Méotide
La Méotide (Мэотіда en ukrainien, Майетида en russe, Μαιώτιδα en grec) est une ancienne province historique de l'Ukraine en Nouvelle Russie, située dans la steppe aujourd'hui ukrainienne, au nord de la mer d'Azov (appelée « golfe Méotide » par les Grecs antiques, d'où le nom de cette région). La capitale économique en était Marioupol. La Méotide correspond aujourd'hui aux oblasts ukrainiens de Dnipropetrovsk, Zaporogue (partie est), Donetsk et Louhansk.
Histoire
Dans l'Antiquité la Méotide a été l'habitat des Scythes[1], mais dès 600 avant notre ère, les Grecs en ont colonisé les rivages de la mer d'Azov, fondant les colonies de Phanagoria et de Tanaïs. L'hellénisation des Scythes donne naissance au royaume du Bosphore (ce Bosphore cimmérien était l'actuel détroit de Kertch, tandis que l'actuel Bosphore s'appelait Bosphore thrace ; bosphore signifiant « détroit » dans les langues iraniennes).
Après les Scythes et les Grecs, de nombreux peuples migrateurs s'établirent de manière éphémère en Méotide : Ostrogoths, Huns, Sarmates, Bulgares, Khazars, Magyars, Russiens, Petchénègues, Polovtses, Tatars… Au XVIe siècle, les Tatars du Khanat de Crimée, maîtres de la région, passèrent sous la suzeraineté de l'Empire ottoman, qui recula progressivement devant l'expansion de l'Empire russe (concrétisée par l'établissement des Cosaques) entre 1654 et 1783.
La Méotide fut alors divisée entre le sud du gouvernement de Iekaterinoslav et le sud-ouest de la Province du Don dont l'administration fut confiée à des gouverneurs nommés au début par Catherine II (1764-1775) et par l'empereur Paul Ier (1796-1802). Une colonisation du territoire fut alors organisée par le prince Potemkine : aux Cosaques vinrent s'ajouter des paysans Russes et Ukrainiens en nombre, mais aussi des Grecs de la Mer Noire, des Bulgares (surtout autour de Marioupol), des Allemands et des Juifs venus de Pologne et d'Allemagne (qui formèrent des shtetls, colonies agricoles décrites dans le film Un violon sur le toit).
La Méotide fut ravagée durant 28 ans par la Première Guerre mondiale, la guerre civile russe, la collectivisation, le génocide du Holodomor, la Seconde Guerre mondiale, la Shoah et des déportations : sa population diminua, et en 1948 certains groupes avaient presque disparu (Juifs, Allemands, Grecs et Roms). Après 1945, la croissance démographique reprit (elle fut d'ailleurs supérieure à celle du reste de l'URSS) et la région reçut de nombreux immigrants venus de toutes les régions de l'Union des républiques socialistes soviétiques, en lien avec le développement des industries du Donbass, bassin houillier industriel dont la dénomination (soviétique) s'est substituée à celle, jugée trop savante, de Méotide.
Recensement de 1862
Source[2]
Gouvernement | Population | Russes, % | Ukrainiens, % | Juifs, % | Allemands, % | Grecs, % | Tatars, % | Moldaves, % | Bulgares, % |
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Iekaterinoslav | 1 800 000 | 16,1 | 68,2 | 4,7 | 3,8 | 2,3 | 0,8 | 0,9 | 0,8 |
Notes et références
Bibliographie
- Emmanuel de Waresquiel, Le duc de Richelieu, Paris, Perrin, 2009
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