François Perroux

François Perroux est un économiste français né le à Saint-Romain-en-Gal (Rhône) et mort le à Stains (Seine-Saint-Denis).

Nourri de la pensée des plus grands économistes étrangers, comme von Mises, Marx, Schumpeter, Antonelli ou Keynes dont il a contribué à diffuser les pensées en France, François Perroux a eu le souci constant de construire à travers ses cours, ses articles, ses ouvrages, une « économie d'intention scientifique », rigoureuse. Présenté comme un théoricien majeur du courant hétérodoxe, il a forgé. des concepts comme l'effet de domination, les espaces économiques, les pôles de développement, les asymétries, les industries motrices, la création collective, les coûts de l'homme, etc. qui trouvent écho aujourd'hui dans tous les champs de l'économie politique et en gestion.

Il fonde, en janvier 1944, l’Institut de Science Économique Appliquée (ISÉA), rebaptisé, en 1975, Institut de Sciences Mathématiques et Économiques Appliquées (ISMÉA).

En 2007, les archives ont été déposées par l'Institut auprès de l'IMEC, où elles ont été répertoriées et classées et où elles sont consultables : https://www.imec-,archives.com/archives/collection/AU/FR_145875401_P000PRX.

Tandis que ses "héritiers" : Raymond Barre, Gérard Destanne de Bernis et Jean-Yves Haberer ont constitué un fonds, peu après sa disparition, auprès de la Fondation de France pour rééditer son oeuvre : https://www.fondationdefrance.org/fr/fondation/fonds-francois-perroux.

Enfin, 191 documents sont disponibles en consultation à la BnF : https://www.college-de-france.fr/site/anciennes-chaires/francois_perroux.htm.

Biographie

Né en 1903 dans une famille catholique de négociants lyonnais. Il effectue ses études secondaires chez les Pères maristes, à Lyon. Puis, il fait ses études universitaires à la faculté de Droit de Lyon. Diplômé d'études supérieures ès lettres, en 1924, il soutient son doctorat de droit : Le problème du profit[1], sous la direction de René Gonnard (1874-1966). Il est alors reçu major de l’agrégation en 1928 et nommé agrégé à la faculté de Droit de Lyon. L'ouvrage comprend un grand nombre de références autrichiennes et allemandes, et, par ailleurs, italiennes, nourries par d'importantes correspondances. Grâce à cela, il est chargé par la Verein für Socialpolitik, de la contribution française à l'enquête internationale sur les traitements des fonctionnaires, entreprise en 1932, qui débouche sur son ouvrage, très juridique, publié en 1933 : Les traitements des fonctionnaires en France[2]. Préfacé par le doyen de la faculté de Droit de Paris, M. Edgard Allix, ce travail laisse entrevoir les perspectives parisiennes qui lui seront ouvertes peu après[3].

Peu après, en 1934, il obtient une bourse de Rockefeller Fellow pour l'Autriche, l'Europe danubienne, l'Allemagne et l'Italie, qui lui permet de se rendre à Vienne, à Berlin et à Rome. Dans la capitale autrichienne il rencontre Ludwig von Mises, dont il suit les séminaires et dont il écrit la préface à l'édition française en 1935[4]. Plusieurs autres célèbres viennois avaient déjà migré à l'étranger, à l'instar de Friedrich von Hayek, Gottfried von Haberler et Fritz Machlup. Le jeune économiste lyonnais rencontre, lors de ces séminaires, l'economiste Oscar Morgenstern. Et il assiste à des cours de Sigmund Freud. La pensée autrichienne le marque durablement ; et il opte, d’abord, en faveur de la notion d’équilibre d’interdépendance général, telle que l’école viennoise le construisait, c’est-à-dire en opposition à l’école de Lausanne (Léon Walras). En Allemagne, il rencontre Werner Sombart de l'École historique allemande. La confusion dramatique inhérente à la IIIe République le fait s'intéresser aux travaux de Carl Schmitt, qu'il rencontre et qui devint son ami, sur les fondements philosophiques de la politique[5]. Joseph Aloïs Schumpeter qui enseignait à l'Université de Bonn jusqu'en 1932, et que François Perroux ne rencontre qu'en 1948[6],[7], était alors déjà définitivement installé à Harvard.

Parallèlement, à l'ouvrage de Mises, il introduit la traduction française de la Theorie der wirtschaftlichen Entwicklung (Théorie de l'évolution économique)[8],[9],[10] de Schumpeter, en 1935 également. Simultanément, il donne des conférences auprès de la toute nouvelle Université prolétarienne de Villeurbanne[11]. Perroux reste, en effet, toujours sensible et profondément préoccupé de la nécessité d'offrir une véritable place au monde ouvrier[3]. Daniel Dufourt[12] détaille minutieusement comment la critique du marginalisme autrichien, par Perroux, à cette époque, démontre les caractères antinomiques du calcul économique et de la décision politique, et, par ailleurs, la supériorité de la théorie marginaliste autrichienne sur celle de la théorie de l'équilibre général[13]. S'appuyant sur ses connaissances de l'Allemagne, il écrit un ouvrage assez décisif sur l'Allemagne nazie : Des mythes hitlériens à l'Europe allemande[14], qui figure, sous l'Occupation, dans la liste Otto[15].

