Raymond Barre

Raymond Barre, né le à Saint-Denis (La Réunion) et mort le à Paris, est un économiste et homme d'État français.

Pour les articles homonymes, voir Barre.

Raymond Barre

Raymond Barre en 1980.
Fonctions
Maire de Lyon

(5 ans et 9 mois)
Élection
Prédécesseur Michel Noir
Successeur Gérard Collomb
Député

(20 ans, 11 mois et 16 jours)
Élection 14 juin 1981
Réélection 16 mars 1986
5 juin 1988
21 mars 1993
1er juin 1997
Circonscription 4e du Rhône (1981-1986)
Rhône (1986-1988)
4e du Rhône (1988-2002)
Législature VIIe, VIIIe, IXe, Xe et XIe (Cinquième République)
Groupe politique Apparenté UDF (1981-1988; 1993-2002)
UDC (1988-1993)
Prédécesseur Jean Baridon
Successeur Christian Philip

(1 mois)
Élection 19 mars 1978
Circonscription 4e du Rhône
Législature VIe (Cinquième République)
Groupe politique Apparenté UDF
Prédécesseur Louis Joxe
Successeur Jean Baridon
Premier ministre français

(4 ans, 8 mois et 26 jours)
Président Valéry Giscard d'Estaing
Gouvernement Barre I, II et III
Législature Ve et VIe (Cinquième République)
Coalition Majorité présidentielle
UDRRIRCDS
(août-déc. 1976)

RPRRIPRRCDS
(1976-1978)

RPRUDF (1978-1981)
Prédécesseur Jacques Chirac
Successeur Pierre Mauroy
Ministre de l'Économie et des Finances

(1 an, 7 mois et 4 jours)
Président Valéry Giscard d'Estaing
Premier ministre Lui-même
Gouvernement Barre I et II
Prédécesseur Jean-Pierre Fourcade
Successeur René Monory
Ministre du Commerce extérieur

(7 mois et 13 jours)
Président Valéry Giscard d'Estaing
Premier ministre Jacques Chirac
Gouvernement Chirac I
Prédécesseur Norbert Ségard
Successeur André Rossi
Vice-président de la Commission européenne
chargé de l'Économie et des Finances

(5 ans, 5 mois et 29 jours)
Président Jean Rey
Franco Maria Malfatti
Sicco Mansholt
Prédécesseur Robert Marjolin
Successeur Wilhelm Haferkamp
Biographie
Nom de naissance Raymond Octave Joseph Barre
Surnom Le Premier économiste de France, Babar[1]
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Denis (La Réunion, France)
Date de décès
Lieu de décès Paris (France)
Nature du décès Crise cardiaque
Sépulture Cimetière du Montparnasse
Nationalité Française
Parti politique Indépendant
(proche de l'UDF)
Diplômé de IEP de Paris
Profession Économiste
Religion Catholicisme

Premiers ministres français
Maires de Lyon

Professeur d'université, il est vice-président de la Commission européenne, chargé de l'Économie et des Finances, de 1967 à 1973.

En 1976, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, il est nommé ministre du Commerce extérieur du premier gouvernement Jacques Chirac, puis devient Premier ministre. Il met en œuvre une politique monétaire visant à réduire la pression de la monnaie sur les prix et une politique budgétaire stricte du fait de la hausse de la dette. Il démissionne après la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1981.

Candidat de l'UDF à l'élection présidentielle de 1988, il arrive en troisième position avec 16,5 % des suffrages. Il est député du Rhône de 1978 à 2002 et maire de Lyon de 1995 à 2001.

Classé au centre droit et proche de l'UDF, Raymond Barre est une des rares personnalités politiques contemporaines à avoir occupé d'aussi hautes fonctions sans jamais avoir été membre d'un parti politique.

Biographie

Jeunesse et vie privée

La villa Déramond-Barre, maison natale de Raymond Barre à Saint-Denis de La Réunion.

