Hébreu

L’hébreu (en hébreu moderne : עִבְרִית / ivrit /ivˈʁit/ ou /ʕivˈɾit/, et en hébreu ancien : לשון הקודש lašon ha-qodeš « langue sacrée ») est une langue chamito-sémitique appartenant à la branche centre-nord de la famille des langues sémitiques du groupe cananéen. Elle est étroitement apparentée au phénicien et aux langues araméennes.

Cet article concerne la langue hébraïque. Pour le peuple hébreu, voir Hébreux.

Hébreu
עִבְרִית / ivrit (he)
(adjectif : hébreu ou hébraïque)
Pays Israël, diaspora juive à travers le monde
Nombre de locuteurs plus de 9 millions
LM : plus de 5 millions
Typologie SVO, flexionnelle, accusative, à accent d'intensité
Écriture Alphabet hébreu
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Israël
Régi par Académie de la langue hébraïque
Codes de langue
ISO 639-1 he
ISO 639-2 heb
ISO 639-3 heb
IETF he
Linguasphere 12-AAB-a
WALS heb
Glottolog hebr1246
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)

כל בני האדם נולדו בני חורין ושווים בערכם ובזכיותיהם. כולם חוננו בתבונה ובמצפון, לפיכך חובה עליהם לנהג איש ברעהו ברוח של אחוה

L'hébreu classique est la langue rituelle et liturgique de la religion juive, tandis que l'hébreu moderne compte plus de neuf millions de locuteurs en Israël[1] et un million dans le reste du monde[2]. L’hébreu est la langue officielle de l’État d’Israël.

Histoire

Hébreu ancien

De l’écriture égyptienne en hiéroglyphes dériva hypothétiquement l’écriture protosinaïtique, suivie de l’écriture protocananéenne. Cette écriture évolua ensuite en écriture phénicienne considérée comme la mère des écritures grecque, paléo-hébraïque, samaritaine et araméenne.

Proto-hébreu

Les lettres d’Amarna ou de Tel-Amarna sont une correspondance diplomatique égyptienne du XIVe siècle avant notre ère. Certaines lettres viennent de Canaan. Elles sont rédigées en akkadien, la langue diplomatique de l’époque. Toutefois, elles comprennent bien des mots et d'expressions de la ou des langues ouest-sémitiques parlées en Canaan. On y retrouve des parallèles linguistiques frappants avec l’hébreu de la Torah, ce qui indique que des formes dialectales de proto-hébreu étaient parlées en Canaan avant l'installation des Hébreux eux-mêmes (les lettres ne font pas mention des Hébreux, sauf peut-être sous la forme des Apirou, population mal identifiée, dont le nom a un rapport possible avec « Hébreux »).

Cependant, au-delà de ces indices linguistiques, la forme de ce ou de ces proto-hébreu(x) reste imprécise. On peut cependant remarquer que les anciens dialectes phéniciens (Liban actuel) connus sont très similaires à l’hébreu ancien, à tel point qu’on peut parler de formes géographiques d’une même langue, qui semble donc avoir été parlée (avec des variantes régionales) sur la côte syro-palestinienne. L’hébreu biblique provient donc d’une (voire plusieurs) de ces variantes géographiques dialectales.

En , est découvert dans une strate datée entre -1050 et -970 : l'Ostracon de Khirbet Qeiyafa, qui pourrait être la plus ancienne trace écrite de l'hébreu sur le site de Khirbet Qeiyafa, une petite localité de l’Âge du Fer II A.

Selon Israël Finkelstein[3], les premières variantes de caractères hébreux apparaissent entre -880 et -830.