À l'échéance de sa bourse Rockfeller, de retour à Lyon, il est élu représentant des sciences économiques au Conseil supérieur de la recherche scientifique (CSRS)[16], créé le 7 avril 1933, et qui se réunit pour la première fois au printemps 1934[17]. Puis, quelques années plus tard, il quitte la chaire de Législation et d'économie industrielle et rurale, qu'il occupait à la Faculté de droit de Lyon depuis 1934, alors qu'il est nommé à la Faculté de droit de Paris, le . Il y occupe bientôt la chaire d'Économie rurale[17]. C'est au tournant de ces années qu'il écrit trois ouvrages décisifs constituant sa vision d'une utopie réaliste : Capitalisme et communauté de travail, Syndicalisme et capitalisme, et L'artisanat dans le capitalisme moderne, tous trois édités en 1938[18],[19],[20]. Il y fonde, dans la lignée d'Esprit, sa conception de la Révolution nationale, nécessaire à ses yeux au regard du délabrement politique et sociale de la France[3]. Mais, simultanément, il adhère en 1936 à la Société d'économétrie, fondée en 1930 par Ragnar Frisch, et plusieurs autres universitaires et mathématiciens aux États-Unis.

Toute la cohérence de sa méthodologie et de sa pensée est alors atteinte. François Perroux, comme la majorité des « non conformistes des années 1930 »[21] et dans la perspective ouverte par le personnalisme, reste convaincu de la nécessité, développée dans chacun de ses écrits, d'une troisième voie : « à égale distance du libéralisme et de l'étatisme, une tierce solution, une véritable communauté de travail, un corporatisme[18] ». Discours d'une grande constance que l'on retrouve à toutes les étapes de sa carrière[22],[3], comme lors de sa Leçon inaugurale au Collège de France, le  : « En cette saison de l'histoire, les parallèles scolastiques entre la concurrence et le monopole, l'entreprise privée et l'exploitation publique, le marché et le plan, sont les disputes d'un passé qui s'efface ; ils masquent l'essentiel de nos options concrètes et nous dispensent fâcheusement des recherches rigoureuses ; c'est en crevant ces écrans que nous prenons pouvoir d'observer ce qui est et d'aider ce qui naît [23] ». Il est une grande évidence que ce sont les notions que l'on retrouve dans les appels du maréchal Pétain, en 1940, car le diagnostic de l'échec du modèle politique de la IIIe République est amplement partagé et ces notions, entre autres, offrent au vieux Maréchal réactionnaire un discours, voir un alibi, lui permettant de temporiser avant d'organiser l'ordre auquel il aspire et qu'il établira en 1942 : « Le régime politique de ces dernières années faisait apparaître les mêmes imperfections et les mêmes contradictions que le régime politique. [...] Devant la faillite universelle de l'économie libérale, presque tous les peuples se sont engagés dans la voie d'une économie nouvelle. Nous devons nous y engager à notre tour [...] Deux principes essentiels nous guideront : l'économie doit être organisée et contrôlée. La coordination par l'État des activités privées doit briser la puissance des trusts et leur pouvoir de corruption. Bien loin de brider l'initiative individuelle, l'économie doit la libérer de ses entraves actuelles, en la subordonnant à l'intérêt national[24]. »

On voit que le rayonnement de François Perroux est déjà significatif et, entre 1930 et 1939, il a été invité, comme professeur ou conférencier, dans les universités de Francfort-sur-le-Main, de Vienne, de Coïmbra, de São Paulo, dont il devient Docteur Honoris Causa en 1936, de Kiel, de Porto Alegre, de Liège, de Lisbonne, de Gand, etc.

Pendant cette dernière période, il essaie une synthèse sur « l'équilibre de style autrichien », renvoyant à Böhm-Bawerk et Menger, qu’il intitule La Valeur[25], en 1943. Il y exprime son désaccord avec Joseph Schumpeter : « Cet appareil théorique [de la théorie de l'équilibre général] et ce système de pensées se construisent sans la valeur, soit que le mot seul soit exclu comme chez J. Schumpeter en 1908, ou chez V. Pareto, soit que le concept même soit rejeté comme chez le suédois Cassel, et les Allemands Gottl et Dietzel, le Français Aupetit (qui « exécute » cet « élément parasitaire »)[26] ». Déjà, sa critique de la théorie de l'évolution de Schumpeter avait révélé, comme le démontre Daniel Dufourt, les deux prétentions inconciliables d'universalité de la théorie de l'école autrichienne et les préoccupations de singularité de l'école historique allemande[27].

Il entretient des relations amicales et intellectuelles constantes et intenses avec le fondateur du personnalisme, Emmanuel Mounier, et avec le philosophe Jean Lacroix, disciple de Proudhon, qu’il charge, après la guerre, de diriger l’une de ses séries de la revue Économies et sociétés[28] : Philosophie et Sciences de l'Homme, ou Série M[29]. Il collabore, régulièrement, puis épisodiquement, à la revue Esprit[30]. De cette relation, l'économiste lyonnais dit : « J'ai pris contact avec le groupe fort jeune professeur, alors que je tentais de me désennuyer d'un certain nombre de routines, l'enseignement en étant une parmi beaucoup d'autres. Ce contact a eu lieu vers 1934, et Jean Lacroix, qui est un de mes très vieux amis, a été l'un des médiateurs entre Mounier et moi-même [...] Je ne voulais pas renoncer à l'analyse sociale et économique, mais je voyais très bien que cette analyse servait des intérêts acquis, des institutions établies, des situations faites. Il m'est apparu très tôt qu'il n'y a pas d'analyse qui soit neutre ». On pense au mot de Jaurès : « La neutralité, ce néant [...] Esprit n'était pas le moins du monde une évasion, mais un engagement envers des réalités que le monde universitaire dissimule. J'ai commencé à enseigner à 23 ans. C'est demander trop que de vouloir donner une vérité définitive toutes les semaines et même trois fois par semaine. Cette inquiétude à l'égard du tout-fait, je l'ai retrouvé dans Esprit, qui a été pour moi une amitié enseignante[31]. »