La famille Barre est installée à Saint-Denis, à La Réunion, depuis 1843[2]. Raymond Barre est le fils de René Barre (1898-1975), négociant, et de Charlotte Déramond (1902-2002). René Barre, fils d'un directeur de pénitencier en poste à la Guyane puis en Nouvelle-Calédonie, s'était engagé au service de la France en 1915, à 17 ans, amoureux de l'héritière d'une grande famille, Charlotte Déramond, fille d'Octave Déramond, chirurgien, et de Marie Martin (issue des Martin, riches sucriers). Ses parents se marient à La Réunion le et ont deux filles (Anne-Marie et Marguerite Marie)[3] et un fils. Ils se séparent lorsque Raymond Barre a quatre ans, à la suite d'une affaire frauduleuse dans laquelle son père a été impliqué, jugé aux assises le jeudi avec son associé et conseiller Jules Bocquée[4]. René Barre est finalement acquitté, mais les Déramond ne peuvent tolérer que leur honneur et leur réputation aient été salis. Il ne reverra jamais plus son père, décédé le [2].

À l'exception de quelques mois à Paris en 1934, il passe son enfance sur son île natale de La Réunion, dans l'imposante case créole de Saint-Denis appartenant à son grand-père maternel et dans laquelle il est né. Cette villa, qui fut habitée par le poète Léon Dierx, est aujourd'hui appelée villa Déramond-Barre[5].

Là, il se retrouve d'abord dans la même école maternelle que Raymond Bourgine, l'école de l'Immaculée Conception, avant d'être scolarisé au lycée Leconte-de-Lisle aux côtés de Paul et Jacques Vergès[5]. Il entre à la faculté de droit de La Réunion au sortir du lycée[5].

Mobilisé à l'âge de vingt ans, il doit mettre de côté son vœu d'étudier la médecine à Montpellier comme l'avait fait le reste de sa famille avant lui[5]. Après son instruction à La Réunion sur la batterie de la pointe des Galets, il part en 1945 pour Madagascar rejoindre son régiment d'artillerie du CEFEO et débarque à Tamatave, d'où il doit s'embarquer pour l'Indochine. Mais Américains et Britanniques ne voient pas d'un très bon œil que la France rétablisse sa souveraineté sur l'Indochine, si bien qu'ils ne fournissent pas les navires de transport nécessaires avant la fin de la Seconde Guerre mondiale[6]. Démobilisé, il prend le bateau pour Paris le [5].

Économiste de profession

Logé à la Cité internationale universitaire jusqu'en 1950[5], il décroche plusieurs diplômes et concours de l'enseignement supérieur : le diplôme de l'Institut d'études politiques de Paris (promotion 1948, section Service Public)[7] et l'agrégation de droit et de sciences économiques dont il finit deuxième en 1950[2].

Il est nommé professeur à la faculté de droit et de sciences économiques de Caen, mais ne rejoint pas son poste immédiatement et, pendant quatre années, effectue des missions à l'Institut des hautes études de Tunis. En 1953, il traduit l'ouvrage du libéral Friedrich Hayek paru l'année précédente : Scientisme et sciences sociales, Essai sur le mauvais usage de la raison.

Le , Raymond Barre épouse Eva Hegedűs (1920-2017), qu'il a rencontrée à Tunis[8]. D'origine hongroise, elle est fille de l'avocat Barthélémy Hegedüs et de Berthe Salamon[9]. Ils ont ensemble deux fils : Olivier (né en 1955) et Nicolas (né en 1961)[10].

Il publie en 1959 un manuel d'économie qui restera longtemps utilisé par les étudiants et qui est appelé familièrement Le Barre[2].

De 1959 à 1962, Raymond Barre est directeur de cabinet de Jean-Marcel Jeanneney, ministre de l'Industrie dans le gouvernement Michel Debré. Ensuite, il redevient professeur d'économie à l'Institut d'études politiques de Paris, à la faculté de droit et de sciences économiques de Paris, ainsi qu'à l'École centrale Paris[11].

Engagement européen

En 1967, il est nommé vice-président de la Commission européenne, responsable des Affaires économiques et financières, une fonction qu'il occupe jusqu'en 1973[2].