Hébreu biblique

Diffusion de l'alphabet en Syro-Palestine entre le XIIIe et le VIIIe siècle av. J.-C. (alphabets ougarite, proto-cananéen, phénicien ancien, araméen ancien, hébreu ancien), selon Mario Liverani

L'hébreu est la langue de la Bible hébraïque (תַּנַ"ךְ / tanakh) et de la Mishnah ; celle de la plupart des livres apocryphes (ספרים חיצוניים / sefarim hiśoniyim) est l'araméen. Les manuscrits de Qumran (ספרים גנוזות / sefarim genuzot) découverts dans des grottes situées au nord de la mer Morte entre 1947 et 1956, sont eux aussi principalement écrits en hébreu. En dehors des copies de livres bibliques, seulement un manuscrit sur six était rédigé en araméen (quelques manuscrits étant aussi composés en grec).

Dans la Bible, notamment dans le premier livre, la Genèse (בְּרֵאשִׁית / Berešit), au chapitre 14, verset 13, on trouve אברם העברי / Abram ha-’ibri, il s’agit « d’Abram l’Hébreu » avant qu’il ne devienne Abraham (אַבְרָהָם / Abraham), mais le texte ne fait aucune mention de la langue parlée par celui-ci et ses descendants. Il est généralement admis que le terme « hébreu » viendrait de l’expression « מעבר לנהר / me-’eber la-nahar » (de l’autre côté du fleuve), qui désigne l’origine d’Abraham.

Le texte de la Bible hébraïque en usage dans les éditions imprimées ou dans les rouleaux de la Torah à la synagogue est appelé texte « massorétique » (מסורת / massoret, signifiant « transmission »). Sa rédaction est le fruit d’un travail de plusieurs siècles, depuis l’époque des rois (VIIIe siècle av. J.-C.) jusqu'à celle des Maccabées (livre de Daniel, 167 avant l’ère chrétienne), dont il est difficile d’établir les différentes étapes.

L'hébreu biblique est une langue religieuse, sans doute différente de la langue parlée par la population. On y retrouve en effet essentiellement des termes pouvant être utilisés dans un contexte religieux. On a ainsi remarqué une certaine pauvreté de la langue biblique : la Bible ne comporte pas plus de 8 000 mots, dont 2 000 seraient des hapax (des termes n'apparaissant qu'une seule fois), et ces mots sont construits sur seulement 500 racines hébraïques[réf. nécessaire]. À titre de comparaison, à la même époque, le lexique grec comporte 120 000 mots[4]. Un vocabulaire populaire plus diversifié, maintenant disparu, a dû exister à côté de la langue formaliste et spécialisée de la Bible.

Hébreu mishnique

Papyrus Nash en hébreu, IIe siècle av. J.-C. à IIe siècle apr. J.-C.

Cette forme de l'hébreu correspond à une période de l'histoire de la langue hébraïque (IerVIe siècle) qui correspond à peu près à la période du Talmud (IIe - Ve siècle), et celui-ci en est donc un témoignage. Elle est appelée aussi hébreu rabbinique ou langue des Sages.

C'était une langue vivante utilisée dans la vie courante autant que dans la littérature, comme attestent des documents épigraphiques et des manuscrits retrouvés par les archéologues en Israël et réunis dans une banque de données israélienne[5]. Elle a commencé à être étudiée linguistiquement par Abraham Geiger en 1845.

L’hébreu mishnaïque contient certaines innovations par rapport à l’hébreu de la Bible auquel il est postérieur de plusieurs siècles. Ces innovations portent en particulier sur les domaines de la syntaxe et du vocabulaire. Dans ce dernier domaine, on constate des emprunts aux langues politiquement et/ou culturellement dominantes de l’époque : araméen, grec, latin et persan.

Hébreu médiéval

À partir du Xe siècle, c'est en dehors de la Palestine, au milieu des diverses communautés juives de la diaspora (גלות / galout) que l’hébreu survit, jusqu’à sa remarquable renaissance en Israël au XXe siècle à la suite des efforts d'Éliézer Ben-Yehoudah.

Dans la vie quotidienne, les juifs parlaient la langue du pays dans lequel ils vivaient, réservant la langue hébraïque au domaine culturel. C’est en effet dans cette langue que les juifs de la diaspora priaient trois fois par jour, qu’ils lisaient la Torah et en étudiaient les commentaires. C’est également en hébreu que des sages (חכמים / hakhamim) des différents pays correspondaient. La production hébraïque dans des domaines cultuels, culturels et professionnels montrent la dynamique de la langue hébraïque sur la longue durée historique.

