Le Souvenir français

Le Souvenir français est une association créée en 1887 qui garde le souvenir des soldats morts pour la France par l'entretien de tombes et de monuments commémoratifs.

But de l'association

Le Souvenir français est une association loi de 1901, fondée en 1887 et reconnue d’utilité publique, le (l’une des plus anciennes de France) qui est investie d’une triple mission :

  • conserver le souvenir de ceux qui sont morts pour la France ;
  • entretenir les monuments élevés à leur mémoire ;
  • transmettre le flambeau du souvenir aux générations successives.

Le Souvenir français a pour vocation d'honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la France qu’ils soient Français ou étrangers.

Fonctionnement de l'association

Il y a une délégation générale par département, il y a plus de 1 681 comités locaux en France et 68 représentations à l’étranger. En 2015, l'association revendique plus de 250 000 membres actifs[1].

Le bénévolat est de règle pour le fonctionnement de l’association. Le Souvenir français est placé sous le haut patronage du Président de la République. Il a été couronné par l’Académie française en 1975 et par l’Académie des sciences morales et politiques en 1978.

Le Souvenir français ne publie pas son budget annuel sur son site (au ), ne permettant de connaître ni l'origine de ses ressources, ni ses postes de dépenses. Cependant, en 2016, au niveau national, la quête de la Toussaint « a permis d'organiser des voyages mémoriels pour les jeunes générations, mais aussi d'entretenir, rénover et fleurir plus de 130 000 tombes, de restaurer plus de 200 monuments, de réaliser 40 stèles et monuments commémoratifs », le tout pour un budget « de l'ordre de 3 millions d'euros »[2].

Historique

La perte de l'Alsace-Lorraine

La création du Souvenir français intervint dans le contexte de l'après guerre de 1870 et de la perte de l'Alsace-Moselle par la France. À Metz comme en Alsace, une partie de la population marquait son attachement à la France par un culte aux militaires morts pour la France (entretien des tombes, offices religieux...). En Alsace, à la Toussaint, des jeunes filles en habit traditionnel déposaient des cocardes sur les tombes des soldats de leur commune.

Maintenir les valeurs de la France et de la République

En France, après la défaite de 1871, un professeur alsacien, François-Xavier Niessen[alpha 1], refusait l’annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne. Il voulait montrer l'attachement des Alsaciens-Lorrains à la France et maintenir en France le souvenir des provinces perdues. Il pensa que l'entretien des tombes devait permettre de garder présent dans les esprits le souvenir des morts pour la France et le sentiment de l'unité nationale.

Exilé en France en 1887, il créa donc le Souvenir français, à Neuilly-sur-Seine pour maintenir le souvenir de la guerre de 1870 ainsi que les valeurs de la France et de la République.

Le , il appela les Français à rejoindre l’association. Le succès fut au rendez-vous.

La Société nationale du Souvenir français est présente sur la quasi-totalité du territoire métropolitain. Son action consiste à l'érection et à l'entretien de monuments commémoratifs et de tombes de soldats tombés au cours des guerres européennes, coloniales ou mondiales.

Honorer les morts de la guerre de 1870-1871

Saint-Vaast-en-Auge, plaque commémorative du Souvenir français.

Après la défaite de 1871, la population des territoires annexés par l'Allemagne marqua son attachement à la France par un culte rendu aux militaires morts au combat par la célébration d'offices religieux ou l'entretien des tombes de soldats.

La Société nationale du souvenir français fut à l'origine du financement et de l'érection de monuments commémoratifs de la guerre franco-allemande de 1870 dans toute la France, y compris dans l'Alsace-Lorraine annexée par l'Allemagne[3].

La loi du codifia l'édification de tombes militaires et de monuments commémoratifs. De nombreuses plaques en fonte apposées dans les cimetières communaux ou dans les lieux publics avec une dédicace et parfois le nom des victimes furent financées par le Souvenir français.

Le Souvenir français est également à l'origine de monuments plus importants comme les statues du Mobile en arme du sculpteur Aristide Croisy comme à Abbeville et Rimogne ou du Mobile au drapeau comme à Mende ainsi que de monuments surmontant des tombes collectives ou ossuaire comme à Artenay, à Arras ou à Chenebier (Haute-Saône).

Dans les cimetières communaux, le Souvenir français édifia des monuments à la mémoire des soldats tombés au combat comme à Châlons-en-Champagne, Orléans ou Cambrai.

Le Souvenir français érigea également un monument commémoratif sur les lieux de combat comme le monument de la bataille de Noisseville, près de Metz, dû au sculpteur Emmanuel Hannaux. Ce monument fut inauguré, le , en présence de près de 120 000 Alsaciens-Lorrains annexés.

Aujourd'hui, le Souvenir français assure l'entretien de tombes de la guerre franco-allemande de 1870 comme le carré militaire du cimetière de La Madeleine d'Amiens.

Première Guerre mondiale

Dissous en janvier 1913 en Alsace-Lorraine annexée, le Souvenir français continua son action en France pendant la Première Guerre mondiale par l’érection d'une cinquantaine de monuments commémoratifs, la recherche des corps de soldats morts au combat à la demande des familles, la création de près de 200 cimetières militaires et de 200 000 tombes.

Carré militaire français de Caudry restauré à l'occasion du centenaire de la Grande guerre à l'initiative du Souvenir français.

L'Entre-deux-guerres

La Première Guerre mondiale vit nombre d'adhérents être mobilisés. Les membres restant veillèrent aux sépultures et à l’accompagnement des familles des décédés. L’association eut alors à sa charge les 88 000 tombes de 1870 et ne put s’occuper seule des 1 700 000 morts de la Grande Guerre.

