David Feuerwerker

David Feuerwerker est un rabbin et professeur d’histoire juive français (Genève, le Montréal, le ).

Pour les articles homonymes, voir Feuerwerker.

Membre distingué de l’armée française, maintes fois décoré pour ses faits de Résistance et son travail dans la Marine nationale dont il a fondé l'aumônerie, il s’impose comme l’une des grandes figures du judaïsme français d’après-guerre, officiant pendant une douzaine d'années à la synagogue de la rue des Tournelles et participant à la vie intellectuelle du pays par ses cercles d’études, conférences et publications. il introduit l’hébreu moderne comme langue étrangère au baccalauréat en France (et à l'étranger). Il est aussi, après son départ pour Montréal, l’une des grandes voix de la communauté juive francophone du Canada.

Éléments biographiques

Jeunes années

David Feuerwerker naît[Note 1] à Genève, 11 rue du Mont-Blanc ; il est le septième de onze enfants[Note 2]dans une famille juive orthodoxe originaire de l’empire austro-hongrois: son père Jacob est natif de Sighetu Marmației (royaume de Hongrie, aujourd'hui en Roumanie) arrivé en Suisse au début du XXe siècle, où il demeure au titre d’apatride sans en avoir jamais reçu la nationalité, tandis que la famille de sa mère, Regina née Neufeld[Note 3], vient de Lackenbach, l’une des sept communautés de la région d’Eisenstadt, en Autriche[1].

Comme la législation suisse sur l’abattage interdit à Jacob Feuerwerker d’exercer ses fonctions, la famille émigre en France où elle ouvre une pension familiale à Évian-les-Bains, et c’est au Talmud Torah de la rue Vauquelin dans le 5e arrondissement de Paris que le jeune David entame ses études. Bachelier ès sciences, lettres et philosophie, il entre, en 1932, au Séminaire israélite de France (SIF). Disciple du grand-rabbin Maurice Liber qui lui transmet sa passion de l’histoire, il compte parmi ses condisciples Moïse Cassorla, Joseph M. Brandriss ou encore Ernest Gugenheim[2].
Étudiant parallèlement les langues sémitiques anciennes  dont l’araméen et le syriaque [Note 4] à la Sorbonne, il entre à l'École pratique des hautes études en 1933[3]. Naturalisé français en 1936 alors que le reste de sa famille retourne en Suisse, il est nommé rabbin le 1er octobre 1937[Note 5],[Note 6].

Les années de guerre

Deux semaines après son ordination, le 15 octobre 1937, David Feuerwerker est incorporé en Alsace pour son service militaire. Il n’est pas démobilisé à la fin de son service car la France a déclaré la guerre à l’Allemagne hitlérienne mais il reçoit une permission de l’armée pour épouser à Paris Antoinette, née Gluck, le 28 novembre 1939[Note 7] . Chef des transmissions d’un groupe d’artillerie du 12e régiment d'artillerie divisionnaire et aumônier de la 87e DIA, il se distingue par sa bravoure et le soutien moral qu’il procure aux troupes, et qui lui valent deux citations pour la croix de guerre[4].

Rendu à la vie civile à Vichy le , un peu plus d’un mois après la signature de l’armistice, le rabbin Feuerwerker est nommé par le Consistoire à la tête des communautés de Corrèze, de la Creuse et du Lot. Sollicité le 9 décembre 1940 par le rabbin René Kapel pour organiser une aide matérielle aux détenus du camp de Gurs, ils parviennent à faire libérer certains des Juifs qui s’y trouvent internés mais doivent faire face à la question du logement alors que les autorités vichystes, inquiètes de l’afflux des réfugiés qui ont fui la zone occupée, émettent des mesures de plus en plus sévères pour le contenir voire l’endiguer. Après avoir connu une sérieuse déconvenue lorsqu’il a voulu persuader les préfets de convertir un centre d’internement en centre d’accueil[Note 8], David Feuerwerker intensifie ses activités clandestines.
Ayant élu domicile à la villa du Mont-Blanc, avenue Turgot, à Brive-la-Gaillarde, il a établi une synagogue au 30 avenue Pasteur[Note 9], l’a fait enregistrer en sous-préfecture comme Association Cultuelle Israélite de Brive[5] le 25 janvier 1941, et y a créé son premier cercle d’études pendant que son épouse Antoinette dispense officieusement des cours à 80 élèves.