Son mandat a été marqué par son action en faveur de l'union économique et monétaire entre les six États membres de la Communauté économique européenne. C'est à son initiative qu'a été élaboré un mémorandum en sur la politique monétaire de la Communauté économique européenne, préconisant un dispositif d'assistance réciproque entre les États membres, et la définition d'une unité de compte européenne. Le , un document connu sous le nom de « premier plan Barre », propose ensuite au nom de la Commission européenne une « convergence des orientations nationales » ainsi qu'une « concertation des politiques économiques ». Pour l'universitaire Frédéric Lebaron, il s'agit d'« une des premières politiques d’austérité de la période néolibérale qui s’ouvre alors »[12]. Au Sommet de La Haye, les gouvernements des six États membres de la CEE se donnent pour objectif l'Union économique et monétaire : le plan Barre sert alors de travail préparatoire. Puis, le , la Commission européenne présente au Conseil de l'Union européenne une communication appelée « deuxième plan Barre » proposant trois étapes devant aboutir en 1978 à une Union économique et monétaire. Ce document servira de base à la constitution du groupe présidé par Pierre Werner, qui va élaborer le document connu sous le nom de « Plan Werner », étape suivante dans l'histoire de l'Union économique et monétaire européenne ayant mené à l'euro.

Ministre du Commerce extérieur

Le , il est nommé ministre du Commerce extérieur dans le gouvernement Jacques Chirac I par le président de la République Valéry Giscard d'Estaing et le Premier ministre Jacques Chirac[13].

Premier ministre

Raymond Barre en 1977.

Le , Raymond Barre est nommé Premier ministre par le président Valéry Giscard d'Estaing, après la démission du gouvernement de Jacques Chirac. Le président Giscard d'Estaing, avec qui il avait des réunions régulières à Bruxelles plusieurs années auparavant, dit alors de lui qu'il est « l'un des meilleurs économistes de France »[14]. Il est d'ailleurs aussi nommé ministre de l'Économie et des Finances, fonction qu'il occupe jusqu'en . C'est la première fois que, sous la Ve République, un chef de gouvernement exerce en même temps une autre fonction ministérielle.

Confronté aux hausses du chômage et de l'inflation liées à la crise économique mondiale des chocs pétroliers, Raymond Barre mène une politique d'austérité économique, plus couramment nommée par les économistes comme celle de « la rigueur ». Il ne parvient cependant à juguler ni le premier, ni la seconde à l'instar de ce qui se passera dans tous les pays européens à l'exception de la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher. Il résume les problèmes économiques du pays le par la formule « la France vit au-dessus de ses moyens »[15],[16].

Son plan de restructuration de la sidérurgie en 1979, consistant à quasi-nationaliser les usines concernées, sauvegarde une industrie sidérurgique en France qui donnera plus tard naissance au groupe Arcelor. Ce plan implique la suppression de plusieurs dizaines de milliers d'emplois, et de violents mouvements de protestations en découlent. Il permet néanmoins de reconstruire un groupe plus moderne et créateur d'emplois. Son gouvernement engagera de plus le plan nucléaire. Cependant sa politique est contestée par la gauche, mais aussi le parti gaulliste[17], l'obligeant durant ses fonctions à engager dix fois la responsabilité de son gouvernement devant l'Assemblée nationale[2]. Il en gardera toujours une rancœur contre le RPR[17].

Raymond Barre met en place à la fin de son passage à Matignon une discrète relance budgétaire, appelée relance Barre. Deux fois moins coûteuse que la relance Chirac, elle est composée d'une multitude de baisses de charges pour les particuliers. Le manque de cohésion dans les mesures ne permet pas au gouvernement Barre de bénéficier du regain de popularité espéré[18].

À La Réunion, où il conserve des contacts avec quelques élus comme Pierre Lagourgue et Marcel Cerneau, il décide de la construction du second bassin du Port de la Pointe des Galets[5].

Par ailleurs, son passage à Matignon est marqué par la mort, en 1979, dans des circonstances qui donnent lieu à une importante polémique, du ministre du Travail, Robert Boulin. Alors que selon la version officielle le cadavre de Robert Boulin n'a été retrouvé dans un étang de la forêt de Rambouillet qu'à 8 heures 40, Raymond Barre affirme avoir été prévenu de la découverte du corps dès 3 heures du matin[19], comme l'attestent les propos qu'il a tenus en au micro de Benoît Collombat, reporter à France Inter et auteur d'Un homme à abattre[20],[21], et comme il le répètera dans son livre L'Expérience du pouvoir (2007)[22]. Ce délai de plus de cinq heures aurait permis de maquiller un possible assassinat du ministre en suicide ; l'hypothèse de l'implication du RPR, qui s'inquiétait de la possible nomination à Matignon de Robert Boulin, qui était membre du parti gaulliste, est évoquée[19].

