Festival international du film de Montréal

Le Festival international du film de Montréal est le tout premier festival de cinéma au Québec non compétitif. Il a été un événement marquant dans la culture cinématographique québécoise de 1960 à 1967. Il prit fin en 1967 après sa dernière programmation lors de l'Expo 67 à la suite de nombreux débats politiques et idéologiques du festival. Il a été dirigé par plusieurs artisans responsables de l'essor artistique et cinématographique au Québec durant les années 1950-60 dont Guy L. Côté, Pierre Juneau, Claude Sylvestre et Rock Demers.

Le Festival international du film de Montréal engendra le Festival du cinéma canadien de 1963 à 1967, un volet compétitif qui récompensa les artisans du cinéma canadien.

Le Festival international du film de Montréal fut un des événements, parmi tant d'autres, qui contribuèrent à l'affirmation d'une industrie cinématographique québécoise. C'est d'ailleurs durant ces années que fut fondé l'institution Connaissance du Cinéma, aujourd'hui connu sous le nom de Cinémathèque québécoise.

À ne pas confondre avec le Festival international de films de Montréal (ou FIFM 2005). Ce dernier fut un festival de cinéma québécois organisé par la firme Spectra et qui dura seulement un an (18 au 25 septembre 2005) à cause des malentendus dans le milieu des festivals de cinéma québécois.

Histoire

Genèse et début

En 1958, à Montréal, a lieu du 3 au 9 novembre la Semaine du film français au St-Denis et au théâtre de la Comédie-Canadienne. Organisé par l'Unifrance Films un organisme du ministère de la culture de France, la programmation projettent huit longs-métrages dont Maxime d'Henri Verneuil qui fut la première mondiale, Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle, Celui qui doit mourir de Jules Dassin et Mon oncle de Jacques Tati. Les stars du cinéma français tels que René Clair, Charles Vanel, Louis Malle, Jacques Tati et plusieurs autres furent présents à Montréal lors de l'événement. La Semaine du film français provoqua de nombreux commérages dans les médias puisque le film Maxime d'Henri Verneuil fut coupé de quarante minutes par le Bureau de la censure[1]. Le film Les Amants de Montparnasse de Jacques Becker subit également de la censure. Dans son autobiographie, Jean Pierre Lefebvre se remémore: « Le cas le plus drôle est celui de Montparnasse 19, [...] avant une scène où l’on voit Modigliani et sa maîtresse habitant sous le même toit, on fit rajouter un intertitre indiquant qu’ils s’étaient mariés devant Dieu et les hommes. Oh ! Sainte Anasthasie, patronne des censeurs ! »[2]

Avant l'avènement du Festival international du film de Montréal, les ciné-clubs étaient les seuls lieux de rassemblement disponibles pour visionner le cinéma étranger cependant les œuvres projetées n'étaient jamais des primeurs.

Pierre Juneau faisant partie du comité d'organisation de la Semaine du film français eut alors l'idée, avec Fernand Cadieux, de fonder un festival de film à Montréal où il n'y aurait aucune censure et que des primeurs. Grâce à l'appui de Jacques Nicaud, un promoteur français rencontré lors de la Semaine du film français et grâce au financement de son ami Robert Letendre de la Société des festivals de Montréal, soit une modique somme de 5 000 $[3], le Festival international du film de Montréal voit le jour.

Guy L. Coté, Pierre Juneau, Marc Lalonde (alors avocat), Claude Sylvestre et le sociologue Fernand Cadieux formèrent le premier conseil d'administration. Jacques Lamoureux, Arthur Lamothe, Germain Cadieux et Jean-François Pelletier étaient à la barre du comité d'organisation. Rock Demers et Robert Daudelin s'ajoutèrent à l'équipe par la suite.

Grâce à un accord avec le Bureau de la censure, le Festival peut projeter tous les films dans leur intégralité à la condition qu'ils soient réévalués avant leur diffusion dans le circuit commercial. L'objectif premier est de présenter aux citadins de Montréal le meilleur du cinéma mondial et aussi d'inviter les cinéastes de renom à visionner le cinéma québécois.