La loi du crée le Service national des sépultures qui prit en charge les cimetières militaires et les nécropoles nationales.

Depuis la Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le général Lacapelle, président du Souvenir français, demanda de répertorier les sépultures des soldats morts pendant les combats de 1940 afin de les entretenir.

En 1987, pour le centenaire de l'association, la ville de Paris donne le nom d'Esplanade du Souvenir-Français au terre-plein de l'avenue de Breteuil menant à l'hôtel des Invalides.

Bilan et perspectives

En , Serge Barcellini est élu à la présidence du Souvenir français, l'année précédant le congrès de 2016 qui se tiendra symboliquement à Verdun[1].

Pour Serge Barcellini, « de 1887 à 1918, le Souvenir français était seul et il faisait tout. De 1918 à 2020 environ, il est le partenaire de l’État, du ministère des Anciens Combattants, des collectivités territoriales… » Ensuite, « le Souvenir français va redevenir la grande association mémorielle en France. Les fortes mutations débutées depuis 5 ou 10 ans vont s’accentuer »[1].

Le Souvenir français, fort de ses 200 000 membres, doit relever plusieurs défis selon son président :

  • un défi démographique d’abord, avec la disparition des associations d’anciens combattants, « c’est le monde combattant qui tient la politique de mémoire. Et il n’y a personne pour reprendre cette politique de mémoire » ;
  • le deuxième défi est celui de la Défense, « 50 % des départements français n’ont plus de militaires. Et le Souvenir français vivait en symbiose avec les militaires » ;
  • un défi conceptuel attend le Souvenir français, puisque progressivement, la politique de mémoire se tourne « sur les pages sombres, comme les génocides par exemple », différent des « Morts pour la France » ;
  • enfin, « le Souvenir français est porteur des politiques de mémoire à l’étranger »[1].

En janvier 2020, le Souvenir français a créé un comité au sein de Sciences Po Paris. C'est le premier comité mémoriel du monde combattant au sein des universités, et notamment dans les Grandes Écoles[4]. Le but est de sensibiliser les futurs décideurs politiques aux missions du Souvenir français. Elle a été fondée par Baptiste Groc de Tayrac, Adrien Ramassamy et Nicolas Trouche.

Le Souvenir français à l'étranger

En 1889, le Souvenir français étendit son action hors du territoire national, en Belgique à Waterloo et aux îles Pescadores (détroit de Taïwan) et dans les territoires français d'outre-mer. Il intervient aujourd'hui dans plus d'une quarantaine de pays de par le monde.

Pays où le Souvenir français est présent

Calendrier

Le Souvenir français est présent à certaines cérémonies comme :

  • le 8 Mai, capitulation allemande ;
  • le 18 Juin, appel du général de Gaulle ;
  • le 14 Juillet, fête nationale ;
  • le 1er Novembre, Toussaint (la plus importante, avec quête nationale sur la voie publique) ;
  • le 11 Novembre, armistice de 1918 ;
  • le , journée nationale d’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie.

Revues et réunions intra-associatives :

  • janvier : réunion annuelle ;
  • janvier : revue trimestrielle ;
  • avril : revue trimestrielle ;
  • juillet : revue trimestrielle ;
  • octobre : revue trimestrielle.

Les décorations honorifiques décernées par le Souvenir français

Toutes les fonctions exercées par les membres du Souvenir français le sont à titre bénévole. Par contre, le Souvenir français décerne des récompenses à ceux qui servent l’œuvre avec dévouement. Ces décorations peuvent être soit :

  • le diplôme d’honneur : attribué après deux ans de présence dans l’œuvre, exception faite pour les personnes ayant coopéré, d’une manière particulièrement efficace, à la formation d’un comité ;
  • la médaille de bronze : attribuée quatre ans après l’octroi du diplôme d’honneur ;
  • la médaille d’argent : attribuée quatre ans après l’octroi de la médaille de bronze ;
  • la médaille de vermeil : attribuée quatre ans après l’octroi de la médaille d’argent ;
  • la médaille de vermeil avec bélière laurée : plus haute récompense du Souvenir français ; attribué au bout de 30 ans dans l'œuvre.

Présidents nationaux

Notes et références

Notes

  1. La tombe de François-Xavier Niessen, mort en décembre 1919, se trouve au cimetière de Puteaux dans les Hauts-de-Seine, érigée d'après les plans de Paul Boeswillwald.

Références

  1. Frédéric PLANCARD, « Serge Barcellini à la tête du Souvenir Français », L'Est républicain, (lire en ligne, consulté le )
  2. Balma. Où vont les dons au Souvenir français ?
  3. Jasper Heinzen, « La guerre oubliée », L'Histoire n°469, mars 2020, p. 58-60.
  4. « Remise du drapeau au comité de Sciences-Po — Le Souvenir Français », sur le-souvenir-francais.fr (consulté le )

Pour approfondir

Bibliographie

  • Jean-Christophe Denis, Le Souvenir français à travers les siècles, 1887-2017, Paris, Éd. Bernard Giovanangeli, 2017, 264 p. (ISBN 978-2-7587-0200-9)
  • J.-P. Jean, Le Souvenir français et le Souvenir alsacien-lorrain pendant l’annexion allemande, Metz, Imp. V. Gueblez, 1937.
  • M. Jacques Baudot, sénateur : Rapport d'information n° 6 - Le Défi de la mémoire - Politique de la mémoire menée par le ministère des Anciens combattants et victimes de guerre, Commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation - Rapport d'information n° 6 - 1997/1998.
  • Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes , éditeur Libella, collection Libretto, 162 pages, Paris, 2019. (ISBN 978-2-36914-446-5)

Articles connexes

Liens externes

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