Rébellion des Patriotes
La rébellion des Patriotes, la rébellion du Bas-Canada ou encore les insurrections de 1837-1838, est un conflit militaire survenu de 1837 à 1838 dans la colonie britannique du Bas-Canada (aujourd'hui le Québec). Elle est l'aboutissement d'un conflit politique larvé qui existait depuis le début du XIXe siècle entre la population civile et l'occupant militaire colonial. Simultanée avec la rébellion du Haut-Canada, dans la colonie voisine du Haut-Canada, les deux constituèrent les rébellions dans les colonies canadiennes[1].
Date | 1837-1838 |
---|---|
Lieu | Bas-Canada |
Issue | Victoire britannique |
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande Clique du Château Doric Club | République du Bas-Canada Fils de la Liberté Frères chasseurs Sympathisants américains |
• Victoria du Royaume-Uni • John Colborne • Charles Gore • Lewis Odell • John Scriver • George Augustus Wetherall • Maximilien Globensky | • Thomas Storrow Brown • Jean-Olivier Chénier • Amury Girod • Robert Nelson • Wolfred Nelson • William Henry Scott • Ferdinand-Alphonse Oklowski • François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier • Charles Hindelang • Cyrille-Hector-Octave Côté • Lucien Gagnon • Médard Hébert |
33 000 hommes | 4 000 hommes |
32 morts 47 blessés | 73 morts 1 600 blessés ou capturés 12 exécutés 58 déportés en Australie |
Batailles
Saint-Denis – Saint-Charles – Saint-Eustache – Beauharnois – Baker's farm – Lacolle – Odelltown
La rébellion de 1837-1838 dans le Bas-Canada a été beaucoup plus violente que celle dans le Haut-Canada. Au cours du printemps et de l'été 1837, les chefs réformistes, dont le principal était Louis-Joseph Papineau, chef du Parti patriote, ont tiré parti des tensions politiques de longue date pour mettre sur pied une large force rebelle. La situation était tellement tendue qu'en octobre 1837 toutes les troupes britanniques régulières ont été retirées du Haut-Canada et transférées dans le Bas-Canada. Les troupes rebelles ne faisaient pas le poids devant l'importante force militaire coloniale, sous la direction du général John Colborne, complétée par un grand nombre de miliciens orangistes loyaux venant du Haut-Canada. Les Patriotes rebelles firent face aux troupes et aux milices loyalistes à trois occasions : à Saint-Denis, à Saint-Charles et à Saint-Eustache. La loi martiale fut déclarée et de nombreux rebelles, dont Louis-Joseph Papineau, ont dû s'enfuir aux États-Unis. Des centaines ont été arrêtés, plusieurs ont été déportés en Australie, d'autres furent pendus à la prison du Pied-du-Courant à Montréal[2].
Le fonds d'archives de la Collection rébellion de 1837-1838 est conservé au centre d'archives de Montréal par la Bibliothèque et Archives nationales du Québec[3].
Origines du conflit
Après la conquête de la Nouvelle-France par la Grande-Bretagne en 1760, le gouvernement de la Province of Quebec (qui incluait alors le Haut et le Bas-Canada ainsi que différentes parties du Manitoba et des États du Michigan, de New York, de l'Ohio et de la Pennsylvanie) est assuré par un gouverneur général nommé par Londres et celui-ci assume des pouvoirs absolus. Par le traité de Paris de 1763 la France cède la Nouvelle-France et le commerce devient exclusivement tourné vers l'Empire britannique, par l'intermédiaire de ses marchands, surtout ceux de Boston. L'Empire encourage une arrivée massive de loyalistes à la couronne britanniques et seuls ceux qui prêtent serment du Test peuvent occuper un poste dans l'administration civile, ce qui implique de renier la religion catholique et l'autorité du pape. Ce changement a donc fait des anciens colons français des citoyens de seconde zone.
La guerre d'indépendance américaine viendra apporter un premier changement à ce statut. L'acte de Québec de 1774 permet aux habitants de pratiquer la religion catholique et de faire partie de l'administration sans avoir à prêter le serment du Test. Cette importante concession a pour but de s'assurer la fidélité des habitants canadiens (descendants des premiers colons français) face à la menace des colonies américaines. Elle ne met cependant aucun frein à l'absolutisme du gouverneur britannique.
Au cours des décennies suivantes, de nombreux loyalistes américains et immigrants britanniques gagnent l'actuelle Ontario, ce qui conduit à la division de la province de Québec, par la suite constituée du Haut et du Bas-Canada. Le Bas-Canada est la colonie la plus peuplée et demeure majoritairement francophone et catholique, alors que le Haut-Canada est majoritairement anglophone et protestant. La région de Montréal devient un tampon où se rencontrent les deux peuples. L'idée d'un gouvernement responsable, qui provient d'Angleterre et des nouveaux États-Unis, fait son chemin, et les deux colonies finissent par obtenir chacune une assemblée législative par l'Acte constitutionnel de 1791. Vers 1830, la population du Bas-Canada est constituée d'environ 75 000 Anglais et de 500 000 Canadiens.
L'Assemblée législative du Bas-Canada obtient le pouvoir de légiférer, mais le gouverneur colonial britannique demeure le chef de l'exécutif et conserve également les cordons de la bourse. Il peut donc rendre totalement inopérantes les lois votées par l'Assemblée majoritairement canadienne. Comme le gouverneur fait partie de l'oligarchie marchande britannique et qu'il en sert les intérêts, dont le maintien de sa position dominante, il use de ses pouvoirs discrétionnaires pour nommer ses favoris aux postes de commande des Conseils législatifs et exécutifs, influencer les élections et bloquer toute réforme. Les exemples ne manquent pas où, par simple hostilité envers l'Assemblée élue, des personnes incompétentes ont été élevées à des postes d'importance[4]. Non seulement cette inégalité touche-t-elle le nombre de fonctionnaires, 54 Canadiens contre 126 Anglais selon la liste officielle des fonctionnaires pour 1835, mais le traitement versé aux Anglais était également de 58 000 louis, tandis que les Canadiens en recevaient 13 500. Même constat du côté des juges, où les juges anglais obtiennent 28 000 louis contre 8 000 pour les Canadiens[5].
Malgré la croissance démographique, le domaine cultivable n'augmente pratiquement pas, car les terres sont régies par Londres. Les Canadiens doivent entreprendre un voyage jusqu'à Québec pour demander personnellement les titres au gouvernement, titres, s'ils les obtiennent, qui n'existent souvent que sur papier puisque les routes ne permettent pas d'atteindre les terres. Au même moment, Londres attribuait des terres sans consulter le parlement ; en 1833, 847 661 acres de terres étaient cédés à la British American Land Company pour favoriser l'implantation de colons américains[6].
