrasement impitoyable de la Commune de Paris vaincue, lors de la « Semaine sanglante ». Lénine n'a-t-il pas esquissé un pas de danse dans la neige au Kremlin, lorsqu'il s'est aperçu que son gouvernement venait de dépasser d'un jour la durée de la Commune ?[réf. nécessaire]
Ukraine et Sud de la Russie
Jusqu'au traité de Brest-Litovsk, en mars 1918, divers groupes nationaux, notamment en Ukraine et dans le Caucase, mettent à profit la situation pour tenter de s'émanciper, mais les combats restent sporadiques. Dans la région du Don, les forces blanches s’organisent autour des généraux Mikhaïl Alekseïev et Lavr Kornilov pour créer l’Armée des volontaires, qui s’oppose aux bolcheviks lors de la première campagne du Kouban en .
L'intervention étrangère
À partir d', les Alliés — français et britanniques — interviennent dans le Nord et dans le Sud du pays, mais d'abord pour contrer l'occupation allemande. Les bolcheviks ne sont pas initialement hostiles à leur arrivée — Léon Trotski conseille même au soviet de Mourmansk d'accepter leur aide contre toute menace allemande, et laisse d'abord dans l'imprécision l'ennemi que la toute récente Armée rouge aura à affronter : Allemands ou Alliés ? L'armistice de Rethondes prévoit par ailleurs l'annulation du désastreux traité de Brest-Litovsk que le gouvernement bolchevique a dû conclure en .
Ce n'est qu'après leur victoire de que les Alliés prennent ouvertement position contre les Rouges et aux côtés des Blancs. Écœurés par le traité de Brest-Litovsk qui a permis au Kaiser de transférer ses divisions d'est en ouest et de manquer de peu de remporter la victoire en France, beaucoup de dirigeants occidentaux s'en tiennent à l'époque à la thèse d'un Lénine agent des « Boches », et conçoivent au départ leur intervention comme un prolongement de la lutte contre l'Allemagne. S'y mêle ensuite la peur de la contagion révolutionnaire. Comme le déclara Winston Churchill, certes anti-bolchevik particulièrement virulent même au regard des critères de l'époque, « le bolchevisme doit être étranglé dans son berceau ». Cependant, son Premier ministre Lloyd George expose le que « le type de gouvernement mis en place par les Russes ne regarde pas la Grande-Bretagne : république, État bolchevik ou monarchie ». Le président américain Woodrow Wilson pense de même, et refuse de s'engager trop loin dans l'intervention.
L'idée de Lénine et Trotsky n'était pas d'instaurer un régime socialiste dans la seule Russie, mais que l'extension de la révolution aux pays industriellement avancés, comme l'Allemagne était le seul moyen de sauver la révolution.
À partir de l'été 1918, Anglais, Allemands, Français, Américains, Grecs, Polonais, Roumains et Japonais interviennent. Avant l'armistice de Rethondes, l'Ukraine reste occupée par les troupes allemandes, qui renversent le gouvernement et privent la Russie d'approvisionnement en blé. Les troupes autrichiennes occupent Odessa, les Japonais débarquent à Vladivostok, les Turcs pénètrent dans le Caucase.
Anglais et Français arment le général tsariste Denikine, les Allemands la division cosaque de Krasnov. Clemenceau conçoit même une intervention française de grande envergure en Ukraine en utilisant des troupes prises sur l'armée d'Orient, mais l'action tourne court à cause du manque de moyen engagés et de l'hostilité de la population locale (mars – ). Le général blanc Lavr Kornilov (mort en 1918) écrit : « Même s'il faut brûler la moitié de la Russie et verser le sang de trois quarts de la population, nous le ferons si c'est nécessaire pour sauver la Russie ». L'écrivain blanc Andreïev écrit : « Là où on fusille les gens comme des chiens, règnent la paix, la prospérité et un sens très fin de la légalité ». Les pogroms antisémites que perpètrent ou laissent perpétrer les généraux blancs font plusieurs centaines de milliers de victimes et constituent les pires massacres anti-juifs jamais perpétrés avant la Shoah.
Les Britanniques emploient des armes chimiques développés pendant la guerre contre l'Allemagne et l'Empire ottoman, 50 000 « M Devices », des bombes contenant de l'adamsite, sont envoyées en Russie. L'aviation britannique les utilise le sur le village de Iemtsa dans la région de Arkhangelsk. L'effet de surprise et les morts spectaculaires (vomissements de sang) font fuir l'ennemi. Il y a d'autres bombardements de villages sous contrôle bolchevique. Les bombardements visent d'autres localités sous contrôle rouge tels que Tchounova, Vikhtova, Pocha, Tchorga, Tavoïgor et Zapolki[7].