Mobilisé comme officier lieutenant dans le 14e régiment de zouaves, il y obtient la croix de Guerre. Après l'humiliation de l'Armistice du 22 juin 1940, les fonctionnaires sont démobilisés et investis de la mission de permettre le fonctionnement du Gouvernement institué. Ils sont invités à se conformer aux règlements des autorités militaires allemandes[32]. François Perroux est affecté comme adjoint au Secrétaire Général de la Famille et de la Jeunesse, d'août à septembre, jusqu'à la rentrée de l'Université, en octobre 1940[33]. Cela lui permet de jouer un rôle actif dans la fondation de l'École nationale des cadres d'Uriage, près de Grenoble, par le capitaine Pierre Dunoyer de Segonzac, au mois d'août 1940[34],[33]. Perroux y assure plusieurs séminaires, avant que Laval ne soit rappelé par Pétain, au printemps 1942 et ne finisse par signer le décret de fermeture de l'École, le 27 décembre 1942[35]. Il y rencontre, entre autres, Gilbert Gadoffre, avec lequel il anime, au sein du Collège de France, à compter de 1969, un séminaire interdisciplinaire, en compagnie également de André Lichnerowicz. Lors de son passage au Ministère de la Famille et de la Jeunesse, il écrit à Mounier : « Moi qui me trouvait suspect de fascisme dans le groupe Esprit, je suis ici considéré comme un dangereux novateur dont il convient de se méfier. Cela m'amuse beaucoup plus que cela ne m'irrite. Mais le certain est encore que l'esprit de nouveauté n'est pas de mise[36]. »

Dans sa ville natale, il accompagne la création de l'association Économie et humanisme par le Père Lebret, en janvier 1941, puis la création de la revue du même nom (E&H) en 1942. Il accepte de codiriger la revue maréchaliste La Communauté française avec Jacques Madaule, à partir de l'été 1941. L'ambition de la revue est claire : « Que veut la France ? ... Vivre. Dans l'effondrement des anciens cadres et dans la construction du nouveau monde européen, comment peut-elle vivre ? En faisant sa propre révolution. Révolution Nationale a dit le Maréchal. Notre communauté y aidera[37]. » La revue se situe, avec une ligne éditoriale plus prudente, dans la lignée d'Esprit, revue d'abord autorisée par le régime de Vichy, en octobre 1940, puis interdite en août 1941[38] : « Jamais Esprit ne nous a paru plus fort qu'en ces jours où l'épreuve lui apporte une consécration salutaire », écrit alors Emmanuel Mounier[39].

Dès lors que Vichy ne s'incarne plus que dans la réaction, Perroux crée en 1942, avec Yves Urvoy, un groupe de réflexion et une revue, Renaître, Cette revue, qui comprend six numéros, révèle son désappointement à l'égard de Vichy : « Travail de construction doctrinale destiné à préparer la construction révolutionnaire de la France de demain quand les événements la rendront possible ; travail pour le moment purement de pensée, mais orienter à révéler et armer les vocations révolutionnaires ; première étape indispensable mais qui doit être un jour dépassée[40]. »

Infatigable, alors que l'activité scientifique et universitaire ne faiblit pas en France[41], François Perroux s'efforce de contribuer à la vigueur de la science économique et à son influence politique. Il devient membre du Conseil d'administration de l'Institut scientifique de Recherches économiques et sociales - I.S.R.E.S., dirigé par Charles Rist[42], et dont le Secrétaire général est Robert Marjolin, qui est l'adjoint de Jean Monnet au Plan, après guerre.. L'Institut fut fondé en 1933, au moyen, une fois encore, d'un financement de la Fondation Rockefeller, qui traduit l'ampleur considérable de l'influence américaine déjà entre les deux-guerres[43]. C'est d'ailleurs la Fondation Rockefeller qui avait recruté le médecin lyonnais Alexis Carrel en 1906, l'amenant à migrer au Rockefeller Institute for Medical Research de New York, jusqu'à sa retraite, en 1939. Revenant s'établir en France en 1941 faute d'avoir pu mener à bien son projet d'institut de l'homme Outre-atlantique, et profitant de la volonté américaine d'améliorer ses liens avec Vichy, Carrel, qui s'était lié avec Pétain lors de la Première Guerre mondiale, et dont le Parti populaire français revendiquait, depuis 1938, le soutien, accepta d'établir la Fondation française pour l'étude des problèmes humains le . La Fondation ambitionne de rendre compte du « composé humain associant l'âme et le corps ». Elle a pour objet : « L'étude, sous tous ses aspects, des mesures les plus propres à sauvegarder, améliorer et développer la population française dans toutes ses activités[44]. »

En mars 1942, François Perroux devient conseiller technique de la Fondation, puis directeur du Département des enquêtes économiques, sociales financières et juridiques, en juin de la même année[33] : au sein de ce département, le Centre d'échange de théorie économique voit se côtoyer, parmi d'autres, Maurice Allais, Charles Bettelheim ou Jean Marchal. Le , Perroux est nommé Secrétaire Général de la Fondation. Face aux immenses dysfonctionnements de cette dernière, il réussit à faire voter le un nouveau règlement intérieur qui réorganise la fondation en six départements, dont le département VI - « biosociologie », dirigé par Perroux lui-même, et dont les objectifs sont ainsi énoncés :

  • Rechercher ce que doit être pratiquement un statut de l'économie, du financement et du droit conforme à la science de l'homme ;
  • Élaborer une connaissance économique nouvelle conforme à la connaissance opérationnelle de l'homme ;
  • Faire les travaux et enquêtes demandés par les autres équipes[45].