Hébreu moderne : renaissance ou reconstruction de la langue

L’hébreu a connu au XXe siècle une renaissance moderne sous l’impulsion d'Eliézer Ben Yehoudah (1858-1922).

Le travail de Ben Yehoudah trouve son origine dans la période dite de la Haskalah (השכלה).

La Haskalah

La Haskalah est un mouvement philosophique, influencé par le siècle des Lumières, qui est lancé à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne par Moses Mendelssohn (1729-1786). Il entend mieux intégrer les Juifs dans leur environnement non juif par la pratique d’une éducation « moderne », l’implication dans les débats philosophiques ou scientifiques, et l’intégration aux circuits économiques de l’époque.

Une partie du mouvement s’est aussi attachée à une renaissance de l’usage de la langue hébraïque. Celle-ci était devenue exclusivement une langue religieuse utilisée pour le culte. Les partisans de la Haskalah, les maskilim (משכילים), du moins ceux intéressés par cette question, souhaitaient développer un usage laïque de la langue et en répandre l’usage dans les populations juives.

En 1793, le premier périodique en langue hébraïque est publié par des maskilim de la ville prussienne de Koenigsberg : המאסף / Hameasef le Collectionneur »). Une part importante du journal est consacrée aux traductions, à la philologie, à la création littéraire de type moderne et aux actualités.

Dès 1853, Avraham Mapou, le père du roman hébreu, publie un « roman biblique » qui connaîtra un grand succès auprès des lecteurs : L’Amour de Sion[6].

Shalom Abramovitch, plus connu sous le nom de Mendele Moich Sforim (Mendele le vendeur de livres), inventa, après un détour via le yiddish, une nouvelle prose hébraïque, mélange d’hébreu biblique et rabbinique.

המליץ « Hamelitz » l'Avocat »), quotidien russe en hébreu, publié au XIXe s. à St-Pertersbourg, 14 février 1889

La Haskalah se développe progressivement dans l'Empire austro-hongrois et dans l'Empire russe, où elle se heurte à l'hostilité de milieux plus traditionalistes, moins exposés à l’assimilation qu'en Allemagne.

C’est en Europe centrale et orientale que se développe la presse hébraïque : plusieurs journaux naissent à Vienne, en Galicie (חלוץ / halouts, השחר / hašahar) ou dans l’Empire russe (המגיד / hamagid, המליץ / hamelits). Ces derniers jouèrent un rôle clé dans la diffusion des idées « modernisatrices », des œuvres littéraires et de l’usage laïque de l’hébreu propre aux maskilim.

Ces derniers furent très tôt confrontés à la relative pauvreté (8 000 mots et 500 racines) de la langue hébraïque, en particulier pour évoquer le monde moderne. Le problème avait deux origines. D’une part, l’hébreu était une langue datant de l’Antiquité, et d’autre part, il s’agissait d’une langue formaliste spécialisée dans le domaine religieux et qui n’était quasiment plus usitée en dehors du domaine religieux.

Certains auteurs, comme Mendele Moich Sforim, commencèrent donc un travail de création lexicale, inventant de nouveaux mots sur la base de racines hébraïques et arabes.

Les maskilim parvinrent ainsi à faire éclore l’usage littéraire de la langue hébraïque, partiellement modernisée.

Ben Yehouda

Eliézer Ben Yehoudah à sa table de travail

C’est en 1858 que naquit dans une bourgade lituanienne Eliézer Perlman. De son maître à la yeshiva (école talmudique), il apprit la grammaire hébraïque et lut en cachette, comme d’autres étudiants, le roman d’Avraham Mapou, L’Amour de Sion. Il poursuivit des études de médecine à Paris où il eut l’occasion de parler hébreu et conçut le projet de faire revivre l’usage de cette langue. En 1878, il écrivit un article dans ha-šahar dans lequel il exhorte aux Juifs de parler l’hébreu.