Située à bonne distance de la ligne de démarcation, la première synagogue dans l’histoire de Brive a non seulement pour vocation de servir d’espace communautaire mais également d’abriter dès novembre 1942[6], avec l'accord du rabbin Feuerwerker, les bureaux de la Hebrew Immigrant Aid Society (HIAS) dans ses locaux  branche principale de la HICEM (HIAS-ICA-Emigdirect qui sont trois d’agence d’aide à l’émigration des Juifs d’Europe[7]), cette agence a été intégrée à l’Union générale des israélites de France (UGIF) pour éviter sa dissolution puis a transféré son quartier général depuis Marseille à la suite de l'occupation générale de la France qui signifie la fin de l’émigration légale[8]. Le rabbin Feuerwerker qui bénéficie de l’attitude favorable du clergé brivois à l’égard des Juifs[Note 10] et du fait de la reconstitution des Éclaireurs israélites (EI)[Note 11] dans cette ville[Note 12], se trouve par conséquent au centre d’une structure de sauvetage et d'exfiltration pour lesquels il donnera de toute sa personne ; un jeune réfugié juif[Note 13]décrit « un rabbin "de choc" […], toujours fourré avec le curé avec lequel il s'entendait à merveille, personnage courageux, haut en couleur et véritable meneur d'hommes[9] » qui se trouve informé par des contacts haut-placés dans l’administration des rafles prévues contre les Juifs de la région[10],[11].

Le rabbin s’attelle donc à faire émigrer ceux qui en ont la possibilité vers Cuba ou d’autres pays neutres avec l’aide de la HIAS[12],[13],[14] et à soustraire aux autorités ceux qui ne le peuvent pas: procurant refuges et ressources aux Juifs dans l’incapacité de fuir grâce aux subsides[Note 14]qu’il a collectés à titre de délégué de l’UGIF et du Joint, il redistribue une importante partie de ces subsides à la maison de Beaulieu-sur-Dordogne en Corrèze[Note 15], où de nombreux enfants sont confiés aux bons soins du chef EI Léo Cohn et de Jacob Gordin[15], et assiste Georges Garel, directeur de l’Œuvre de secours aux enfants, dans l’organisation de caches en Corrèze après la suppression de la zone libre[16]. C’est également sur son conseil que Roger Lang, condamné le 20 avril 1942 par le tribunal correctionnel de Brive pour non-déclaration de ses enfants (dont le futur homme politique Jack Lang) comme juifs, soutient devant la Cour d’appel que seule la filiation maternelle détermine l'adhésion à la religion juive, et obtient de la sorte sa relaxe ainsi que la sauvegarde de ses deux fils[17],[18]. Le rabbin se double par ailleurs d’un homme de terrain qui se rend personnellement à la maison d’arrêt pour sauver Alfred Denner (le frère aîné du futur acteur Charles Denner) de la déportation en le faisant passer pour tuberculeux[19] mais il ne se satisfait pas d’assurer la survie matérielle de ses protégés et trouve par exemple le temps d’aider Benoît Mandelbrot (le futur découvreur des fractales) dans la poursuite de ses études[20].

En juin 1943, le grand-rabbin de Lyon, et résistant Bernard Schonberg, est déporté ; David Feuerwerker qui le secondait, retrouve alors le réseau Combat[Note 16]d’Edmond Michelet[21],[22],[23]. Devenu Jacques Portal, il fournit de nombreux faux-papiers aux résistants. Son épouse, qui était membre de ce réseau dès janvier 1942[Note 17] et s’illustrera aux côtés de Germaine Ribière (Juste parmi les nations) dans l’évacuation de jeunes gens recherchés par l'autorité occupante[24], participe étroitement et activement à toutes les activités résistantes de son mari, en particulier pour la recherche et l’hébergement d’agents de liaison ainsi que pour la diffusion de journaux clandestins. En septembre 1943 naît la première de leurs six enfants, Betty-Anne (Atara Chane Beile de son nom hébraïque).

Bien qu’ils s’exposent continuellement à l’exécution ou la déportation par leurs nombreuses activités, les Feuerwerker ne sont pas inquiétés, hormis une menace publique et demeurée sans suites d’internement à Egletons en juillet 1942 par le préfet de la Corrèze. Cependant, la Gestapo s'aperçoit que le rabbin Feuerwerker joue un rôle important dans la Résistance quelque six mois avant la libération de la France.

Le 11 janvier 1944, l’assemblée des rabbins français recommande la fermeture des synagogues[25].