Dans ce contexte, la politique prend rapidement une tournure musclée. Le Parti canadien, formé par les habitants, s'oppose au Parti anglais, favorisé par les gouverneurs successifs. Les élections se déroulent dans un climat d'intimidation, et le gouverneur n'hésite pas à dissoudre l'Assemblée lorsqu'elle va à l'encontre de ses intérêts. Le mouvement patriote, réformiste, prend officiellement forme vers 1826 à l'occasion de la transformation du Parti canadien en Parti patriote. Son but est d'obtenir la souveraineté de l'Assemblée en limitant les pouvoirs du gouverneur. Ce dernier, qui ne veut rien céder, met des députés Patriotes en prison pour motif d'agitation populaire. Toutefois, certains patriotes se font élire même depuis leur cellule.
L'élection du 21 mai 1832
Le conflit, qui a perduré trois décennies, se radicalise durant les années 1830, alors qu'un conflit similaire se développe dans le Haut-Canada. Les rangs des réformistes sont surtout formés de paysans et de sujets britanniques issus des professions libérales (avocats, médecins, notaires, journalistes), opposés aux grands marchands coloniaux et aux membres de l'establishment politique. Le , une élection partielle dans le Quartier-Ouest du district de Montréal tourne à la tragédie lorsque l'armée britannique intervient pour contenir une émeute. L'élection du 21 mai 1832 au Bas-Canada se conclut par la mort de trois partisans patriotes, François Languedoc, Pierre Billette et Casimir Chauvin. Le 24 mai, près de 5 000 personnes assistent à leurs funérailles à l'église Notre-Dame. Cette journée allait avoir un retentissement important sur les esprits de l'époque, et elle fait encore aujourd'hui figure de symbole pour expliquer la rébellion armée[7],[8]. En 1834, les Quatre-vingt-douze Résolutions sont présentées devant la Chambre d'Assemblée. Parmi les demandes : un gouvernement responsable, l'élection des membres du conseil législatif et avoir plus d'habitants canadiens à l'administration du pays. Celles-ci sont envoyées au Parlement du Royaume-Uni, mais sont refusées par le ministre britannique John Russell qui, lui-même, proposera, en 1837, ses 10 résolutions. Le tout se transforme finalement en un affrontement armé, au moment même où plusieurs pays européens, comme l'Allemagne, la Grèce ou l'Irlande, subissent eux aussi des insurrections similaires.
Blocage de la loi scolaire de 1836
Au printemps de 1836, la loi scolaire temporaire, mise en place en 1829 par l'Assemblée élue, est bloquée par sept membres anglo-protestants et un canadien du conseil législatif. Ce blocage échauffe les esprits car l'instruction publique était considérée comme essentielle à l'émancipation politique, économique et nationale des Canadiens-français. En réaction, au moins deux journaux patriotes, le Vindicator (anglophone) et La Minerve (francophone) du , paraissent rayés de noir[9].
Assemblée des Six-Comtés
L'Assemblée des Six-Comtés fut une assemblée de chefs patriotes et d'approximativement 6 000 partisans tenue à Saint-Charles, au Bas-Canada, aujourd'hui le Québec, le 23 et , malgré la proclamation du 15 juin du gouvernement interdisant les assemblées publiques. Présidée par Wolfred Nelson et Louis-Joseph Papineau elle est la plus célèbre des nombreuses assemblées populaires tenues cette année-là pour protester contre les Résolutions Russell. C'est un événement précurseur de la rébellion. Les « six comtés » font référence à Richelieu, Rouville, Saint-Hyacinthe, Chambly, Verchères et L'Acadie.
Les chefs de la rébellion
Les chefs patriotes étaient en majorité des descendants des colons de Nouvelle-France comme Louis-Joseph Papineau. Cependant, on retrouve également de nombreux intellectuels francophiles de la minorité anglaise et irlandaise, dont le docteur Robert Nelson et son frère Wolfred, ainsi que l'Irlandais catholique Edmund Bailey O'Callaghan. Il est significatif que le bas clergé ait eu des sympathies pour les Patriotes alors que le haut clergé s'est associé au pouvoir britannique.
Rôle du clergé
Jean-Jacques Lartigue, l'évêque de Montréal, a notamment pris le parti des autorités britanniques, en s'appuyant sur l'encyclique Cum Primum de Grégoire XVI, qui avait recommandé l'obéissance civile. Les directives sévères de l'Église envers les Patriotes ont déplu à de nombreux fidèles et à plusieurs membres du clergé. Issus du peuple, les prêtres des campagnes avaient toujours montré une grande solidarité avec leurs paroissiens et avaient même assisté à plusieurs assemblées patriotes. La polémique sur l'influence du clergé dans les rébellions a eu un impact durable, de sorte que Mgr Jean-Marie Fortier de Sherbrooke a dû accorder un pardon aux rebelles patriotes 150 ans plus tard en 1987. Cependant, certains curés se sont toujours engagés en faveur des patriotes, dont spécialement le père Étienne Chartier.
Les Fils de la Liberté
La Société des Fils de la Liberté était un groupe paramilitaire fondé au mois d'août 1837 qui tint sa première assemblée publique le 5 septembre de cette même année. Entre 500 et 700 jeunes ont participé à cette assemblée. Les membres de la Société des Fils de la Liberté calquaient leurs visées sur un groupe qui avait existé lors de la Révolution américaine du nom de « Sons of Liberty »[10]. Les liens entre ce nouveau club et les autres membres du Parti patriote sont assurés par François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier. C'est à l'assemblée des Six-Comtés, le , que le mouvement patriote approuve solennellement l'organisation des Fils de la Liberté[11]. L'endroit habituel où les membres de cette association se rassemblaient était l'hôtel Nelson rue Saint-Jacques surnommé « rue du sang », au Marché Neuf à Montréal, aujourd'hui la place Jacques-Cartier, lieu même où se déroulera l'affrontement du entre le Doric Club et les Fils de la Liberté.
L'organisation des Fils de la Liberté disparaît peu de temps après l'échauffourée avec le Doric Club du 6 novembre et devient clandestine, soit à la suite de l'émission des mandats d'arrêt contre les leaders de l'association, dont Papineau, O'Callaghan, Brown et Ouimet, le [12]. Au moment de sa disparition, elle comptait, selon le Gouverneur Gosford, 2 000 membres. Les membres de cette association voulaient redresser les griefs qu'ils disaient ne pouvoir obtenir par la force morale. En d'autres termes, ils souhaitent utiliser d'autres moyens que les instances politiques pour obtenir justice. La publication de l’Adresse des Fils de la Liberté de Montréal aux jeunes gens des colonies de l'Amérique du Nord, le 4 octobre 1837, marque en quelque sorte le début des hostilités entre cette association et les Loyalistes[13].
