Germaine Dulac
Germaine Dulac, née Charlotte Élisabeth Germaine Saisset-Schneider, le à Amiens[1] et morte le à Paris[2], est une réalisatrice, productrice et scénariste française.
Biographie
Germaine Saisset-Schneider est la fille du général Maurice Saisset-Schneider et la nièce du conseiller d'État Raymond Saisset-Schneider.
Considérée comme "sensible, généreuse, indépendante, possédée par la passion de la recherche et du neuf"[réf. nécessaire], Germaine Dulac est parmi les premières en France à envisager le cinéma comme un grand art, auquel elle va se consacrer dès 1916.
Elle épouse en 1905 Albert Dulac, agronome socialiste et futur romancier[2]. Sa vie professionnelle commence en 1906 au journal féministe La Française où, jusqu'en 1913, « elle rédige principalement des portraits de femmes et des critiques de théâtre »[3]. Elle écrit également quelques pièces de théâtre[4].
Elle se sépare d'Albert Dulac en 1920, et s'installe dans une relation avec Marie-Anne Colson-Malleville, qui durera jusqu'à la fin de sa vie[5],[6]. En 1916, elle fonde avec Irène Hillel-Erlanger une maison de production, la « DH Films »[3]. Après avoir manifesté ses dons émotionnels et plastiques, dans Les Sœurs ennemies (1915) et Venus Victrix (1917), elle réalise, d'après un scénario de son ami Louis Delluc, La Fête espagnole (1919), et devient une des fortes personnalités de la première avant-garde[3]. Dès 1920, elle publie de nombreux écrits historiques aux vues nouvelles et pénétrantes.
Après La Mort du soleil (1921), elle accomplit son chef-d’œuvre avec La Souriante Madame Beudet (1923), critique de la vie conjugale petite-bourgeoise ou, en termes modernes, de « l'incommunicabilité du couple ». Après 1924, elle milite aussi avec ardeur pour répandre l'amour du cinéma et contribue à développer les ciné-clubs[3]. Plus tard, elle rejoint la « seconde avant-garde », avec La Coquille et le Clergyman (1928) (d'après Antonin Artaud), puis elle réalise des symphonies d'images, alliées à la musique, avec Disque 957 (1927) (d'après Chopin) ou Thèmes et Variations (1928).
Quand le cinéma sonore empêche dorénavant une production totalement indépendante, elle préfère se consacrer aux actualités. Elle entre chez Gaumont en 1931[1]. De 1933 à 1940, elle est directrice adjointe des Actualités Gaumont[2],[7]. Elle est présidente de la section Cinéma du Conseil national des femmes françaises dans les années 1930[8].
Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (74e division)[9].
Filmographie
Réalisatrice
- 1915 : Les Sœurs ennemies (court métrage)[2] ;
- 1916 : Géo, le mystérieux (court métrage)[1] ;
- 1916 : La lumière du cœur (court métrage)[2] ;
- 1916 : Venus Victrix / Dans l’ouragan de la vie (court métrage)[1],[2] ;
- 1917 : Mise-en-scène (Le Film)[3] ;
- 1918 : La Jeune Fille la plus méritante de France (court métrage)[2] ;
- 1918 : Âmes de fous (film à épisodes)[1] ;
- 1918 : Le Bonheur des autres (court métrage)[2] ;
- 1919 : La Cigarette (moyen métrage)[3] ;
- 1919 : La Fête espagnole[1],[3] ;
- 1920 : Malencontre (court métrage)[10] ;
- 1920 : La Belle Dame sans merci[10] ;
- 1921 : La Mort du soleil[1] ;
- 1922 : Werther (court métrage inachevé)[2] ;
- 1923 : La Souriante Madame Beudet[10] ;
- 1923 : Gossette (film à épisodes)[10] ;
- 1924 : Le Diable dans la ville[1] ;
- 1924 : Âme d'artiste[10] ;
- 1925 : La Folie des vaillants[10] ;
- 1925 : Le réveil[2] ;
- 1926 : Antoinette Sabrier[10] ;
- 1927 : L'Invitation au voyage (moyen métrage)[1] ;
- 1927 : La Coquille et le Clergyman (moyen métrage)[10] ;
- 1928 : Thèmes et Variations (court métrage) ;
- 1928 : La Princesse Mandane[10] ;
- 1928 : La Germination d'un haricot (court métrage)[1] ;
- 1928 : Disque 957 (court métrage)[1] ;
- 1929 : Étude cinégraphique sur une arabesque (court métrage)[2] ;
- 1930 : Danses espagnoles (court métrage)[2] ;
- 1930 : Ceux qui ne s'en font pas (court métrage)[2] ;
- 1930 : Celles qui s'en font (court métrage illustrant deux chansons de Fréhel) avec Lilian Constantini et Georges Vallée[2] ;
- 1934 : Je n'ai plus rien (court métrage)[2] ;
- 1935[11] : Le Cinéma au service de l'histoire (documentaire)[2].