Il est recherché vainement le 15 mars 1944 par 6 officiers de la Gestapo mais il poursuit ses activités, en s'établissant en un autre endroit de la ville. Ses contacts de la Résistance de Brive le préviennent de son arrestation, prévue le à son domicile légal, et lorsque la Gestapo y fait irruption, pour la seconde fois en quinze jours, ils font chou blanc. Elle dévaste alors sa demeure et procède à une rafle dans la synagogue voisine, déportant vers de sinistres destinations sa belle-sœur, Rose Gluck[Note 18], et d’autres Juifs dont le jeune Robert Najberg qui préparait sa Bar-Mitzvah avec le hazzan Nachman Bindefeld ; la plupart ne reviendront pas[26].


Un certificat non autorisé et contenant de multiples erreurs avait été émis par George Mandel-Mantello, Premier Secrétaire du Consulat Salvadorien en Suisse pour attester de la citoyenneté salvadorienne de la famille Feuerwerker[27], mais c’est seul et dans la clandestinité que le rabbin passera en Suisse.

David Feuerwerker est pris en charge par le réseau Témoignage chrétien, sous la houlette du père Léon Bédrune de la Fraternité de Saint Antoine à Brive [28]. Acheminé vers le séminaire de Cahors (Lot) où, vêtu d’une soutane, il attend les « vrais-faux papiers » qui lui parviendront le 12 avril 1944, le rabbin est ensuite acheminé jusqu'à la Maison Bellecroix, dirigée par le père Henri Chambre[29].

Le chef de la compagnie de gendarmerie du Lot, le résistant, André Vessières, plus tard déporté à Dachau, contribue à son exfiltration[30]. Celle-ci a lieu le 31 mai 1944 par le père Louis Coignet, qui l’accompagne de Sainte-Foy-lès-Lyon jusqu'à Divonne-les-Bains. David Feuerwerker veille à la sécurité de sa famille avant de quitter Brive, les accompagnant jusqu’un couvent près d’Aubazine que dirige la mère Marie Bredoux  elles devront, après son départ, quitter le refuge pour ne pas compromettre la communauté d'accueil qui est menacée par la Gestapo, et erreront dans la ville de Lyon jusqu'à la rencontre opportune Place Bellecour avec Germaine Goblot, une professeure d’allemand qui les hébergera sitôt qu’elle aura appris le sort de son ancienne élève, Rose Gluck. Arrivé à Genève au début de juin 1944[31], le rabbin est brièvement détenu par les autorités suisses. Libéré, il reprend ses activités communautaires, organisant des séminaires et assistant le pédiatre Gaston Lévy dans sa tâche à l’OSE[32]. Il revient clandestinement à Lyon au bout de deux mois[Note 19].

David Feuerwerker participe à la libération de la ville, le 2 septembre 1944, en tant que capitaine-aumônier des Forces françaises de l'intérieur. Ses faits de résistance lui vaudront d’être décoré en 1953 comme chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire puis en 1958 de la Croix du combattant volontaire 1939-1945 et de la Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945 avec barrette France mais pour l’heure, le rabbin s’attelle à revivifier le judaïsme en France. Nommé grand-rabbin de Lyon en septembre 1944 et officiant à la synagogue du quai Tilsitt, sa tache primordiale va être de commanditer et de diriger les travaux de réfections de la synagogue qui avait été saccagée par les miliciens[Note 20], il fait abolir l’usage de l’orgue le chabbat et les jours de fêtes. Il publie aussi l’Unité, premier hebdomadaire juif depuis la guerre, cofondé avec son ami Aimé Pallière[33], « le Noahide par excellence » et ardent promoteur du dialogue judéo-chrétien[34].

Un rabbin et érudit à Paris

La fin de la guerre ne signe pas la fin de l’activité des Feuerwerker. Revenus à Paris où Antoinette participe avec sa sœur Rose à l’aventure de l’Exodus à l’insu de son mari, ils auront encore cinq enfants: Natania (1946), Élie (1948), Hillel (1949), Emmanuel (1951) et Benjamine (1952). Nommé par le Consistoire central rabbin de Neuilly où il est installé le (il y fonde un cercle d’études)[35], David Feuerwerker prend en charge en 1948 la synagogue de la rue des Tournelles  alors deuxième en importance à Paris  et en sera le dernier rabbin ashkénaze ; il y fera venir le « chantre des chantres » Moshe Koussevitzky[36], officiera le 23 janvier 1956[37], au mariage de Robert Cohen (champion du monde des poids coqs), et prononcera les éloges funèbres du grand-rabbin Samuel Jacob Rubinstein (de la synagogue de la rue Pavée)[38], de Cerf-David Mendès-France (le père de Pierre Mendès France), Isabelle Bernard Lazare (l'épouse de Bernard Lazare)[39], et André Spire. C’est également en 1948 que le rabbin fonde et anime pendant dix ans le Cercle d’études du Marais, sis au 14 place des Vosges où il réside[40],[41]. En un temps où les cercles d’études ne souffrent pas encore de la concurrence télévisuelle, cet « Hyde Park, avec plus d’esprit », comptera trois cent quatre-vingt séances au cours desquelles participent de nombreuses personnalités juives et chrétiennes du paysage intellectuel français[42],[Note 21],[Note 22]. Orateur renommé, il s’impose comme le choix naturel pour les commémorations sur le site du camp de Drancy ou au Mémorial pour le Martyr Juif Inconnu et assume en outre la fonction d’aumônier dans divers établissements pénitentiaires[43] (il aide à la Petite Roquette Ruth Ben-David[44]) qui épousera en secondes noces le rabbin Amram Blau (en), leader des Neturei Karta), lycées (Lycée Henri-IV, Lycée Fénelon, Lycée Victor-Duruy, Lycée Charlemagne) et hôpitaux (Hôpital Saint-Antoine, Hôpital Sainte-Anne).