Le Doric Club
Le Doric Club était une association de Loyalistes anglais mise sur pied par Adam Thom sous la forme de club social et de société armée qui tentaient de faire valoir des droits et des privilèges spéciaux pour les Anglais face à la « menace patriote ». Les membres se retrouvaient habituellement dans le marché sur la rue Saint-Jacques, tout près de l'endroit où leur bande rivale de l'Association des Fils de la Liberté se rencontre. C'est par la parution de plusieurs articles dans le Herald que Thom fait appel aux anciens membres du British Rifle Corpages. Le British Rifle Corp était un corps militaire de volontaires qui a été dissous en janvier 1836 par le gouverneur Gosford. Ils étaient en majorité des jeunes très militants et parmi les plus radicaux issus du parti anglais qui formaient le nouveau club[14]. Malgré cette ardente volonté de regroupement, Gosford affirmait que les sujets britanniques n'étaient pas en danger, qu'il était donc inutile de s'organiser en groupes de volontaires armés. Plus tard, le Doric Club deviendra la faction armée et clandestine des Loyalistes et sera organisé et présidé par John Shay, un comptable anglophone de Montréal. Le gouverneur Gosford évaluait le nombre de membres à près de 2 000[15]. Le , les loyalistes publient leur manifeste de création. Le groupe sera largement toléré par le général en chef John Colborne, tout comme de nombreux autres regroupements de Loyalistes et ce, malgré l'opposition du Gouverneur Gosford[16].
Dans leur rapport, publié en 1836, Gosford, Grey et Gipps mentionne que le retrait de la protection britanniques entraînerait une guerre entre les Canadiens et les sujets britanniques. Ils ajoutent que l'oligarchie anglaise planifie cette offensive. Le rapport souligne aussi que l'acceptation des demandes de l'assemblée élue par le gouverneur entraînerait immédiatement le soulèvement du parti anglais et puisque ce serait eux les agresseurs, il faudrait que l'armée se battent d'abord contre ses propres sujets natifs des Îles[17].
Batailles de 1837
Après le rejet des demandes de réformes, une série d'assemblées publiques par les chefs du Parti patriote enflamme les passions durant l'été de 1837. Elles culminent par une Assemblée à Saint-Charles-sur-Richelieu le 23 octobre. Les affrontements débutent, le 6 novembre par une échauffourée entre les membres des groupes paramilitaires des deux camps, soit les gens du Doric Club et ceux de la Société des Fils de la Liberté. Il y eut trois affrontements d'importance soit à Saint-Denis, Saint-Charles et à Saint-Eustache. Les patriotes réussirent à défaire les troupes et milices britanniques à Saint-Denis le 23 novembre, mais la victoire ne fut que de courte durée car, peu entraînées et mal équipées, les forces insurgées ne faisaient pas le poids face aux forces militaires coloniales britanniques, plus nombreuses et mieux préparées. C'est ainsi que les rebelles furent vaincus le 25 novembre à Saint-Charles, puis le 14 décembre à Saint-Eustache. La loi martiale fut décrétée. Il y eut des arrestations par centaines. Plusieurs patriotes s'enfuirent aux États-Unis.
La bataille de Saint-Denis
La bataille de Saint-Denis est un combat livré le 23 novembre 1837. Elle opposa les 200 patriotes du docteur Wolfred Nelson aux 300 Britanniques de Sir Charles Gore, et prit fin avec la victoire des Patriotes. Cette bataille fut l'unique succès remporté par les Patriotes lors de ce conflit. À la mi-novembre 1837, les Britanniques décident de lancer l'armée contre les Patriotes et ordonnent d'arrêter leurs chefs. Sous la conduite de Thomas Storrow Brown, de Montréal, les Patriotes du comté de Richelieu s'emparent du manoir du seigneur Pierre Debartzch et l'entourent de fortifications, pendant qu'à Saint-Denis, ils se regroupent autour de Wolfred Nelson. Deux détachements de l'armée viennent de Montréal pour attaquer Saint-Charles : l'un, sous le commandement du colonel George Augustus Wetherall, prend la route du sud par Chambly, et l'autre, commandé par le lieutenant-colonel Gore, prend la route du nord par Sorel. Après avoir marché toute la nuit par un temps affreux, les troupes de Gore arrivent à Saint-Denis le matin du 23 novembre et attaquent les rebelles retranchés à l'autre bout du village, à l'endroit où se trouve la maison Saint-Germain. Les murs de la maison Saint-Germain (Charles St.-Germain meurt lors de ce combat) résistent à l'attaque de l'artillerie et ses occupants sont bien placés pour tirer par les fenêtres sur les troupes exposées. Gore doit ordonner la retraite vers 15 h quand les renforts des patriotes assiégés commencent à affluer dans les villages voisins et menacent de lui barrer la route de Sorel[18].
La bataille de Saint-Charles
Le 25 novembre 1837[19], l'armée britannique est déterminée à écraser la résistance patriote. Le sort de la rébellion dans le Bas-Canada se joue à Saint-Charles, dans la vallée du Richelieu. Deux cent cinquante Patriotes sont retranchés derrière une barricade autour du manoir seigneurial. Le Colonel Wetherall se prépare à les attaquer avec quatre cent vingt-cinq soldats venus de Fort Chambly. Jean-Philippe Boucher-Belleville, journaliste et enseignant, fait partie des insurgés. Dans son journal, il raconte : « Nous étions parfaitement sur la défensive et la question pour nous se réduisait à celle-ci : devions-nous livrer sans défense nos propriétés, nos femmes et nos enfants à des barbares qui venaient, non pour faire respecter les lois, mais porter le fer et le feu chez nous, et s'enrichir par le pillage ? Comme à Saint-Denis, la plupart de nos braves bonnets bleus montrèrent un zèle et un intrépidité qui n'auraient pas manqué de faire décider la victoire en notre faveur. Les femmes mêmes avaient coulé des balles et fait des cartouches ; des vieillards et des enfants voulurent partager les dangers du combat. » La bataille de Saint-Charles se termine dans un bain de sang. Cent cinquante Patriotes meurent au combat tandis que trente soldats anglais sont tués. Louis-Joseph Papineau, Wolfred Nelson, Jean-Philippe Boucher-Belleville et des centaines de Patriotes fuient la vallée et se réfugient aux États-Unis. D'autres sont capturés et emprisonnés à Montréal, au Pied-du-Courant, dans des conditions difficiles[20].
La bataille de Saint-Eustache
La bataille de Saint-Eustache eut lieu le 14 décembre 1837. Au matin du 13 décembre, les troupes anglaises avaient quitté Montréal pour le comté de Deux-Montagnes sous le commandement du général Colborne en personne. Elles tentèrent de traverser la rivière des Mille Îles à environ 5 kilomètres en aval de Saint-Eustache, après avoir essuyé quelques coups de feu durant leur approche. Selon John Colborne, commandant en chef des forces armées dans les colonies du Haut et du Bas-Canada, les chefs rebelles du comté des Deux-Montagnes Girouard, Girod, Chénier, Masson et Chartier étaient les plus actifs de la révolte et mieux préparés à une résistance armée que leurs compatriotes du Richelieu. Le 14 décembre, à la tête de plus de 1 200 soldats et volontaires, le général John Colborne se lance à l’attaque de la localité. Les Patriotes sont barricadés à l’intérieur du couvent, du presbytère et de l’église locale. Jean-Olivier Chénier, devenu commandant en chef de la Résistance, se réfugie avec 300 Patriotes dans l’église. Il donne l’ordre de résister le plus longtemps possible. À 11 h 15, les Patriotes sonnent le tocsin qui annonce au village l'arrivée de l'ennemi. Jean-Olivier Chénier, à la tête de 200 hommes, va à la rencontre des Britanniques sur la glace[21]. À ce moment, les Patriotes reçoivent la mitraille des troupes de Colborne alors situées à moins d'un kilomètre du village sur la rive nord. La retraite se fait aussitôt vers le village où il ne reste qu'environ 250 personnes. Amury Girod et Jean-Olivier Chénier placent donc leurs hommes dans le couvent, le presbytère, l'église et le manoir seigneurial qui forment ensemble la meilleure infrastructure de défense tandis que d'autres se postent dans d'autres demeures avoisinantes. Disant qu'il allait tenter de retenir les fuyards, Girod partit à cheval en direction de Saint-Benoît où il fut reçu en déserteur par Girouard et les frères Masson. Quoi qu'il en soit, il se suicida d'une balle dans la tête trois jours plus tard. À Saint-Eustache, Chénier, qui a pris les commandes des insurgés, s'était retranché dans l'église avec une centaine d'hommes. Conscient que certains de ses compatriotes enfermés dans l'église n'avaient pas d'armes, il leur répondit : « Soyez tranquille, il y en aura de tués et vous prendrez leurs fusils »[22].