Le , à la suite de l'attentat de la rue Copernic, il déclare : « Cet attentat odieux qui voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic[23] ». Cette déclaration ayant suscité une polémique, l'intéressé, prenant la parole le à la tribune de l'Assemblée nationale, tient à assurer ses « compatriotes juifs » de la « sympathie de l'ensemble de la nation ». Peu avant sa mort, Raymond Barre a nié avoir tenu ces propos et imputé les protestations de l'époque au « lobby juif le plus lié à la gauche », « capable de monter des opérations qui sont indignes »[24],[25],[26],[27].

Au début de 1981, la cote de popularité de Raymond Barre est au plus bas, ce qui conduit Valéry Giscard d'Estaing à le maintenir à l'écart de sa campagne présidentielle[2]. Le président de la République avait même un temps envisagé de changer de chef de gouvernement[28]. Cette impopularité sera considérée comme un facteur de l'échec de Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle de 1981[29],[28].

Raymond Barre annonce, après la victoire du candidat socialiste François Mitterrand à l'élection présidentielle, la démission de son gouvernement. Il souligne les aspects positifs de son action et condamne ceux qui ont « joué au quitte ou double le sort de la Ve République »[30]. Le Premier ministre prédit par ailleurs que la gauche sera obligée de revenir dans les trois ans à la politique qu'il avait menée[31]. Raymond Barre expédie les affaires courantes jusqu'à l'investiture de François Mitterrand à la présidence de la République, le , et à la nomination de son successeur à Matignon, Pierre Mauroy.

Dans les années 1980, il écrit également dans la revue du Club de l'horloge, Contrepoint[32].

Candidature présidentielle de 1988

Raymond Barre en 1991.

Après le refus de Valéry Giscard d'Estaing de se présenter à l'élection présidentielle de 1988, les différentes composantes de l'UDF se prononcent en faveur de la candidature de Raymond Barre. Celui-ci n'est pourtant pas membre de l'UDF, souhaitant rester un « homme au-dessus des partis » et s'estimant « inclassable[2] ». Il se déclare candidat le , au palais des congrès de Lyon.

Les sondages le donnent longtemps présent au second tour, devant Jacques Chirac, et certains le donnent même vainqueur face à François Mitterrand[33]. Pendant la campagne, les intentions de vote en sa faveur diminuent et il obtient finalement 16,55 % des voix au premier tour, mais l'écart avec Jacques Chirac est moins important que prévu[17],[34]. En vue du second tour, il apporte son soutien à Chirac face à François Mitterrand[17]. Plus tard, ce dernier rendra hommage à Raymond Barre en le qualifiant de « véritable homme d'État ». Raymond Barre se définira comme « un homme carré dans un corps rond[17] ».

Député et maire de Lyon

Raymond Barre aux côtés de la mère Tessa Bielecki et du grand-rabbin Immanuel Jakobovits en 1989.

Raymond Barre se fait élire député de la quatrième circonscription de Lyon lors des législatives de 1981[2]. Apparenté au groupe centriste, il est constamment réélu jusqu'en 2002. Il reprend également ses cours à Sciences Po.

À la demande insistante de Jacques Chirac, il brigue le mandat de maire de Lyon contre Michel Noir aux élections municipales de 1995, et obtient en échange la promesse d'un G7 dans la ville. Il ambitionne de faire de Lyon « le cœur du Grand Sud-Est européen »[35] tout en s'engageant à ne pas augmenter les impôts de plus de 3 %. La liste qu'il conduit l'emporte au second tour, le , avec 47,5 % des voix[36]. Lors de cette élection, il ne parvient pas à maintenir tous les arrondissements de la ville à droite, la gauche en remportant trois sur neuf, tandis que le Front national obtient deux élus[36]. Il est élu maire par le nouveau conseil municipal le [36].

