Charles Vanel

Charles Vanel, de son vrai nom Charles-Marie Vanel, est un acteur et réalisateur français né le à Rennes et mort le à Cannes.

Charles Vanel
Charles Vanel en 1934.
Nom de naissance Charles-Marie Vanel
Surnom Charles Vanel
Naissance
Rennes, Ille-et-Vilaine, France
Nationalité  Français
Décès
Cannes, Alpes-Maritimes, France
Profession Acteur
Réalisateur
Films notables Les Croix de bois
La Belle Équipe
Le ciel est à vous
Le Salaire de la peur
La Main au collet
L'Aîné des Ferchaux
Sept morts sur ordonnance
Ne pleure pas

Sa carrière cinématographique longue et hétéroclite commence en 1912 et s'achève en 1988, durant laquelle il joue dans plus de 200 films, sur une période de 78 ans, où il incarne des rôles divers et variés : il est Napoléon pour Karl Grune, Javert pour Raymond Bernard, amoureux éconduit chez Duvivier, vieux policier que rien n'abuse chez Clouzot, banquier pour Melville, truand pour Deray... Tourneur, Decoin, Carné, Gavras, Rouffio, Chabrol parmi de très nombreux autres réalisateurs français l'ont dirigé, mais aussi plusieurs réalisateurs étrangers, parmi lesquels, Anatole Litvak, Pietro Germi, Alberto Lattuada, Luis Bunuel, Ettore Scola et Alfred Hitchcock.

Biographie

Enfance et début au cinéma

Charles-Marie Vanel naît en Bretagne. Ses parents, commerçants, s'installent à Paris lorsqu'il a douze ans. Il est renvoyé de tous les établissements scolaires qu'il fréquente et n'a pas une adolescence heureuse. Il tente de s'engager dans la marine, ce que sa vue insuffisante ne lui permet pas. Finalement, en 1908, il commence à jouer dans des spectacles de théâtre. Il débute au cinéma en 1912 dans Jim Crow de Robert Péguy. Il fréquente les Russes émigrés de la troupe de Iossif Ermoliev et Alexandre Kamenka, nourris de l'enseignement de Stanislavski.

Mobilisé le 10 juillet 1915, il est réformé le 16 septembre suivant pour « troubles mentaux » et renvoyé dans ses foyers[1]. Plus tard, surtout dans les années 1930, on lui rappellera ses deux mois de mobilisation, surtout chez les nationalistes, dont des adhérents des Croix de feu, ou de la Cagoule, surtout pour sa participation au film Les Croix de bois, de Raymond Bernard, qui abordait la détresse des Poilus au front, ou il fut accusé d'être un faux ancien combattant, un déserteur (alors qu'il ne l'était pas), d'"embusqué", etc... Cet épisode polémique affectera profondément Charles Vanel. Pendant la guerre, il suit de nombreuses tournées théâtrales, notamment avec Lucien Guitry. Il entre par la suite chez Firmin Gémier, au théâtre Antoine, avant de se consacrer exclusivement au cinéma. Il joue dans de nombreux films muets dans les années 1910 et 1920, particulièrement dans des rôles de personnages bourrus et amers et mène une fructueuse carrière de comédien.

Charles Vanel réalise en 1929 son unique long métrage, un film muet, Dans la nuit. En 1931, il tourne encore un court métrage, Affaire classée avec Pierre Larquey et Gabriel Gabrio, ressorti en 1935 sous le titre Le Coup de minuit.

Le succès

Lors de l'avènement du parlant, sa voix phonogénique et les inflexions qu'il lui donne consolident sa popularité et il atteint la consécration. Il va souvent travailler pour Maurice Tourneur et Raymond Bernard. Il a souvent Gaby Morlay pour partenaire.

En 1932 il joue dans Les Croix de bois de Raymond Bernard avec Pierre Blanchar, en 1933 dans Les Misérables de Raymond Bernard où il interprète Javert aux côtés d'Harry Baur, puis en 1934 Le Grand Jeu de Jacques Feyder avec Pierre Richard-Willm, Marie Bell et Françoise Rosay. En 1936, il tourne avec Jean Gabin pour Julien Duvivier dans La Belle Équipe. L'année suivante, il fait face à Erich von Stroheim dans Les Pirates du rail de Christian-Jaque et, en 1938, à Jules Berry dans Carrefour de Curtis Bernhardt. En 1939, il retrouve Pierre Richard-Willm et Jacques Feyder pour La Loi du nord.

Sous l'Occupation, il ne cesse de tourner notamment avec Fernandel dans La Nuit merveilleuse de Jean-Paul Paulin et avec Tino Rossi dans Le soleil a toujours raison de Pierre Billon. Il est par ailleurs titulaire de la Francisque no 431, en date d'octobre 1941.

À la Libération, en 1944, il est inquiété par la Résistance, mais finalement mis hors de cause, son soutien au maréchal Pétain s'expliquant d'après lui du fait de ses souvenirs d'ancien combattant de la première guerre mondiale alors qu'il n'y avait pas participé. Charles Vanel dénonce les dérives de la France de Vichy, et surtout, étant patriote, ne cautionne pas la collaboration avec les Allemands.

À partir de 1948, il tourne beaucoup en Italie.

Il interprète Jo dans Le Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot, en 1953. Il y incarne un conducteur de camion, dur à cuire qui dévoile au fur et à mesure du film sa fragilité intérieure. Il a pour partenaire Yves Montand. Avec ce film, Vanel obtient le prix du meilleur acteur au festival de Cannes.