Vers midi, le village entier est encerclé sur cinq kilomètres par l'armée britannique. Pendant une heure, les bombardements se poursuivent sur les principaux édifices où sont retranchés les insurgés, mais sans résultat significatif. À 13 h, Colborne fait placer un de ses obusiers dans la grand rue pour enfoncer les portes de l'église, mais le feu nourri des Patriotes l'oblige à se replier. Un groupe de soldats réussit à pénétrer dans le presbytère et à y mettre le feu. Par la suite, le même sort devait attendre le couvent et le manoir seigneurial. Il ne restait plus que la gigantesque église qui résistait toujours aux Britanniques. Passé de justesse entre le feu des Patriotes, un groupe de soldats réussirent à pénétrer dans l'église. Ils allumèrent rapidement un feu derrière l'autel.
Se tenant pour la plupart dans les jubés, les rebelles qui voulaient fuir n'avaient pas d'autre choix que de sauter par les fenêtres. Voyant que tout espoir était perdu, Chénier réunit ses hommes les plus braves et, ensemble, ils décident de sauter par les fenêtres. En mettant les pieds à terre, la plupart des Patriotes sont immédiatement atteints. Chénier est tué alors qu’il tente de résister, atteint par deux balles en pleine poitrine. Vers 16 h 30, le village de Saint-Eustache est en flamme. Les volontaires loyalistes sont responsables de l'incendie d'une cinquantaine de maisons sur les 65 qui sont brûlées. Les autres étant le fruit des soldats britanniques[23]. La plupart des résidences du village sont victimes du pillage par les soldats et les volontaires. Près de 70 Patriotes ont trouvé la mort dans la bataille de Saint-Eustache, ainsi que dix soldats anglais[24].
Batailles de 1838
Robert Nelson et ses partisans, après l'insurrection manquée de 1837, se sont réfugiés aux États-Unis. Ils y organisent deux invasions en 1838. Une première invasion du Bas-Canada est tentée le 28 février. Les six ou sept cents rebelles, commandés par les docteurs Côté et Nelson, quittent le Vermont dans le but de traverser la frontière. Arrivés au lieu de campement, situé à un mille de la frontière, les rebelles proclament Robert Nelson président de la République du Bas-Canada. Ce dernier lit sa Déclaration d'indépendance du Bas-Canada qui pose des revendications très progressistes pour l'époque. Le Bas-Canada y est proclamé république indépendante et le peuple est déclaré absous de toute allégeance à la couronne britannique, jette les bases du nouvel État : séparation de l'Église et de l'État, droits égaux pour les Blancs et les autochtones, abolition du régime seigneurial, liberté de presse, égalité des langues française et anglaise, etc.
Malheureusement pour les rebelles, le gouvernement américain, sous les pressions britanniques, a décidé de rester neutre et de ne pas permettre qu'une telle invasion utilise son territoire comme sanctuaire. Nelson et Côté sont donc refoulés à la frontière et arrêtés pour violation de la neutralité. Ils sont amenés en cour puis relâchés. À la suite de cette tentative d'invasion manquée, ils forment une organisation militaire du nom des Frères chasseurs. Nelson met aussi sur pieds un plan pour une insurrection prévue pour le 3 novembre 1838. Le plan d'action s'articule autour de différents camps qui doivent approvisionner les troupes en armes, rechercher un appui des États-Unis et développer des liens avec les rebelles du Haut-Canada.
Le 3 novembre, les Chasseurs doivent emprunter le Richelieu, prendre possession de St-Jean et se diriger vers Montréal sous le commandement de Nelson. Avec 250 fusils, Nelson gagne Napierville le 4 novembre vers les neuf heures du matin. Il est accueilli par le docteur Côté qui le présente aux troupes, 800 ou 900 rebelles, comme chef de la République. Le 7 novembre, Côté envoie des hommes à Rouses Point (État de New York) afin qu'ils rencontrent des recrues américaines et récupèrent les armes cachées près du quai Vitman, mais tout a disparu. De retour à Napierville, les mandatés font face à l'armée britannique du capitaine Marsh et doivent fuir vers Napierville ou pour les États-Unis.
La bataille de Beauharnois
Certains Patriotes rapportaient qu'un vapeur, le "Henry Brougham", rempli de soldats anglais venant de Glengarry, était en route vers Beauharnois afin de venir assurer la protection des Loyalistes de la seigneurie de Beauharnois. Les Patriotes décidèrent de s'emparer du vapeur et de ses occupants. Il ne trouvèrent que quelques soldats parmi tous ces gens, et les Patriotes s'aperçurent que la rumeur était fausse. Ils firent descendre tous les passagers, qu'ils ajoutèrent aux autres Loyalistes déjà prisonniers. Après quoi les Patriotes décidèrent de couler le vapeur. Quelques jours après la victoire des Patriotes, on apprit la nouvelle qu'une armée du gouvernement composée de 1 200 hommes, venant de Glengarry, était en route vers Beauharnois. Les Loyalistes s'emparèrent de plusieurs habitants du village et les gardèrent prisonniers dans le moulin du village. Les Loyalistes du Haut-Canada mirent le feu dans le village et pillèrent plusieurs maisons. Après quelques jours, soit le 1er décembre, les Patriotes furent transférés à la prison de Montréal, où ils furent jugés et condamnés[25].
La bataille de Lacolle
Les chasseurs décident de faire une halte à Lacolle afin de voler des armes aux volontaires loyaux aux Britanniques de cette région. Une fois sur les lieux, un petit groupe de chasseurs décide de faire prisonnier Nelson, le soupçonnant de vouloir fuir les lieux de la bataille. Ils ligotent également Trépanier et Nicholas et les envoient tous trois au camp de Lacolle. Ils les libèrent cependant après que ces derniers les ont convaincus de leur fidélité envers le mouvement d'insurrection. La bataille de Lacolle se déroula le 7 novembre 1838 entre les forces des volontaires loyalistes du Haut-Canada sous le commandement du Major John Scriver et les rebelles du Bas-Canada sous le commandement du Colonel Ferdinand-Alphonse Oklowski. Le 6 novembre, les rebelles patriotes gagnèrent une première escarmouche mais perdirent la confrontation finale le jour suivant.