Se heurtant aux plus vives difficultés de mise en œuvre de cette organisation, du fait de la maladie de Carrel, absent tout l'été et l'automne 1943, et de l'opposition de son épouse, impliquée inopinément dans la gestion de la Fondation, le professeur de la Sorbonne démissionne le , entraînant avec lui vingt membres de ses équipes[46]. Sans perdre de temps, et fort de cette expérience, il fonde, en janvier 1944, l’Institut de sciences économiques appliquées - ISÉA, sous l'égide de l'École libre des sciences politiques ancêtre de l'Institut d'études politiques[47]. Il reçoit le patronage d'Auguste Detoeuf, Gaëtan Pirou ou Charles Rist, et de... John Maynard Keynes. Cet institut favorise les plus prestigieuses collaborations et revendique l'objectif d'étudier et d'enseigner une science économique appliquée s'appuyant sur les méthodes mathématiques : « Perroux n'avait pas fait de mathématiques, mais avec beaucoup d'intuition, il a accueilli les mathématiques. Il avait en commun avec Darmois une largeur de vue extraordinaire[48]. » Ce que Henri Guitton, dans l'épitaphe au collègue disparu, appuie : « Perroux était subjugué par la mathématique. Il ne l'avait pas pratiquée dans ses premières études. Mais, il pensait, comme Walras, qu'elle devait apporter à la science économique un surcroît de valeur et d'influence[49]. » Dès l'été 1945, l'ISÉA reçoit des subsides, là encore, de la Fondation Rockefeller pour « étudier sur place les méthodes américaines [de définition du Revenu national] (octobre-novembre 1946)[50]. »

Alors que l'École des Sciences politiques, futur IEP, crée, en 1946, une chaire de théorie économique, Perroux s'en « empare » alors qu'elle est proposée à Pierre Uri : « L'École des Sciences politiques crée une chaire toute neuve de théorie économique ; c'est à moi qu'on la propose. Perroux m'oblige à la refuser [...] Malgré la chaude amitié qui s'est renouée entre nous vingt ans plus tard, et mes actions pour mieux connaître un économiste dont l'érudition, l'originalité, l'esprit créateur ne peuvent pas être contestés, je ne puis passer sous silence l'inélégance du geste de prendre pour lui-même cet enseignement dont il m'avait écarté[51]. »

Il est investi de la Chaire d'analyse des faits économiques et sociaux du Collège de France en décembre 1955, où il siège jusqu'en 1974[52] : https://www.college-de-france.fr/site/anciennes-chaires/francois_perroux.htm. Puis il est nommé, en juin 1959, par le Gouvernement de la toute jeune Ve République, au Conseil économique et social, qui remplace le Conseil économique du Palais-Royal, où il siège jusqu'en 1969[53]. Il y retrouve Pierre Le Brun[54], secrétaire confédéral de la CGT, avec lequel il a travaillé sur la planification et le revenu national en 1947, et auprès duquel travaillait alors Jean Bénard, ancien collaborateur de Perroux et chercheur à l'ISÉA, recruté au Centre confédéral d'études économiques et sociales de la CGT[55]. Ce dernier, devenu professeur à Poitiers, fonde et organise, avec Claude Gruson, le Centre d'étude de la prospection économique à moyen et long terme (CEPREL)[56]. Autant d'éléments singuliers qui illustrent l'effervescence autour de l'économie et l'influence du fondateur de l'ISÉA.

En 1961, il est élu membre non résidant de l'Académie de Nîmes[57].

Lecteur assidu de Marx, critique constant et acerbe des concepts de Keynes, attaqué par les libéraux français, les marxistes dogmatiques et les économistes orthodoxes, François Perroux est victime du Reductio ad Hitlerum[58], et se voit opposer ce moment de son histoire, où, dans la confusion politique de la IIIe République et du Régime de Vichy, il s'est efforcé de maintenir l'influence de son diagnostic et de sa méthodologie au sein des innombrables non-conformistes français. Ainsi, dans son Dictionnaire de la politique française, l'essayiste d'extrême-droite Henry Coston affirme : « il fut l’un des penseurs les plus appréciés de l’État français [sous Vichy][59],[60]. »

Cette « réduction » a particulièrement été aggravée par les offensives dénonciatrices du contexte général[61] et qui veulent entacher, de façon caricaturale, les acteurs de ce qui constitue une période complexe d'effondrement définitif de la IIIe république et de recomposition du régime des partis dès la IVe : 1934-1947[3]. Pour autant, François Perroux ne mettra jamais terme à l'amitié qu'il partageait avec António de Oliveira Salazar.

Pour autant, la créativité de Perroux est inépuisable ; et, comme l'écrit Pierre Uri : « Tous les jours Perroux évoquait une idée nouvelle », et d'ajouter : « Mais sans doute pour reprendre sa domination[62]. »

En 1982, il rejoint la Real Academia de Ciencias Económicas y Financieras[63], Espagne.

Il meurt en juin 1987. Il avait demandé à ceux qu’il considérait comme ses héritiers spirituels, Raymond Barre et Gérard Destanne de Bernis, de poursuivre son travail. Ces derniers s’y emploient, en créant la Fondation François Perroux, avec le neveu de ce dernier, Jean-Yves Haberer, à rééditer une partie de son œuvre, dont l’ensemble des manuscrits et des correspondances se trouvent désormais déposés à l’IMEC, à Caen[64].

