Commémoration

Une commémoration, tel que le défini le Centre National de Ressources Textuelles et Littéraires, est « une cérémonie en souvenir d'une personne ou d'un événement, religieuse ou non »[1]. Les thèmes abordés lors de commémorations sont nombreux. Le registre dans lequel s'inscrit une commémoration varie lui aussi. Tout dépend du discours porté par les acteurs (politiques, civils, militaires ou associatifs) lors de cette cérémonie. C'est ainsi qu'une cérémonie commémorative peut, par exemple, être portée vers la célébration d'une victoire, le triste souvenir des morts ou les deux en même temps.

Le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte avec des représentants du Parlement pour la journée nationale de commémoration (4 mai).

Le cadre des commémorations n'est pas fixe non plus car les cérémonies peuvent avoir une portée internationale, nationale et/ou locale. De plus leur fréquence n'est pas fixe. Elle sont régulières ou occasionnelles. Finalement les commémorations donnent lieu à des événements culturels en dehors de la cérémonie, qui participent à la valorisation de ce même souvenir.

Une commémoration peut être officielle, c'est-à-dire organisée par l’État. Elles tendent alors à conserver la conscience nationale d'un événement de l'histoire, servir d'exemple et de modèle. Elle engage alors tout l'État : les hauts fonctionnaires doivent y assister, les universitaires de toutes disciplines sont appelés, et les cérémonies ont alors pour vocation de s'adresser au plus grand nombre. L'un des effets est alors de conforter une mémoire nationale.

De nos jours, le registre des commémorations est supplantée par le concept de devoir de mémoire, ce qui induit quasi-systématiquement un caractère tragique à la cérémonie. Par la multiplication des commémorations, tel que les commémorations communautaires, de nombreuses personnalités, notamment universitaires, dénoncent plusieurs dérives. Par exemple, selon André Kaspi, « la multiplication des commémorations diminue l'effet de chacune d'entre elles »[2].

Modalité des commémorations

Aux États-Unis, la fête de Thanksgiving (arrivée des passagers du Mayflower) et de l'Independance day (date du traité accordant l'indépendance à la colonie américaine) est celle des commémorations nationales.

En France, la date reprend celle de la Fête de la fédération, qui elle-même reprenait celle de la Prise de la bastille. On a aussi fêté le 1 500e anniversaire du baptême de Clovis qui scellait l'alliance des Francs, des Burgondes et de l'administration épiscopale gallo-romaine.

Événements religieux

Les commémorations politiques ont souvent pris la suite des commémorations religieuses, qu'elles soient joyeuses ou tristes, elles sont toujours tournées vers l'espérance, par exemple la Commémoration des fidèles défunts.[réf. nécessaire]

Médailles et monnaies

  • Abolition du duel sous Louis XIV par l'application de l'Édit sur le duel.
  • Abolition du mariage par enlèvement, dit rapt, sous Louis XIV.

Monuments et mémoriaux

  • Arcs de triomphe, églises, temples, pyramides ou monuments et mémoriaux aux morts.

Noms de bâtiments publics

Noms de rues, d'avenues de places

  • Place de la Concorde, de la Libération à Paris.
  • Lieux portant des noms ou des dates.

Liste de commémorations

Révolutions

Victoires

Les grandes guerres, comme la Première et la Seconde Guerre mondiale, font l’objet de commémorations.

  • Dans une partie de l'Europe, le 11 novembre, armistice marquant la fin de la Première Guerre mondiale entre les alliés et l'Allemagne en 1918.
  • En Angleterre, en 2005, bicentenaire de la bataille de Trafalgar à laquelle la marine nationale française s'est associée.
  • En Tchécoslovaquie, en 2005, bicentenaire de la bataille d'Austerlitz auquel la France ne s'est pas officiellement associée.

Lois

Un certain nombre de dates commémorent la loi d'abolition de l'esclavage telles les commémorations de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions en France[3].

