Toussaint

La Toussaint est une fête catholique, célébrée le 1er novembre, au cours de laquelle l’Église catholique honore tous les saints, connus et inconnus.

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Toussaint

Fra Angelico, Les précurseurs du Christ avec les saints et les martyrs, 1423-1424.

Nom officiel Solennité de tous les Saints
Observé par Catholiques
Type Célébration religieuse
Signification Célébration en hommage à tous les saints
Date 1er novembre
Observances Messe, prières
Lié à Commémoration des fidèles défunts

La célébration liturgique commence aux vêpres le soir du et se termine à la fin du 1er novembre. Elle précède d’un jour la Commémoration des fidèles défunts, dont la solennité a été officiellement fixée au 2 novembre.

Les protestants ne pratiquent pas de culte des saints mais certaines églises luthériennes célèbrent néanmoins cette fête. Les Églises orthodoxes ainsi que les Églises catholiques orientales de rite byzantin continuent à célébrer le dimanche de tous les Saints, le dimanche suivant la Pentecôte.

Histoire

Les fêtes des martyrs

Des fêtes honorant tous les martyrs existaient dès le IVe siècle dans les Églises orientales le dimanche après la Pentecôte. De nos jours, c’est toujours à cette date que la Communion des Églises orthodoxes célèbre le dimanche de tous les Saints[1]. À Rome, au Ve siècle également, une fête en l’honneur des saints et martyrs était déjà célébrée le dimanche après la Pentecôte[2].

Après la transformation du Panthéon de Rome en sanctuaire, le pape Boniface IV le consacra, le , sous le nom de l’église Sainte-Marie-et-des-martyrs. Boniface IV voulait faire mémoire de tous les martyrs chrétiens dont les corps étaient honorés dans ce sanctuaire. La fête de la Toussaint fut alors fêtée le , date anniversaire de la dédicace de cette église consacrée aux martyrs[2],[3], peut-être aussi en référence à une fête célébrée par l'Église de Syrie au IVe siècle. Elle remplaçait la fête des Lemuria de la Rome antique célébrée à cette date pour conjurer les spectres malfaisants[4].

Date de célébration

Solennité de la Toussaint, dans le Graduale simplex

La célébration de la fête chrétienne de la Toussaint au 1er novembre est une spécificité catholique apparue en Occident au VIIIe siècle. En effet, c’est peut-être à partir de cette période qu’elle est fêtée le 1er novembre, lorsque le pape Grégoire III dédicace à tous les saints une chapelle de la basilique Saint-Pierre de Rome[2].

Vers 835, le pape Grégoire IV ordonne que cette fête soit célébrée dans toute la chrétienté[2]. Pour certains historiens, c’est à l’occasion de cette décision que la fête de la Toussaint est fixée au 1er novembre[3]. Sur le conseil de Grégoire IV, l’empereur Louis le Pieux institua la fête de tous les saints sur tout le territoire de l’empire carolingien[5].

Origine irlandaise

Ronald Hutton établit un lien entre la fête des morts (lendemain de la Toussaint, le ) et la fête celtique de Samain[6], qui sera repris par Philippe Walter[7].

Il se peut que ce soit parce qu’une fête en l’honneur de tous les saints était déjà célébrée en Angleterre ce jour-là de l’année. En effet, comme le souligne l’Encyclopédie de la religion, « Samain resta une fête populaire chez les Celtes tout au long de la christianisation de la Grande-Bretagne. L’Église britannique essaya de détourner cet attrait pour les rites païens en ajoutant une fête chrétienne sur le calendrier à la même date que Samain. […] La commémoration britannique médiévale de la Toussaint aurait été à l’origine de l’adoption universelle de cette fête par l’Église chrétienne. »

Jean Markale met en évidence l’influence croissante des moines irlandais en Europe à cette époque. La Nouvelle encyclopédie catholique (angl.) note également ceci : « Les Irlandais réservaient le premier jour du mois aux grandes fêtes, et puisque le 1er novembre marquait de surcroît le début de l’hiver celte, c’était une date appropriée pour célébrer tous les saints. » Finalement, en 835, le pape Grégoire IV universalisa cette fête.

Toussaint et fête des morts

La célébration de Toussaint fut suivie localement d'un office des morts dès le IXe siècle. En 998, les moines de Cluny instituèrent une fête des trépassés le , qui entra dans la liturgie romaine comme commémoration des fidèles défunts au XIIIe siècle[1].

Le culte des morts resta cependant massivement célébré au 1er novembre[8].

Fête d'obligation

En 1484, le pape Sixte IV accrut la solennité de la fête en la dotant d'une octave. En 1914, Pie XI en fit une fête d'obligation[8].

Signification

Église de tous les saints, Carshalton, Surrey, Royaume-Uni

La fête de tous ceux qui sont dans la béatitude divine

Cette fête ne se fonde pas sur des textes bibliques, ni sur la liturgie de Jérusalem[1].

Elle est dédiée à tous les saints. Selon Mgr Robert Le Gall, « cette célébration groupe non seulement tous les saints canonisés, c’est-à-dire ceux dont l’Église assure, en engageant son autorité, qu’ils sont dans la Gloire de Dieu, mais aussi tous ceux qui, en fait et les plus nombreux, sont dans la béatitude divine »[3]. Il s’agit donc de toutes les personnes, canonisées ou non, qui ont été sanctifiées par l’exercice de la charité, l’accueil de la miséricorde et le don de la grâce divine[9]. Cette fête rappelle donc à tous les fidèles, la vocation universelle à la sainteté[10].