Sympathisant du premier groupe sioniste, les Amants de Sion, Eliézer Perlman choisit en 1881 le patronyme d’Eliézer Ben Yehouda et partit s’installer dans la ville de Jérusalem, en Palestine ottomane. Il décida de ne s’adresser qu'en hébreu à Deborah qu'il avait épousée la même année. Il interdit que l’on communique avec son fils, Ben Tsion, qui portera plus tard le nom d’Itamar Ben Avi, dans une autre langue. Les maskilim avaient développé une langue littéraire, mais c’est à l’initiative de Ben Yehouda que commença le renouveau de l’hébreu parlé.

En 1894, Ben Yehouda entreprit la rédaction d’un Grand Dictionnaire de la langue hébraïque ancienne et moderne réunissant tous les termes hébreux utilisables en hébreu moderne, dictionnaire intitulé à l'origine le Thesaurus Totius Hebraitatis. Pour ce faire, il parcourut des dizaines de milliers d'ouvrages, se fonda sur l’hébreu religieux (biblique ou mishnaïque) et sur le travail de création lexical des premiers maskilim. Ce travail restant insuffisant, Ben Yehouda fut à l’origine de nombreux néologismes comme « restaurant » (מסעדה / mis'ada), « journal » (עיתון / iton) ou encore « montre » (שעון / ša'on). Il est aussi à la base de l’usage de la prononciation séfarade, qu’il considérait être plus fidèle à la prononciation antique, de l’hébreu religieux comme base de la prononciation de l’hébreu moderne.

Après 15 ans, le premier volume du Thésaurus de la langue hébraïque ancienne et moderne était publié. Les sixième et septième volumes furent publiés peu avant sa mort, en 1922. Ce n’est qu’en 1959 que la série complète en seize volumes fut achevée par une équipe fidèle à son esprit. Pour chacune de ses entrées, ce Grand Dictionnaire contient une traduction en allemand, en russe, en français et en anglais, ainsi qu'une indication de la racine arabe correspondante[7].

Oppositions et adhésions

La pratique « vulgaire » et quotidienne de la « langue sacrée » (לשון הקודש / Lĕšôn Ha-Qôdeš) suscitera la très ferme hostilité des Juifs les plus religieux. Au cours du XXe siècle, la plupart des haredim (ultra-orthodoxes) se rallieront cependant progressivement à la pratique quotidienne de cette langue « modernisée », tout en conservant l’hébreu religieux pour le culte.

Certains groupes haredim actuels, comme la Edah Haredit continuent de refuser l’usage laïque de l’hébreu, le réservant à un usage sacré. Les membres israéliens actuels de la Edah utilisent ainsi toujours le yiddish comme langue parlée.

À l’inverse, le mouvement sioniste défendit rapidement l’usage de l’hébreu modernisé des maskilim, plus particulièrement dans la version de Ben Yehouda.

Si dans Der Judenstaat, Theodor Herzl ne croit pas à l’hébreu comme langue uniforme de l’État juif, les organisations sionistes qui apparurent entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle s’y rallièrent très rapidement. L’hébreu devint ainsi une des langues officielles de la Palestine mandataire (1922-1948) et d’Israël depuis 1948.

Académie de la langue hébraïque

La langue est officiellement régie par l'Académie de la langue hébraïque (האקדמיה ללשון העברית / Ha-aqademia La-lašon Ha-ibhrit) née en 1948 et dont l'ancêtre créé en 1890 par Ben Yehouda, s'appelait la Va'ad halashon, la « Commission de la langue hébraïque »[7]. Cependant, les Israéliens ont tendance à ne pas suivre les conseils que donne l'Académie hébraïque; par exemple, les recommandations en matière de prononciation de l'hébreu moderne n'ont pas été toujours suivies, et on retient, par exemple, la prononciation des consonnes gutturales, qui donnent à l'hébreu son caractère plus oriental. Les Israéliens se sont bien éloignés maintenant du modèle oriental initialement proposé. Une des décisions de l'Académie de la langue hébraïque qui a été appliquée fut la prononciation du « sadi » comme le « z » allemand, en raison de la difficulté supposée des populations germanophones de le prononcer autrement, le « sadi » devient alors « tsadi »[réf. souhaitée].