Parcours et principes

François Perroux est notamment connu pour avoir créé, en avril 1944, l’Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées-ISMÉA, d'abord sous le nom d’Institut de science économique appliquée (ISÉA), dont l'objectif revendiqué était d'étudier et d'enseigner une science économique appliquée s'appuyant sur les méthodes mathématiques. L’objectif de cet institut est depuis ses débuts de contribuer activement aux débats que suscite l’évolution de l’économie réelle et théorique contemporaine.

En effet, l’un des thèmes principaux du travail de François Perroux a concerné son insatisfaction face aux idées et aux doctrines économiques communément admises à son époque. Il a ainsi appelé à une « critique de la raison économique et de la raison statistique », à un « autre » discours économique que l’on retrouve dans de nombreux mouvements actuels.

Inventer des sociétés neuves ne relève, pour François Perroux, ni de l’utopie ni du mythe. Il prêchait le dépassement de la société marchande, pour reconnaître la finalité objective de l’économie : une participation plénière de tous à la vie, dans toutes ses dimensions sociales.

Ainsi, la méthode Perroux, dans le cadre d’une économie d’« intention scientifique », se voulait capable d’une offre de propositions, laissées à l’arbitrage des appareils politiques. Propositions que, selon lui, l’économie politique est capable de mettre en œuvre, sous réserve de se détourner de l’économie axiomatique, ou « économie d’intention idéologique ».

La pensée de François Perroux : une économie politique

François Perroux constate que, dans une première approche, l’économie concrète apparaît comme un embrouillamini de faits, de décisions, de données statistiques brutes, de prévisions, dans lequel les éléments varient continuellement sans liens apparents entre eux. Si la réalité économique n’est pas chaotique en soi, sa cohérence interne est difficile à percevoir.

L’économie politique doit avoir, pour Perroux, pour objectif de rendre intelligible le réel. Elle doit chercher à atteindre cet objectif en tenant compte de l’épaisseur historique qui caractérise les faits de société. Elle doit, par conséquent, privilégier un principe globalisant et interdisciplinaire et contribuer à offrir une grille d’analyse pour le capitalisme comme pour les modes d’organisation qui pourraient lui succéder.

Rendre le réel intelligible

D’après Perroux, le but de l’économie politique consiste d’abord à rendre la réalité économique intelligible, pour dans un deuxième temps prévoir et agir sur elle. Pour cela, l’économie politique doit recourir à des abstractions, à des concepts, voire à des modèles.

Pour construire ces abstractions, l’économiste pose des hypothèses simplificatrices. Il n’est pas libre du choix de ces hypothèses. Il choisit celles qui sont susceptibles de fournir des abstractions pouvant rendre compte du réel. Pour respecter cette règle de raisonnement, l’économiste doit constamment être attentif à la validité, souvent limitée dans le temps, des hypothèses simplificatrices sur lesquelles reposent les abstractions. Le moment empirique, celui de la vérification des thèses par les faits, est pour François Perroux essentiel.

Une discipline dotée d’historicité

Pour rendre compte du réel, François Perroux estime que l’économie politique doit avoir une vision historique des phénomènes socio-économiques : la compréhension du présent nécessite celle du passé. En effet, les phénomènes eux-mêmes, mais aussi les hypothèses simplificatrices, les enchaînements théoriques, que la pensée économique véhicule sont dotés d’historicité.

Ainsi, les agents économiques, n’ayant pas d’attributs immuables et intangibles, sont historiquement situés : l’homme, « construit social », a sa culture, sa tradition, son vécu, que l’homo œconomicus ne saurait refléter. Son existence s’inscrit dans un cadre juridique et institutionnel donné. Cette réalité sociale imprègne, pour Perroux, profondément l’activité économique.

Un principe globalisant et interdisciplinaire

Pour François Perroux, l’économie politique doit s’inscrire dans un ensemble de disciplines qui étudient la société. Loin d’affaiblir son propos, cette intégration dans les sciences sociales lui donne toute sa validité.

Croissance et développement, pouvoir asymétrique

François Perroux définit la croissance comme « une augmentation pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, le produit global net calculé en termes réels ». Elle n’est apparue selon lui qu’après la première révolution industrielle en Angleterre.

Elle entraîne, sauf exception, le développement, qu’il définit comme « l’ensemble des transformations des structures économiques, sociales, institutionnelles et démographiques qui accompagnent la croissance, la rendent durable et, en général, améliorent les conditions de vie de la population[65]. »

Parmi les concepts clés de sa pensée, il développe celui de pouvoir asymétrique. François Perroux défend l'idée que « la concurrence est forcément imparfaite ». Le poids et l’importance des acteurs économiques (grandes entreprises, entreprises multinationales, groupements...) « influencent plus qu’ils ne sont influencés ». Ne croyant pas dans les vertus autoéquilibrantes du marché, Perroux avance que les États peuvent imposer une « préférence de structure » qui correspond aux choix des citoyens de chacune des nations, au besoin en utilisant les moyens nécessaires pour se protéger du marché mondial[66].

Face au « scientisme de l’économie axiomatique »

Face à l’ambition fondatrice de l’économie politique, François Perroux analyse la pensée économique orthodoxe comme se préoccupant uniquement de la cohérence interne de sa doxa. Selon lui, elle choisit de nier l’histoire, y compris l’histoire des faits et de la pensée économiques. Elle se présente comme une idéologie pour un capitalisme avare et débridé[réf. nécessaire].