Les déclarations incendiaires ne sont pas moins présentes dans le camp opposé. En exil, Lénine a théorisé le passage de la « guerre civile impérialiste » à la « guerre civile révolutionnaire ». La théorie bolchevique juge que la violence est un moteur de l'Histoire. Dans cette perspective, la guerre civile est inévitable, et même parfaitement souhaitable pour vaincre plus vite les forces de réaction et accélérer le changement social. Dès , à propos des détachements chargés des réquisitions forcées de céréales, Trotsky s'exclame : « Notre parti est pour la guerre civile. La guerre civile, c’est la lutte pour le pain. Vive la guerre civile ! ». En septembre 1918, le Conseil des commissaires du peuple décrète officiellement la Terreur rouge, appelant à « isoler les ennemis de classe de la République soviétique dans des camps de concentration, et de fusiller sur-le-champ tout individu impliqué dans des organisations de Gardes-Blancs, des insurrections ou des émeutes »[8]. La Tchéka voit ses effectifs gonfler. Dans la chaleur d'un discours à Petrograd, Grigori Zinoviev s'emporte en 1919 jusqu'à parler d'anéantir les dix millions de Russes hostiles à la révolution. Quant à Nikolaï Boukharine, il appelle en ces termes à la vigilance policière : « nous devons tous être des tchékistes. »
Les deux camps principaux sont donc prêts à en découdre, et exempts de toute hésitation à recourir à la violence de masse. Trois fronts principaux se constituent par divers groupes nationaux qui mettent à profit la situation pour tenter de s'émanciper :
- au sud (l'Armée des volontaires et celle des cosaques dans la région du Don, commandée par le général Dénikine) ;
- au nord-ouest (armée de Ioudénitch) ;
- en Sibérie occidentale (armée de l'amiral Koltchak, renforcée par les 40 000 hommes de la légion tchèque) à Omsk.
À ces trois fronts s'ajouteront d'autres forces blanches plus ou moins autonomes :
- en Sibérie orientale : les troupes cosaques de l'ataman Grigori Semenov appuyées par un fort contingent de « conseillers » japonais ;
- en Mongolie : la division asiatique de cavalerie du baron balte Ungern von Sternberg.
De la fondation de l’Armée rouge à la victoire des bolcheviks
Face à la conjugaison des menaces, le gouvernement soviétique, qui a déjà transféré la capitale de Pétrograd à Moscou, proclame la mobilisation générale et obligatoire. Léon Trotski prend énergiquement la direction de l'Armée rouge, fondée dès le : de près d'un million d'hommes à la fin de l'année 1918, elle en compte plus de 5 millions deux années plus tard, volontaires ou conscrits.
Sillonnant le pays à bord de son train blindé devenu vite légendaire, Trotsky va d'un front à l'autre redresser la situation militaire, organiser les troupes et galvaniser les énergies. De même que de nombreux commissaires bolcheviques en mission, il associe étroitement dans son action une propagande à destination des masses et de leur éducation révolutionnaire (la célèbre agit-prop voulue par Lénine) et la conduite des combats militaires. Il rétablit dans les rangs une discipline de fer, toute défaillance, contestation ou désertion étant implacablement châtiée.[réf. nécessaire]
Il n'hésite pas à recycler par milliers les « spécialistes bourgeois » compétents et autres anciens officiers tsaristes, tel l'ex-général en chef Alexeï Broussilov, qui appelle ses pairs à rejoindre l'Armée rouge au nom du salut de la patrie. Des commissaires politiques bolcheviques flanquent ces chefs militaires pour s'assurer de leur loyauté. Ce recours aux spécialistes de l'ancien régime suscite toutefois les méfiances et les critiques virulentes de nombreux vieux bolcheviks, à l'image de Joseph Staline, commissaire en mission à Tsarytsine à l'été 1918. Environ 30 % des officiers tsaristes auraient choisi l'Armée rouge, par intérêt, par patriotisme ou… par souci de l'ordre[9].
Dès l'été 1918, Trotsky reprend l'important nœud de Kazan. À Tsarystine sur la Volga, clé des communications au sud de la Russie, il se heurte — déjà — à Staline et Vorochilov, qu'il fait rappeler à Moscou en septembre, la ville restant aux mains des bolcheviks. Puis l'Armée rouge défait une à une les armées blanches en commençant par Nikolaï Ioudenitch qui échoue dans sa marche sur Pétrograd en , puis presque simultanément à la mi-novembre Koltchak et Denikine.