En 1951, il joue un juge dans Son dernier verdict de Mario Bonnard. Il est un procureur dans L'Affaire Maurizius de Julien Duvivier et joue souvent, désormais, les magistrats.

L'acteur est de nouveau dirigé par Clouzot deux ans plus tard dans Les Diaboliques où il est le commissaire à la retraite, Alfred Fichet. La même année, il joue avec Grace Kelly dans La Main au collet d'Alfred Hitchcock. Dans ce film, il interprète le cauteleux et ambigu Bertani, restaurateur niçois, ancien collègue de John Robie (Cary Grant) dans la Résistance.

En 1956, dans La Mort en ce jardin de Luis Buñuel, il est aux côtés de Simone Signoret, Georges Marchal et Michel Piccoli.

La consécration

Charles Vanel en 1981 dans Trois Frères de Francesco Rosi.

Charles Vanel a eu l'une des carrières les plus longues et polyvalentes du cinéma français, s'étalant sur huit décennies.

Il remporte un prix spécial au Festival de Cannes en 1970. En 1972, il triomphe en patriarche dans Les Thibault, adaptation du roman de Roger Martin du Gard. Il récidive dans Sept morts sur ordonnance en 1975.

Il reste très actif durant cette décennie, en particulier dans des rôles de juge comme dans La Plus Belle Soirée de ma vie d'Ettore Scola avec Alberto Sordi, Michel Simon, Pierre Brasseur et Claude Dauphin ou Cadavres exquis de Francesco Rosi avec Lino Ventura.

Un de ses derniers rôles est celui de Trois Frères en 1981, également réalisé par Rosi, où, presque nonagénaire, il joue le personnage d'un vieux fermier de la région des Pouilles, veuf, qui reçoit la visite de ses trois enfants. Il obtient en Italie le David di Donatello du meilleur acteur dans un second rôle.

En 1986, il enregistre la chanson La vie rien ne la vaut en duo avec Mireille Mathieu.

Il apparait une dernière fois au cinéma en 1988, dans le film de Jean-Pierre Mocky Les Saisons du plaisir.

Fin de vie

à partir de 1972, même si Charles Vanel souhaitait continuer à poursuivre une carrière régulière au cinéma, il sera néanmoins freiné dans cet élan, car pour les compagnies d'assurances, il venait de dépasser l'âge de 80 ans, et sa présence dans un film pouvait potentiellement être risquée. Désormais, pour ces nouveaux films et projets, il suivra rigoureusement des visites médicales obligatoires, qui cependant, vont bien se passer.

En 1975, Charles Vanel sera très affecté par la mort de son ami comédien Michel Simon, décédé à l'âge de 80 ans.

Vanel se retire sur la Côte d'Azur, à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), dans l'arrière-pays cannois. C'est là qu'il meurt et est incinéré en 1989. Une partie de ses cendres a été dispersée au large de Menton, le reste a été placé au cimetière de Mougins ou Mouans-Sartoux[2],[3],[4], où il vivait avec Arlette Bailly, sa troisième épouse, de 36 ans sa cadette, morte en 2015 (à 87 ans).

En 2002, à la demande du cinéaste Bertrand Tavernier, Louis Sclavis a composé et enregistré une musique pour le seul long métrage réalisé par Charles Vanel, un film muet de 1929 : Dans la nuit.

Filmographie

Réalisateur

Période muette

Années 1930-1939

Années 1940-1949

Années 1950-1959

Années 1960-1989

Acteur de télévision

Récompenses

Références

  1. Recrutement militaire de la Seine. Classe 1912. Matricule 1764. Archives en ligne de la Ville de Paris, registre matricule de recrutement, 3ème bureau. Il avait déjà été réformé pour "confusion mentale aigue" pendant son service militaire en octobre 1913.
  2. Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Le Cherche Midi, , 385 p. (ISBN 978-2-7491-2169-7, lire en ligne).
  3. « Le cimetière du Père-Lachaise : chroniques des années 80 », sur Cimetières de France (consulté le ).
  4. « Cimetières : personnages célèbres dans le 06 », (consulté le ) [PDF].
  5. C.Vanel est mentionné dans l'équipe technique
  6. film tourné en deux épisodes
  7. film tourné en dix épisodes : L'ami félon, Le secret de l'étang, L'ambition au service de la haine, L'implacable verdict, Le pont vivant, La voix du sang, Les caprices du destin, En champs-clos, Les angoisses de Corradin, Le triomphe de l'amour
  8. diffusé en deux époques
  9. dans les trois époques : Une tempête sous un crâne, Les Thénardier et Liberté, liberté chérie
  10. le film a été commencé par Jacques Becker
  11. Charles Vanel est également coproducteur du film
  12. version espagnole de Tempête sur les Mauvents
  13. Ne pleure pas est initialement un film pour la télévision sorti également en salles

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles Ford, Charles Vanel, un comédien exemplaire, Éditions France-empire, 1986.
  • Jacqueline Cartier, Monsieur Vanel : un siècle de souvenirs, un an d'entretiens, Paris, Éditions Robert Laffont, 1989.
  • Yvan Foucart, Dictionnaire des comédiens français disparus, Éditions cinéma, Mormoiron, 2008, 1185 p. (ISBN 9782953113907).

Liens externes

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