Pour une science de l'Homme et de la société

Selon François Perroux, la pensée économique orthodoxe se coupe volontairement des autres disciplines des sciences humaines. Ne reconnaissant pas la scientificité de leurs démarches, elle réfute leurs apports et s’immisce dans leurs domaines, prétendant leur apporter une vérité universelle.

En contradiction avec l’économie réelle, l’économie orthodoxe a, pour Perroux, cessé d’être un lieu de confrontations scientifiques entre des « visions » du système. Elle est, au contraire, devenue une pure entreprise idéologique, au sens où elle reproduit un dogme.

En d’autres termes, l’économie orthodoxe se résume à une économie axiomatique, aux vertus scientifiques ou appliquées tout à fait discutables. Au contraire, Perroux entend avec son économie politique s’inscrire dans une véritable « science de l’homme et de la société ».

Pour une pensée « éclairante »

François Perroux refuse la « pensée unique » économique[réf. nécessaire], et réclame une alternative, là où d'autres affirment qu’il n'en existe aucune. François Perroux dénonce une science économique qui, empêtrée dans ses préceptes, refuse de voir et de prendre en compte l’état du monde. Ainsi, elle nous empêche également d’en saisir tous les délabrements. Or il craint que, si les forces du marché se développent sans entrave, et si des résistances ne se développent pas, un capitalisme débridé [réf. nécessaire]devienne la forme dominante d’organisation économique sur le plan mondial.

L’ISMEA et l’héritage de François Perroux

Créé par François Perroux en 1944, l’ISMEA, au service de la refondation d’un « noyau dur » de l’économie politique, se présente comme un lieu de débats et de réflexion constitutifs d’un projet global et cohérent.

L’ISMEA est un « outil de travail », comme l’a été l’ISEA. Il a « produit » une réflexion, une conceptualisation et des modélisations utiles à la compréhension de l’économie du XXe siècle, dans une perspective théorique et pratique : travaux de comptabilité nationale (Insee), études sur les évolutions démographiques en Europe, contrats sur l’inflation (Direction de la prévision) et sur l’endettement international (CNRS), recherches de prospective industrielle…

L’ISMEA dispose d’un vaste réseau de relations internationales. Le rayonnement de la pensée de François Perroux, ou, parmi d’autres, d’Henri Bartoli, de Gérard Destanne de Bernis, de Marie Lavigne, de Jean Marczewski, de Maximilien Rubel, de Jean Weiller, et les recherches menées à l’ISMEA ont nourri des échanges et des coopérations en matière d’enseignement et de recherche dans un très grand nombre de pays.

L’ISMEA se présente ainsi, à la suite de François Perroux, comme le lieu d’un débat sur les formes de l’alternative, en interpellant l'évolution « naturelle » du capitalisme en ce début du XXIe siècle.