  • 10 mai, commémoration nationale.
  • 27 mai en Guadeloupe.
  • 10 juin en Guyane.
  • 23 mai en Martinique.
  • 20 décembre à La Réunion.
  • 27 avril à Mayotte.
  • 23 août, Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, lancée en 1998 par l’UNESCO, en commémoration du soulèvement d’esclaves de la nuit du 22 au 23 août 1791 à Saint-Domingue.

Certaines associations préfèrent la date du 23 mai, en référence au 23 mai 1848, premier jour de la libération d’esclaves dans les anciennes colonies françaises. Quant à l'Observatoire du communautarisme, il proposait d'instituer une Journée du souvenir le 4 février, date de l'abolition de l'esclavage par la République française, en l'an républicain II. Ce jour-là, en 1794, l’esclavage a été aboli dans les colonies françaises par la Convention : 3 représentants (un blanc, un noir et un métisse) de Saint-Domingue furent accueillis à l'Assemblée nationale (Louis Pierre Dufay, Jean-Baptiste Belley et Jean-Baptiste Mills).

Politiques officielles de commémoration

La commémoration peut prendre la forme de déclarations officielles aussi bien que de textes de loi. Elle peut aussi s'appliquer dans le cadre des programmes d'enseignement.

France

La politique française de commémorations officielles existe sous la Révolution française où elle se greffe sur une longue tradition nationale de cérémonie du souvenir des martyrs (qu'il s'agisse de saints ou de héros), en reprenant certaines traditions païennes dans l'Antiquité.

Gerbes de fleurs au pied du monument aux morts dans une commune française à l'occasion du 11 novembre

Célébrations nationales

Créée en 1974 par Maurice Druon, alors ministre de la Culture, la délégation aux célébrations nationales dépend à l’origine de l’Association française pour les célébrations nationales. Rattachée à la direction des Archives de France en 1979, elle est alors chargée par le ministre « de veiller à la commémoration des événements importants de l’histoire nationale ».

En 1998, l’Association française pour les célébrations nationales est supprimée et les crédits qu’elle distribuait répartis entre les directions régionales des affaires culturelles (DRAC). Un Haut comité des célébrations nationales est institué par arrêté du , sous la tutelle de la direction des Archives de France. Composé de personnalités représentatives des domaines historique, littéraire, artistique, scientifique et technique, il est chargé de conseiller le ministre de la Culture pour définir les objectifs et les orientations de la politique des célébrations nationales[4]. Il est présidé successivement par Jean Leclant de 1998 à 2008, puis par Jean Favier de 2008 à 2013 et Danièle Sallenave depuis 2013.

Dans cette configuration, la délégation aux célébrations nationales a pour rôle d'établir la liste des anniversaires à venir, en conseillant les porteurs de projet, en coordonnant si nécessaire les initiatives et en veillant à leur valorisation, en diffusant l’information sur les célébrations et les manifestations. Elle pilote les opérations d’envergure nationale et en collaboration avec les directions régionales des affaires culturelles (DRAC) qui suivent les projets dans leur circonscription.

Devoir de mémoire

Depuis les années 1990, on constate l'émergence de la notion assez difficile à cerner de « devoir de mémoire ». Ce dernier a d'abord été invoqué pour demander à la nation de reconnaître la responsabilité de l’État français dans les persécutions et la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est en 1993 que le président Mitterrand a instauré une Journée nationale de commémoration des persécutions racistes et antisémites. Deux ans plus tard, le 16 juillet 1995, le président Chirac reconnaissait la responsabilité de l'État dans les persécutions anti-juives de la période 1940-1944. Jusqu'alors, la théorie gaullienne, en refusant d'admettre la légalité du régime du maréchal Pétain, considérait que la France n'était pas responsable de ses actes. Cette reconnaissance a été confirmée par les Premiers ministres Lionel Jospin et Jean-Pierre Raffarin.

Entre-temps, la loi du 13 juillet 1990, dite loi Gayssot, a fait un délit de la contestation de l'existence des crimes contre l'humanité. Puis la loi du 29 janvier 2001 a reconnu officiellement le génocide des Arméniens par les forces turques en 1915[5]. Enfin, par la loi Taubira du 21 mai 2001, la France a reconnu comme crimes contre l'humanité la traite négrière et l'esclavage. Elle impose aux programmes scolaires et aux programmes de recherche d'accorder à ces sujets « la place conséquente (sic) qu'ils méritent », point contesté par des chercheurs qui estiment que la loi ne peut définir le cadre des recherches historiques. Enfin, la loi Taubira a mené à l'institution en 2006 d'une journée commémorant l'esclavage et son abolition. Cette journée est fixée au 10 mai, date d'adoption de la loi.

