Concessions étrangères en Chine
Les concessions étrangères en Chine sont des zones situées à l'intérieur de villes chinoises qui sont placées sous administration étrangère aux XIXe et XXe siècles. Les concessions étrangères ne sont pas des colonies (comme le furent Macao et Hong Kong) et demeurent sous souveraineté chinoise. Règle générale, la concession est administrée par un conseil municipal surveillé par le consul général de la puissance étrangère qui s'est vu octroyer la concession.
Pour les articles homonymes, voir concession.
Le régime des concessions en Chine a été réglementé par le traité de Nankin du , le traité de la rivière Bogue, le , celui de Tien-Tsin () et divers traités bilatéraux avec les pays concernés. Ces traités sont appelés traités inégaux par les Chinois, car souvent signés sous la contrainte et offrant des avantages disproportionnés aux étrangers.
La guerre sino-japonaise (1937-1945) amena les troupes nippones à occuper les concessions étrangères dès 1941 et mettre fin à leur existence de facto en 1943. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, des accords bilatéraux entérinent la disparition de jure des concessions étrangères en Chine. L'arrivée des communistes au pouvoir en 1949 force les Européens à évacuer leurs derniers ressortissants qui y résidaient encore.
Inventaire des concessions étrangères en Chine
Un article sur le statut juridique des concessions publié en 1937 précise que le gouvernement chinois a octroyé quelque 23 concessions à 8 puissances étrangères dans 10 villes portuaires, et qu'au moment de la rédaction de l'article, seulement quatre pays possédaient encore des concessions en Chine : la Grande-Bretagne (deux: Canton et Tientsin) ; le Japon (trois: Hanchow, Hankéou (Wuhan), Tientsin) ; la France (quatre : Canton, Hankéou, Shanghai, Tientsin) et l'Italie (une : Tientsin). Treize concessions avaient cessé d'exister, la Grande-Bretagne en ayant rétrocédé quatre en 1929 et 1930 (Amoy, Hankéou, Kiukiang, Chinkiang), et la Belgique ayant rétrocédé son unique concession, à Tientsin, en 1930. Dans la foulée de la Première Guerre mondiale et de la Révolution russe, l'Allemagne avait renoncé à ses concessions à Tientsin et à Hankéou, l'Autriche à la concession austro-hongroise à Tientsin, et la Russie à ses concessions à Tientsin et à Hankéou. L'auteur indique qu'à des dates imprécises, le Japon aurait abandonné trois de ses concessions, à Amoy, à Shashih (Jingzhou) et Chungking, qu'il considérait de peu de valeur. Par ailleurs, le gouvernement chinois avait également accordé à la Grande-Bretagne, au Japon et aux États-Unis le droit d'établir des concessions dans certaines villes portuaires, mais ce droit ne fut jamais exercé par les pays concernés. Il existait, outre les concessions nationales, deux concessions internationales, à Shanghai et à Kulangsu (Gulangyu)[1].
Concessions internationales[2]
- Shanghai — 1845 : délimitation de la concession britannique ; 1854 : constituée en concession internationale (International Settlement) ; 1863 et 1899 : agrandissements de la concession
- Kulangsu (Amoy) — 1843 : développement graduel d’une concession étrangère ; 1860 : droit accordé à la Grande-Bretagne et au Japon d’y établir chacun une concession ; 1903 : établissement officiel d'une concession internationale à Kulangsu
Concessions nationales [2]
Grande-Bretagne
- Canton (Shamian) — 1859 ; 1941: occupée par les Japonais
- Shanghai — 1846 ; 1863 : fusion avec la concession internationale en 1863
- Tientsin — 1860 ; 1897 et 1900-1902 : agrandissements ; 1941 : occupée par les Japonais
- Hankéou — 1861 ; 1896 : agrandissement ; 1929 : rétrocédée à la Chine
- Kiukiang — 1861 ; 1929 : rétrocédée à la Chine
- Chinkiang — 1861 ; 1861, 1898 et 1915 : agrandissements ; 1929 : rétrocédée à la Chine
- Amoy — 1861 : droit d’y établir une concession ; 1930 : renonciation à ce droit
France
- Shanghai — 1849 ; 1861, 1898 et 1915 : agrandissements ; 1943 : occupée par les Japonais
- Tientsin — 1861 ; 1902 : agrandissements
- Hankou — 1861 : droit d'y établir une concession accordé mais non exercé ; 1896 : droit accordé à nouveau et exercé ; 1943 : occupée par les Japonais
- Canton (Shamian) — 1859 ; 1943 : occupée par les Japonais
Les concessions françaises ont d’abord été rétrocédées en 1943, par le Régime de Vichy au Gouvernement national réorganisé de la république de Chine (ces deux gouvernements collaborant avec les occupants). Par un traité signé le 28 février 1946 avec la république de Chine, la France reconnait la fin du régime des concessions et de ses privilèges d'extraterritorialité[3],[4].
