Marioupol
Marioupol (en ukrainien : Маріуполь ; en russe : Мариуполь) est une ville portuaire et industrielle de l'oblast de Donetsk, en Ukraine. C'est l'ancienne capitale de la région historique de Méotide. Sa population s'élevait à 455 063 habitants en 2015.
Marioupol (uk) Маріуполь | ||||
![]() Héraldique |
![]() Drapeau |
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Administration | ||||
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Pays | ![]() |
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Subdivision | ![]() |
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Maire | Vadym Boïtchenko | |||
Code postal | 87500 — 87590 | |||
Indicatif tél. | +380 629 | |||
Démographie | ||||
Population | 455 063 hab. (2015) | |||
Densité | 1 866 hab./km2 | |||
Géographie | ||||
Coordonnées | 47° 06′ 04″ nord, 37° 32′ 35″ est | |||
Superficie | 24 390 ha = 243,9 km2 | |||
Divers | ||||
Fondation | 1778 | |||
Statut | Ville depuis 1779 | |||
Ancien(s) nom(s) | Domakha, Adamakha, Kalmiouska (jusqu'en 1778) Pavlovsk (1778-1779) Marioupil/Marioupol (1779-1933) Marioupol (1933-1948) Jdanov (1948-1989) |
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Localisation | ||||
Géolocalisation sur la carte : Oblast de Donetsk
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
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Liens | ||||
Site web | www.marsovet.org.ua | |||
Sources | ||||
Géographie
Marioupol est située sur la mer d'Azov, à l'embouchure du fleuve Kalmious et à 635 km au sud-est de Kiev.
Le climat de Marioupol est tempéré continental et marqué par de fréquentes sécheresses et des orages en été, et le brouillard en hiver. La température moyenne en janvier est −5,2 °C et en juillet 22,7 °C. La moyenne des précipitations est de 450 mm par an.
Histoire
Marioupol était connue au début du XVIe siècle comme la forteresse cosaque Kalmious, mais la ville naquit véritablement après la migration de Grecs de Crimée en 1778-1780. Sous Catherine II de Russie, Marioupol connut l'immigration des Grecs provenant de Crimée, qui s'étaient installés initialement à Chersonèse, Kertch et Théodosie depuis le VIe siècle av. J.-C. et qui furent chassés par les Ottomans. La voyageuse française, Adèle Hommaire de Hell, en fait une description savoureuse lors de son voyage en 1840[1].
À la fin du XIXe siècle, Marioupol fut transformée grâce au chemin de fer arrivé ici en 1889, à la création d'un grand port avec des représentations consulaires de l'Autriche-Hongrie, de la Grande-Bretagne, de l'Italie, de la Grèce, de la Sublime Porte, de la Belgique et de l'Empire allemand, et à la fondation d'usines sidérurgiques. La ville se range du côté bolchévique le , mais bientôt se trouve sur le front austro-hongrois et allemand, dont les armées l'occupent. Les occupants sont chassés par l'armée blanche en automne 1918. En 1919, pendant la guerre civile russe, la ville fut brièvement occupée par les Français venus y soutenir les armées blanches. L'Armée rouge les chasse le , mais doit reculer en mai suivant. Ce n'est qu'en que Marioupol se rend à la flottille rouge de la mer d'Azov. Les entreprises métallurgiques, comme les autres sont nationalisées. Dans les années 1930, l'usine Azovstal voit le jour.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Marioupol fut occupée par l'Allemagne nazie du au . Les Allemands fusillent environ 10 000 habitants, envoient près de 50 000 jeunes gens et jeunes filles comme travailleurs forcés en Allemagne, déportent en camp de concentration 36 000 prisonniers dont la plupart ne survivent pas. Marioupol fut libérée par la 44e armée du front du sud de l'Armée rouge.
En 1948, Staline renomma la ville Jdanov, en l'honneur de son proche collaborateur Andreï Jdanov qui y était né. La ville retrouva son nom originel en 1989 et la statue de Jdanov fut déboulonnée en 1990 en raison de ses crimes de masse.
Depuis la dislocation de l'Union soviétique, de nombreux Grecs pontiques ont quitté Marioupol pour la Grèce.
La ville est le théâtre de troubles en réaction contre la récente révolution de Maïdan à partir d'. Des bâtiments officiels sont pris par des insurgés russophones hostiles au gouvernement central de Kiev et inquiets pour leurs droits ; ils sont repris par la garde nationale ukrainienne, formée de volontaires ukrainiens venus du reste du pays. Le , un assaut est mené par des engins blindés et des lance-roquettes des forces gouvernementales, du bataillon Azov, du bataillon Ukraine et du bataillon Donbass. Cinq morts sont à déplorer du côté des insurgés et un engin blindé est détruit[2]. Plus de trois cents personnes sont arrêtées. À partir de la mi-, la contre-attaque des insurgés mettant fin à l'étau de l'armée ukrainienne autour de Donetsk est lancée avec l'ouverture d'un nouveau front en direction de la mer d'Azov et de Marioupol qui est encerclée à la fin du mois et atteinte par les rebelles le .