Promu directeur de l’instruction religieuse en 1952 ainsi que vice-président du Conseil pour l’Éducation et la Culture Juives en France un an plus tard[45], il introduit l’hébreu comme langue étrangère au baccalauréat en France (et à l'étranger). Il en sera maintes années le seul examinateur pour la ville de Paris. Cependant, il se voit reproché des frais excessifs et non-sanctionnés pour le personnel éducatif. Les désaccords sur la politique pédagogique qu'il propose l'incitent, en 1953, à démissionner de cette tâche. Il est candidat au poste de grand-rabbin de France en 1955 mais le candidat élu est Jacob Kaplan. Un an plus tard, il représente la communauté juive de France lors d’une cérémonie sous l’Arc de triomphe de l'Étoile pour la visite de Moshe Dayan après la crise du canal de Suez[46]. Le , il reçoit la médaille de vermeil de la Ville de Paris, et la communauté lui rend hommage à l’occasion de ses vingt ans de rabbinat lors de sa deux-centième conférence[47].

Ayant créé la fonction d’aumônier général dans la Marine nationale française[48],[49], il occupe ce poste du au . Son grade dans la Marine est Lieutenant de Vaisseau 3e échelon. Il la représente lors de congrès internationaux à Amsterdam, Bruxelles, Londres ou à Rome, et effectue au même titre des missions de deux semaines en Afrique du Nord. Il interviendra au cours de celles-ci auprès du ministère de l'Éducation nationale de Tunisie pour le respect des fêtes religieuses juives[50], et obtiendra pour les marins juifs cantonnés en Algérie des permissions exceptionnelles lors de la Pâque juive et la distribution de pains azymes.

Contraint de quitter la synagogue des Tournelles en 1960 car le Consistoire israélite a décidé d’assigner le lieu au culte séfarade, il devient rabbin de la synagogue Chasseloup-Laubat. Les locaux du Cercle d'études du Marais deviendront cinq ans plus tard la synagogue de la place des Vosges sous l’impulsion de Charles Liché, ancien chantre de la synagogue des Tournelles. Après avoir obtenu un an plus tôt une licence ès lettres et un doctorat d’histoire de la Sorbonne, il intègre la VIe section de l’École pratique des hautes études de 1962 à 1965[51],[52], présentant des communications à la Société de l’Histoire de Paris[53],[Note 23] ou à l’Institut Napoléon de Paris et publiant de nombreux articles, dans la Revue des Annales, Évidences[54], le Bulletin de nos communautés etc. En 1963, David Feuerwerker est fait officier de la Légion d'honneur par le général de Gaulle pour son travail au sein de la Marine nationale. Il est nommé en 1964 comme grand-rabbin adjoint au grand-rabbin de Paris Meyer Jaïs. À cette période, le « Juif improbable », tel que s’est défini Dominique Moïsi, discute avec le rabbin de ses futurs choix de carrière[55].

La voix des Juifs francophones à Montréal

En 1966, David Feuerwerker émigre au Canada avec sa femme et ses enfants après avoir accepté un poste de professeur de sociologie à l’Université de Montréal[56]. Il l’occupera pendant deux ans au cours desquels il créera le département des études juives (1968-1978). Francophone et ashkénaze, le rabbin  qui siège à la cour rabbinique ainsi qu’au Vaad Haïr (« conseil municipal ») de Montréal[57],[58], aux côtés du grand-rabbin de Montréal Pinhas Hirschprung[59], dont il édite les pages françaises de l’organe de presse  sert d’intermédiaire entre la communauté ashkénaze anglophone et la communauté séfarade francophone ; il jouera un rôle similaire auprès de la communauté juive anglophone du Québec lors de la Révolution tranquille. Il présente aussi le rabbin Moshe Feinstein, sommité de son temps, au maire de Montréal, Jean Drapeau.