La SNCF était directement concernée par la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, et a demandé qu'un livre soit écrit pour éclaircir le rôle de l'entreprise pendant l'occupation (voir bibliographie de l'histoire de la SNCF pendant l'occupation).

En juin 2008, le président de la République a voulu renforcer et généraliser le « devoir de mémoire » à tous les Français en faisant « adopter par chaque enfant du Cours élémentaire un enfant juif du même âge, mort en déportation ». Cette mesure, qui a été jugée inutilement traumatisante pour des enfants, semble avoir été abandonnée.

L'évolution de la Société, dans le sens d'intégration des communautés et face au raisonnement économique auquel nous sommes confronté, la question des jours fériés liés aux jours de commémoration est relancée comme elle le fut avec la journée de solidarité peut on dire en souvenir des morts de la canicule de 2003 à Paris[6].

En 2011, le terme « célébration » est changé en « commémoration », à la suite d'une polémique à propos du cinquantenaire de la mort de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline[7].

États-Unis

Ces G.I.'s forment sur le sol irakien une chaîne humaine formant les mots « 9-11 We Remember » (nous nous souvenons). Leur présence en Irak est officiellement justifiée par les victimes du World Trade Center

Les politiques de commémoration sont très développées aux États-Unis d'Amérique.

Autriche

Le Service autrichien en mémoire de l'holocauste, créé en 1991-1992, est une alternative au service militaire.

La Recherche des Racines (ou Spurensuche en allemand) est un projet d'échange qui a été initié par la République d'Autriche en 1994. 15 jeunes Israéliens ayant des ancêtres autrichiens sont donc invités à rester en Autriche pendant 10 jours pour y mener un projet avec 15 jeunes Autrichiens. Ils essaient donc d'apprendre ce qui est arrivé à leurs ancêtres, visitant les endroits où ils habitaient et cherchant à retrouver leurs traces.

Bien que l'accent du projet soit mis sur la recherche des racines familiales, l'aspect de créer des amitiés austro-israéliennes est important aussi, car les jeunes visitent des villes autrichiennes typiques et ont aussi assez de temps libre à leur propre emploi.

Le but de ce projet est d'établir des meilleures relations entre les deux pays et de découvrir l'Autriche par la vue des autres. (Articles dans Wikipedia sur ce service, en allemand, en anglais et en espagnol)

Commémoratif

Description

Adjectif signifiant « fait appel à la mémoire », qui qualifie divers témoignages laissés lors d'une manifestation de commémoration en souvenir d'un fait ou d'un personnage, généralement d'une création humaine à une date donnée, en direction des civilisations futures. On commémore donc un événement et on célèbre son anniversaire (se garder de commémorer le énième anniversaire d'un événement à moins de se souvenir spécifiquement de cet anniversaire-là).

Souvent objet d'une participation publique pour son financement généralement par une souscription, elle peut en France être associée au financement du 1 % artistique.

Témoignages commémoratifs : monuments, statues, places, arbres, poèmes, timbres, peintures, médailles, monnaies, bâtiments, nom de rue, etc.

Exemples

La « commémorationnite »

Le néologisme « commémorationnite » désigne « une propension française à commémorer des faits, des œuvres ou des personnalités dans tous les domaines, au risque d'un nivellement du sens et des valeurs dans l'esprit d'un public peu averti ». Cela passe notamment par le doublon d'anniversaires de naissance et de décès d'une personnalité ou d'une tendance à célébrer tous les chiffres ronds (dixième, vingtième, trentième anniversaire, etc.), conduisant les éditeurs à souvent indexer leur agenda (biographies, rééditions, témoignages, introspection d'un personnage, etc.) en fonction de ces célébrations[7].

Notes et références

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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