Ciné-club

Le ciné-club (de l'élément ciné- (de cinéma), et du mot club) est un club d'amateurs de cinéma. L'on peut y étudier la technique et l'histoire du cinéma dans le cadre de la projection d'un film[1]. Sa spécificité est de réunir des membres ayant des intérêts communs, desquels dépendront la programmation du ciné-club et les sujets de discussion qui y auront lieu.

Pour les articles homonymes, voir Ciné-club (homonymie).

Histoire

Le mot ciné-club apparaît pour la première fois avec la création du « Ciné-Club » d’Edmond Benoit-Lévy en avril 1907. Situé au 5 boulevard Montmartre à Paris, il a pour but de conserver et mettre à la disposition de ses membres tous les documents et productions cinématographiques existant. Il est également pourvu d'une salle de projection.

Il faut pourtant attendre la création en mai 1920 du Ciné-Club parisien du boulevard Pereire par Louis Delluc[2] pour que les premiers Ciné-clubs se développent.

En milieu privé

Home cinéma

Les prix de plus en plus abordables des vidéoprojecteurs permettent aux particuliers de partager un film en famille ou entre amis (dans un cadre privé), tout en profitant d'une qualité toujours meilleure. L'apparition des home cinéma (systèmes matériels lourds de reproduction à domicile des conditions de visionnage d'un film au cinéma) et la haute définition augmentent encore cette tendance.

Salons vidéo

Dans les pays pauvres, la réunion se fait chez le voisin ayant un écran télévision avec des DVD (voire VHS) pirates. Ces nouvelles formes de diffusion du cinéma et donc le renouveau de la cinéphilie laissent entrevoir un avenir doré aux ciné-clubs, bien que probablement aux noms divergeant, encore une fois à l'image de ce qu'ils étaient lorsqu'ils sont nés. On peut donc parler de renaissance du mouvement des ciné-clubs.

En milieu public

Le concept du ciné-club a évolué et est de plus en plus intégré à des activités socio-culturelles variées, ce afin de faire se rencontrer différentes disciplines dont le cinéma et de la cinéphilie. On en trouve notamment des adaptations du concept de ciné-club :

  • dans les milieux officiels et notamment dans le cadre de programmes éducatifs. Par exemple, les ciné-goûters sont une opération lancée par le Conseil général des Hauts-de-Seine en 1997 et qui donne pour objectif à des cinémas du 92e département français de promouvoir le septième art auprès des 2 à 10 ans[3] ;
  • dans le cadre d'un objectif culturel, comme avec le ciné-philo, sujet de rencontre entre le cinéma et la philosophie se déroulant au cinéma MK2 Bibliothèque depuis la saison 2004-2005[4] ;
  • dans le cadre d'organisations à but lucratif, comme à travers l'organisation de soirées thématiques. Ainsi, les ciné-party sont des soirées à thème autour d'un réalisateur. Le concept, amené à Paris par Le Divan du Monde, consiste en l'organisation d'une soirée autour de l'univers visuel, graphique et musical d'un réalisateur ou d'une personnalité du cinéma[5].

Fonctionnement

Le ciné-club est organisé autour d'une structure juridique régie par des règles de fonctionnement découlant directement de la constitution et de différents textes de loi relatifs au pays où a été créé le club.

Tous les ciné-clubs disposent en outre d'un mode de fonctionnement interne qui leur est propre ; certains créent leurs propres méthodes de gestion du ciné-club, aux niveaux interne et public. Mais ces différents modes de fonctionnement se recoupent toujours en un point : l'objectif majeur des ciné-clubs, la diffusion et la promotion de films.

Structure juridique

Si le mode de fonctionnement juridique des ciné-clubs le plus courant est le système associatif, il existe néanmoins d'autres types de ciné-clubs, parfois simplement rattachés à une structure plus importante, ou ayant nécessité la création d'une structure différente étant donné le statut particulier de certains clubs. Il existe également des ciné-clubs privés, "underground", estudiantins, politiques, etc.

Rapport au public

La plupart des ciné-clubs organisent des séances précédées d'une présentation ou d'un historique (portant sur le réalisateur ou sur le film lui-même). Par ailleurs, l'activité de ciné-club conduit presque toujours à faire suivre la projection d'un débat avec le public. C'est par exemple le cas de l'association loi de 1901 Cinéma sans Frontières, association niçoise installée au cinéma Mercury. L'objet de cette association est de présenter, tous les vendredis soir, des films d'horizons aussi divers que possible. Elle a présenté à ce jour () des films de 42 pays différents.

Activité publique

La principale activité d'un ciné-club est la projection de films. Celle-ci est souvent précédée d'une présentation de l'auteur, du contexte du tournage, et/ou suivie par un débat, en général animé par un intervenant du milieu cinématographique (artiste, critique, technicien) ou membre du club associatif.

Néanmoins, il arrive que certains ciné-clubs ne projettent pas que des films, pouvant passer à la vidéo si le besoin s'en fait sentir, ou même à des techniques de projection autres, plus anciennes notamment. Par ailleurs, ces séances peuvent ne pas se limiter à des projections et faire partager à leur public des évènements singuliers.

La forme et le fond de ces projections sont intimement liées la programmation du club.

Programmation interne

La programmation des ciné-clubs respecte dans la plupart des cas une ligne directrice correspondant à la visée pédagogique de l'association. Elle est fréquemment répartie sous forme de cycles, lesquels peuvent être accompagnés de séances spéciales.

