Empire hunnique

L’expression Empire hunnique adoptée par l’historiographie moderne, désigne est un système de domination du type « empire des steppes »[1] construit autour de la confédération des Huns, d’abord en Asie centrale, puis en Europe à partir de 375.

Empire hunnique

  

L'emprise hunnique (en orange) vers 450, sous le règne d'Attila.

Le mot « emprise » serait bien plus approprié que le mot « empire » car ce système n’est pas fondé sur la domination, l’exploitation et l’organisation durable de territoires conquis, mais sur une succession de conquêtes abandonnés par la suite ; d’autre part, il n’y a pas non plus de domination exclusive des Huns sur les peuples vaincus, mais une intégration de ceux-ci comme nouveaux confédérés fournissant des contingents à l’armée hunnique en vue de nouvelles conquêtes ; l’exemple le plus notable de cette intégration est celui des Ostrogoths, de 375 à 455. De plus, Attila et les Huns eux-mêmes n’ont jamais désigné leur système par « empire », « royaume » ou des mots équivalents : c’est pourquoi toutes les cartes montrant un domaine aux limites précises et nommé « empire des Huns » donnent une fausse image de la réalité. Attila se désignait lui-même comme « chef suprême et seigneur de la guerre » selon Aetius.

L’emprise hunnique atteint son apogée sous le règne d’Attila, alors que, solidement établi aux frontières des Empires romains d’Orient et d’Occident, non loin de la province romaine de Pannonie (et non dans celle-ci comme cela est fréquemment affirmé), il lance une offensive en Gaule en 451, puis en Italie l’année suivante. Mais les revers subis à ce moment, puis la mort d’Attila (453), marquent l’effondrement de l'emprise hunnique en Europe, tandis qu’en Asie, elle se prolonge jusqu’en 484.

Les Huns dans les steppes de la mer Caspienne et de la mer Noire

Avancée des Huns en Europe de l'Est (flèches bleues) culbutant les royaumes des Ostrogoths et Wisigoths (en jaune) au IVe s.

Les Huns proprement-dits sont un peuple « turco-mongol » originaire des steppes de l'Asie centrale, où les chroniques chinoises décrivent un peuple nommé Xiongnu[2], mais autour d'eux se forme rapidement une confédération d'autres peuples des steppes d'origines diverses[3],[4], dont les Alains, rencontrés entre la Volga et le Don, vers 370, puis les Goths alors établis entre le Don et le Danube.

Dans les années 370, les Greuthungues, au nord de la mer Noire, alors dirigés par Ermanaric s'intègrent à leur tour dans l'ensemble ; on les connaît aussi sous le nom d'Ostrogoths.

En revanche, les Thervingues, au nord du Danube, refusent l'alliance. Une partie suit le roi chrétien et arien Fritigern et entre dans l'Empire romain d'Orient en 376, rejoints par un certain nombre de Greuthungues dirigés par Alatheus et Safrac. Ces Goths sont dès lors connus comme Wisigoths : après avoir vaincu une armée romaine à Andrinople (378), ils sont installés en Mésie par Théodose (traité de 382). Les Thervingues d'Athanaric, restés fidèles à la mythologie germanique, se réfugient en Dacie, mais au début des années 380, Athanaric se rallie à son tour à l'Empire romain (il meurt à Constantinople vers 381).

Les Goths intégrés à l'armée nomade d'Attila adoptent dans les années qui suivent leur mode de vie et même la modification crânienne qui leur est caractéristique, pratiquée sur les crânes des nourrissons.

D'autres peuples germaniques intègrent la confédération hunnique : les Gépides, les Hérules, les Ruges, les Skires et les Bastarnes, tandis que les Daces Carpes, de souche thrace (et qui ont laissé leur nom aux Carpates) préfèrent se réfugier dans l'Empire romain d'Orient, dans les Balkans.

Les Huns en Europe centrale

Situation vers 400-406, à l'époque d'Uldin.

À la fin du IVe siècle et dans la première moitié du Ve siècle, les Huns poursuivent leur avance vers l'ouest et parviennent en Europe centrale. L'armée hunnique s'installe à l'ouest des Carpates dans la plaine des Agathyrses, aux portes de la Pannonie romaine (bassin du moyen-Danube, actuelle Hongrie), plaine qui présente un caractère steppique comme les plaines de la Volga et du Don.