Son engagement financier le pousse à préférer des lignes de tramways aux projets de métro, et à réduire diverses activités au service des familles. Il lance l'idée de la refonte du quartier de la Confluence, qu'il souhaite confier à Ricardo Bofill, mais la complexité des expropriations et les règles des appels d'offre l'obligent à laisser ce projet à son successeur. Fin , est inauguré le prolongement de la ligne D de Gorge de Loup à Gare de Vaise.

Sur le plan culturel, il conduit la rénovation et la mise à la disposition des artistes des Subsistances, ex intendance militaire. Il fait également inscrire en 1998 le Vieux Lyon au patrimoine de l’humanité, grâce à une action intensive menée par Régis Neyret.

Au niveau de la COURLY, Raymond Barre instaure une politique d’attributions des vice-présidences aux divers groupes, en vue de plus larges consensus.

Du 15 au , il accueille le G7.

Dès le début de son mandat de maire, il annonce qu'il n'effectuera qu'un mandat à la tête de la ville. Le socialiste Gérard Collomb lui succède à la suite des élections municipales de 2001. Raymond Barre se retire de la vie politique l'année suivante, ne briguant pas un nouveau mandat de député aux élections législatives de 2002.

Maladie et mort

Aux problèmes rénaux dont il souffre de longue date s'ajoutent des problèmes cardiaques. Le , à la suite d'un malaise cardiaque, il est hospitalisé au centre cardio-thoracique de Monaco, puis transféré à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, où il meurt le , à l'âge de 83 ans[37].

Ses obsèques sont célébrées par l'archevêque de Paris Mgr André Vingt-Trois le dans la chapelle du Val-de-Grâce, en présence de nombreuses personnalités[38] dont le président de la République Nicolas Sarkozy. Il est inhumé peu après à Paris, au cimetière du Montparnasse, au sein de la 18e division. Son épouse, Eva, morte à l'âge de 97 ans, dix ans après lui, est inhumée à ses côtés[39].

Affaire judiciaire après sa mort

Le , Le Canard enchaîné révèle qu'une information judiciaire a été ouverte par le Parquet national financier pour blanchiment de fraude fiscale en raison d’un compte bancaire dont Raymond Barre disposait en Suisse. Le journal avance que celui-ci s’élevait à sa mort à onze millions de francs suisses (soit l'équivalent de 6,8 millions d'euros de l’époque) non déclarés au fisc français. Ces investigations ont commencé après l’envoi anonyme au fisc d'une copie d'écran du réseau interne de la banque Crédit suisse[40].

Le Canard enchaîné précise que ses héritiers  qui ont racheté la villa de leur père à Saint-Jean-Cap-Ferrat pour 14 millions d’euros via une société dont ils ont le contrôle, ce qui laisse planer d’autres soupçons de blanchiment[40]  ont fini par se mettre en règle avec l'administration fiscale en versant un million d'euros de pénalités. Selon l'hebdomadaire, la procédure judiciaire s’est par la suite enlisée mais est toujours en cours. Ces révélations conduisent les médias à s’interroger sur la provenance des fonds en question, dont le montant semble peu compatible avec les revenus déclarés de l'intéressé. L’hypothèse d'une utilisation des fonds spéciaux est évoquée[40],[41].

En 2020, les fils de Raymond Barre sont mis en examen pour « blanchiment de fraude fiscale aggravée »[42]. Les observateurs soulignent que cette affaire met à mal l’image de probité dont Raymond Barre bénéficiait jusque-là[43].

Détail des mandats et fonctions

Au gouvernement

À l’Assemblée nationale

Au niveau européen

Au niveau local

Autres fonctions

Le , il est nommé membre du conseil général de la Banque de France. La même année, il est élu président de l'association de Genève[45].

En 1988, il succède à Edgar Faure à la présidence de l'Institut libre d'étude des relations internationales (ILERI).

Membre du réseau mondial Aspen Institute, il fonde l'Institut Aspen France en 1983[46] dont il fut président de 1994 à 2004 puis président d'honneur jusqu'à sa mort.

En 2001, il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques[47] au fauteuil d'Alain Peyrefitte (1925-1999)[48].

Il a été membre honoraire du Club de Rome[49].

