République de Chine (1912-1949)

La république de Chine (chinois : 中華民國, pinyin : Zhōnghuá Mínguó) est l'appellation du régime qui a dirigé la Chine à partir de 1912[1] après la chute du régime impérial (qui dirigeait le pays depuis ) succédant ainsi à la dynastie Qing qui régnait sur l'Empire depuis 1644.

Pour le régime de la république de Chine après 1949, voir République de Chine (Taïwan).

République de Chine
中華民國
Zhōnghuá Mínguó

1912–1915
1916  1949
(Réduit à Taïwan depuis 1949)


Drapeaux de la république de Chine

Armoiries de la république de Chine
Hymne San Min Chu-i
Informations générales
Statut République
(à diverses périodes : dictature militaire ; à partir de 1928, parti unique)
Capitale Pékin, puis Nankin
(pendant la guerre, Chongqing)
Langue(s) Mandarin standard
Monnaie Yuan (d) et yuan (en)
Histoire et événements
1911-1912 Révolution Xinhai
1915-1916 Tentative de restauration impériale
1926-1928 Expédition du Nord
1927-1949 Guerre civile chinoise
1937-1945 Guerre sino-japonaise
Président
1912 Sun Yat-sen
1912-1916 Yuan Shikai
1922-1923 Li Yuanhong
1928-1931 Tchang Kaï-chek
1931-1943 Lin Sen
Li Zongren
1943-1949 Tchang Kaï-chek
Chef du gouvernement
1930, 1945-1947 Song Ziwen
1930-1931, 1935-1938, 1939-1948 Tchang Kaï-chek
1932-1935 Wang Jingwei
1949 He Yingqin

Ce nouveau régime fut le gouvernement de la Chine jusqu'en 1949, date à laquelle le gouvernement en proie à la guerre civile menée par les communistes se replia dans la province insulaire de Taïwan, où il continue d'appliquer la constitution de 1947 : malgré la coupure factuelle que représente le départ de son gouvernement pour Taïwan et la perte du reste du territoire chinois, aucune césure institutionnelle entre les deux périodes n'est reconnue par la Chine nationaliste (gouvernement de Taïwan, par opposition à la Chine communiste sur le continent).

Histoire

Le drapeau à cinq couleurs, drapeau national de la république de Chine, de 1912 à 1928, arborant les couleurs des « cinq races sous une union » (Hans, Mandchous, Mongols, Huis et Tibétains). Après 1935, ce drapeau fut utilisé par plusieurs gouvernements collaborateurs chinois mis en place par les Japonais.

Ce régime est l'héritier des mouvements réformateurs puis révolutionnaires-républicains chinois, incarnés par Sun Yat-sen. La révolution chinoise de 1911 renverse l'Empire, la République étant proclamée le , et confirmée par l'abdication de Puyi. Sun Yat-sen ne sera président que pour un an, et Song Jiaoren, un autre membre du Kuomintang, mouvement révolutionnaire de Sun Yat-sen, sera élu président.

Mais la nouvelle République sombre dans l'instabilité politique dès ses premières années : les révolutionnaires ont dû céder la présidence de la République à Yuan Shikai, en 1913, chef de l'armée, en échange de son soutien. Le gouvernement est de facto sous le contrôle des militaires de l'armée de Beiyang, d'où son surnom de gouvernement de Beiyang. Yuan Shikai réalise un coup d'État en 1913 et tente de rétablir l'empire à son profit ce qui déclenche la guerre de protection de la nation. Son échec, rapidement suivi de son décès, laisse la Chine sans gouvernement central fort.

Carte des évènements en Chine au début de la République chinoise de 1911 à 1916.