Ils mettent en mouvement d'autres peuples germaniques, ce qui est peut-être une des causes de l'invasion de 407 par les Vandales, les Suèves et les Burgondes. Au début de 407, la défense romaine à Mayence est submergée et la Gaule est envahie. Vers 411, les Burgondes sont installés comme fédérés dans la région de Worms ; les Suèves quittent la Gaule et gagnent la Gallaecia en Espagne ; les Vandales envahissent aussi l'Espagne, avant de conquérir l'Afrique romaine en 429.

En 405, un groupe d'Ostrogoths, dirigé par Radagaise, issu de la confédération hunnique, envahit l'Italie, mais est vaincu par Stilicon à Florence.

Les Huns sont alors une menace pour les deux Empires romains, mais leurs dirigeants s'efforcent d'éviter la confrontation. Ils acceptent de payer ce que les Huns considèrent comme un tribut et les Romains des subsides à des alliés. Des otages sont échangés : on peut citer l'exemple d'Aetius, qui séjourne un long moment à la cour hunnique au début du Ve siècle. Les Romains recrutent des soldats parmi les hunniques volontaires qui sont incorporés dans l'armée romaine. Malgré tout, il y a aussi des périodes de tension.

La confédération hunnique avant le règne d'Attila

Dans les années 410-420, les Huns sont dirigés conjointement par deux rois, Octar, qui meurt vers 430, et Rugila, mort en 434. Ils ont un frère, Moundzouk, qui a peut-être été roi avant eux : il est le père de Bleda et d'Attila, qui deviennent rois des Huns en 434, conjointement jusqu'à la mort de Bleda dans les années 440.

De nature nomade, cette emprise peut difficilement être décrite en termes de limites géographiques précises. Il n'y a pas de capitale fixe : la réception des ambassades a lieu sous la tente du « grand-chef et seigneur de la guerre », qui fait office de palais au milieu du vaste campement de la horde. C'est dans cet environnement que grandit Aetius lors de sa jeunesse en tant qu'otage romain chez les Huns.

Le règne d'Attila

Extension maximale de l'emprise hunnique en Europe vers 450.
Autre figuration de l'expansion hunnique maximale, vers 451

La confédération hunnique atteint sa plus grande puissance sous Attila, sans cependant jamais contrôler l'ensemble de la Germanie comme le montrent de nombreuses cartes. Ses partenaires et adversaires romains font tout pour éviter la confrontation par le paiement de tribut. Peu de royaumes germaniques ou celtiques sont déjà formés à ce moment : le royaume francen Gaule belgique ; le royaume armoricain, le royaume des Burgondes et celui des Suèves à titre de foedus ; quant au royaume wisigoth, il ne sera à son apogée que vers 500.

L'armée d'Attila qui envahit la Gaule romaine est alors une coalition de Huns, d'Alains et de Germains parmi lesquels les Gépides, Hérules, Ruges, Skires, Thuringes, Suèves, Burgondes orientaux, Alamans et même Francs ripuaires conservent leurs propres chefs, identités et cohésions, reconnaissant simplement le clan d'Attila comme minorité dirigeante.

La fin de l'Empire hunnique en Europe

Les guerres successorales après la mort d'Attila disloquent la confédération hunnique, que les peuples germaniques quittent, non sans combats parfois, en particulier dans le cas des Gépides et des Ostrogoths. L'événement essentiel est la bataille de la Nedao (454), où les Gépides d'Ardaric et les Ostrogoths vainquent les fils d'Attila, Ellak, Ernakh et Dengizik, qui repartent alors vers l'Asie.

Chronologie

L'ère des Huns, de 73 en Chine à 484 en Perse, en passant par l'Europe, connaît une période de migration amorcée en 316 par une invasion du nord de la Chine, qui s'achève en Europe en 455 mais se poursuit en Perse après 484.

Itinéraire de l'invasion de la Gaule en 451 jusqu'à la bataille des Champs Catalauniques.
Les Huns déferlant sur l'Italie, toile d'Ulpiano Checa, 1887.

Bibliographie

Articles connexes

Notes et références

  1. Cf. René Grousset en bibliographie
  2. source « Histoire romaine », Marcel le Glay
  3. Histoire d'Attila et de ses successeurs, jusqu'à l'établissement des Hongrois en Europe : suivie des Légendes et traditions, Didier, (lire en ligne)
  4. La revue des deux mondes, (lire en ligne)
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