Louis-Hippolyte La Fontaine

Louis-Hippolyte La Fontaine[1], né le à Boucherville et mort le à Montréal, est un homme politique canadien français. Il est l'instigateur, avec Robert Baldwin, du gouvernement responsable au Canada-Uni[2]. Il est premier ministre du Canada-Est de 1842 à 1843 et de 1848 à 1851, ce qui en fait le premier chef de gouvernement démocratiquement désigné à travers l'ensemble du monde colonial, tous empires confondus[3].

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Louis-Hippolyte La Fontaine
Fonctions
Premier ministre du Canada-Est
Avec Robert Baldwin
Prédécesseur Charles Richard Ogden
Successeur Dominick Daly
Avec Robert Baldwin
Prédécesseur Denis-Benjamin Papineau
Successeur Augustin-Norbert Morin
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Boucherville (Canada)
Date de décès (à 56 ans)
Lieu de décès Montréal (Canada)
Parti politique Parti bleu

Liste des premiers ministres du Canada-Uni

Nommé à l'âge de 34 ans, La Fontaine est le plus jeune premier ministre canadien français de l'histoire. Il est connu pour avoir fait le premier discours en français au parlement malgré l'adoption de l'Acte d'Union qui en interdisait l'usage.

Biographie

Débuts

Né à Boucherville, au Bas-Canada, Louis-Hippolyte La Fontaine était le troisième fils d’Antoine Ménard, dit La Fontaine, menuisier, et de Marie-Josephte Fontaine, dit Bienvenue. Il entreprend ses études classiques en 1820 au collège de Montréal. Il quitte cependant l'établissement après les belles-lettres pour s'engager comme clerc au bureau de l’avocat François Roy[4]. Reçu au barreau en 1828, il épouse le Adèle Bertholot, fille d'Amable Berthelot, un riche avocat et un homme politique.

C'est en 1830, avant l'Acte d'Union, que La Fontaine entre en politique active en se faisant élire député de Terrebonne à la Chambre d'assemblée du Bas-Canada. Partisan du Parti patriote, plutôt radical dans ses principes, dont celui de l'anticléricalisme, il se fait sensiblement plus pragmatique et porté au compromis à partir de novembre 1837, lors du déclenchement des hostilités de la rébellion au Bas-Canada[4]. Selon Georges Aubin, il doute des chances de réussite de cette révolte, puisqu'il croit que le gouvernement britannique ne cèdera pas à la force, que les États-Unis n'accepteront pas de soutenir ce soulèvement et que le peuple du Bas-Canada ne le soutiendra pas non plus[5].

Maison où vit Louis-Hippolyte La Fontaine durant son enfance, à Boucherville.

Rébellion des Patriotes

Le 19 novembre 1837, quatre jours avant la première bataille de la rébellion, la bataille de Saint-Denis, La Fontaine écrit au gouverneur Gosford pour lui demander de convoquer d'urgence le parlement. Après une entrevue personnelle avec lui le 5 décembre, il lui fait parvenir une nouvelle demande, signée cette fois par 13 autres députés[4]. À la suite du refus de Gosford, La Fontaine part en direction de Londres pour plaider une réforme constitutionnelle auprès du gouvernement impérial[6]. Il arrive à la fin de décembre, mais il est déjà trop tard pour ses visées car, selon Éric Bédard, la décision d'imposer le Conseil spécial a déjà été prise par Londres[7].

En Angleterre, il s’entretient fréquemment avec les députés réformistes Edward Ellice et Joseph Hume. Sur son chemin du retour, il passe par Paris en mars 1838 et s'arrête à Saratoga, dans l'État de New York, le 11 juin 1838, pour saluer un Louis-Joseph Papineau en exil, avant de retourner à Montréal le 23 juin. Lors de la nouvelle vague d'hostilités en novembre 1838, il est emprisonné par les autorités. Il est relâché le 13 décembre sans qu'aucune accusation ne soit portée contre lui[4].

Sous l'Union

En 1840, l'Union du Haut et du Bas-Canada est proclamée. En 1841, et ensuite en 1842, La Fontaine est élu à l'Assemblée législative de la province du Canada dans la quatrième division de York, au Haut-Canada. Le , il devient chef du gouvernement, avec Robert Baldwin (la fonction étant alors exercé par une personne du Canada-Est et une du Canada-Ouest). Il le demeure jusqu'en 1843. En 1844, il est élu, cette-fois, à Terrebonne. Il devient alors chef de l'opposition. En 1848, il est élu député de Montréal[8]. Il exerce alors un deuxième mandat avec Baldwin. Au cours de ses deux mandats comme chef du gouvernement, il est aussi procureur général du Bas-Canada.