La Chine connaît une période de confusion et de conflits internes dus aux seigneurs de la guerre, le pays étant la proie de factions militaires rivales qui se disputent le pouvoir. Sun Yat-sen, chef du Kuomintang, établit un gouvernement militaire à Canton dans le but de rétablir l'ordre en Chine, mais n'obtient pas de reconnaissance internationale, étant uniquement soutenu par l'Union soviétique. Sun Yat-sen se fera écarter entre 1919 et 1921 par Cen Chunxuan, ex-vice-roi du Liangguang (actuel Guangdong et Guangxi).

Carte des seigneurs de la guerre en 1925.

En 1926, après la mort de Sun Yat-sen, le pouvoir revient de fait à Tchang Kaï-chek, commandant de l'Armée nationale révolutionnaire, qui établit son autorité sur le Kuomintang, évinçant notamment Wang Jingwei qui avait fait figure de successeur de Sun Yat-sen. Il lance l'expédition du Nord, qui lui permet de soumettre les seigneurs de la guerre et de revendiquer la souveraineté sur l'ensemble de la Chine. Mais entre-temps, le Kuomintang a rompu avec ses alliés du Parti communiste chinois : la guerre civile entre communistes et nationalistes débute dès 1927. Les communistes contrôlent en Chine certains territoires, que les nationalistes réduisent militairement au fil des années. Le régime prend à partir de 1928 l'aspect d'une dictature militaire dominée par Tchang Kaï-chek qui demeure chef de l'armée, y compris dans les périodes où il n'est pas officiellement chef de l'État ou du gouvernement ; le Kuomintang est parti unique et les institutions sont encadrées par une constitution provisoire. Puisque l'URSS était un État communiste et qu'il ne soutenait plus le Kuomintang, le gouvernement nationaliste provincialise la Mongolie.

Le pays est parallèlement en butte à la politique expansionniste du Japon : en 1931, l'Empire du Japon envahit et annexe la Mandchourie. En 1937, il envahit la partie orientale du pays, ouvrant la voie à huit ans de guerre. Une trêve avec les communistes est conclue, pour combattre ensemble l'envahisseur. Un gouvernement collaborateur dirigé par Wang Jingwei avec le soutien des Japonais revendique à partir de 1940 le nom de république de Chine. Avec l'extension en Asie de la Seconde Guerre mondiale, le régime de Tchang Kaï-chek entre dans le camp des Alliés.

La guerre civile avec les communistes reprend peu après la fin du conflit contre les Japonais. Le régime nationaliste tente de stabiliser ses institutions en adoptant une nouvelle constitution en 1947, mais les troupes communistes de Mao Zedong prennent l'avantage et repoussent bientôt celles du Kuomintang dans l'ensemble du pays. Mao proclame la république populaire de Chine le  ; en , la classe politique et le reste de l'armée de la république de Chine, accompagnés d'un exode de population, s'exilent « provisoirement » sur l'île de Taïwan, reprise aux Japonais en 1945, où le gouvernement nationaliste se maintient jusqu'à nos jours.

Étant officiellement la continuation directe de la Première République, il continue de réclamer la pleine souveraineté sur l'ensemble du territoire chinois, mais ne parvient pas à en retrouver le contrôle. Le régime taïwanais s'ouvre progressivement à la démocratie et accède à la prospérité économique, mais le statut de Taïwan demeure un problème géopolitique important.

L'organisation de la République

Le pouvoir était divisé en trois pouvoirs, où la population devait normalement contrôler selon les prévisions de Sun Yat-Sen, mais à cause de l'hyperinflation et de la corruption, n'existait plus. Aussi, durant les dictatures, les trois pouvoirs appartenaient à une élite du Kuomintang :

  • pouvoir législatif, contrôlé par le Kuomintang ;
  • pouvoir exécutif, n'existant pas durant l'époque des Seigneurs de guerre ;
  • pouvoir judiciaire, étant corrompu.

Cela a pu contribuer à la chute de la République, en 1949.