Publications

  • (1926) Le Problème du profit, Presses universitaires de Grenoble, 406.
  • (1928) « La dictature du prolétariat chez les marxistes », Le Droit ouvrier, XXIV (3), 115-136.
  • (1935) Des mythes hitlériens à l’Europe allemande, Bosc Frères, M. & L. Riou, Lyon 156.
  • (1938) « Limites et dépassement de la notion de classe », Esprit, VI (68), 161-180.
  • (1940) Autarcie et expansion - Empire ou Empires ?, Paris, Librairie de Médicis, Les problèmes contemporains, 65p.
  • (1943) La Valeur, Presses universitaires de France, Paris, 403.
  • (1946) Libéralisme et liberté. Mélanges économiques dédiés à M. le professeur René Gonnard, Librairie générale de droit et de jurisprudence, Paris, p. 299-316.
  • (1947) « L’Amérique et les responsabilités d’une économie internationalement dominante », Économie appliquée, XL (2), 335-350.
  • (1947) Le Revenu national : son calcul et sa signification (avec Pierre Uri et al.), Presses universitaires de France, Paris, 310.
  • (1949) « L’effet de domination et les relations économiques », Économie appliquée, XL (2), 271-290.
  • (1950) « Le pool du charbon et de l’acier et le plan Schuman - Illusions et réalités », Économie appliquée, XL (2), 351.
  • (1951) Le Capitalisme, Presses universitaires de France, Paris, 136.
  • (1952) « L’Anglo-Iranian Company et les effets de domination », Économie appliquée (1), 151-168.
  • (1954) L’Europe sans rivages. Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 859.
  • (1957) « Le profit et les progrès économiques », Revue de l’Action Populaire (112), 1049-1063.
  • (1958) La Coexistence pacifique, Presses universitaires de France, Paris, 209.
  • (1960) Économie et société : contrainte, échange, don, Presses universitaires de France, Paris, 186.
  • (1961) L’Économie du XXe siècle, Presses universitaires de Grenoble, 814.
  • (1963) Dialectiques et socialisation, Œuvres, K. Marx, Gallimard, Paris, I, 2000.
  • (1963) « L’économie des États-Unis : un « leadership » difficile », Tiers Monde, IV (370), 539-557.
  • (1963-1975) Pouvoir et économie généralisée, Presses universitaires de Grenoble, 605.
  • (1965) Les Techniques quantitatives de la planification, Presses universitaires de France, Paris, 309.
  • (1965) La Pensée économique de Joseph Schumpeter. Les dynamiques du capitalisme, Librairie Droz, Genève.
  • (1966) « Intégration économique. Qui intègre ? Au bénéfice de qui s’opère l’intégration ? », Économie appliquée, XIX (3-4), 389-414.
  • (1968) « L’intégration et l’échec de la théorie traditionnelle des échanges extérieurs », Économie appliquée, XXI (2), 379-396.
  • (1969) Recherche et activité économique (dir.), collection « U », Armand Colin, Paris.
  • (1969) Le Pain et la Parole, Éditions du Cerf, Paris, 334.
  • (1969) François Perroux interroge Herbert Marcuse… qui répond, Aubier, Paris, 211.
  • (1970) Aliénation et société industrielle, Gallimard, Paris, 185.
  • (1970) « Les conceptualisations implicitement normatives et les limites de la modélisation en économie », Économies et Sociétés, M. (26), 2255-2307.
  • (1971) "L’équilibre de von Neumann, premier essai d’évaluation." Économies et Sociétés V (10): 1687-702.
  • (1971) "Structuralisme, modèles économiques, structures économiques." Économie appliquée XXIV (3): 329-51.
  • (1972) Masse et classe, Casterman, Paris, 146.
  • (1973) Pouvoir et économie, Dunod, Paris, 139.
  • (1974) « L’Europe fin de siècle », Économie appliquée, XL (2), 369-384.
  • (1975) « Politique du développement et lacunes du calcul économique », Mondes en développement, (10), 191-202.
  • (1975) Critique de la raison économique (dir.), Centre d’études internationales pour le développement, Paris.
  • (1976) « Critique de la raison économique et de la raison statistique », Économie appliquée, XL (2), 303-323.
  • (1979) Les Entreprises transnationales et le nouvel ordre économique du monde, Institut des sciences sociales appliquées, Lyon, 112.
  • (1979) De la frugalité : Tévoédjré rencontre Rousseau, Choisir, 35.
  • (1980) « Pérégrinations d’un économiste et choix de son itinéraire », Économie appliquée, XL (2), 197-212.
  • (1980) « L’Université : une institution dans la société », Réseaux, (37-38), 19-34.
  • (1980) Qu’est-ce qu’un économiste ?, Archives de l’Isméa, Paris, 12.
  • (1981) Pour une philosophie du nouveau développement, Aubier/Presses de l’Unesco, Paris, 279.
  • (1982) Dialogue des monopoles et des nations : « équilibre » ou dynamique des unités actives, Presses universitaires de Grenoble, 473.
  • (1986) Chômage : complexité de l’analyse et profil des stratégies, Association des amis de François Perroux, Lyon.
  • (1993) François Perroux, œuvres complètes, 6 tomes, Presses universitaires de Grenoble.