La bataille d'Odelltown
Afin de rétablir les relations avec la frontière, Robert Nelson et l'armée Patriotes tente de marcher sur Odelltown. Devant la marche de cette armée, les volontaires loyalistes retraitent jusque dans l'église d'Odelltown où s'établit un front qui va au-delà de Fisher's Tavern. Après plusieurs fructueuses sorties, les volontaires font reculer les rebelles grâce aux renforts britanniques. Les rebelles retraitent ensuite sur Napierville avant de se disperser devant la venue des troupes régulières dépêchées de Montréal. Les Frères chasseurs, qui avançaient vers l'église d'Odelltown en 3 colonnes, se séparent pour mieux endiguer les volontaires qui s'y étaient réfugiés. En début d'après-midi, voyant que la tactique patriote se montrait efficace, environ 150 volontaires s'approchent du champ de bataille en continuant de tirer sur les rebelles. Puis, voyant que les Patriotes résistent toujours, ils décident d'incendier la grange derrière laquelle se trouve Charles Hindelang, ses hommes et une partie de la colonne du Major Hébert. Les rebelles doivent alors, eux aussi, se rendre à la clôture. Malgré le fait qu'ils y soient moins bien protégés, ils poursuivent le combat une partie de l'après-midi. Grâce à l'incendie, les Loyalistes qui se trouvaient toujours dans l'église peuvent en sortir[26]. À la suite de cette bataille, certains se sauvent vers la frontière américaine, d'autres se réfugient en région pendant que le Major Hébert, Charles Hindelang et le reste de leurs hommes marchent vers Napierville. Découragé, Robert Nelson quitte le Bas-Canada pour les États-Unis. Entretemps, Colborne avait pris la route de Napierville aux commandes d'une armée de 5 000 hommes. En marchant vers le grand camp, les Frères chasseurs sont informés que Colborne et sa troupe ne sont qu'à une demi-lieue de là, mais ils n'arriveront à Napierville que dans l'avant-midi du vendredi 9 novembre alors que la majorité des rebelles ont déjà quitté les lieux. Ne pouvant s'organiser suffisamment vite, les chefs patriotes renoncent à toute riposte après la tenue d'un conseil de guerre. Par la suite Colborne se rend à Odelltown pour prendre connaissance de la situation près de la frontière. Hindenlang essaie de gagner la frontière américaine dans la nuit du 9, mais il est arrêté le samedi 10 novembre. Le Major Hébert quant à lui y parvient après s'être caché toute la nuit[27].
Les Autochtones et les Patriotes
Au cours des rébellions, les Iroquois de Kahnawake et de Kanesatake ont tenu un discours de neutralité tout en collaborant avec les Britanniques. Leur geste n'est cependant pas nécessairement une « trahison » envers les Patriotes, ou un acte de loyauté aveugle envers la Couronne.
Il s’explique en partie par une alliance militaire de longue date avec le gouvernement. Ces alliances diplomatiques datent du régime français et ont pour but de souder des amitiés politiques entre les gouvernements et les Amérindiens. On peut spéculer également que la menace gouvernementale d’éliminer les cadeaux annuels, une autre tradition qui date du régime français, et rendue très claire à l'aube des rébellions peut avoir causé l’apparition d’une loyauté « stratégique » chez les Iroquois afin de défendre leurs intérêts. En habiles diplomates, les 23 chefs de Kahnawake et de Kanesatake pétitionnent d’ailleurs le Gouverneur John Colborne quelques années suivant les troubles pour exiger les services d’un « médecin salarié » en soulignant qu’ils ont « montré leur dévouement au gouvernement de Sa Majesté, nommément dans les deux guerres avec les États-Unis, et encore récemment pendant les dernières rébellions ».
Enfin, il faut tenir compte de la nature des rapports entre Iroquois et Patriotes, ainsi que des perceptions que les Iroquois ont développées sur les événements se déroulant dans les campagnes environnantes et dans leurs propres villages. Dans un climat de discordes continues relatives à la terre et de rumeurs angoissantes, le péril de se faire exproprier, qu’il soit réel ou exagéré, a joué un rôle important dans le façonnement d’attitudes et des gestes qui en découlent.
Dans ce contexte fort bien documenté dans les archives, les Iroquois de Kahnawake et de Kanesatake ont profité des rébellions pour rappeler aux autorités coloniales, aux Patriotes et à leurs voisins « Canadiens » que leur identité collective distincte existe toujours et qu’ils n’ont nullement l’intention de se laisser assimiler et exproprier[28].
Les femmes et les Patriotes
Condition de la femme au XIXe siècle
Au Bas-Canada du XIXe siècle, les femmes sont absentes des activités politiques, puisque « la vie publique […] était réservée aux hommes car les responsabilités citoyennes incombaient à ceux qui étaient aptes à défendre la patrie sur un champ de bataille »[29]. Or, cette exclusion du domaine politique n’empêchait pas certaines femmes d’être sympathiques aux idéaux patriotes[29]. Aussi, la femme canadienne-française du XIXe siècle avait, de réputation, un caractère fort et une personnalité robuste, accentués par ses occupations quotidiennes exigeant une grande force physique et mentale. Donc, si la femme patriote n’a pas pu s’investir militairement dans la cause, cela ne l’a aucunement empêchée d’y contribuer dans la mesure de ses moyens[30].
Implication des femmes avant les batailles
À l’été 1837, alors que le mouvement patriote est en ébullition et que les assemblées de contestation se multiplient, on voit les femmes prendre part activement à celles-ci. C’est d’ailleurs dans la maison d’une dame patriote, Madame Girouard, épouse de Jean-Jacques Girouard, notaire du comté de Deux-Montagnes, que se sont déroulées certaines assemblées. Madame Girouard a aussi « réuni un groupe de femmes pour prendre ensemble des résolutions à l'effet de concourir, autant que la faiblesse de leur sexe le leur permette, à faire réussir la cause patriotique »[31]. Ce groupe est devenu l’Association des dames patriotiques du comté de Deux-Montagnes[32],[33].
Exclues de l’activité militaire, les femmes ont cependant joué un important rôle de soutien pratique et moral. Tout d’abord, elles ont contribué au boycottage des produits d’importation britannique. « Un des mots d’ordre est de ne plus acheter les tissus et étoffes fines importées, mais de se vêtir avec la grosse toile et l’étoffe grise tissées par les Canadiennes »[34]. Ainsi, leur maîtrise du tissage a été mise à contribution, non seulement pour contribuer au boycottage, mais aussi pour tisser des drapeaux patriotes, comme celui transporté à la bataille de Saint-Eustache, le 14 décembre 1837, fabriqué par les dames Masson et Dumouchel[31].