Julie-Élisabeth-Geneviève, seconde épouse de La Fontaine, photographiée par William Notman.

Pendant son exercice du pouvoir, La Fontaine réussit notamment à obtenir l'amnistie générale des accusés des Rébellions au Bas-Canada et l'indemnisation des victimes des soulèvements (en 1849), l'adoption du gouvernement responsable (en 1848), l'abrogation de l'interdiction du français au parlement (en 1848 également) et la réforme du système de l’éducation[9]. Le , fatigué et malade (il était atteint de rhumatisme), La Fontaine démissionne. Il est nommé juge en chef de la Cour du banc de la reine en 1853[8] et baronnet par la reine Victoria en 1854[10]. Veuf depuis 1859 d’Adèle Berthelot, il se remarie le 30 janvier 1861 avec Julie-Élisabeth-Geneviève Morrison. Le couple aura deux fils[9]. Le , Louis-Hippolyte La Fontaine décède, à Montréal.

Discours marquant

Le , La Fontaine prononça son premier discours au parlement en français, langue interdite par l'Acte d'Union. Interrompu par le député Dunn qui réclamait qu'il s'exprimât en anglais, il lui répondit :

« Avant de venir au mérite de la question, je dois faire allusion à l'interruption de l'honorable député de Toronto, lui qu'on nous a si souvent représenté comme un ami de la population canadienne-française. A-t-il oublié déjà que j'appartiens à cette origine si horriblement maltraitée par l'Acte d'Union? Si c'était le cas, je le regretterais beaucoup. Il me demande de prononcer dans une autre langue que ma langue maternelle le premier discours que j'ai à prononcer dans cette Chambre. Je me méfie de mes forces à parler la langue anglaise. Mais je dois informer les honorables membres que quand même la connaissance de la langue anglaise me serait aussi familière que celle de la langue française, je n'en ferais pas moins mon premier discours dans la langue de mes compatriotes canadiens-français, ne fût-ce que pour protester solennellement contre cette cruelle injustice de l'Acte d'Union qui proscrit la langue maternelle d'une moitié de la population du Canada. Je le dois à mes compatriotes, je le dois à moi-même. »

À la suite de cette intervention, plusieurs autres députés du Bas-Canada suivirent son exemple, ce qui résulta quelques années plus tard et après plusieurs pressions en l'abrogation de l'article portant sur l'interdiction du français[11].

Honneurs

Monument au parc La Fontaine.

Ouvrages

  • Les deux girouettes, ou l’hypocrisie démasquée, Montréal, 1834 (en ligne)
  • Notes sur l'inamovibilité des curés dans le Bas-Canada, Montréal, 1837
  • Analyse de l'ordonnance du Conseil spécial sur les bureaux d’hypothèques [...], Montréal, 1842
  • De l'esclavage en Canada, Montréal, 1859[12] (en ligne)
  • De la famille des Lauson. Vice-rois et lieutenants généraux des rois de France en Amérique, 1859 (en ligne)
  • Adresse aux électeurs du comté de Terrebonne, 1840 (en ligne)

Notes et références

Tombe de La Fontaine au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.
  1. Il signait LaFontaine selon le Dictionnaire biographique du Canada.
  2. L’amitié à la base du gouvernement responsable
  3. John Ralston Saul. Louis-Hippolyte Lafontaine et Robert Baldwin.
  4. Jacques Monet, « La Fontaine, Louis-Hippolyte », sur http://www.biographi.ca/ (consulté le )
  5. Louis-Hippolyte La Fontaine et Georges Aubin, Journal de voyage en Europe, 1837-1838, Québec, Septentrion, , 153 p. (lire en ligne), p. 10-11
  6. Jacques Monet, « Sir Louis-Hippolyte LaFontaine », sur https://www.thecanadianencyclopedia.ca/ (consulté le )
  7. « Louis-Hippolyte La Fontaine à la défense des Canadiens français », sur https://ici.radio-canada.ca/ (consulté le )
  8. « La Fontaine, Louis-Hippolyte », sur https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/ (consulté le )
  9. « Fiche d'un personnage : Louis-Hippolyte Lafontaine », sur http://www.vieux.montreal.qc.ca/ (consulté le )
  10. (en) The London Gazette, no 21588, p. 2668, 29 août 1854.
  11. Lionel-Groulx, Notre maître le passé, tome 1, Éditions 10-10, 1977, pages 183-185
  12. Avec Jacques Viger.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Lien externe

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