La situation se stabilise néanmoins et la ville reste entre les mains des troupes loyalistes ukrainiennes, ces dernières parvenant, à l'issue d'âpres combats, à contenir puis à repousser les assauts des rebelles pro-russes. Un cessez-le-feu, souvent clairsemé d'escarmouches, est difficilement mis en place. C'est par conséquent un calme très relatif qui règne sur Marioupol durant la fin d'année 2014.
Les hostilités reprennent le , jour où les rebelles (que le ministre de la défense ukrainienne accuse d’être soutenus par la Russie) lancent une offensive de très grande ampleur sur la ville. Des tirs font trente victimes civiles[3]. Les deux côtés s'accusent mutuellement.
Urbanisme
La vieille ville de Marioupol, qui se trouve dans un périmètre compris entre la côte de la mer d'Azov au sud, le fleuve Kalmious à l'est, le boulevard Chevtchenko au nord et l'avenue des Métallurgistes à l'ouest, est construite d'immeubles bas et d'anciennes maisons particulières qui gardent tout leur cachet de l'époque d'avant 1917. Seules la rue Artiom et l'avenue Lénine ont été construites après la Grande Guerre patriotique.
La partie centrale comprise entre l'avenue des Métallurgistes et l'avenue Boudivelnikov est surtout composée d'immeubles administratifs ou commerciaux, avec le bâtiment de la municipalité, la poste centrale, le cinéma Loukov, l'université des humanités de Marioupol, l'université technique d'État de l'Azov, la bibliothèque centrale Korolenko et de grands centres commerciaux.
L'architecture des autres zones, plus résidentielles (Zakhidny, Skhidny, Kirov, Tcheremouchki, les 5e et 17e arrondissements) comportent des immeubles de la période soviétique de 5 à 9 étages. Les habitations privatisées représentaient 76,3 % des logements en 2003.
- L'ancien lycée de garçons du temps de l'Empire russe, premier à ouvrir en 1876
- L'ancien hôtel particulier Nilsen construit vers 1900
- L'ancien hôtel Continental construit dans la seconde moitié du XIXe siècle
- La cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas
- Entrée du jardin de la Ville
- Entrée du jardin "Veselka"
- Place du théâtre
La ville de Marioupol possède plusieurs parcs et squares, les plus populaires étant le square de la Ville (place du Théâtre), le parc d'Attractions, le parc Gourov (ancien parc du Bicentenaire de Marioupol), le parc Petrovski, le jardin de la Ville (avec ses monuments aux héros de la Seconde Guerre mondiale, appelée ici Grande Guerre patriotique) inauguré en 1863, le parc Vessiolka, le parc Azovstal, le parc de la Mer (anciennement du Cinquantenaire de la Révolution d'Octobre).
Marioupol est connue pour ses nombreux monuments commémoratifs, statues et sculptures, parmi lesquelles le buste du peintre Arkhip Kouïndji né à Marioupol, l'inévitable Taras Chevtchenko, fondateur de la langue littéraire ukrainienne dans la seconde moitié du XIXe siècle et l'inévitable Pouchkine représentant la langue russe. Les quatre statues de Lénine n'ont pas été déboulonnées, comme témoignages de l'histoire, contrairement à celle de Jdanov qui a été déboulonnée en 1990 ; on remarque en plus la statue du chanteur non-conformiste Vissotski (ancien mari de l'actrice russo-française Marina Vlady), inaugurée en 1998. Un buste du vainqueur de l'armée blanche, commandant d'un bataillon dans la région en , Kouzma Anatov, a été inauguré en 1968 dans la rue du même nom. La Grande Guerre patriotique est le sujet d'une quinzaine de monuments, statues, chars, bustes, etc. en l'honneur de l'Armée rouge, de telle unité combattante, de tel fait glorieux ou de tel héros mort au combat pour la libération du pays de l'occupation du Troisième Reich, comme le monument des douze patriotes fusillés par les Allemands le . La grande statue commémorant la libération du Donbass domine le square de l'avenue Nakhimov. La flamme éternelle se trouve devant le monument aux victimes du nazisme (appelé « fascisme » par les pays de l'ex-URSS). Un monument aux victimes du stalinisme a été érigé place du Théâtre, ainsi qu'une grande croix, en 2008 au cimetière principal, en souvenir des victimes de la grande famine des années 1920 consécutive à la dékoulakisation. Une grosse pierre avec une plaque commémorative rappelle, dans une allée de l'avenue Lénine, les victimes de Tchernobyl.
Récemment, une statue du métropolite Ignace de Marioupol[4] (1715-1786, canonisé en 1998 par l'Église orthodoxe) a été érigée près de la cathédrale Saint-Nicolas.