Il intervient, en décembre 1966, pour l'établissement d'écoles juives francophones au Québec[60].

Il est examinateur en hébreu pour le Baccalauréat français à Montréal.

En 1976, son livre sur l’émancipation des juifs en France paraît aux éditions Albin Michel, faisant la première page du Monde et reçoit le prix Broquette-Gonin d’histoire[61] de l’Académie française.

Se partageant entre la France et le Canada, il participe à de nombreux programmes radiophoniques et télévisés, est consulté comme expert et donne de nombreuses conférences[62],[63]. Portant un intérêt particulier à la musique juive, il participe à diverses reprises à l’émission la Musique des nations, animée par Alain Stanké à Radio-Canada.

Décès et hommages

Le rabbin David Feuerwerker meurt à Montréal le vendredi 20 juin 1980 (6 Tamouz 5740) et est enterré au cimetière de Sanhédriah[64],[65], à Jérusalem. De nombreuses personnalités et anonymes lui rendent hommage dont René Lévesque, à titre personnel et au nom du gouvernement du Québec.

Le 29 mai 2011, l'Association consistoriale israélite de Paris, représentée par Moïse Cohen, président d’honneur du Consistoire de Paris, et les rabbins Olivier Kaufmann (synagogue de la place des Vosges et directeur du Séminaire israélite de France) et Yves Marciano (synagogue des Tournelles), inaugure, en présence de deux de ses enfants, une plaque commémorative[66]

« L’Association consistoriale israélite de Paris rappelle avec reconnaissance le souvenir du grand-rabbin David Feuerwerker (1912–1980), officier de la Légion d'honneur, héros de la Résistance, officier d'Académie, créateur de l'Aumônerie israélite de la Marine nationale, lauréat de l'Académie française, ancien rabbin des Tournelles, fondateur-directeur du Cercle d'études du Marais (14 place des Vosges). »

Honneurs

Publications

David Feuerwerker est l’auteur de deux livres, ainsi que de nombreux articles de presse, conférences et émissions radiophoniques ou télévisées:

Les deux articles suivants sont mentionnés dans Parcours historiographiques. Judaïsme et histoire. Sélection et présentation par Étienne Anheim, avec la collaboration de Nicholas Stromboni. Annales. Histoire, Sciences sociales[75]:


