empoisonner

Français

Étymologie

(vers 1130) De en- et poison.

Verbe

empoisonner \ɑ̃.pwa.zɔ.ne\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Faire mourir ou essayer de faire mourir par le poison.
    • Or, comme c’était par l’odorat qu’avait été empoisonnée Jeanne de Navarre, c’était le cerveau, seule partie du corps exclue de l’autopsie, qui devait offrir les traces du crime.  (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, vol. I, ch. I)
    • L’abbaye, dit-on, doit son origine à une comtesse Cuniga, une sorte de Barbe-Bleue en jupons, qui avait empoisonné ses sept maris et terrifiait toute la contrée par ses crimes.  (Maurice Grandjean, À travers les Alpes autrichiennes, p.147, A. Mame, 1893)
    • (Absolument)Le bruit courut que les trois frères avaient été empoisonnés, et le public n’eut pas besoin de savoir le latin pour cherchez à découvrir le coupable pas l’application du vieil axiome « is fecit cui prodest ».  (Frédéric Weisgerber, Au seuil du Maroc Moderne, Institut des Hautes Études Marocaines, Rabat : Les éditions de la porte, 1947, p. 121)
  2. (Par analogie) Infecter de poison.
    • S’il y eut de juifs massacrés au Puy […] c’est parce qu’à cette époque la légende s’était répandue que les juifs, de concert avec les lépreux, empoisonnaient les puits.  (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Empoisonner un étang, une rivière : Y jeter des substances propres à faire mourir le poisson.
  3. Faire mourir par une qualité vénéneuse, en parlant de certaines substances.
    • La noix vomique empoisonne les chiens.
  4. (Par extension) Produire des émanations qui sont extrêmement infectes.
    • Les rues de Reykjavik, comme celles de Thorshavn sont empoisonnées par l’atroce odeur de vieux poisson, et il faut que le climat soit extraordinairement sain pour que la peste n’y règne pas à l’état endémique.  (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, p.47)
    • Lorsqu’on eut commencé à remuer la terre, il en sortit une vapeur puante qui empoisonna tous les travailleurs.
  5. (Figuré) Troubler ; altérer ; remplir d’amertume.
    • [...] il recommandait à sa fille de prendre garde à la malaria car son oncle avait eu une vieillesse empoisonnée par cette maladie.  (Georges Simenon, Le Blanc à lunettes, ch. VIII, Gallimard, 1937)
    • La popularité de Bakatine s’effondre quand il remet aux Américains, en signe de bonne volonté, les plans relatifs au « microtage » de l’ambassade américaine de Moscou, un dossier qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis 1985, année de la découverte de centaines de microphones dans les bâtiments.  (Andreï Kosovoi, Les services secrets russes des tsars à Poutine, éd. Tallandier, 2014)
    • Ce souvenir empoisonnait mon existence. — Des plaisirs que la crainte empoisonne.
  6. (En particulier) Corrompre l’esprit et les mœurs.
    • Cette doctrine a empoisonné beaucoup d’esprits.
    • Ces maximes sont faites pour empoisonner la jeunesse.
    • Louanges empoisonnées.
    • Il lui empoisonna l’esprit par ses flatteries.
  7. Rapporter une chose en y donnant un tour malin, défavorable, dangereux, contre l’intention de celui qui l’a dite.
    • C’est un mauvais esprit qui empoisonne les choses les plus innocentes, qui empoisonne tout ce qu’on dit.
    • Les médisants empoisonnent tout.

Dérivés

Traductions

Prononciation

Anagrammes

Références

  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (empoisonner), mais l’article a pu être modifié depuis.
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