Scénariste
- 1923 : La Porteuse de pain (film à épisodes) adaptation et scénario[2] ;
- 1924 : Âme d'artiste ;
- 1927 : L'Invitation au voyage[2] ;
- 1927 : Antoinette Sabrier[2].
Publication
- Germaine Dulac, Écrits sur le Cinéma (1917-1939), textes réunis par Prosper Hillairet, Éditions Paris Expérimental, 1994.
- Germaine Dulac, Qu'est-ce que le cinéma ?, textes réunis par Clément Lafite et Tami Williams, Éditions Light Cone, 2020 [présentation en ligne].
Évènementiel
Durant l'année 2005, le musée d'Orsay a présenté une rétrospective de Germaine Dulac[12].
Galerie
- Germaine Dulac et Stacia Napierkowska photographiées en Italie en 1917.
- Scène de Venus Victrix (1916).
- Scène de La Coquille et le Clergyman (1928).
- Scène de La Coquille et le Clergyman (1928).
- Scène de La Coquille et le Clergyman (1928).
- Scène de La Coquille et le Clergyman (1928).
Source et références
- Source
- Valérie Vignaux (dir.), Association française de recherche sur l'histoire du cinéma (AFRHC), Dictionnaire du cinéma français des années vingt : lettre « D », vol. 33 (revue d’histoire du cinéma), Paris, Ministère de la Culture, Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et Centre national du livre (CNL), coll. « 1895 - Mille huit cent quatre-vingt-quinze » (réimpr. 2001) (1re éd. 1984) (présentation en ligne, lire en ligne), p. 137-166. .
- Références
- « Germaine Dulac », sur lightcone.org (consulté le ).
- Caroline Hanotte, « Germaine Dulac », sur cineartistes.com, (consulté le ).
- Dictionnaire du cinéma français des années vingt : Germaine Dulac, p. 137-166.
- Catherine Silberschmidt, « Germaine Dulac, mythe et rythme », Cahiers du cinéma, no 602, juin 2005, p. 80.
- Philippe Azoury et Elisabeth Lebovici, « Germaine Dulac sauvée des eaux », sur liberation.fr, .
- Barbara Marty, « Germaine Dulac, une cinéaste féministe et avant-gardiste oubliée », sur France Culture, (consulté le ).
- Pascal Manuel Heu, « Oubliés et méconnus : Quelques figures féminines », La lettre du SFCC, Paris, Imp. Grafik Plus (Rosny-sous-Bois), no 49, , p. 7 / 17 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
- Archives nationales, cote 19940495/21, dossier 1534, dont est extrait sa signature.
- Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 299.
- Dictionnaire du cinéma français des années vingt : Germaine Dulac, p. Filmographie.
- Selon un article de la revue Archives (Institut Jean-Vigo - Cinémathèque de Toulouse - novembre-décembre 1991), la datation de ce film en 1927 résulterait d'une erreur de Charles Ford dans son Anthologie du cinéma, qui cite ce film sans l'avoir visionné. Or la présentation corporative aurait bien eu lieu en 1935.
- Rétrospective Germaine Dulac : Au-delà des impressions (version du sur Archive.today) Musée d'Orsay, du 3 au (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Charles Ford, Germaine Dulac, Anthologie du cinéma tome IV, L'Avant-scène, Paris, 1968
- Marie-Jo Bonnet, Germaine Dulac, l'audace des années 1920, Gai Pied Hebdo no 57, 18 février 1983.
- Alain Virmaux et Odette Virmaux, Artaud-Dulac : La Coquille et le Clergyman : essai d'élucidation d'une querelle mythique, Éditions Paris Expérimental, 1999
- L. B. Danou, Le cinéma de ma mémoire ; en hommage personnel à Germaine Dulac telle que je l’ai connue, 1932-1939, Paris, Danou Édition, 2005
- Germaine Dulac, au-delà des impressions, numéro spécial de la revue 1895, sous la direction de Tami Williams, Paris, 2006
- Tami Williams, Germaine Dulac: A Cinema of Sensations, University of Illinois Press, 2014
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Vidéos
- [vidéo] La Coquille et le Clergyman sur Vimeo ( durée : 31 min 44 s), publié le (consulté le )
- [vidéo] La Coquille et le Clergyman (1928) sur Dailymotion ( durée : 31 min 44 s) (consulté le )
- L'Invitation au voyage (1927) [Motion picture] sur ubu.com. (consulté le )
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