En 1920, la Pologne, mécontente de la ligne Curzon qui fixe ses limites à l'est, envahit la Russie bolchevique. La contre-attaque de l'Armée rouge conduit le général Toukhatchevski jusqu'aux portes de Varsovie. Les bolcheviks sont soulevés par un immense espoir : la prise de Varsovie ouvrirait le chemin de Berlin, et permettrait l'exportation de la révolution par les armes.
Mais une grave désobéissance de Staline met l'Armée rouge en vulnérabilité stratégique. De surcroît, les Polonais, qui viennent juste de retrouver leur indépendance après un siècle et demi d'occupation étrangère, font bloc contre un envahisseur qu'ils voient d'abord comme russe avant de le voir comme révolutionnaire. Même les masses ouvrières ou juives ne manifestent aucune intention d'aider l'Armée rouge. Le général Piłsudski, aidé de la mission militaire française de quelques centaines d'hommes à laquelle participe le jeune officier Charles de Gaulle (puis de la mission diplomatique franco-anglaise de 6 hommes dont le général Weygand), s'appuie sur ce sursaut national pour redresser la situation militaire. Le , l'armée polonaise remporte une éclatante victoire (« miracle de la Vistule ») et repousse l'Armée rouge à plus de 200 km à l'est de la ligne Curzon. Moscou doit s'incliner par traité, et reconnaître la perte d'un important territoire. Toutefois, la défaite des Blancs à l'intérieur reste aussi inéluctable qu'avant.
La période finale de la guerre fut le long siège des dernières forces blanches en Crimée. Piotr Wrangel y avait rassemblé les restes des troupes de Dénikine qui s'étaient fortifiés. Ils tinrent jusqu'à ce que les anarchistes ukrainiens et l'Armée rouge, qui avait participé à la guerre contre la Pologne, débarquent. Alors les Blancs furent débordés et leurs dernières troupes évacuées vers Constantinople en novembre 1920.
Les bolcheviks se retournèrent alors violemment contre leurs alliés de la veille, rompant l'accord passé. Fin 1920, le gouvernement a liquidé la Makhnovchtchina. Entre le printemps 1921 et fin 1922, l'Armée rouge aura aussi envahi et reconquis plusieurs Républiques momentanément indépendantes (Arménie, Géorgie, Asie centrale) qui sont réintégrées de force dans l'ex-Empire russe.
Violences d’en-bas et terreurs d’en-haut
L'Empire russe était de loin le pays d'Europe avec la plus lourde tradition de violence politique et sociale. Celle-ci était omniprésente du haut en bas de l'échelle sociale. Elle n'épargnait pas plus les tsars Romanov (l'histoire dynastique la plus sanglante d'Europe) que les victimes du servage. Les longues pratiques despotiques du knout, de la peine de mort, de l'exil aux katorga de Sibérie avaient marqué l'histoire russe, mais aussi la violence de nombreuses révoltes paysannes (bunt), le recours au terrorisme par divers révolutionnaires du XIXe siècle. Plus globalement, l'arriération du pays maintenait au quotidien des masses analphabètes et opprimées dans une grossièreté et une brutalité de mœurs régulièrement déplorées par les voyageurs ou les élites réformatrices. Enfin, la Grande Guerre de 1914-1917 et son cortège de « brutalisations » n'ont rien arrangé.
La violence de la guerre civile russe ne doit donc pas qu'au choc des « Blancs » et des « Rouges ». Selon Marc Ferro, les bolcheviks n'ont souvent fait qu'assumer ou encourager des violences sociales spontanées, afin de les récupérer ou de donner l'impression qu'ils contrôlaient la situation.
À partir de se multiplient des mesures officielles de « Terreur rouge », en réaction à l'attentat du contre Lénine. La peine de mort, abolie juste après la révolution d'octobre, est à cette occasion rétablie. Sous l'impulsion de Felix Dzerjinski, la Tcheka gonfle ses effectifs et, en dehors de toute légalité, donne la chasse aux opposants réels ou supposés, aux suspects, aux récalcitrants, ou encore aux marginaux. Elle participe à la mise hors-la-loi de l'Église orthodoxe, certes souvent rangée du côté de la réaction : environ 1 000 prêtres et 25 évêques auront péri en 1920. Au-delà, tout concourt déjà à mettre hors-la-loi quiconque ne partage pas la vision du monde bolchevique : c'est ainsi que les pacifistes tolstoïens sont pareillement éliminés par la police politique. Elle sert aussi à prélever de force le ravitaillement chez les paysans, ou à briser un nombre croissant de grèves ouvrières[10]. En , la guerre finie, l'État bolchevique organise aussi contre ses opposants vaincus le premier grand procès truqué de l'histoire soviétique : les chefs SR, amalgamés à des accusés de droit commun et à des provocateurs, sont jugés au mépris de toutes les règles du droit, et condamnés pour certains à mort[11].