Notes et références

Notes

  1. Le 2 octobre 1912, Hoshanna Rabba 5673.
  2. David Feuerwerker a 8 sœurs: Betty Anne Feuerwerker (1906-1929), voir Betty Anne Feuerwerker. geni.com.) et Cimetière israélite de Veyrier (Genève) (A jour au ).), Fanny Feuerwerker (épouse Lieberman) (1905-) (voir, Fanny Lieberman (Feuerwerker). geni.com.), Rachel Feuerwerker (épouse Jacobson), Déborah Feuerwerker (épouse Harstein) voir, Devorah Hartstein (Feuerwerker). geni.com.), Miriam Feuerwerker (épouse Hupert) voir, Miriam Huppert (Feuerwerker). geni.com.), Éva Feuerwerker (épouse Sommer, puis Eichler) (voir, Eva Feuerwerker. geni.com.) , Hélène Feuerwerker (épouse Weill) (1910-1985) (voir, Helene Feuerwerker. geni.com.) et (Cimetière israélite de Veyrier (Genève) (A jour au )., Esther Feuerwerker (épouse Finger) (1907-1991) (Cimetière israélite de Veyrier (Genève) (A jour au ).) et 2 frères: Moïse Feuerwerker (1920-1929) (voir, Cimetière israélite de Veyrier (Genève) (A jour au ).) et Salomon Joseph Feuerwerker (1916-1999) (voir, Salomon Joseph Feuerwerker. geni.com.)
  3. Regina Rivka Neufeld est née en 1880 à Lackenbach et est morte en 1952 à Genève, voir (en)Regina Rivka Feuerwerker (Neufeld). geni.com..
  4. Le rabbin Feuerwerker est polyglotte. Outre le français, il parle l'anglais, l'hébreu, l'allemand et le yiddish. Il est un spécialiste de la grammaire hébraïque (Dikduk). Formé lors de son service militaire comme agent de transmission (il connait le code Morse international), à ce titre il participe à la campagne de 1939-1940, sous les ordres du général Henry Martin. Il utilisera son savoir-faire en tant qu'opérateur radio pour la résistance à Brive depuis son domicile en tant que chef du service d'alerte jusqu'au début de mars 1944, puis déplacera son P.C. au début mars pendant une courte période avant de se réfugier dans la clandestinité.
  5. Le 21 août 1936, La Tribune Juive, organe indépendant du judaïsme de l'Est de la France, annonce qu'un oratoire a été inauguré par le rabbin Henri Soil à Évian-les-Bains (Haute-Savoie) et note que "M. Feuerwerker sera, malgré sa jeunesse, à la hauteur de sa tâche, sa piété étant connue". Voir, La Tribune juive, 21 août 1936, p. 527. Il a alors 23 ans.
  6. Il préside à la Synagogue Beth-Yaacov de Genève un Oneg Chabbat durant Pessa'h 1937 pour la jeunesse et en particulier pour les éclaireuses et éclaireurs. Il est noté que "Le jeune pasteur apporte aux Eclaireurs de Genève le salut des Eclaireurs juifs de France". Voir, Un office pour la jeunesse à Genève. L'Univers israélite. 23 avril 1937, p. 510.
  7. L'annonce de leur mariage parait dans le quotidien Le Temps, en date du 1er décembre 1939. Voir, Mariage.
  8. Les autorités vichystes, souhaitant regrouper les Juifs et autres indésirables dans un lieu éloigné des communes et aisément contrôlable par les forces de l’ordre, trouvent leur bonheur avec le château du Doux, situé à quelques kilomètres d’Altillac. Déclaré centre de regroupement le , il présente le double avantage de pouvoir contrôler les Juifs et de leur faire payer leur propre internement en échange de conditions plus confortables qu’un camp ; outre une caution de dix mille francs à l’arrivée, le prix du séjour est de cinquante ou quatre-vingts francs par jour avec menu unique et dix personnes par chambre si l’on est logé en seconde classe. Rapidement dépossédés, les candidats à la pension se font rares ; le rabbin Feuerwerker fait savoir au sous-préfet de Corrèze que « l’offre ne tente personne » mais que la communauté israélite serait intéressée à acquérir le château et à y développer un centre agricole peuplée de Juifs de la région  en réponse, le sous-préfet déclare à son supérieur qu’il ne voit « pas d’autre moyen pour l’instant, que d’y envoyer d’office un certain nombre de Juifs », faisant du château un nouveau centre d’internement  cf. Roussarie, 2012 & Schilt 2018, p. 124-125
  9. Au 30 avenue Pasteur, à Brive, l'Union générale des israélites de France (UGIF) 5ème direction 1ère section ouvre un bureau, dont la responsable est Rose Gluck. Voir, Archives Départementales des Alpes de Hautes-Provence. Sources de l'histoire juive pendant la Seconde Guerre mondiale. Digne. 1989. page 8, 6J6.
