École libre des sciences politiques

L’École libre des sciences politiques (ELSP), dite familièrement « Sciences Po », est un établissement français privé d'enseignement supérieur créé en 1871 par Émile Boutmy[1]. Elle est l'ancêtre de l'Institut d'études politiques de Paris et de la Fondation nationale des sciences politiques qui, en tant qu'ensemble, sont appelés Sciences Po.

En vertu de l'ordonnance 45-2283 du , elle servit de modèle à l'ensemble des instituts d'études politiques qui furent créés en France à partir de 1945 : outre à Paris, Aix-en-Provence, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Rennes, Saint-Germain-en-Laye, Strasbourg et Toulouse.

Origines

Entre 1870 et 1872 surviennent en France de graves troubles politiques, qui provoquent ce que l'historien Claude Digeon appelle dans sa thèse de 1959 la « crise allemande de la pensée française » : la défaite face à l'Allemagne, la chute du Second Empire et les événements de la Commune de Paris. En s'inscrivant dans l'effort de renouvellement républicain des années 1870 et en vue de réformer la formation des élites de la France pour donner un nouveau départ au pays, Émile Boutmy, entouré d'un groupe d'hommes de sciences (comme Hippolyte Taine, Ernest Renan, Albert Sorel, Paul Leroy-Beaulieu ou René Stourm) et d'industriels, crée en février 1871 l'École libre des sciences politiques. La première année, quatre-vingt-neuf élèves sont inscrits.

Plusieurs innovations pédagogiques caractérisent l'enseignement de l'école :

  • l'intervention, très tôt, de praticiens de la politique à côté des universitaires reconnus, avec des ministres, des hauts fonctionnaires, des membres du Conseil d'État, etc.
  • la coopération très précoce avec des universités étrangères[réf. nécessaire],
  • la place importante accordée à l'étude des sociétés contemporaines,
  • l'éducation physique obligatoire.

En 1879, l'École s'installe à l'hôtel de Mortemart, rue Saint-Guillaume à Paris, grâce à la généreuse donation de Maria Brignole Sale De Ferrari, duchesse de Galliera.

Influence

L'École concourt à l'apparition de la science politique en tant que discipline[réf. nécessaire] et conserve sur elle un quasi-monopole en France[réf. nécessaire] jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Surtout, elle prépare aux examens et concours de hauts fonctionnaires, activité dont elle a presque le monopole.

Nationalisation de 1945

Elle est nationalisée et intégrée à l'Université de Paris le sous le nom d'Institut d'études politiques de l'Université de Paris ; le même jour, une ordonnance[2] crée la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui reçoit le patrimoine et la gestion administrative et financière de l'IEP.

Voir dans l'article Sciences Po (Paris) : Origines

Notes et références

  1. Gerard Noiriel et Pierre Favre, « Naissances de la science politique en France (1870-1914) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 27, , p. 130 (ISSN 0294-1759, DOI 10.2307/3769067, lire en ligne, consulté le ).
  2. Ordonnance no 45–2284 du 9 octobre 1945 portant création d'une Fondation nationale des sciences politiques.

Voir aussi

Bibliographie

  • Aucoc, Sorel, Zolla et Boutmy (préf. Hulot), Le 25e anniversaire de la fondation de l’École libre des sciences politiques (31 mai 1896), Paris, s.n., , 34 p. (lire en ligne).
  • (en) Philip Nord, « Reform, Conservation and Adaptation: Sciences-Po from the Popular Front to the Liberation », dans Sudhir Hazareesingh (direction), The Jacobin Legacy in Modern France. Essays in Honour of Vincent Wright, Oxford University Press, Oxford, 2002 (ISBN 978-0-19-925646-4) [présentation en ligne], p. 115-146
  • Claude des Portes, L'Atmosphère des Sciences Po, préface d'André Siegfried, dessins de Jak, Spes, Paris, 1935
  • Pierre Rain, L'École libre des sciences politiques, suivi de L'École et la guerre : la transformation de son statut, par Jacques Chapsal, Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 1963
  • Dominique Damamme, « D'une école des sciences politiques », Politix. Vol. 1, no 3-4. Été-automne 1988. p. 6-12. http://www.persee.fr
  • Dominique Damamme, « Genèse sociale d'une institution scolaire », Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 70, . p. 31-46. http://www.persee.fr

Articles connexes

Liens externes

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