La Toussaint et l'évangile des Béatitudes

L’Évangile lu au cours de la messe de la Toussaint est le texte des Béatitudes. Ce texte exprime que la sainteté concerne tous ceux et celles qui choisissent de mettre leurs pas dans ceux du Christ, par l'accueil de la Parole de Dieu, la fidélité et la confiance en Lui, la bonté, la justice, l'amour, le pardon et la paix[11].

La Toussaint et la commémoration des fidèles défunts

Un cimetière à la Toussaint en Pologne.
Un cimetière fleuri après la Toussaint sur l'île de Wallis (Wallis-et-Futuna) en 2012.

La Toussaint ne doit pas être confondue avec la Commémoration des fidèles défunts, fêtée le lendemain. Cette dernière est un héritage des lectures monastiques du « rouleau des défunts » : la mention des frères d’une abbaye, ou d’un ordre religieux, au jour anniversaire de leur décès. Elle a été inaugurée par Odilon, abbé de Cluny au XIe siècle.

Cependant, du fait qu’en France et en Belgique, le 1er novembre, jour de la Toussaint, est un jour férié, l’usage est établi de commémorer les morts ce jour au lieu du , comme le témoigne la tradition multiséculaire de chandelles et bougies allumées dans les cimetières et, depuis le XIXe siècle le fleurissement, avec des chrysanthèmes, des tombes à la Toussaint (événement représenté dans le tableau La Toussaint du peintre Émile Friant) ; ces deux gestes symbolisant la vie heureuse après la mort[12].

Dictons régionaux sur la météo de début novembre

La Toussaint, Jules Bastien-Lepage (1878).

Ces dictons traditionnels, parfois discutables, ne traduisent une réalité que pour les pays tempérés de l’hémisphère nord :

  • « De Saint Michel à la Toussaint, laboure grand train » ou « à la Toussaint, sème ton grain », « à la Toussaint, manchons au bras, gants aux mains », « à la Toussaint blé semé, aussi le fruit enfermé (ou les fruits serrés) ».
  • « À la Toussaint, commence l’été de la Saint-Martin » ou au contraire « à la Toussaint, le froid revient et met l’hiver en train ».
  • « S’il neige à la Toussaint, l’hiver sera froid » mais « s’il fait soleil à la Toussaint, l’hiver sera précoce », « s'il fait chaud le jour de la Toussaint, il tombe toujours de la neige le lendemain », « telle Toussaint, tel Noël », « givre à la Toussaint, Noël malsain », « autant d’heures de soleil à la Toussaint, autant de semaines à souffler dans ses mains », « suivant le temps de la Toussaint, l’hiver sera ou non malsain ».
  • « De la Toussaint à la fin de l’Avent, jamais trop de pluie ou de vent » ou « entre la Toussaint et Noël ne peut trop pleuvoir ni venter », « Vent de Toussaint, terreur du marin », « le vent souffle les trois quarts de l’année comme il souffle la veille de la Toussaint »[13].
  • « La Toussaint venue, laisse ta charrue » ou « le jour des morts ne remue pas la terre, si tu ne veux sortir les ossements de tes pères »[14].

Notes et références

  1. Robert Féry, Jours de fêtes : Histoire des célébrations chrétiennes, Seuil, , p. 108-109
  2. Théo, encyclopédie catholique pour tous,  éd. Mame, p. 1032.
  3. Dom Robert Le Gall, Dictionnaire de Liturgie, Éditions CLD, Lire en ligne.
  4. Jean-Hugues Déchaux, Le Souvenir Des Morts, PUF, , p. 38-39
  5. Pormail de la liturgie catholique, Fête de la Toussaint
  6. (en) Ronald Hutton, Stations of the Sun : A History of the Ritual Year in Britain, OUP Oxford, , 560 p. (ISBN 978-0-19-157842-7, lire en ligne), p. 372 sq.
  7. « Samain, Toussaint, Halloween: les métamorphoses de la Fête des morts », sur blogs.mediapart.fr, article du 31 octobre 2010 (consulté le ).
  8. Philippe Rouillard, Les Fêtes chrétiennes en Occident, p. 210
  9. Ephata, Missel de la vie chrétienne, Ed. Le Sarment/Fayard, 1998, p. 1930-1935.
  10. Concile Vatican II, Lumen Gentium, Ch. 5, par. 39-42. Lumen Gentium. Texte en ligne.
  11. « Qu'est-ce que la Toussaint ? »
  12. « Jour des morts », sur croire.la-croix.com (consulté le ).
  13. Anne-Christine Beauviala, Météo et dictons régionaux,  éd. Christine Bonneton, 2010.
  14. Dictons Agate France

Bibliographie

  • Hélène Bénichon, Fêtes et calendriers. Les rythmes du temps, Paris 1992.
  • Jean Chelini, Le calendrier chrétien: cadre de notre identité culturelle. Paris: Picard, 2007.
  • Arnaud Join-Lambert, Quel sens pour les fêtes chrétiennes ?, in : Études n° 4123 () p. 355-364.
  • Robert Le Gall, Année liturgique et vie spirituelle, in : La Maison Dieu n° 195 (1993) p. 197-210
  • Robert Le Gall, Dictionnaire de Liturgie, Éditions CLD, Rééd. 2001, 278 pages
  • Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Fêtes celtiques, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1995, (ISBN 978-2-7373-1198-7).
  • Théo, l’encyclopédie catholique pour tous,  éd. Mame, Paris, 2009
  • Thomas J. Talley, Les origines de l’année liturgique. Paris, Cerf, 1990 (Liturgie 1).
  • La Toussaint et la fête des morts

Annexes

La Toussaint ressentie et racontée par un enfant des années soixante

Articles connexes

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