  10. Marie Bredoux, la mère supérieure de l’abbaye de Saint Étienne, et son économe, la sœur Marie-Thérèse Berger, abriteront une femme enceinte et douze jeunes filles (toutes juives) envoyées par Edmond Michelet ainsi que Kreindel et sa fille Betty Dornfest, dirigées vers l’abbaye par le rabbin Feuerwerker. Hautement observantes, ces dernières seront aidées au mieux par les religieuses qui auront veillé à pourvoir aux besoins y compris rituels de leurs protégées, et auront manifesté de l’intérêt pour leurs rites et observances sans avoir jamais cherché à les convertir ; elles seront reconnues après la guerre comme Justes parmi les Nations — cf. Yad Vashem 1992 & Paldiel 2006, p. 99. Oscar Dornfest, le mari de Kreindel Dornfest et le père de Betty Dornfest est né le 11 avril 1897 à Rozeszow. Sa dernière adresse est à Ussel en Corrèze. Il est arrêté à Périgueux et déporté, à l'âge de 47 ans, par le Convoi No. 73 du 15 mai 1944 de Drancy vers Kaunas/Reval, voir, Serge Klarsfeld. Le Mémorial de la déportation des Juifs de France. Beate et Serge Klarsfeld: Paris, 1978. Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms.FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France), 2012.
  11. Un de ces éclaireurs est Roger Taubert, qui va agir comme agent de liaison pour le rabbin David Feuerwerker et Edmond Michelet dans le mouvement Combat (Résistance). Arrêté à Cressensac (Lot) par des membres de la 2e division SS Das Reich, le 9 juin 1944, il est déporté le 2 juillet 1944 à Dachau, où il meurt de faim le 20 avril 1945. Il a 22 ans.
  12. Sur les contacts, à la Synagogue de Brive, entre le rabbin Feuerwerker et les Éclaireurs israélites (EI) voir, Nelly Cabanot-Lapeyre, 2019, p. 19.
  13. François Gros, le futur directeur de l'Institut Pasteur.
  14. Le rabbin René Kapel lui écrit le 9 décembre 1940, pour lui demander de l'aide pour les internés. Voir, René Kapel. "J'étais l'aumônier des camps du du sud-ouest de la France (août 1940-décembre 1942). Le Monde juif. Centre de Documentation Juive Contemporaine 1977/3, No. 87, p. 110-11.
  15. Selon le témoignage de Denise Gamzon, la maison de Beaulieu est une institution pour jeunes filles. Voir, en français, Oral history interview with Denise Gamzon. collections.ushmm.org.
  16. Edmond Michelet est le Chef du mouvement de Résistance Combat en Limousin (région R5) sous le nom de Duval, il est arrêté le 25 février 1943 à Brive-la-Gaillarde par la Gestapo. Transféré à Fresnes où il est mis au secret, il est déporté en septembre 1943 à Dachau
  17. Antoinette Feuerwerker est la seule femme de rabbin officiellement membre de la Résistance en France.
  18. Rose Gluck arrive à Auschwitz le 1er mai 1944.
  19. Brive-la-Gaillarde est la première ville de la France occupée à se libérer par ses propres moyens le 15 août 1944. Elle recevra à ce titre la croix de guerre 1939-1945.
  20. Eugène Weill, le président de la communauté, se rend à la Grande synagogue de Lyon, le 2 septembre 1944, le jour de la libération de la ville et témoigne sur Le sac de la grande synagogue de Lyon.). Voir, également, Sylvie Altar, Être juif à Lyon pendant la guerre (1940-1944), In: Laurent Douzou, Isabelle Von Bueltzingsloewen, Hervé Joly, Jean-Dominique Durand and Jean Solchany (ed.). Lyon dans la Seconde Guerre mondiale. Villes et métropoles à l'épreuve du conflit, 2016, note 48
  21. Y ont participé, entre autres, Dominique Arban, Raymond Aron, Robert Aron, Henri Baruk, le père Marie-Benoît, Roger Berg, Michel Borwicz, le père Dominique Dubarle, Georges Duhamel, Marcel Dunan, Edmond Fleg, Georges Friedmann, Paul Giniewski, Ernest Gugenheim, Henri Hertz, Vladimir Jankélévitch, Robert Job, Louis-Lazare Kahn, Maurice Kanapa, Jacques Kayser, Joseph Kessel, Véra Korène, Emmanuel Levinas, Jacques Madaule, Szolem Mandelbrojt, François Mauriac, André Maurois, Jacqueline Mesnil-Amar, Charles Merzbach, Henri Michel, Pierre Morhange, Elie Munk, François Perroux, Léon Poliakov, Isaac Pougatch, Emmanuel Rais, Gerhart Riegner, le père Michel Riquet, Michel Roblin, Cecil Roth, Michel Salomon, André Siegfried, Pierre-Maxime Schuhl, Léon Schwartzenberg, André Spire, Maurice Vanikoff et Jean Wahl.
  22. Pierre Birnbaum dans son ouvrage La "France aux Français". Histoire des haines nationalistes, 2006, p. 135, mentionne la séance du 10 mai 1954 du Cercle d'études Du Marais avec la conférence d'André Siegfried, en présence d'Alain de Rothschild.
  23. Le 19 novembre 1961, il est admis comme membre de la Société de l'histoire de Paris. Voir, Séance du 19 novembre (assemblée générale extraordinaire). Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, 1er août 1962, p. 28.