Armée

La république de Chine a développé, avec l'aide de l'URSS puis des États-Unis, une armée, l'Armée nationale révolutionnaire du Kuomintang, une force d'environ 4 millions d'hommes. Elle a permis de rétablir l'autorité de la république dans l'Ouest face aux insurgés musulmans et de défendre l'indépendance du pays à l'Est face aux Japonais.

Démographie

En héritant officiellement de l'empire Qing, la République était chargée d'environ 600 millions d'hommes dans la deuxième décennie du XXe siècle. Mais les conflits internes (les seigneurs de guerre) et externes (guerre sino-japonaise) limitent le contrôle réel du territoire, et déciment les populations (batailles, famines dues à la guerre).

Lorsque les Japonais capitulent, en 1945, la République alors contrôlée par le Kuomintang était encore rongée par les divisions internes. Le gouvernement officiel est défait en 1949 par le Parti communiste chinois et s'est exilé sur l'île de Taïwan. En 2005, l'île compte environ 23 millions d'habitants sous la responsabilité de la république de Chine.

Territoire

En héritant officiellement de l'empire Qing dépecé par les pays étrangers (Royaume-Uni, France, États-Unis, Japon, Russie, Allemagne) qui y ont des zones d'influence et des concessions extraterritoriales, la Chine a abandonné de nombreux comptoirs, de nombreux « vassaux » (Corée, Viêt Nam), la côte nord-est de l'embouchure du fleuve Amour (Heilongjian) à Vladivostok cédée à la Russie en 1858, et les îles du Pacifique telles Taïwan et les Pescadores cédées au Japon en 1895. La République est donc purement continentale, ou quasiment.

Les conflits internes contre les « seigneurs de la guerre », la création du Mandchoukouo en Mandchourie par le Japon en 1931, puis les conquêtes japonaises de la guerre sino-japonaise de 1937 à 1945 réduisent à chaque fois le territoire républicain. En 1945, la défaite japonaise permet de recouvrer de nombreux territoires au Nord et sur le littoral. La République libère Taïwan au nom de l'ONU, et y gagne de nombreuses petites îles.

Mais les communistes ont créé de nombreuses zones autonomes, qui finalement refoulent le Kuomintang et la République hors du continent. Les îles de Taïwan, de Hainan, et toute la série des îles du Pacifique sont bientôt le seul territoire sous contrôle de la république de Chine.

Lorsque Hainan tombe, abandonnée car indéfendable, seules restent sous la République :

Depuis lors, Taïwan fait face à la volonté de la république populaire de Chine d'annexer son territoire.

Cartes de la Chine de 1911 à 1950

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Marie-Claire Bergère, Lucien Bianco et Jürgen Domes, La Chine au XXe siècle : d'une révolution à l'autre (1895-1949), Paris, Fayard, , 441 p. (ISBN 2-213-02363-8).
  • Lucien Bianco, Les Origines de la révolution chinoise : 1915-1949, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », , 525 p. (ISBN 978-2-07-030642-8).
  • John King Fairbank et Merle Goldman (trad. de l'anglais par Simon Duran), Histoire de la Chine : des origines à nos jours, Paris, Taillandier, coll. « Texto », , 750 p. (ISBN 979-10-210-0110-7).
  • Hartmut O. Rotermund, Alain Delissen, François Gipouloux, Claude Markovits et Nguyên Thê Anh, L'Asie orientale et méridionale aux XIXe et XXe siècles : Chine, Corée, Japon, Asie du Sud-Est, Inde, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », (ISBN 978-2-13-049978-7).
  • Alain Roux, La Chine contemporaine, Paris, Armand Colin, coll. « Cursus Histoire », , 263 p. (ISBN 978-2-200-60117-1).
  • (en) Peter Zarrow, China in War and Revolution, 1895–1949, Londres et New York, Routledge, , 411 p. (ISBN 0-415-36448-5).
  • Xavier Paulès, La République de Chine. Histoire générale de la Chine, 1912-1949, Les Belles Lettres, .

Articles connexes

Liens externes

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