Poussée par Lénine et Trotsky, la Tchéka inaugure un système de camps pour interner les suspects et les réprimer : on en compte 21 en 1919, plus de 100 en 1920, qui comptent 100 à 150 000 détenus à la fin de la guerre civile[12]. Les Blancs finlandais et russes ont également eu recours à des camps, aux conditions de vie déplorables, tout comme les Polonais de Piłsudski. Toutefois, seuls les camps bolcheviques ne disparaissent pas avec la fin du conflit, le système concentrationnaire devenant permanent, bien que sa population connaisse une diminution sensible dans la première moitié des années 1920[13]. La question de savoir si c'est bien en eux que se trouvent les origines du Goulag de l'ère stalinienne reste très discutée.
Trotsky, qui a rétabli une discipline de fer dans l'Armée rouge, est aussi le , et surtout les et à l'origine de la « loi des otages » : les enfants et épouses d'officiers tsaristes transformés par l'Armée rouge sont arrêtés et détenus pour s'assurer de la loyauté de l'homme — première introduction de la notion de responsabilité collective dans les pratiques soviétiques.
Début , l'armée de Koltchak s'approche dangereusement de Iekaterinbourg, où sont enfermés Nicolas II et sa famille. Le Comité central du parti bolchevique, alors favorable à un procès public du dernier des Romanov, envoie à Iekaterinbourg Golechtchekine, « un bolchevique parfaitement sûr »[14], pour ramener Nicolas II et sa famille à Moscou et organiser le procès. Le , les officiers de l'Armée rouge préviennent que la chute de la ville n'est plus qu'une question de jours. Lénine et une partie du Bureau politique décident alors secrètement d'exécuter le tsar sans procès. Celui-ci est assassiné avec sa femme et ses enfants dans la nuit du 17 au , à Iekaterinbourg, une semaine avant que celle-ci ne tombe aux mains des Blancs. Depuis 1990 Marc Ferro conteste le massacre de toute la famille (qui s'il était avéré anticiperait de cinq à huit mois les lois des otages) et n'en reconnaît que l'exécution du tsar, telle qu'elle sera annoncée à Ekaterinbourg, la femme, les quatre filles et peut-être le fils unique devant être transportés à Perm sur exigence allemande. La population locale accueillera la mort de l'empereur avec assez d'indifférence[15]. Mais Quatre Grands-Ducs Romanov (quinquagénaires comme le tsar) détenus depuis à Petrograd sont en quelque sorte fin , sur demande de Zinoviev (qui en 1920 clame l'exécution de Nicolas II et dément le massacre de sa famille), victimes de la premiere loi des otages. Ils sont fusillés en représailles aux assassinats le à Berlin de Rosa Luxembourg et Karl Liebnecht [16].
La lutte la plus dure oppose surtout les bolcheviks — tout comme les Blancs — à des campagnes qui refusent souvent la conscription et les livraisons de céréales obligatoires (la ruine de l'industrie ayant depuis 1915-1916 privé les villes de biens de production à offrir en échange aux campagnes). Les réquisitions forcées sont accomplies au prix d'exactions indescriptibles, qui révoltent la paysannerie. Des « armées vertes » formées de réfractaires à l'enrôlement se forment dans les forêts et les campagnes, et se battent tour à tour ou simultanément contre les deux armées. Les campagnes cherchent ainsi à maintenir leur autonomie face à un pouvoir urbain traditionnellement mal accepté[17].
L'écrasement de centaines de révoltes campagnardes locales culmine à l'été 1921 lorsque Toukhatchevski réprime la vaste révolte des paysans de la région de Tambov.
La radicalisation des deux camps a fait disparaître toute voie intermédiaire. En effet, l'aile extrême, réactionnaire et tsariste a vite pris le contrôle de l'ensemble de l'opposition aux bolcheviks. En , à Samara, un comité formé d'ex-Constituants (Komuch), avait proposé un programme réformiste et démocratique. De même, à Oufa, en septembre, un front anti-bolchevik unifié avait formé un gouvernement provisoire et un directoire siégeant à Omsk. Mais l'extrême-droite a vite le dessus sur eux : Koltchak renverse ce directoire dès , et prend le titre de « régent suprême de Russie »[18].