Population
Recensements (*) ou estimations de la population[5] :
Le taux de natalité s'élevait à 9,9 pour mille en 2012 (4 567 naissances) et à 9,1 pour mille en 2011 (4 225 naissances) ; le taux de mortalité s'élevait à 15,2 pour mille (7 004 décès) en 2012 et à 14,9 pour mille en 2011 (6 912 décès) ; l'accroissement naturel de la population de Marioupol s'élevait donc à –5,3 pour mille en 2012 et à –5,8 pour mille en 2011.
Structure par âge
- 0-14 ans : 12,5 %
(29 786 hommes et 27 829 femmes)
- 15-64 ans : 68,1 %
(156 585 hommes et 176 637 femmes)
- 65 ans et plus : 19,4 %
(32 126 hommes et 57 300 femmes) (2013, chiffres officiels)
Religion

La majorité de la population confesse le christianisme orthodoxe (11 édifices dévolus à l'Église orthodoxe d'Ukraine et 3 à l'Église orthodoxe d'Ukraine issue du schisme de 1992), mais il existe une frange de plus en plus importante qui adhère à la vingtaine de communautés protestantes, souvent d'origine américaine — comme les pentecôtistes, les mormons ou les adventistes —, installées en Ukraine et dans la région et qui s'occupent en priorité des populations défavorisées et des franges les plus en danger (orphelins, alcooliques, drogués, SDF, anciens délinquants, etc.), la plus dynamique étant celle des baptistes qui dispose d'une immense maison de prières. Les communautés tatares et azéries disposent de plusieurs mosquées. Enfin un certain nombre[réf. nécessaire] d'habitants de Marioupol sont athées.
Les principales églises orthodoxes de la ville sont :
- la petite cathédrale Saint-Nicolas : consacrée en 1991, elle abrite les reliques de saint Ignace de Marioupol (1715-1786)
- l'église Saint-Nicolas-du-Port construite en 2001
- l'église Saint-Michel consacrée en 1997
- l'église de la Sainte-Trinité consacrée en 2008
- l'église de la Transfiguration
- l'église Saint-Élie
- l'église de l'Assomption (ou de la Dormition)
- l'église Saint-Vladimir
- l'église Saint-Georges construite en 2005.
Illustrations
- Immeuble de la banque PouMB (ancien magasin Detski Mir - Monde enfantin)
- La Maison à la flèche (ouest)
- La Maison à la flèche (est)
- Jetée sur la plage centrale
- La Vieille Tour (château d'eau)
- Antenne de TV
- Institut Azovguipromez
Économie

L'économie de Marioupol est encore dominée par l'industrie lourde : deux grandes usines sidérurgiques, Azovstal et Ilyich Steel & Iron Works (en) et une grande usine de constructions mécaniques, Azovmach. Le port de Marioupol est le quatrième port d'Ukraine, avec un trafic de 14 774 400 tonnes en 2005.
Transport

La ville est reliée par le chemin de fer (depuis 1889) et permet de rejoindre Moscou, Kiev, Lvov, Saint-Pétersbourg, Minsk, Briansk, Voronej, Kharkov, Poltava ou encore Slaviansk-sur-le-Kouban. Elle possède un aéroport, l'aéroport international de Marioupol, existant depuis les années 1930 et entièrement reconstruit en 2003.
Les transports urbains et interurbains sont représentés par des lignes de tramways (depuis 1933), des lignes de trolleybus (depuis les années 1970), d'autobus, de taxis collectifs.
Sport
- Football : FK Marioupol
- Basket-ball : Azovmach Marioupol
- Football américain : Azov Dolphins Mariupol
Personnalités
Sont nés à Marioupol :
- Rachel Rotenberg (1878-1929), médecin française
- Andreï Jdanov (1896-1948), homme politique soviétique
- Alexandre Sakharoff (1886-1963), danseur et pédagogue russe
- Arkhip Kouïndji (1841-1910), peintre russe d'origine grecque-pontique
- Sergueï Baltacha (1958-), ancien footballeur soviétique
- Nikki Benz (1981-) , actrice de film pornographique canado-ukrainienne.
Notes et références
- Adèle Hommaire de Hell, Équipée dans les steppes de Russie 1840-1844, Paris, 1868, rééd. Paris, Arthaud, 1993, préf. de Michel Deuff, p. 38 sq
- (es) Opération militaire à Marioupol : des membres de l'autodéfense sont tués
- « Marioupol bombardée par les séparatistes pro-russes »
- Cet évêque a sauvé la vie de dizaines de milliers de Grecs orthodoxes en aidant à leur évacuation de la Crimée, où ils étaient menacés de mort sous le joug ottoman, alors en pleine guerre russo-turque et les a installés à Marioupol et dans la région
- « Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org — (uk) « Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2010, 2011 et 2012 », sur database.ukrcensus.gov.ua — « Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2011, 2012 et 2013 », sur database.ukrcensus.gov.ua
Liens externes
- (uk) Informations officielles
- (ru) Cartes topographiques
- (ru) Carte routière
- Vidéo promenade à Marioupol le long de la rue Lénine
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