Hommages

En 2008, une esplanade Raymond-Barre est inaugurée à Lyon, dans le sixième arrondissement[50]. Le pont Raymond-Barre est mis en service sur le Rhône en 2014 pour permettre au Tramway T1 d’enjamber le fleuve.

Décorations

Ottawa[10] (Canada) ;
Barcelone[10] (Espagne) ;
Mayence[10] (Allemagne) ;
Budapest[10] (Hongrie) ;
Mons-Hainaut[10] (Belgique) ;
Keiō[10] à Tokyo (Japon) ;
Sciences Po Paris[53] (France) ;
Lodz[54] (Pologne).

Œuvres

  • La Période dans l'analyse économique - une approche à l'étude du temps, SEDEIS, 1950[56].
  • Économie politique, Paris, Presses universitaires de France, Thémis économie, première édition en 1959[57], réédité au moins 15 fois[58] depuis, traductions en espagnol, portugais, russe et arabe[59].
  • Le Développement économique : analyse et politique, 1958[60].
  • Une politique pour l'avenir, Plon, 1981[61].
  • La désinflation, Paris, Que sais-je ?, 1983[62].
  • Un plan pour l'Europe - la Communauté européenne, problèmes et perspectives, Presses universitaires de Nancy, 1984[56].
  • Réflexions pour demain, 1984, Pluriel (ISBN 2010102673)[56].
  • Au tournant du siècle, Plon, 1988[10].
  • Questions de confiance - Entretiens avec Jean-Marie Colombani, Flammarion, 1988[56].
  • Un goût de liberté, JC Lattès, 2000[63].
  • Entretiens, collectif, 2001[10].
  • L'Expérience du pouvoir, conversations avec Jean Bothorel, Fayard, 2007 (ISBN 2213630313)[64].