Références

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Notes et références

  1. F. Perroux, Le problème du profit, Presses universitaires de Grenoble, 1926.
  2. F. Perroux, Les Traitements des fonctionnaires en France, Librairie du Recueil Sirey, 1933.
  3. J.-L. Perrault, « Perroux, le missionnaire d'une utopie “réaliste” », Vers une économie humaine. Pensées critiques d'hier pour aujourd'hui : Desroche, Lebret, Lefebvre, Mounier, Perroux., ISMEA-IMEC, Caen, 2012.
  4. Le socialisme : Étude économique et sociologique - Ludwig von Mises, préface de l'édition française.
  5. F. Perroux, « Pérégrinations d'un économiste et choix de son itinéraire », Économie appliquée no 2, 1980 (1987), p. 200.
  6. J. A. Schumpeter, « Lettre au Professeur François Perroux », Schumpeter Correspondance, Harvard University, Cambridge, 1949.
  7. Perroux, à cette époque, aura pris ses distances vis-à-vis de l'œuvre de Schumpeter, qui décède deux ans plus tard, en 1950,pour différentes raisons. Les plus explicites sont, la théorie de l'impérialisme de Schumpeter, développée dans son ouvrage de 1919 : Impérialisme et classes sociales, et l'absence de réflexion sur la valeur, chez l'économiste autrichien émigré. Mais, par ailleurs, le caractère privilégié de la théorie de l'équilibre générale, chez Schumpeter marque la rupture de Perroux sur les principaux points de son œuvre, y compris Capitalisme, socialisme et démocratie.
  8. F. Perroux, La pensée économique de Joseph Schumpeter : Une théorie pure de la dynamique capitaliste, Librairie Dalloz, Paris, 1935.
  9. J. A. Schumpeter, Théorie de l'évolution économique : Recherches sur le profit, le crédit, l'intérêt et le cycle de la conjoncture, Librairie Dalloz, Paris 1935 (1911).
  10. F. Perroux, Marx, Schumpeter, Keynes, Presses universitaires de Grenoble, 1993.
  11. Inauguration de l'Université prolétarienne de Villeurbanne - Commons [image].
  12. Fiche : Daniel Dufourt - Groupe de Recherche en Épistémologie Politique et Historique (GREPH).
  13. D. Dufourt, « L'avènement d'une épistémologie politique dans l'œuvre de François Perroux », Économies et sociétés no 3-M 33, mars 2009, pp. 419-447.
  14. F. Perroux, Des mythes hitlériens à l'Europe allemande, Bosc Frères, M. & L. Riou, Lyon, 1935.
  15. Syndicat des éditeurs [1943], Unerwuenschte Literatur in Frankreich/Ouvrages littéraires non désirables en France, Syndicat des éditeurs, Paris, p. 16 [lire en ligne].
  16. La longue marche vers le CNRS (1901 – 1945) - Jean François Picard, Elisabeth Pradoura, CNRS, 2009 [PDF].
  17. F. J. Perroux, Curriculum, Archives de l'ISMÉA, Paris, 1944.
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  33. F. J. Perroux, Curriculum, Archives de l'ISMÉA, Paris, 1943.
  34. P. Bitoun, Les hommes d'Uriage, Éditions la Découverte, Paris, 1988.
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  36. F. Perroux, « Correspondance Mounier-Perroux (automne 1940) », Bulletin des amis d'Emmanuel Mounier no 81, mars 1994, pp. 22-23.
  37. Cité par A. Cohen, « Du corporatisme au keynésianisme. Continuités pratiques et ruptures symboliques dans le sillage de François Perroux », Revue française de science politique no 4, août 2006, p. 558.
  38. E. Mounier, Emmanuel Mounier et sa génération : Œuvres, Le Seuil, Paris, 1963, pp. 304-305.
  39. E. Mounier, Emmanuel Mounier et sa génération, Œuvres, Le Seuil, 1963, p. 305.
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  41. Nicolas Chevassus-au-Louis, « Quand Vichy réorganisait la science française... », La Recherche : L'actualité des sciences no 372, 1er février 2004, p. 38 [lire en ligne].
  42. Ludovic Tournès, « L’Institut scientifique de recherches économiques et sociales et les débuts de l’expertise économique en France (1933-1940) », Genèses, no 65, t.4, 2006, pp. 49-70 [lire en ligne].
  43. Ludovic Tournès, « La fondation Rockefeller et la naissance de l’universalisme philanthropique américain », Critique internationale no 35, 2007, pp. 173-197.
  44. A. Drouard, Une inconnue des sciences sociales : la Fondation Alexis Carrel, 1941-1945, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris, 1992.
  45. A. Drouard, Une inconnue des sciences sociales : la Fondation Alexis Carrel, 1941-1945, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris, 1992, p. 158.
  46. Drouard, A. [1992], Une inconnue des sciences sociales : la Fondation Alexis Carrel, 1941-1945, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris, pp. 163-164.
  47. Qui devient plus tard l’Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées - ISMÉA, faisant valoir l'importance que Perroux accordait à la formalisation.
  48. M. Bungener. et M.-E. Joël, « L'essor de l'économétrie au CNRS », Cahiers pour l’histoire du CNRS no 4, t.2, 1989, p. 32.
  49. H. Guitton, « François Perroux, 1903-1987 », Journal de la société statistique de Paris no 1-2, t.129, 1988, pp. 133-134.
  50. Sous la dir. de F. Perroux, Le revenu national : Son calcul et sa signification, Pragma, Presses universitaires de France, Paris, 1947, p. 15, note de bas de page 3 (cité par J.-L. Perrault, « Perroux, le missionnaire d'une utopie "réaliste" », Vers une économie humaine. Pensées critiques d'hier pour aujourd'hui : Desroche, Lebret, Lefebvre, Mounier, Perroux., ISMEA-IMEC, Caen, 2012).
  51. P. Uri, Penser pour l'action un fondateur de l'Europe, Odile Jacob, Paris, 1991, p. 46 (cité par J.-L. Perrault, « Perroux, le missionnaire d'une utopie "réaliste" », Vers une économie humaine. Pensées critiques d'hier pour aujourd'hui : Desroche, Lebret, Lefebvre, Mounier, Perroux., ISMEA-IMEC, Caen, 2012).
  52. François Perroux - Collège de France.
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  54. Hackett, J. W. [1990], "Pierre Le Brun et François Perroux", in Denoël, F. (sous la dir.), François Perroux, Éditions L'Âge d'homme, Lausanne, p. 76-77.
  55. R. Mouriaux, Le syndicalisme en France depuis 1945, Éditions La Découverte, Paris, 1994, p. 11.
  56. G. Gemelli, Fernand Braudel, Odile Jacob, Paris, 1995, p. 307.
  57. « Classe des membres non résidants », Mémoires de l'Académie de Nîmes, t. LX, 1980, p. 315.
  58. L. Strauss, « The Social Science of Max Weber », Measure. A Critical Journal no 2, printemps 1951, pp. 204-230.
  59. Coston, H. [1967], Dictionnaire de la politique française, Publications Henry Coston, Paris.
  60. Henri Georges Coston, est un journaliste, éditeur, fut surtout un essayiste et militant d'extrême droite français, antisémite et collaborationniste. Cité dans le Dictionnaire..., édité en 1967, Perroux y est immédiatement assimilé à l'extrême droite. Accusation sans aucun fondement et instrumentalisée essentiellement par ses rivaux.
  61. Exemples :
    • B.-H. Lévy, L'Idéologie française, Club français du livre, Paris, 1981
    • R. O. Paxton, La France de Vichy : 1940-1944, Éditions du Seuil, Paris, 1974
    • Z. Sternhell, Ni droite, ni gauche : L'idéologie fasciste en France, Éditions Complexe, Paris, 1983 (1987)
    • E. J. Weber, La France des années 30 : Tourments et perplexités, Fayard, Paris, 1995.
  62. P. Uri, Penser pour l'action un fondateur de l'Europe, Odile Jacob, Paris, 1991, p. 46.
  63. Real Academia de Ciencias Económicas y Financieras.
  64. Fonds Perroux, François - Institut mémoires de l'édition contemporaine (IMEC).
  65. L’Économie du XXe siècle, Presses universitaires de Grenoble, 1961, p. 814.
  66. François Perroux (1903-1987), Alternatives Economiques Poche n° 021 - novembre 2005.

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