Massacres et tortures sont monnaie courante dans l'un et l'autre camp. Dès la révolution d'octobre, les Blancs supplicient et abattent les Bolcheviks faits prisonniers. Ils perpètrent ou laissent leurs troupes perpétrer une série de pogroms antisémites extrêmement meurtriers (400 000 morts ?). Ils s'aliènent vite les populations locales en refusant toute concession aux minorités nationales, auxquelles ils n'ont rien à offrir que le retour au nationalisme grand-russe traditionnel. Ils dépossèdent aussi violemment les paysans, inquiets d'un retour probable des grands propriétaires dans les fourgons des armées blanches. Dans l'autre camp, la terreur rouge se met en place fin août-début septembre 1918, après les attentats du 30 août contre Lénine et Moises Ouritski (le second mortel).
Victoire et crise du « communisme de guerre »
Bien que les bolcheviks ne contrôlent plus à l'été 1918 qu'un territoire encerclé et réduit en gros à l'ancien grand-duché de Moscovie, ils ont l'avantage de former un bloc territorial cohérent, très bien pourvu en routes et en voies ferrées stratégiques, face à des armées blanches dispersées et qui ne seront jamais capables de coordonner leurs offensives. Ils restent toujours maîtres des deux capitales.
Ils ont aussi bénéficié de nombreuses sympathies dans les classes populaires et les forces de gauche d'Occident : ainsi la révolte de la flotte française de la mer Noire conduite entre autres par André Marty et Charles Tillon () a joué un rôle important dans l'abandon de l'intervention française.
D'autre part, les masses ont laissé gagner les bolcheviks, en dépit de nombreux heurts. Si les bolcheviks réquisitionnaient les grains, les Blancs eux voulaient rendre la terre aux grands propriétaires. À tout prendre, la paysannerie a donc préféré la victoire des « Rouges ».
La guerre civile a accéléré considérablement le processus révolutionnaire par l'introduction d'un « communisme de guerre » particulièrement radical. Le Parti s'est militarisé tout en augmentant notablement ses effectifs. Dès 1918, les nationalisations ont touché jusqu'aux magasins et aux boutiques de coiffure. En , un décret confirme la nationalisation de toutes les usines de plus de 5 ouvriers (si elles ont un moteur) et de plus de 10 ouvriers sinon. On a aussi nationalisé tous les théâtres, l'industrie du cinéma, celle de la photographie. L'État instaure le monopole du commerce intérieur et extérieur, et prend en main la quasi-totalité des services. Beaucoup de bolcheviks rêvent même de profiter de ces mesures imposées par la guerre totale pour passer directement à l'édification de la société communiste : c'est ainsi que l'État assure désormais gratuitement à tous les services publics, le logement, l'électricité, et jusqu'aux bains publics, et que certains réfléchissent même à l'abolition de l'argent, du moins à une limitation drastique de son usage[19]. L'efficacité économique n'a pas du tout suivi, surtout dans les conditions désastreuses du temps.
Une discipline de fer a été rétablie sur les ouvriers. L'étatisation généralisée a signifié la fin du contrôle ouvrier proclamé en , et qui avait été une revendication principale de la classe ouvrière. Le salaire aux pièces honni de tous a été réinstauré dès le . À l'instauration du « samedi communiste » travaillé « volontairement » s'ajoutent le rétablissement du livret ouvrier, l'interdiction et la répression brutale des grèves, la déportation des meneurs emprisonnés, le recours aux lock-out, la militarisation du travail, l'instauration d'un travail obligatoire[18].
Un certain nombre de réformes ont également été introduites dès 1918 : par exemple passage au calendrier grégorien, ou séparation de l'Église et de l'État (suivie cependant par des années de violence antireligieuse et la création d'une « Église vivante » contrôlée par le pouvoir)[20]. Dès les lendemains d', les bolcheviks n'ont pas hésité non plus à mettre sous séquestre les avoirs privés détenus dans les coffres-forts des banques, ou à collectiviser les vastes appartements bourgeois ou nobles, dont les anciens propriétaires sont souvent expulsés voire réduits à la rue. Les célèbres appartements communautaires sont nés, ils vont marquer la vie quotidienne des Soviétiques jusqu'à la fin de l'URSS et au-delà.