Japon
- Tientsin — 1896 ; 1900-1902 : agrandissements ; 1945 : occupée par la Chine
- Hankéou — 1896 ; 1945 : occupée par la Chine
- Amoy — 1896 : droit d’y établir une concession (non exercé)
- Shanghai — 1896 : droit d’y établir une concession (non exercé)
- Hanchow — 1896 ; 1935 : prolongation de 30 ans : 1945 : occupée par la Chine
- Shashih — 1896 (abandonnée à une date incertaine)
- Yochow — 1898 (abandonnée à une date incertaine)
- Samsha — 1898 : droit d’y établir une concession (non exercé)
- Fouchéou — 1896-1898 : droit d’y établir une concession (non exercé)
- Tchounking — 1896 : droit d’y établir une concession (peut-être abandonnée à une date incertaine)
- Soochow — 1896 : droit d’y établir une concession (peut-être abandonnée à une date incertaine)
Belgique
- Tientsin — 1902 ; 1929-1931 : rétrocédée à la Chine
Italie
- Tientsin — 1901
Allemagne
- Tientsin — 1895 ; 1901 : agrandissement ; : saisie par la Chine au moment de la déclaration de guerre contre l'Allemagne
- Hankéou — 1895 ; : saisie par la Chine au moment de la déclaration de guerre contre l'Allemagne
Autriche-Hongrie
- Tientsin — 1902 ; : saisie par la Chine au moment de la déclaration de guerre contre l'Autriche-Hongrie
Russie
- Tientsin — 1900 ; 1920 : saisie par la Chine ; 1924: rétrocédée formellement par la Russie
- Hankéou — 1896 ; 1900: confirmé par la Chine ; 1920 : saisie par la Chine ; 1924 : rétrocédée formellement par la Russie
États-Unis
- Shanghai — 1863 : délimitation d’une concession par le consul américain, action répudiée par le gouvernement américain ; 1863 : fusionnée avec la concession britannique pour former la concession internationale (International Settlement), à laquelle se joindront plusieurs autres pays au fil des ans
- Tientsin — 1869 : secteur délimité pour résidents américains ; administration américaine quasi officielle jusqu’en 1880 ; 1896 : cessation définitive de toute administration américaine ; 1901-1902 : secteur incorporé à la concession britannique
- Amoy — secteur considéré une concession américaine jusqu’en 1900, mais jamais formellement reconnu par le gouvernement américain
Colonies et territoires à bail
Macao et Hong Kong ne sont pas des « concessions étrangères » mais des colonies.
La péninsule de Macao devint une colonie portugaise en 1557 et fut progressivement agrandie par l'adjonction de plusieurs île environnantes. L'ensemble de la colonie est rétrocédée à la République populaire de Chine le .
L'île de Hong Kong est cédée à perpétuité à la Grande-Bretagne à la suite de la Première guerre de l'opium (1839-1842) et du traité de Nankin (). Des traités ultérieurs étendent le territoire de la colonie à la fin de la seconde guerre de l'opium (1856-1860). Les Nouveaux Territoires sont cédés à bail pour une période de 99 ans par la Convention pour l'extension du territoire de Hong Kong de 1898. L'ensemble de la colonie (île de Hong-Kong, Kowloon, les Nouveaux Territoires et les autres îles) est rétrocédé à la République populaire de Chine, le .
À la suite du traité de Kouang-Tchéou-Wan en 1898, un territoire à bail de 99 ans est cédé à la France sur la baie de Guangzhou (Kouang-Tchéou-Wan). Ce territoire est situé à l'Est de la péninsule de Leizhou, au Sud-Ouest de la province du Guangdong. Il sera occupé par l'Empire du Japon à partir de 1943, puis finalement rétrocédé à la République de Chine en 1945.
Weihaiwei — 1898 ; 1930 : l'île Liugong reste sous contrôle britannique comme territoire indépendant jusqu'à 1940
Guandong — 1905 ; 1945 : obtenu de la Russie en 1898 puis japonais après la guerre russo-japonaise
Kiautschou — 1914 ; 1922 : obtenu de l'Allemagne
Kiautschou — 1898 ; 1914 (Belgique)
Annexes
Notes et références
- William. C. Johnstone: « International Relations: The Status of Foreign Concessions and Settlements in the Treaty Ports of China », The American Political Science Review, no 5, Oct. 1937, p. 942-948.
- Williiam. C. Johnstone, p. 947-948.
- In the Shadow of the Rising Sun: Shanghai Under Japanese Occupation - chapitre 10 Concessions françaises - Christian Henriot, Wen-hsin Yeh - Cambridge University Press, 12 avril 2004,. p. 273. (ISBN 0-521-82221-1 et 978-0-521-10334-3)
- LA FRANCE EN CHINE DE SUN YAT-SEN À MAO ZEDONG, 1918-1953, Troisième partie. 1946-1953 : La fin d’un siècle de présence française en Chine, Chapitre X. Le traité du 28 février 1946 et ses conséquences en Chine et Indochine, Nicole Bensacq-Tixier, p. 519-551, (ISBN 2753529256 et 978-2753529250) mai 2014
Bibliographie
- Mathieu Gotteland, Les forces de l'ordre japonaises à Tientsin, 1914-1940 : Un point de vue français, Editions universitaires européennes, 2015
- Christophe Brun, La concession française de Hankou 1896-1943, Université Lumière Lyon 2,
- Jérôme-Yves Sublime, La fin des concessions françaises de Chine 1939-1949, Université Lumière Lyon 2,
- François Chabot, Les relations entre la Concession française et la Concession internationale de Shanghai 1849-1914,
- Ernest Millot, La France et l’Extrême-Orient. La concession de Chang-Hai, Challamel aîné, (OCLC 457908703)
- Herbout, La défense de la concession française de Shanghai en 1927, École de Guerre navale, (S.H.M. 1CC 281)
- (ja) 大里浩秋 (ja) et 孫安石 (ja), 中国における日本租界 : 重慶・漢口・杭州・上海, 東京, 御茶の水書房, (ISBN 978-4-275-00432-1, OCLC 676225754) (Traduction du titre: à propos des concessions du Japon en Chine, Chongqing, Hankou, Hangzhou, Shanghai).
Articles connexes
Liens externes
- La concession française de Shanghai
- Les anciennes concessions de Tientsin
- SHANGHAI MUNICIPAL COUNCIL 1854 - 1942
- Les concessions étrangères à Shanghai 1843 - 1943 [Lien mort]
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