«Il fallait casser la censure. Ouvrir les portes. Il fallait à l'évidence quelque chose de très fort pour y arriver. Et le Festival me semblait l'instrument idéal pour ce faire.»[4] se souvient Guy L. Côté.

Après les projections, journalistes et cinéphiles se réunifièrent au Café Bar du Kino club de l'Hôtel Windsor pour engendrer avec les artisans des discussions sur le cinéma.

1re édition - 12 au 18 août 1960

Publicité du FIFM tirée du journal La Presse.

La première édition du Festival international du film de Montréal (FIFM) eut lieu du 12 au 18 août 1960 au cinéma Loew's à Montréal. Le Festival était non compétitif.

Filmographie partielle :

  • Ali and the Camel de Henry Geddes (Première mondiale)
  • The Little Island de Richard Williams (animateur)
  • Between the Tides de Ralph Keene
  • The Door in the Wall de Glenn H. Alvey Jr.

2e édition- Du 11 au 17 août 1961

La deuxième édition se déroula du 11 au 17 août 1961 au cinéma Loew's à Montréal. Le producteur Rock Demers s'ajoute au comité d'organisation. De plus, la deuxième édition souligne l'ajout du volet consacré au film scientifique et pédagogique.

Filmographie partielle[5]:

3e édition- 1962- Présentation de courts-métrages canadiens

La troisième édition se déroula pendant une semaine au mois d'août en 1962. Pour la première fois, une sélection de courts métrages canadiens sont présentés.

Filmographie partielle :

4e édition- 1963- Intégration du Festival du cinéma canadien

Dans le cadre du Festival international du film de Montréal et profitant du même système d'organisation, le Festival du cinéma canadien est créé. Il s'agit d'un volet compétitif organisé à l'intérieur du FIFM récompensant les longs et courts métrages canadiens. Les membres du jury sont composés exclusivement d'étrangers invités dans le cadre du Festival international du film de Montréal. Ces derniers valorisent le cinéma non conventionnel pour son esthétique et ses thèmes culturels.

Le film À tout prendre de Claude Jutra est présenté pour la première fois le 10 août 1963. Complété dans les jours qui précèdent le festival, le film remporte le Grand Prix du jury du Festival du cinéma canadien.

La quatrième édition du Festival international du film sera la première a duré plus de 10 jours et non 7.[pas clair]

Filmographie partielle[11]:

Lauréats de la 1re édition du Festival du cinéma canadien

Lauréats de la 2e édition du Festival du cinéma canadien

Lauréats de la 3e édition du Festival du cinéma canadien

Lauréats de la 4e édition du Festival du cinéma canadien

  • Aucun film ne reçoit le Grand Prix, alors qu'il y a en compétition:
  • Prix spécial du jury: Winter Kept Us Warm (en) de David Secter (en)
  • Grand prix du court métrage: On sait où entrer Tony, mais c'est les notes de Claude Fournier
  • Mentions: Notes for a film about Donna and Gail de Don Owen et Revival de Donald Shebib

8e édition- 1967- Du 4 août au 10 août 1967

La 8e édition du Festival international du film de Montréal (FIFM) fut la dernière. Elle se déroula en même temps que l'Exposition universelle de 1967 à Montréal. Alors que les sept premières éditions se déroulèrent au Cinéma Loews au centre-ville, celle-ci se déroula à l'Expo-théâtre. La grande première du film Bonnie and Clyde inaugure la huitième édition du Festival. Arthur Penn était présent.

Lauréats de la 5e édition du Festival du cinéma canadien

Grand Prix du Jury (ex-aequo): Il ne faut pas mourir pour ça de Jean Pierre Lefebvre et Warrendale d'Allan King.