Synthèse

Configuration du clavier hébreu.

Pendant le Moyen Âge, il n'est plus une langue vernaculaire mais subsiste comme langue d'étude juive, alors que les textes sacrés et les discussions rabiniques sont tous écrits en hébreu. Son utilisation se réservait aussi à la liturgie juive (langue liturgique ou cultuelle) et au monde de l'écrit à travers les études à la Renaissance ou la correspondance entre lettrés (langue savante) ou dans les documents commerciaux entre Juifs (langue véhiculaire). L'hébreu était la langue d'écriture principale des Juifs, principalement en matière halakhique : rédaction des protocoles des tribunaux , dossiers halakhiques, interprétation des Écritures, et plus encore.

Le linguiste Claude Hagège affirme alors que « l'hébreu n'était plus vivant, mais il n'était pas mort »[7]. L'hébreu est la langue de l'étude juive alors que celle-ci occupait une place centrale dans la vie des communautés juives, en particulier au sein des shtetls.

À partir de la fin du XVIIIe siècle, avec la croissance du mouvement éducatif juif en Allemagne et en Europe de l'Est, la langue hébraïque est entrée dans la dynamique moderne. Tout au long du siècle, son utilisation laïque se fait croissante.

Classe d'élèves de l'école Habib, première école hébraïque fondée en 1886, qui introduit la méthode d'enseignement de l'hébreu en hébreu, Rishon LeZion (Palestine), 1905

Avec le mouvement sioniste à la fin du XIXe siècle, l'hébreu est utilisé comme langue d'établissement en terre d'Israël. Mais ce n'est qu'avec Eliezer Ben-Yehuda et d'autres linguistes que la langue est adaptée en langue vernaculaire pour devenir la langue nationale du Yishouv. Les maskilim qui l’ont précédée y ont contribué. Les locuteurs de l’hébreu qui lui ont succédé ont continué de créer des mots. Durant cette renaissance de l'hébreu, il existait deux dialectes, juif et samaritain. Le dialecte juif avait quatre modes de prononciation principaux : ashkénaze, sépharade, yéménite et irakienne). Ben-Yehuda choisi la prononciation espagnole comme prononciation standard de l'hébreu dans le Yishouv. Cependant, la pratique de la vie linguistique a résulté en un compromis entre les prononciations.

Avec le mandat britannique, l'hébreu obtient le statut de langue officielle, aux côtés de l'arabe et de l'anglais.

L'hébreu est actuellement parlé par plus de 9 millions de locuteurs[8].

Alphabet

Écriture des consonnes

Alphabet hébreu

L’hébreu s’écrit et se lit de droite à gauche en utilisant un alphabet consonantique (abjad) de 22 lettres.

L'écriture actuelle de l’hébreu est l'écriture dite carrée (כתב מרובע / ketab meruba’), que les sages du Talmud appelaient « écriture assyrienne » (כתב אשורי / ketab ašuri).

Les sages du Talmud connaissaient deux écritures de l’hébreu : l’écriture dite hébraïque (כתב עברי / ketab 'ibri — maintenant appelée alphabet paléo-hébraïque) et l’écriture assyrienne. D’après un traité talmudique, le peuple d’Israël aurait abandonné aux Samaritains l’écriture hébraïque à l’époque du Talmud et conservé la seule écriture assyrienne : « Israël a choisi l’écriture assyrienne et la langue sacrée et a laissé aux hediotot [Samaritains[9]] l’écriture hébraïque et la langue araméenne ».

Alphabet samaritain kadosh

Ainsi les caractères paléo-hébraïques de l’hébreu samaritain, qui sont encore utilisés par les Samaritains de la petite communauté de Holon et Naplouse, sont les antiques caractères, légèrement modifiés au cours des siècles et abandonnés par les Juifs à l’époque talmudique.