Par ailleurs, des trains de propagande ont sillonné tout le pays pour assurer l'éducation révolutionnaire des masses, également offerte aux innombrables conscrits et volontaires de l'Armée rouge. Un ambitieux programme de lutte contre l'analphabétisme a été mis en place par Lénine bien avant la fin des combats, ainsi que de développement de la culture physique et sportive, de lutte contre l'alcoolisme et l'antisémitisme… Les Komsomol ont été fondées dès pour convertir la jeunesse soviétique. De nombreux artistes et intellectuels même non-bolcheviks ont rallié la révolution d'Octobre, tels Vladimir Maïakovski, Alexandre Blok, Sergueï Essénine, ou encore Marc Chagall devenu commissaire à la Culture à Vitebsk. Dans le prolongement de « l'âge d'argent » ouvert vers 1900, la littérature et les arts modernes connaissent sous la guerre civile une vraie floraison (notamment dans l'affiche et les arts picturaux, essentiels dans une société massivement illettrée), brillante en dépit de l'extrême dureté des temps. La révolution d'Octobre a donc aussi une dimension de révolution culturelle.
Début 1921, la révolution est donc sauvée, mais à un prix terrifiant. Le pays est territorialement amoindri, diplomatiquement isolé, et cerné par un « cordon sanitaire » de petits États hostiles au bolchevisme comme à la puissance russe.
Moscou et Pétrograd ont perdu la moitié de leur population, partie à la campagne devant la faillite du ravitaillement urbain. La famine de 1920-1921 fait elle-même plusieurs millions de morts parmi des paysans déjà très éprouvés par la guerre et par la violence des collectes forcées. L'épidémie très meurtrière de typhus ajoute au drame. On assiste à des cas de cannibalisme[21]. Des bandes d'orphelins errants, les bespryzorniki, vont sillonner les routes de Russie pendant des années.
La gestion de la crise par Lénine suscitera de lourdes controverses. Il fait expulser le comité international de secours aux victimes[réf. nécessaire], et profite de la famine pour nationaliser les biens de l'Église orthodoxe, sans même que ceux-ci profitent aux affamés[réf. nécessaire]. Certains historiens accuseront Lénine d'avoir utilisé la famine pour soumettre les régions récalcitrantes (méthode utilisée par Staline en Ukraine lors de l'Holodomor)[22].
La production industrielle s'est effondrée[23]. Le réseau de transports est disloqué. Le marché noir est florissant[24]. La monnaie qui ne vaut plus rien a disparu et on assiste au retour du troc[25].
La classe ouvrière s'est décomposée, car beaucoup de travailleurs d'usine sont entrés dans l'Armée rouge, ou bien dans la bureaucratie du Parti et de la Tchéka. De nombreux autres encore sont chassés des villes par la faim, et retournent à la campagne[26]. Lorsqu'au Xe congrès du Parti en , Lénine déplore à la tribune la disparition de la classe ouvrière en Russie, Alexandre Chliapnikov, un des très rares dirigeants ayant une expérience du travail en usine, le félicite ironiquement « d'exercer le pouvoir au nom d'une classe qui n'existe pas »…
Le Parti a reconstruit un État, pour la première fois depuis la désagrégation du tsarisme qui avait même précédé . Il a aussi éliminé toutes les oppositions, mis sur pied un État policier redoutable, supprimé ou réprimé les institutions indépendantes, telles les Églises. Il a aussi pris le contrôle des soviets, rapidement réduits à des coquilles vides bureaucratisées et privées de pouvoir réel. Les comités d'usine ou de quartier qui proliféraient depuis 1914 et surtout 1917 ont été « phagocytés » par le Parti[27]. Quant aux syndicats, peu bolchevisés en 1917 mais transformés en courroie de transmission pendant la guerre civile, Trotsky propose fin 1920 leur « militarisation », suscitant de vives polémiques au sein du Parti.
La fin de tout pluralisme est mal ressentie jusque par certains acteurs de la révolution d'Octobre, de même que le fossé se creuse entre une bonne part de la population et les dirigeants ou les nouveaux bureaucrates, jugés comme de nouveaux privilégiés.
La révolte de Kronstadt et la NEP (mars 1921)
En mars 1921, les marins de Kronstadt, célébrés jusque-là comme les « héros et gloire de la révolution » (Trotsky) se révoltent au cri de « Vive les soviets, à bas les bolcheviks ! » ou de « Vive les soviets sans les communistes ! ». Beaucoup des marins sont d'origine paysanne, et informés par leurs familles des exactions bolcheviques dans les campagnes ; leur révolte est aussi contemporaine d'une vague de grèves ouvrières à Pétrograd. Leur programme exige des élections libres, une constituante, le retour des libertés fondamentales, la fin de la police politique, le retour au marché libre.