Le sort de femmes pendant les batailles
Lorsque est venu le temps de prendre les armes, de nombreuses femmes ont participé à l’armement en fondant des balles, par exemple[35]. Dans le feu de l’action, les femmes subissent directement les conséquences des batailles. Plusieurs se retrouvent veuves, perdent leur foyer, incendié et pillé, ainsi que leur source de revenus. Les Anglais s’emparent aussi du bétail et laissent aux femmes et aux enfants à peine de quoi se vêtir dans le froid de l’automne. Certaines font preuve d’un courage et d’une détermination étonnants. L’une d’entre elles refuse d’abandonner sa maison en flammes. Sa conviction est telle que les volontaires anglais, impressionnés par son courage, éteignent le feu et sauvent la maison[36]. Certaines y laissent leur vie, comme celle-ci, en 1838 : « Aux environs de Napierville, dans les bois de Lacolle, une femme fut trouvée assise au pied d'un arbre, un enfant dans ses bras et deux à ses côtés, tous quatre morts de faim et de froid »[37].
Le rôle des femmes dans la protection et l'aide aux Patriotes
Après les batailles, l’implication des femmes a pris une importance encore plus grande. D’abord, en 1837, certaines ont offert, à leurs risques et périls, l’asile à des patriotes dont la sécurité était en jeu. C’est le cas de Rosalie Papineau-Dessaulles, seigneuresse de Saint-Hyacinthe, qui a accueilli son frère Louis-Joseph Papineau, dont la tête était mise à prix, juste avant son exil aux États-Unis[38]. Plus tard, en 1838, nombre d’entre elles ont aussi témoigné à des procès pour innocenter des proches, en leur fournissant un alibi au moment d’une bataille, par exemple[39]. Finalement, lorsque plusieurs patriotes se retrouvent en prison, les femmes leur apportent régulièrement du réconfort. C’est le cas de mère Émilie Gamelin, qui, presque chaque jour, se charge de distribuer provisions et correspondance aux détenus de la Prison du Pied-du-Courant[40], ainsi que d’Adèle Berthelot, épouse de Louis-Hyppolyte Lafontaine, qui « se dévoua, semble-t-il, à visiter les anciens collègues de son mari incarcérés après les insurrections et à subvenir aux besoins matériels de leurs familles »[41].
Conséquences
À la suite de la rébellion du Bas-Canada, le gouverneur Bond Head fut rappelé et remplacé par Lord Durham, qui avait pour mission de faire un rapport sur les mécontentements des colons et trouver une façon de les apaiser afin de les assimiler. Son rapport comportait deux volets : réunir le Haut et le Bas-Canada et ainsi réduire l'autonomie des Canadiens français.
Selon Lord Durham le peuple canadien français était un peuple inférieur, sans histoire et sans littérature qui était directement responsable des rébellions de 1837-1838[42],[43]. Lord Durham croyait que le caractère national qui devait être donné au Bas-Canada devait être celui de l'Empire britannique, celui de la race qu'il considérait comme supérieure et qui devait un jour dominer le continent nord-américain[44].
Le 25 septembre 1839, 58 patriotes condamnés à l'exil, quittent Québec à destination de la Nouvelle-Hollande, colonie alors employée comme prison par les Britanniques. Ils voyagent à bord de la frégate anglaise Buffalo, commandée par le capitaine Wood.
Le Canada-Uni est créé en 1840 à la suite de l'Acte d'Union.
L'Acte vise à assimiler les Canadiens français pour empêcher toute récidive en les submergeant dans une mer anglaise toujours en augmentation grâce à l'immigration venant du Royaume-Uni.
La Province du Canada ou Canada-Uni naît de l'union législative des provinces du Haut-Canada (Ontario) et du Bas-Canada (Québec) en février 1841.
L'édifice du marché Sainte-Anne à Montréal, situé là où se trouve l'actuelle Place D'Youville, est rénové par l'architecte John Ostell pour y accueillir le parlement provincial[45]. L'incendie de ce parlement par les Canadiens anglais loyalistes se produit le soir du 25 avril 1849 pour protester contre la loi récemment votée visant à indemniser les personnes qui ont subi des pertes matérielles au cours des conflits de 1837-1838.
Les Canadiens-français réagirent par la revanche des berceaux, sous l'impulsion de l'Église catholique romaine, pour maintenir leur nombre relatif. Ils utilisèrent également les discussions lors de la Conférence de Charlottetown pour reformer une province francophone et catholique distincte, le Québec.
Divers
Journée Nationale des Patriotes
La Journée Nationale des Patriotes est empreinte de commémorations à caractère historique afin de souligner le soulèvement des Patriotes de 1837-1838. La Journée Nationale des Patriotes[46] est un jour férié et chômé au Québec le lundi qui précède le 25 mai de chaque année[47]. Instaurée en novembre 2002, mais célébrée pour la première fois en mai 2003, les Québécois profitent de cette journée pour « souligner l'importance de la lutte des patriotes de 1837-1838 pour la reconnaissance de leur nation, pour sa liberté politique et pour l'établissement d'un gouvernement démocratique »[48]. Avant 2003, le lundi précédant le 25 mai de chaque année était la Fête de Dollard, instituée dans les années 1920 afin de concurrencer la Fête de la Reine (Victoria Day) qui est célébré au Canada Anglais.
Roman de Jules Verne
Le célèbre écrivain Jules Verne a écrit un roman portant sur la rébellion des Patriotes intitulé Famille-Sans-Nom. Écrit en 1887 le livre illustre la vie d'une famille du Bas-Canada pendant la rébellion des Patriotes. Le roman est paru en édition grand format illustré chez Hetzel en 1889, en deux parties. En parlant de la période de 1837-1838, Jules Verne voulait rappeler à ses compatriotes les problèmes qu'avait la communauté française au Québec à l'époque de la sortie de son livre, en 1888.
Voir aussi
Articles connexes
- Étienne Chartier
- Rébellions de 1837
- Rébellion du Haut-Canada
- République du Bas-Canada
- Chronologie de l'histoire du Québec
- Chronologie des rébellions des Patriotes
- Bataille de La Chaudière
- Jean-Baptiste Dumouchelle
- Jean-Jacques Lartigue
- Louis-Joseph Papineau
- Journée nationale des Patriotes
- Bataillon Mackenzie-Papineau
- Chemin des Patriotes
- Liste des 108 patriotes bas-canadiens traduits en cour martiale
Bibliographie
- Anne-Marie Sicotte. Histoire inédite des Patriotes. Un peuple libre en images, FIDES, Montréal, 2016, 444 p.
- Gilles Laporte. Brève histoire des Patriotes : Éditions du Septentrion, Québec, 2015, 374 p.