Si l’hébreu ancien distingue très clairement les différentes gutturales, l’hébreu contemporain ne le fait guère. De plus, sa syntaxe incline de plus en plus vers des structures indo-européennes. La prononciation de l’hébreu moderne ne distingue plus certains phonèmes notés par des lettres différenciées, telles que « ח » (het) et « כ » (khaf) par exemple, ce qui cause une tendance homophonique et des difficultés d’orthographe. D’autres couples homophoniques figurent dans l’hébreu moderne : « ב » / « ו » (vav / bhet), « ת » / « ט » (tet / tav) et « כ » / « ק » (qof / kaf).

Notation des voyelles

Vazla : mot hébreu avec consonnes, voyelles et (indiqué en vert) signe de cantillation

À l’origine, la langue hébraïque, comme toutes les autres langues sémitiques utilisant l’alphabet, ne note pas les sons vocaliques.

Trois systèmes vocaliques se sont développés : le babylonien, le palestinien et celui dit de Tibériade. Ce n’est qu’au VIIe siècle que les sages (חז"ל / hazal) du judaïsme réunis à Tibériade convinrent d’un système de voyelles basé sur des traits et des points qu’on appelle système vocalique, qui se nomme en hébreu « torat haniqud » (« règles de ponctuation »). On hérite aussi de cette période les signes de cantillation (טעמים / te'amim — le mot טעם / ta’am signifie « goût » en hébreu), la Torah étant chantée depuis ses origines ; elle l’est encore dans le culte juif, grâce à ces signes de cantillation.

Grammaire

Formation des mots

En hébreu, tout mot peut s’analyser en deux morphèmes : le schème et la racine.

Les schèmes nominaux ou verbaux constituent des squelettes dans lesquels sont coulées les racines. Ils sont en nombre limité et associés à des sens ou des usages spécifiques.

La racine de chaque mot se dégage naturellement pour le locuteur qui distingue l’ajout d’une consonne préfixale ou suffixale. Une racine est généralement trilitère, mais l’hébreu connaît aussi des racines quadrilitères, voire quinquilitères.

C’est ainsi qu'on peut produire un adjectif, une conjugaison, une forme passive, un indicatif etc. à partir de toute racine, même si le mot est d’origine étrangère ou [lazim] לעזי"ם, comme l’écrit Rachi : prenons le mot « téléphone » (טלפון) se prononçant bien entendu « telefon », le verbe « téléphoner » suivant la grammaire hébraïque, se dit « letalpen » (לטלפן) (certains prononcent [letalfεn] par assimilation).

Les membres de la famille Kimhi qui ont vécu vers le milieu du Moyen Âge ont passé de nombreuses années à dénombrer et comprendre les schèmes (משקל) et ont posé les bases de la première grammaire hébraïque.

Notes et références

  1. « Monthly Bulletin of Statistics for Population », Bureau central des statistiques israélien, (consulté le ).
  2. (en) « How Many People Speak Hebrew, And Where Is It Spoken? », sur Babbel.com (consulté le ).
  3. « The West Semitic Alphabetic Inscriptions, Late Bronze II to Iron IIA: Archeological Context, Distribution and Chronology », sur Academia,
  4. Jean Soler, La violence monothéiste, Paris, De Fallois, , 469 p. (ISBN 978-2-87706-675-4)
  5. 1, CD-Rom du Hebrew Language Historical Dictionary Project, Jérusalem, 1998.
  6. L'Amour de Sion de 1853 inspirera le nom du mouvement « les Amants de Sion » fondé en 1881.
  7. « Un bref historique de la langue hébraïque », sur www.morim.com (consulté le )
  8. Mireille Hadas-Lebel, « Histoire de la langue hébraïque », sur www.massorti.com, (consulté le )
  9. Qui sont les hediotot ? Rabbi Hisda dit : « les Couthéens » (Sanhédrin 21b). Le terme dépréciatif de hediotot désignerait les Samaritains.

Voir aussi

Bibliographie

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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