Lefebvre et King décidèrent de partager la bourse avec les autres concurrents qui étaient:

Grand Prix du court-métrage: Chantal: en vrac[21], de Jacques Leduc

Fin du Festival

Après huit années, le comité du Festival international du film de Montréal se dissocie. La fin abrupte de ce festival serait causé par un conflit d'opinion à l'intérieur du conseil d'administration. Pierre Juneau raconte : «Mais on sentait qu’il y avait des tensions et que c’était devenu désagréable. Comme nous étions occupés à d’autres choses, on a dit "nous on s’en va" et le Festival a disparu.» Guy L. Côté conclut  À partir de 1968, le monde cinématographique était constitué et on pouvait se passer du Festival. Il n’y a pas d’amertume. Le bilan était positif et les objectifs que nous avions définis en 1959 avaient été atteints »

Impact du FIFM

Après huit éditions du Festival international du film de Montréal, le paysage cinématographique québécois a beaucoup changé. Durant ces années, plusieurs cinéastes québécois sortis de l'ONF ont réalisé leurs premiers longs métrages tels que Gilles Groulx, Claude Jutra et Gilles Carle. Le Festival du cinéma canadien a donné la chance aux artisans de présenter leur œuvres à la presse internationale.

En 2010, la Cinémathèque québécoise lance une programmation célébrant les cinquante ans du Festival International du Film. L'événement a lieu du 2 au 18 juin. La programmation ne contenait que des œuvres ayant été présentées originellement dans les éditions de 1960 à 1967. Pierre Juneau et Rock Demers étaient parmi ceux invités à présenter les films.

Lien externe

Notes et références

  1. « Dossier FIFM 1960-1967- LE FIFM ET L’ÉCLOSION D’UNE CULTURE CINÉMATOGRAPHIQUE AU QUÉBEC », sur horschamp.qc.ca, (consulté le )
  2. Jean-Pierre Lefebvre, Sage comme une image : essai biographique sur le cinéma et autres images d'ici et d'ailleurs, Outremont, Isabelle Hébert, , 189p. p. (ISBN 2-89019-902-9), p.36
  3. « LE FIFM ET L'ÉCLOSION D'UNE CULTURE CINÉMATOGRAPHIQUE AU QUÉBEC - Hors Champ », sur www.horschamp.qc.ca (consulté le )
  4. « FIFM », La revue de la Cinémathèque, no 17, , p.9
  5. Claude Nadon, « Festival à Montréal », Séquences, no 26, , P.33 à 35
  6. Yves Lever et Pierre Pageau, Chronologie du cinéma au Québec 1894-2004, Éditions les 400 coups, , 320p. p., p.95
  7. « Patinoire », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  8. « Paul Anka - Lonely Boy (complete) » [vidéo], sur youtube.com (consulté le )
  9. « Very Nice, Very Nice », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  10. « Jour après jour », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  11. Gilles Blain, « Montréal Festival an IV », Séquences, no 34, , p.59-70
  12. « LE FILM | La Cinémathèque québécoise », sur collections.cinematheque.qc.ca (consulté le )
  13. « Pour la suite du monde », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  14. « The Hutterites », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  15. « Free Fall », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  16. « Percé on the Rocks », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  17. « La vie heureuse de Léopold Z », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  18. « Stravinsky », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  19. « 60 cycles », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  20. « YUL 871 », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )
  21. « Chantal : en vrac », sur ONF.ca, https://plus.google.com/105847898847039311452 (consulté le )

Bibliographie

  • Yves Lever et Pierre Pageau, Chronologie du cinéma au Québec, 1894-2004, Éditions Les 400 coups, 2006, 320 p. (ISBN 2-89540-194-2)
  • Pierre Hébert, Kenneth Landry, Yves Lever, Dictionnaire de la censure au Québec: littérature et cinéma, Les Éditions Fides, 2006, 715 p. (ISBN 2762126363)
  • Yves Lever, Histoire générale du cinéma au Québec, 2e éd., Boréal, 1995, 635 p.

Voir aussi

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