- Marcel J. Rheault et Georges Aubin. Médecins et patriotes, 1837-1838, Québec : Septentrion, 2006, 350 pages (ISBN 2-89448-481-X) (éditeur)
- Julien S. Mackay. Notaires et patriotes, 1837-1838, Sillery : Septentrion, 2006, 254 pages (ISBN 2-89448-478-X) (éditeur)
- George Bellemare. Saint-Charles 1837 et la survie d'un peuple menacé, Montréal : Guérin, 2005, 223 pages (ISBN 2-7601-6863-8)
- François Labonté. Alias Anthony St. John : les Patriotes canadiens aux États-Unis : décembre 1837-mai 1838 : première partie, Sainte-Foy : Presses de l'Université Laval, 2004, 297 pages (ISBN 2-7637-8139-X) (aperçu)
- Lionel Beauchamp et Jean-René Thuot. Les patriotes de Saint-Roch-de-l'Achigan : idées libérales et agitation politique entre 1830 et 1860, Saint-Roch-de-l'Achigan : Société d'histoire de Saint-Roch-de-l'Achigan, 2004, 90 pages (ISBN 2-9808198-1-6)
- Gilles Laporte. Patriotes et Loyaux : leadership régional et mobilisation politique en 1837 et 1838, Sillery : Septentrion, 2004, 414 pages (ISBN 2-89448-382-1) (éditeur)
- Solange Hamel. Les patriotes oubliés de la Montérégie, 1837, Saint-Alphonse-de-Granby : Éditions de la Paix, 2003, 129 pages (ISBN 2-922565-88-2) (éditeur)
- Pierre Desjardins. Le mouvement patriote à la Pointe-aux-Trembles, 1834-1846, Montréal : Atelier d'histoire de la Pointe-aux-Trembles, 2003, 53 pages (ISBN 2-9808103-0-4)
- Alain Messier. Dictionnaire encyclopédique et historique des patriotes (1837-1838), Montréal : Guérin, 2002, 500 pages (ISBN 2-7601-6345-8)
- Gérard Filteau. Histoire des Patriotes, Montréal : Septentrion, 2003[49], 664 pages (ISBN 2-89448-341-4) (éditeur)
- Gilles Boileau. 1837 et les patriotes de Deux-Montagnes : les voix de la mémoire, Montréal : Méridien, 1998, 200 pages (ISBN 2-89415-235-3)
- Allan Greer. Habitants et patriotes : la rébellion de 1837 dans les campagnes du Bas-Canada, Montréal : Boréal, 1997, 370 pages (ISBN 2-89052-855-3) (compte-rendu)[traduit de l'anglais par Christiane Teasdale]
- Elinor Kyte Senior. Les habits rouges et les patriotes, Montréal : VLB, 1997, 310 pages (ISBN 2-89005-665-1) (compte-rendu)
- Joseph Schull. Rébellion : le soulèvement patriote de 1837 au Bas-Canada, Montréal : Éditions Québec Amérique, 1997, 303 p. (ISBN 2-89037-903-5) [traduit de l'anglais par Dominique Clift et Claude Frappier]
- Pierre Lambert. Les Patriotes de Beloeil : le mouvement patriote, les insurrections de 1837-1838 et les paroissiens de Beloeil, Sillery : Septentrion, 1994, 189 p. (ISBN 2-89448-000-8) (aperçu)
- Paul Rochon. Les derniers patriotes : les exilés de 1840 vous parlent, Montréal : Éditions du Taureau, 1993, 287 p. (ISBN 2-9800845-3-0)
- Henri Bergevin. Les Patriotes exilés en Australie en 1839, Joliette : Société nationale des Québécois de Lanaudière, 1989, 52 p. (ISBN 2-921246-16-3)
- Paul Rochon. 1839 : la lente agonie des patriotes, Montréal : Éditions du Taureau, 1989, 287 p. (ISBN 2-9800845-2-2)
- Jacques Lacoursière et Denis Vaugeois (dir.). Courte histoire des patriotes de 1837-1838 : synthèse, Saint-Denis-sur-Richelieu : Comité de la fête des patriotes Saint-Charles & Saint-Denis, 1987, 16 p.
- Micheline Clément. Le discours patriote : égalitarisme agraire ou projet de démocratie de petits producteurs, Sainte-Foy : Université du Québec, 1986,
- Paul Rochon. 1837 : la petite histoire des Patriotes, Montréal : Éditions du Taureau, 1987, 283 p. (ISBN 2-9800845-0-6)
- Paul Rochon. 1838 : l'histoire oubliée des Patriotes, Montréal : Éditions du Taureau, 1987, 287 p. (ISBN 2-9800845-1-4)
- Jean-Paul Bernard. Les Rébellions de 1837-1838 : les patriotes du Bas-Canada dans la mémoire collective et chez les historiens, Montréal : Boréal Express, 1983, 349 p. (ISBN 2-89052-083-8)
- John Hare. Les Patriotes, 1830-1839. Textes, Ottawa : Éditions Libération, 1971, 232 p.
- Jacques Lacoursière et Denis Vaugeois (dir.). Les troubles de 1837-1838, Montréal : Fides, 1969, 2 vol.
- Robert-Lionel Séguin. Le Mouvement insurrectionnel dans la presqu'île de Vaudreuil, 1837-1838, Montréal : Librairie Ducharme limitée, 1955, 144 p.
- Aegidius Fauteux. Patriotes de 1837-1838, Montréal : les Éditions des Dix, 1950, 433 p.
- Jean-Baptiste Richard. Les Événements de 1837 à Saint-Denis-sur-Richelieu, Saint-Hyacinthe : Société d'histoire régionale de Saint-Hyacinthe, 1938, 47 p.
- Emile Dubois. Le Feu de la Rivière-du-Chêne : étude historique sur le mouvement insurrectionnel de 1837 au nord de Montréal, Québec, 1937, 340 p.
- Laurent-Olivier David. Les Patriotes de 1837-1838, Montréal : Eusèbe Senécal & fils, imprimeurs-éditeurs, 1884, 297 p. (« en ligne »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?))
- Charles Auguste Maximilien Globensky. La Rébellion de 1837 à Saint-Eustache : précédé d'un exposé de la situation politique du Bas-Canada depuis la cession, Québec : Imprimerie A. Coté et cie, 1883, 334 p. (en ligne)
- Louis-Napoléon Carrier. Les événements de 1837-38 : esquisse historique de l'insurrection du Bas-Canada, Québec : Imprimerie de l'Evénement, 1877, 194 pages (« en ligne »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?))
Filmographie
- 15 février 1839 : de Pierre Falardeau, 2001, 120 min. Après les soulèvements des Français du Bas-Canada en 1837-1838, plusieurs patriotes sont faits prisonniers par l'armée britannique. Certains sont exilés et d'autres sont condamnés à mort. Le film relate les 24 dernières heures de Marie-Thomas chevalier de Lorimier ainsi que quatre de ses compatriotes[50].
- Quand je serai parti... vous vivrez encore est un film québécois sorti en 1999. Réalisé par Michel Brault.
Liens externes
- Les rébellions des patriotes de 1837-1838, site Web réalisé en décembre 2001 par David Milot et Daniel Thibault (chronologie, analyse, lexique, tests)
- Les patriotes de 1837@38. Les rébellions du Bas-Canada, site Web édité par l'historien Gilles Laporte depuis 1995 (actualité, analyses, bibliographie, chronologie, biographies, atlas, débats, diaporama, jeux etc.)
