tuer

Français

Étymologie

De l’ancien français au sens de « frapper, assommer », issu du bas latin tūtāre « éteindre (un feu), étouffer », altération du classique tūtāri « protéger, garantir de »[1].

Verbe

tuer \tɥe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se tuer)

  1. Ôter la vie d’une manière violente ; ne se dit pas quand il s’agit d’une exécution de justice ou d'une euthanasie, ni à la forme pronominale dans le cas d’une mort accidentelle par noyade, étouffement ou empoisonnement : on emploie alors se noyer, s'étouffer, s'empoisonner.
    • Une centaine d’hommes gisent sur le pavé ; les uns sont tués roides, d’autres atteints mortellement.  (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Sous la première République, au moment même où toute l’Europe nous tombait sur le dos, c’est les curés qui ont excités la guerre civile en Vendée, fanatisant les paysans, les menant au combat, et leur promettant le paradis s’ils étaient tués.  (Émile Thirion, La Politique au village, p. 203, Fischbacher, 1896)
    • Un autre eût quitté une pareille femme, il l’eût tuée peut-être : moi, je me remis à l’aimer.  (Octave Mirbeau, La tête coupée,)
    • Il éprouvait le besoin de tirer sur ces deux hommes. Il voulait tirer dessus, et se disait en même temps que les tuer ainsi serait une action horrible. Les deux aspects incompatibles du primitif et de l’homme civilisé luttaient en lui.  (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, p. 354 de l’éd. de 1921)
    • Il était question dans la complainte d’un assassin qui expose aux juges les raisons qui l’ont poussé à tuer sa maîtresse.  (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Je ne pus réussir à attraper un seul requin […]. Et cependant, lorsque je tuais l’un d’entre eux avec ma carabine sprinfield, c’était aussitôt une bataille féroce autour du festin cannibale.  (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
  2. Provoquer une mort violente par accident, provoquer une mort naturelle en parlant des maladies.
    • Une tuile lui tomba sur la tête et le tua.
    • Il a été tué par la foudre.
    • Un coup de sang l’a tué.
    • Un couvreur tomba du haut du toit et se tua.
    1. (Par extension) Causer la mort.
      La tristesse l’a tué.
  3. (Par hyperbole) Fatiguer excessivement le corps, altérer la santé.
    • Le chagrin le tue.
    • Vous vous tuez à mener une pareille vie.
    • Il se tue à force de travailler.
    • Ses débauches le tueront.
  4. (Par hyperbole) Incommoder, importuner extrêmement.
    • Ce récit est d’une longueur, d’un ennui qui tue.
    • Le grand bruit me tue.
  5. (Figuré) Faire disparaitre, anéantir.
    • La crise des affaires a tué cette industrie.
  6. (Figuré) Détruire l’effet d’une chose.
    • Cela tue l’effet du spectacle.
    • Le voisinage de ce tableau-là tue celui-ci.
    • On peut tuer un poème, comme on peut lui donner des ailes, rien qu'en le lisant.  (Mustapha Fahmi, La leçon de Rosalinde, éditions La Peuplade, Chicoutimi (Québec), 2018, p. 95)
  7. Dissiper, occuper, en parlant du temps, de la durée.
    • Les gens se donnent beaucoup de mal pour tuer leur vie heure à heure. Encore n'en sont-ils pas capables tout seuls, il faut qu'on les dirige. Une revue a été créée dans ce but : signaler aux Parisiens, de façon méthodique, les occasions qui leur sont offertes de perdre leur temps.  (Henry de Montherlant, Les lépreuses, 1939, chapitre 5)
    • Nous tuons les longues heures comme nous le pouvons, chacun y mettant du sien — toujours pour les autres.  (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
  8. (Pronominal) Se suicider.
    • Un jeune homme que je connaissais à Evian s’est tué sous la fenêtre d’une de mes amies qui avait été coquette avec lui.  (Maurice Rostand, La Solitude passionnée, 1925)
    • La motivation qui pousse à se tuer et donc à tuer ses propres divinités est plus grave, karmiquement, que la motivation qui conduit à tuer une autre personne ([…]).  (Louis-Vincent Thomas, Mélanges thanatiques: deux essais pour une anthropologie de la transversalité, L'Harmattan, 1993, p. 193)
    • Marat vint à la Convention, monta à la tribune, et pistolet sur la tempe menaça de se tuer si la calomnie l’accusant de la « septembrisade » ne cessait pas. Danton écourta la tragi-comédie.  (Isabelle Siac, Le Talent ou la Vertu, Place Des Éditeurs, 2016)
  9. (Pronominal) (Par hyperbole) Se donner beaucoup de peine.
    • On se tue à l’avertir du danger auquel il s’expose.
    • Je me tue à vous répéter toujours la même chose.

Synonymes

Antonymes

Dérivés

Proverbes et phrases toutes faites

  • la lettre tue et l’esprit vivifie
  • le péché tue l’âme
  • Omar m’a tuer
  • on s’y tue

Traductions

Troponymes

Tuer par balles :

Prononciation

  • \tɥe\, \ty.e\
  • France (Paris) : écouter « tuer [ty.e] »
  • (Canada) \t͡sɥe\, \t͡sy.e\
  • (Région à préciser) : écouter « tuer [tɥe] »
  • France : écouter « tuer »
  • France (Massy) : écouter « tuer »
  • Suisse (Genève) : écouter « tuer »
  • France (Toulouse) : écouter « tuer »
  • France (Saint-Maurice-de-Beynost) : écouter « tuer »

Paronymes

Anagrammes

Voir aussi

Références

  1. « tuer », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage

Ancien français

Étymologie

Du latin vulgaire *tutare, du latin tutari  protéger »), d’où en bas latin « éteindre ».

Verbe

tuer transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Éteindre.
  2. Étourdir, assommer.
  3. Abattre, tuer.

Dérivés

Anagrammes

Breton

Forme de verbe

Mutation Forme
Non muté duer
Adoucissante zuer
Spirante inchangé
Durcissante tuer

tuer \ˈtyːɛr\

  1. Forme mutée de duer par durcissement (d > t).
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