L’Armée rouge conduite par Trotsky et Mikhaïl Toukhatchevski finit par prendre d'assaut l'île de Kronstadt en passant à pied la mer gelée. Une répression implacable s'abat sur les révoltés, certains revenus contre promesse de vie sauve sont fusillés après avoir dû creuser leurs tombes. D'autres s'enfuient pour être internés en Finlande dans des conditions déplorables.
La répression policière s'abat aussi à Pétrograd sur des dizaines de personnes sans lien entre elles et accusées de complicité avec l'insurrection, ainsi le poète Nicolas Goumilov, premier mari d'Anna Akhmatova, qui est fusillé et rayé de la mémoire officielle. Parallèlement, des milliers de mencheviks sont arrêtés et leur presse supprimée : ils avaient subsisté jusque-là en se cantonnant à une opposition légale au pouvoir, et en conservant une audience non négligeable dans les syndicats et les masses. Simultanément, le Xe congrès du Parti instaure aussi le centralisme démocratique, qui supprime le droit de tendance. L'Opposition ouvrière d'Alexandra Kollontaï et Alexandre Chliapnikov, qui critiquait les méthodes du « communisme de guerre », est ainsi défaite et obligée de s'incliner.
La dernière grande révolte politique du cycle révolutionnaire ouvert en s'achève donc sur un échec, laissant intact le monopole bolchevique du pouvoir. Mais le choc de l'insurrection a convaincu Lénine d'abandonner définitivement le « communisme de guerre » au profit d'un « retour limité au capitalisme limité » : le Xe congrès, tenu au même moment que l'insurrection, instaure aussi la Nouvelle politique économique (NEP).
Notes et références
- Scientia Militaria, South African Journal of Military Studies, Vol 15, Nr 4, 1985, pp. 46-48, consulté le 12 août 2018.
- Selon Nicolas Werth, dans « Que reste-t-il de la révolution d'Octobre ? », table ronde avec Marc Ferro et Serge Wolikow, l'Humanité, 7 novembre 2007 : « Ce qui s'écroule en 1917, c'est aussi l'État. Et la première chose que vont faire les bolcheviks, c'est de le reconstruire. Avec toute une série de piliers fondamentaux : la mise en place d'une armée plus efficace que les autres, d'appareils de répression, avec de très forts pouvoirs, et puis la capacité extraordinaire de bricoler un appareil d'État, avec à la fois des ralliés monarchistes qui y voient la fin du chaos des jacqueries paysannes et toute une gamme de nouveaux venus qui étaient dans les comités sans être nécessairement bolcheviks et qui vont y trouver une place. »
- Peter Holquist parle d'ailleurs des guerres civiles (au pluriel), car : « Le terme généralement utilisé de « guerre civile russe » recouvre en réalité toute une série de conflits nationaux et de guerres civiles imbriqués les uns dans les autres. » Peter Holquist, « La question de la violence », dans Le Siècle des communismes, Éditions de l'Atelier, 2000, p. 188.
- Marc Ferro, « Nazisme et communisme : les limites d'une comparaison », Nazisme et communisme. Deux régimes dans le siècle, Hachette, coll. « Pluriel », Paris, 1999, p. 16.
- Serge Wolikow, dans « Que reste-t-il de la révolution d'Octobre ? », loc. cit.
- Nicolas Werth, Histoire de l'Union soviétique, Paris, 2008, PUF, collection « Thémis », p. 139.
- (en) Giles Milton, « Winston Churchill's shocking use of chemical weapons », The Guardian, (ISSN 0261-3077).
- Nicolas Werth, Crimes et violences de masse des guerres civiles russes, Online Encyclopedia of Mass Violence / Sciences-Po Paris, 2008.
- 1917, documentaire d'Arte, 7 novembre 2007.
- Nicolas Werth, « Un État contre son peuple », dans Le Livre noir du communisme, Robert Laffont, 1997.
- Jacques Baynac, La Terreur sous Lénine (1917-1924), Sagittaire, 1975, réédition Poche, 2003.
- Anne Applebaum, Goulag. Une histoire, Grasset, 2003.
- Les camps compteront 25 000 détenus en janvier 1923, pour des effectifs pénitentiaires d'environ 70 000 individus. Jean-Jacques Marie, Le Goulag, PUF, coll. « Que sais-je », p. 33.
- Arno J. Mayer, Les furies, p. 237.
- Marc Ferro, Nicolas II, Payot, Paris, 1990 "une mort enigmatique" p. 287-347 (p. 290-291 pour l'annonce de la mort unique du tsar à Ekaterinbourg) ; La vérité sur la tragédie des Romanov, la tsarine et les grandes duchesses ont survécu, Paris, Tallandier 2012 : Romanov, la contre enquête documentaire chaîne Histoire 26 décembre 2018
- Edvard Radzynsky, Nicolas II, le dernier tsar Paris 1992
- Nicolas Werth, op. cit.