Notes et références

  1. « «Babar», «tonton», «sphynx»… Ces curieux surnoms des hommes politiques », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  2. « L'ancien premier ministre français Raymond Barre est mort » par Jean-Baptiste de Montvalon dans Le Monde du 25 août 2007.
  3. Histoire familiale des hommes politiques français, Archives & culture, , p. 32
  4. Raymond Barre, Le Nouvel Observateur
  5. Albert Weber, L'émigration réunionnaise en France, L'Harmattan, 1994 (ISBN 2738422020).
  6. Raymond Barre, Jean-Marie Colombani, Questions de confiance : entretiens avec Jean-Marie Colombani, Flammarion, , p. 28
  7. Sciences Po, FNSP 27 rue Saint Guillaume 75007 Paris, « Sciences Po Stories - L'histoire de Sciences Po : la frise, les récits, les portraits et la carte », sur Sciences Po stories (consulté le )
  8. Gisèle Lombard, « rhône », Le Progrès, (lire en ligne, consulté le ).
  9. Marie-Odile Mergnac, Histoire familiale des hommes politiques français, Archives & culture, , p. 32.
  10. « Biographie de Raymond Barre », sur WhosWho.fr (consulté le ).
  11. Benoît Berthou, Sophie Chautard et Gilbert Guislain, 100 hommes qui ont fait la France du XXe siècle. Politique, économie, culture, Studyrama, , p. 141
  12. Frédéric Lebaron, « La croyance économique dans le champ politique français », Regards croisés sur l'économie, vol. 1, no 18, (lire en ligne, consulté le )
  13. Raymond Barre, un homme singulier dans la politique française, Fallois, , p. 274
  14. Ce à quoi Barre réplique, le  : « Le meilleur économiste français ? En tout cas un des tout premiers » (il est à noter que la remarque du président est arrivée déformée par la presse à M. Barre : de l'expression « l'un des meilleurs », la presse a gardé « le meilleur »).
  15. « Raymond Barre : "La France vit au-dessus de ses moyens" » [vidéo], sur Ina.fr (consulté le ).
  16. « Petite histoire des plans de rigueur », France Culture, (lire en ligne).
  17. « Raymond Barre, un “esprit carré dans un corps rond” » « Copie archivée » (version du 24 septembre 2007 sur l'Internet Archive), Le Figaro, 25 août 2007.
  18. Jacques Berne, La campagne présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing en 1974, Presses universitaires de France (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-13-065752-1, lire en ligne)
  19. Interview de Raymond Barre. À 50 s, il précise : "Trois heures du matin", avant d'ajouter : "Nous ne pensions pas que le RPR allait assassiner Boulin"..
  20. Dossier "Affaire Boulin" de Benoît Collombat..
  21. Un homme à abattre, Benoît Collombat, Paris, Fayard, 2007.
  22. L'expérience du pouvoir, Raymond Barre, Paris, Fayard, 2007.
  23. Cité dans « Barre en quenouille », Le Canard enchaîné, mercredi 7 mars 2007.
  24. Laetitia Van Eeckhout, « Sur France Culture, Raymond Barre défend Papon, Gollnisch, et fustige "le lobby juif" », sur Le Monde, (consulté le )
  25. Retranscription de l'interview.
  26. Claude Lanzmann, « J'accuse Raymond Barre d'être un antisémite », tribune publiée dans Libération, 6 mars 2007.
  27. « L'invité de la semaine : Raymond Barre : “La France traverse une mauvaise passe, mais je ne crois pas à son déclin” », propos recueillis par Dominique de Montvalon, Le Parisien, rubrique politique, p. 4.
  28. Amaury de Saint Périer, La France, l'Allemagne et l'Europe monétaire de 1974 à 1981 : La persévérance récompensée, Paris, Sciences po, les presses, , 360 p. (ISBN 978-2-7246-1327-8, lire en ligne), p. 71.
  29. http://www.histoire.presse.fr/recherche/michel-poniatowski-raymond-barre-est-responsable-01-05-1990-94531
  30. « Déclaration de M. Raymond Barre, Premier ministre, annonçant la démission de son gouvernement, Paris le 11 mai 1981 » sur vie-publique.fr.
  31. Raphaëlle Bacqué, L'Enfer de Matignon : ce sont eux qui en parlent le mieux, Paris, éd. du Seuil, 2010, pp. 281-282.
  32. Mathias Bernard, « L’opposition de droite après l’alternance de mai-juin 1981 », Histoire@Politique, vol. 1, no 28, , p. 97-107 (DOI 10.3917/hp.028.0097).
  33. Jean-Jérôme Bertolus, Frédérique Bredin, Tir à vue - la folle histoire des présidentielles, éditions Fayard, 2011, p. 155.
  34. « Décision n° 88-56 PDR du 27 avril 1988 », sur Conseil constitutionnel (consulté le ).
  35. « Lyon: Raymond Barre s'engage jusqu'en 2001 », Les Échos, (lire en ligne).
  36. « Municipales Lyon » [vidéo], sur Ina.fr (consulté le ).
  37. Dépêche AFP du 25 août 2007.
  38. Le président de la République Nicolas Sarkozy, le Premier ministre François Fillon, l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing et son épouse Anne-Aymone, les anciens Premiers ministres Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, les ministres Michèle Alliot-Marie, Christine Lagarde, Michel Barnier, André Santini, Laurent Wauquiez, Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Darcos, le président du Sénat Christian Poncelet, le premier président de la Cour des comptes Philippe Séguin, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, le président du MoDem François Bayrou, le maire de Paris Bertrand Delanoë et le maire de Lyon, Gérard Collomb ainsi que le président de la région Île-de-France Jean-Paul Huchon, l'amiral Philippe de Gaulle et l'acteur Alain Delon sont présents pour rendre un ultime hommage à l'ancien chef du gouvernement.
  39. « Ève Barre s’est éteinte à Genève à 97 ans », Le Progres, (lire en ligne, consulté le )
  40. Laurent Valdiguié, « Millions en Suisse : la "banquière" de Raymond Barre "stupéfaite" », sur marianne.net, (consulté le ).
  41. Renaud Lecadre, « Raymond Barre, la Suisse et les fonds secrets », sur libération.fr, (consulté le ).
  42. « Compte en Suisse de Raymond Barre : ses héritiers ont été mis en examen », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  43. « Raymond Barre suspecté de fraude fiscale », francetvinfo.fr, (lire en ligne).
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Annexes

Bibliographie

  • Henri Amouroux, Monsieur Barre, 1986.
  • Damien Fière Pozzo di Borgo, Raymond Barre, un homme en politique, 2002.
  • Christiane Rimbaud, Raymond Barre, Perrin, 2015.

Article connexe

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