Références

  1. Feuerwerker 2013, p. 16 & (he) Esther Farbstein et Ayala Nedivi (Dr) Rescue From Tanger. Renée Reichmann Comes to the Aid of European Jewry. Holocaust Research Center Michlalah Jerusalem College 2017/Mossad Harav Kook, Jerusalem, p. 13, note 11
  2. Cf. Historique du Séminaire Israélite de France.
    Voir aussi:
  3. Liste des élèves et des auditeurs réguliers pendant l'année scolaire 1932–1933. Annuaire de l'École pratique des hautes études. Année 1933, p. 85. avec le Professeur Marcus Cohn.
  4. Docteur André Bernheim. Le Consistoire central face à la guerre et face aux enjeux de la Libération. 25 juin 1946.
  5. Voir, Philippe E. Landau, Vivre la Thora en France métropolitaine sous l'Occupation, Revue d’Histoire de la Shoah 2000/2 (N° 169), pages 108 à 124. (mis en ligne le 31 décembre 2020, consulté le 7 janvier 2021).
  6. Voir, Archives Départementales des Alpes de Hautes-Provence. Sources de l'histoire juive pendant la Seconde Guerre mondiale. Digne. 1989. page 11, 6J12.
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  26. Feuerwerker, 2016, cf. JORF no 0116 du 18 mai 1995, page 8377 & no 0159 du 11 juillet 2014, page 11605 texte no 101.
  27. « Unauthorized Salvadoran citizenship certificate issued to David Feuerwerker (b. October 3, 1912 in Geneva) and his wife Antoinette (nee Gluck) Feuerwerker (b. 1912 in Poland) and their daughter Betty-Anne Atara Feuerwerker (b. September 6, 1943) by George Mandel-Mantello, First Secretary of the Salvadoran Consulate in Switzerland, and sent to their residence in Brive-la-Gaillarde. » (consulté le ) ; Antoinette Gluck est née à Borgerhout près d’Anvers, et les dates de naissance du rabbin et sa fille sont erronées.
  28. Souvenirs de guerre au Monastère franciscain de la Fraternité de Saint-Antoine. judaisme.sdv.fr.
  29. Calvez 2008, p. 26 & 117, Léon Bédrune, « Saint Antoine dans la Résistance », Fidélité, Fraternité Edmond Michelet, no 95, , p. 10-11
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  31. Archives d'État de Genève. Personnes enregistrées à la frontière genevoise durant la Deuxième Guerre mondiale. État au 27 juin 2003.
  32. Souvenirs d’un médecin d’enfants à l’OSE - page 8
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  37. Voir, France-Dimanche, No. 492 qui précise que la date hébraïque est le 10 Chevat 5716. Ce reportage s'accompagne de nombreuses photographies, incluant le rabbin David Feuerwerker.
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  63. Le Devoir, Montréal, 24 février 1968.
  64. Annette Malka. Les cimetières de Jérusalem : Personnes célèbres ou très connues enterrés dans des cimetières beaucoup moins connus pour ne pas dire inconnus. 12 mars 2011.
  65. Le rabbin René Kapel représente le rabbinat français avec le rabbin Jean Schwarz, ancien rabbin de la Synagogue de la rue de Montevideo, Communauté orthodoxe non consistoriale de la rue de Montevideo dans le 16e arrondissement de Paris, aux funérailles du grand-rabbin David Feuerwerker à Jérusalem.
  66. Lauren Cannady. Under the shadows of the Eiffel Tower: Holocaust Souvenirs of Paris. College of Charlestown Department of History. June 13th 2012. Voir la plaque commémorative, fixé sur un pilier dans la Synagogue des Tournelles, p. 21, à la mémoire du dernier rabbin Ashkenaze des Tournelles, le rabbin David Feuerwerker.
  67. Décret en date du 31 juillet 1953, publié au J.O. du .
  68. Le Journal des Communautés du vendredi 14 août 1953, p. 9, note: "Nous sommes heureux de relever dans le Journal Officiel du la nomination à titre militaire de M. le rabbin David Feuerwerker au grade de chevalier de la Légion d'honneur avec attribution de la Croix de Guerre avec palme. Cette distinction, qui sanctionne les titres exceptionnels que s'est acquis le titulaire dans la Résistance, honore la Communauté de Paris et le judaïsme français tout entier. Notre Journal adresse ses respectueuses et sincères félicitations à son collaborateur qui, attaché au temple des Tournelles où l'on connaît son succès, assume en outre, avec une activité constructive remarquable, les fonctions de vice-président du Conseil pour l'Éducation et la Culture Juives en France."
  69. David Feuerwerker écrit qu'Edmond Michelet était : « un de nos grands compagnons de la Résistance ». François Denoël, 1990, p. 90.
  70. Décision du Ministère des Armées (No. 19140) en date du 31 décembre 1958.
  71. J.O. du 8 mai 1963, p. 4110.
  72. « Archives Paul Bauer (inventaire) » [PDF], sur l’Alliance Israélite Universelle (consulté le )
  73. « Sommaire du numéro de l’Unité pour Tish’A be-Av », sur Judaïsme d’Alsace et de Lorraine (consulté le )
  74. « l’Unité du 11 janvier 1946 (n⁰ 1 & 2) », sur Gallica (BnF (consulté le )
  75. Parcours historiographiques. Judaïsme et histoire. Annales. Histoire, Sciences sociales
  76. Feuerwerker, David (1912-1980). www.persee.fr.
  77. Daniel-Rops et le peuple de Dieu.
  78. Daniel-Rops et le peuple de Dieu. 16 pages.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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