- Alessandro Mongili, Staline et le stalinisme, Casterman, 1995.
- Nicolas Werth, Histoire de l'Union soviétique de 1917 à 1953, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1998, p. 17.
- Jean-Louis van Regemorter, La Russie et l'ex-URSS de 1914 à nos jours, Armand Colin, 1996.
- Alexandre Soljénitsyne (trad. Melle J. Lafond et MM. J. Johannet, R. Marichal, S. Oswald et N. Struve), L'Archipel du Goulag : 1918 - 1956 première et deuxième parties, t. I (essai d'investigation littéraire), Paris, Éditions du Seuil, , 3429e éd., 446 p. (ISBN 978-2-02-002118-0), I - L'industrie pénitentiaire, chap. 7 (« La chambre des machines »), p. 247
« Et pourtant, quelle famine ce fut : jusqu'au cannibalisme, les parents mangeant leurs propres enfants »
- N. Werth, J-L Panné, A. Paczkowski, K. Bartošek, J-L Margolin, Stéphane Courtois (dir.), Le livre noir du communisme : Crimes, terreur, répression, Paris, Robert Laffont, , 846 p. (ISBN 2-221-08204-4)
- Selon Léon Trotski, la production industrielle de 1921 représente moins d’un cinquième de celle d’avant guerre, la production d’acier chute de 4 200 000 à 180 000 tonnes. Selon Nicolas Werth (Histoire de l'Union Soviétique. De Lénine à Staline, PUF, coll. « Que Sais-je ? », Paris, 1998, p. 24), elle est tombée à 12 % du niveau d'avant-guerre.
- Selon Nicolas Werth, ibidem, la moitié du ravitaillement urbain en 1919-1920 est assuré par les « porteurs de sac », ces citadins qui vont à la campagne échanger leurs biens contre des farines.
- Selon A. Mongili, op. cit., le rouble a perdu 200 000 fois sa valeur[pas clair] entre 1913 et 1922 !
- Nicolas Werth, op. cit., estime qu'il reste à peine 1 million d'ouvriers en 1921. Moscou a perdu la moitié de ses effectifs ouvriers, Petrograd les deux tiers.
- Selon l'expression de Nicolas Werth, dans « Que reste-t-il de la révolution d'Octobre ? », loc. cit. Voir aussi Marc Ferro, Des soviets au communisme bureaucratique, Hachette Pluriel, 1997.
Annexes
Bibliographie
- Mgr Basile Krivocheïne, « Mémoire des deux Mondes » Éditions du Cerf, témoignage exceptionnel des premiers jours de la révolution de ; Année 1919 : passer des « Rouges » aux « Blancs » – entretien avec Pierre Gonneau.
- Edward Hallett Carr, La Révolution bolchevique, 1917-1923, 3 vol., Paris, Minuit, 1969-1974.
- (en) Peter Kenez, Civil War in South Russia, 1918: The First Year of the Volunteer Army, Berkeley, University of California Press, 1971.
- (en) Peter Kenez, Civil War in South Russia, 1919-1920: The Defeat of the Whites, Berkeley, University of California Press, 1977.
- (en) Diane P. Koenker, William G. Rosenberg, Ronald Grigor Suny (dir.), Party, State, and Society in the Russian Civil War: Explorations in Social History, University of Indiana Press, 1989.
- Nestor Makhno, Mémoires et écrits, éditions Ivrea, 2009 (ISBN 978-2-85184-286-2).
- Jean-Jacques Marie, La Guerre civile russe 1917-1922, coll. « Mémoires », 2005.
- Jean-Jacques Marie, La guerre des Russes blancs, 1917-1920, Tallandier, , 524 p.
- Arno Mayer, Les Furies : Violence, vengeance, terreur aux temps de la Révolution française et de la Révolution russe, Éditions Fayard, 2002.
- Dominique Venner, Les blancs et les rouges : histoire de la guerre civile russe (1917-1921), Broché, 1997.
- Nicolas Werth, « Un État contre son peuple », dans Le Livre noir du communisme, Paris, Robert Laffont, 1997.
- Alexandre Jevakhoff, La guerre civile russe, Perrin, 2017, 687 pages.
- Guy Konopnicki, Nestor Makhno, un anarchiste d'Ukraine contre les blancs et les rouges, Marianne, , [lire en ligne].
Articles connexes
- Révolution russe
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