- À la mémoire des patriotes de Saint-Eustache (Québec) de 1837 est un site web créé en 2001 par le Patriote et Fleurs de Lys Jean Jolicoeur qui fut décoré par la ville de Saint-Eustache en 2007. Ce site qui est toujours édité et hébergé par Jean Jolicoeur est devenu le site internet officiel de la Section Jean-Olivier Chénier de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal lors de son assemblée générale annuelle, tenue à Saint-Eustache, le 2 février 2003.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Lower Canada Rebellion » (voir la liste des auteurs).
- http://cgi2.cvm.qc.ca/glaporte/index.shtml.
- http://www.collectionscanada.gc.ca/military/025002-3000-f.html.
- Collection rébellion de 1837-1838 (P224) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
- Lord Durham, cité dans : Lionel-Groulx, Notre maître le passé, tome 2, page 77, Éditions 10-10, 1977.
- Lionel-Groulx, Notre maître le passé, t. 2, pages 78, Éditions 10-10, 1977.
- Lionel-Groulx, Notre maître le passé, tome 2, pages 76, Éditions 10-10, 1977.
- http://cgi2.cvm.qc.ca/glaporte/1837.pl?out=article&pno=combat26&cherche=ANALYSE.
- Lacoursière, Jacques, Histoire populaire du Québec, tome 2, de 1791 à 1841, Montréal, Septentrion, 1996, 446 pages.
- Lionel-Groulx, Notre maître le passé, tome 2, pages 79, Éditions 10-10, 1977.
- Jean-Paul Bernard ; (dir.), Assemblées Publiques, résolutions et déclarations de 1837-1838, Vlb éditeur, Montréal, 1988, 308 pages.
- Elinor Kyte Senior, Les habits rouges et les Patriotes, Vlb éditeur, 1997, 312 pages.
- Les Canadiens français de 1760 à nos jours, L'Encyclopédie du Canada français ; tome I, Le cercle du livre de France Montréal, 1963, 685 pages.
- name="Jean-Paul Bernard" Jean-Paul Bernard ; (dir.), Assemblées Publiques, résolutions et déclarations de 1837-1838, Vlb éditeur, Montréal, 1988, 308p.
- name="Elinor Kyte Senior" Elinor Kyte Senior Les habits rouges et les Patriotes, vlb éditeur, 1997, voir p. 32.
- name="Elinor Kyte Senior" Elinor Kyte Senior, Les habits rouges et les Patriotes, vlb éditeur, 1997, voir page 56.
- Les Canadiens français de 1760 à nos jours, L'Encyclopédie du Canada français ; t. I, Le cercle du livre de France Montréal, 1963, 685 p.
- Lionel-Groulx, notre maître le passé, t. 2, p. 82, Éditions 10-10, 1977.
- « Bataille de Saint-Denis » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
- « Bataille de Saint-Charles » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
- http://history.cbc.ca/history/?MIval=EpContent.html&series_id=1&episode_id=7&chapter_id=4&page_id=3&lang=F.
- name="Elinor Kyte Senior" Elinor Kyte Senior, Les habits rouges et les Patriotes, Montréal, vlb Éditeur, 1997, Voir page 183.
- Gilles Boileau, Le 14 décembre 1837 à Saint-Eustache. Les cahiers du Musée des Patriotes de Saint-Eustache, numéro 1, juin 1994. Voir page 6.
- André Giroux, Les pertes matérielles dans le village de Saint-Eustache, La Revue des Deux-Montagnes, numéro 10, octobre 1998. Pages 43-57.
- name="Elinor Kyte Senior" Elinor Kyte Senior, Les habits rouges et les Patriotes, Montréal, vlb Éditeur, 1997, Voir page 192.
- http://cgi2.cvm.qc.ca/glaporte/1837.pl?out=article&pno=monument27&cherche=Patriotes.
- Gérard Filteau, Histoire des Patriotes, Montréal, L'Aurore/Univers, 1980 : 492p.
- Réal Fortin, La guerre des Patriotes, Saint-Jean-sur-Richelieu, Les Éditions Mille Roches, 1988 : 286.
- (en) Matthieu Sossoyan, « The Kahnawake Iroquois and the Lower-Canadian Rebellions, 1837- 1838 », Collections Canada, (consulté le ).
- « Les Patriotes et les femmes », sur 1837.qc.ca, (consulté le )
- Michèle Lalonde, « La femme de 1837-1838 », Liberté, vol. 7, nos 1-2, , p. 146-171
- Marcelle Reeves-Morache, « La Canadienne pendant les troubles de 1837-1838 », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 5, no 1, , p. 99-117
- Marcelle Reeves-Morache, « La Canadienne pendant les troubles de 1837-1838 », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 5, no 1,
- Gilles Laporte, Patriotes et Loyaux, Sillery, Les éditions de Septentrion, , 414 p., p. 271
- Micheline Dumont et al., L'histoire des femmes du Québec depuis quatre siècles, Montréal, Éditions le jour, , 646 p., p.159
- Micheline Dumont et al., L'histoire de femmes au Québec depuis quatre siècles, Montréal, Éditions le jour, , 646 p., p. 160
- Marcelle Reeves-Morache, « La Canadienne pendant les troubles de 1837-1838 », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 5, no 1, , p. 104-106
- Marcelle Reeves-Morache, « La Canadienne pendant les troubles de 1837-1838 », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 5, no 1, , p. 105
- Gérard Parizeau, Les Dessaulles, seigneurs de Saint-Hyacinthe, Chronique maskoutaine du XIXe siècle, Montréal, Fides, , 159 p., p. 62
- Micheline Dumont et al., L'histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, Montréal, Édition du jour, , 646 p., p. 162
- Gilles Laporte, Brève histoire des Patriotes, Québec, Les éditions du Septentrion, , 362 p., p. 121
- Desbiens, Marie-Frédérique (2000). Dernière lettres de Chevalier de Lorimier(1839). Édition critique et commentée, Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval pour l’obtention du grade maître ès arts (M. A.), Québec, Université Laval, 181 p.
- « Durham, John George Lambton, 1er comte de » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
- http://cgi2.cvm.qc.ca/glaporte/uqam/UQ10.pdf
- http://www.mcq.org/histoire/julie_papineau/c_durham.html.
- Éric Coupal, « Le Parlement brûle ! », Montréal Clic, sur ville.montreal.qc.ca, Centre d'histoire de Montréal (Ville de Montréal), (consulté le ).
- « Journée nationale des patriotes », La typographie, sur Banque de dépannage linguistique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
- « Loi sur les normes du travail - article 60 », sur le site de l'Institut canadien d'information juridique, à jour au 1er mai 2008, consulté le 31 mai 2008.
- « Congé férié à l’occasion de la Journée nationale des Patriotes », communiqué du bureau du premier ministre du Québec, 24 novembre 2002.
- édition originale en 1938 et remaniée en 1975.
- Page consacrée au film "15 février 1839" sur le site films.qc.ca.
- Portail du XIXe siècle
- Portail de l’histoire militaire
- Portail du Bas-Canada
- Portail de l’Empire britannique