Définies d'abord par les membres fondateurs du ciné-club en fonction de critères de sélection tant pratiques (moyens du ciné-club) que théoriques (idéologie du ciné-club), la programmation et sa ligne directrice peuvent évoluer en fonction de la demande du public, ou des moyens et idéologies qui y sont liés.

Théorie générale

Chaque ciné-club possède donc sa propre programmation, généralement très différente de celle des cinémas plus grand-public. Une distinction majeure réside justement en la présence d'une ligne directrice dépendant directement d'une théorie partagée par le(s) membre(s) fondateur(s), et qui constitue la raison d'être du ciné-club.

Ces théories, souvent fondées par les réflexions de cinéastes (Jean-Luc Godard, pour son discours dans Histoire(s) du cinéma, mais aussi Louis Delluc, Abel Gance, etc.) ou théoriciens du cinéma[6] (ainsi, André Bazin, Jean Douchet créèrent leur propre Ciné-club), ne sont pourtant pas indispensables au bon fonctionnement de l'association.

Car si la théorie du ciné-club sert souvent de point de départ pour les discussions et débats suivant la projection des films, les animateurs et intervenants pouvant être les théoriciens eux-mêmes (membres permanents ou invités occasionnels), il est aussi possible que certains membres ayant préparé une présentation du film projeté, ou connaissant particulièrement l'œuvre ou le sujet abordé, prennent la parole afin de mener le débat.

Cycles

Dans le cadre d'une fidélisation du public à l'activité cinématographique que représente le ciné-club, les membres de ce dernier établissent différents cycles destinés à entrevoir les différentes facettes d'un genre, d'un courant, d'un personnage, d'un métier ou encore d'une technique spécifiques du cinéma.

Ressortent essentiellement deux types de cycles distincts :

  • Les cycles permanents ont une programmation régulière (hebdomadaire, mensuelle) à heure fixe. Ils s'étendent au moins sur l'ensemble de l'année de travail sinon sur plusieurs années. On y retrouve souvent le même public pour des raisons de disponibilité et d'habitude qui sont l'une des raisons d'être de ces cycles.
  • Les cycles périodiques ne s'étalent que sur quelques jours ou semaines (voire mois dans certains cas) et sont essentiellement destinés à accompagner un évènement extérieur au ciné-club. On les retrouve durant les principaux festivals de cinéma, mais aussi en parallèle avec des expositions, commémorations, etc.

Le sujet des cycles, tant permanents que périodiques, peut être très varié. Ainsi, nous donnerons ci-après quelques exemples destinés à illustrer ces sujets potentiels. Un cycle :

  • par réalisateur : "Jacques Tati" aura pour objet la présentation de films de Jacques Tati.
  • par genre : "Péplums" aura pour objet la présentation de péplums
  • par type : "Adaptations d'œuvres littéraires" aura pour objet la présentation d'adaptations d'œuvres littéraires
  • par thème : "Prison au cinéma" aura pour objet la présentation de films qui abordent le thème carcéral.
  • par nationalité : "Au Burkina Faso" aura pour objet la présentation de films burkinabé.

Ces sujets peuvent être combinés entre eux de telle sorte qu'en peuvent ressortir des cycles aux sujets particulièrement originaux et extrêmement précis ; cela pourrait donner par exemple un cycle à fréquence bimensuelle sur les influences de la peinture impressionniste française sur l'image-cristal[7] dans le cinéma européen des années trente.

Toutefois ce cas extrême est exceptionnel et les cycles habituels sont plus portés sur des intégrales de personnages ou thèmes importants du cinéma. Ainsi, la cinémathèque française aura présenté en 2007 l'œuvre intégrale de Sacha Guitry[8] ou le cycle Fantômes de midi, présentant des films traitant plus ou moins directement des fantômes[9].

Séances spéciales

Afin de toujours donner plus d'entrain au ciné-club, peuvent y être organisées des séances dites spéciales, reproduites régulièrement ou à titre exceptionnel. Parmi les séances spéciales fréquentes, on trouvera notamment les séances concernant un public particulier comme les séances jeune public[10].
Avant-premières, projections en présence d'une personnalité en rapport avec le film ou son tournage, journées mondiales, commémorations, sont autant de prétextes aux séances spéciales, ces dernières se déclinant parfois en journées ou semaines spéciales[11].

Organisation d'évènements et collaboration

Mais l'activité des ciné-clubs ne s'arrête pas à la programmation interne, même de séances spéciales. En effet, les ciné-clubs occupent une place souvent importante dans divers domaines : très présents au niveau de l'organisation d'évènements locaux ou régionaux, ils sont aussi là pour la collaboration aux festivals, ainsi qu'au niveau de divers programmes d'éducation à l'image.

Ces engagements divers ne sont pas le fruit du hasard : ils correspondent à la politique de chacun d'entre ces clubs.

Voir aussi

Une affiche de la National Film Society, Los Angeles, 1979

Articles généraux

Ciné-clubs historiques

Fédérations

Personnalités

Les personnalités suivantes sont citées ici car elles ont participé activement la création ou à la vie de ciné-clubs ou parce qu'il s'agit de réalisateurs dont les œuvres sont typiquement projetées dans les ciné-clubs.

Article connexe

Notes et références

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