Le Corniaud
Le Corniaud est un film comique franco-italo-espagnol réalisé par Gérard Oury, sorti en 1965.
Pour les articles homonymes, voir Corniaud.
Réalisation | Gérard Oury |
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Scénario |
Gérard Oury Marcel Jullian Dialogues : Georges Tabet André Tabet |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Les Films Corona (France) Explorer Film '58 (Italie) |
Pays d’origine |
France Italie Espagne |
Genre | Comédie |
Durée | 105 minutes |
Sortie | 1965 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Son scénario s'inspire d'un des épisodes du démantèlement de la « French Connection », l'affaire Jacques Angelvin, lorsqu'un présentateur de la télévision française fut arrêté aux États-Unis en 1962 au volant d'une Buick Invicta provenant de France et dans laquelle plus de cinquante kilogrammes d'héroïne pure avaient été dissimulés et qui clama son innocence en prétendant avoir été dupé.
Antoine Maréchal, le « corniaud » du titre qui se révèle finalement être moins naïf qu'il y paraît, est interprété par Bourvil, alors à l'apogée de sa carrière, tandis que Léopold Saroyan, le gangster, est joué par Louis de Funès, qui à cette époque connaît une fulgurante ascension, notamment depuis les sorties des films Le Gendarme de Saint-Tropez et Fantômas en et .
Le tournage eut lieu du au . Le film sort en France le et rencontre dès sa sortie un grand succès puisqu'il finit en tête du box-office français de l'année 1965 avec 11 739 783 entrées. La popularité du Corniaud en fait un film culte du cinéma français et celui-ci est encore régulièrement diffusé à la télévision française.
Synopsis
Alors qu'elle n'a parcouru que quelques dizaines de mètres sur le chemin de ses vacances estivales vers l'Italie, la 2CV bleue d'Antoine Maréchal se disloque, percutée en plein Paris par la Rolls Royce de Léopold Saroyan, directeur d'une maison d'import-export. D'abord de mauvaise foi, celui-ci reconnaît ses torts et offre à Maréchal la possibilité de poursuivre, tous frais compris, son voyage au volant de la superbe Cadillac décapotable d'un de ses clients américains. Ce dernier devra ainsi conduire le véhicule (qui arrive de Beyrouth) de Naples à Bordeaux (où il est prévu qu'il soit embarqué pour les États-Unis).
Séduit par la proposition, Maréchal ne se doute pas que Saroyan est en réalité le parrain d'un syndicat de gangsters et qu'il a truffé la Cadillac de produits illégaux : héroïne dans les ailes arrière de la voiture, or dissimulé dans les pare-chocs, des pierres précieuses cachées dans la batterie et le Youkounkoun[N 1], « le plus gros diamant du monde », récemment volé. Saroyan espère bien que sa « mule » pourra assurer le transport, y compris devant les douanes. Voici donc le naïf Maréchal sur les routes d'Italie puis du sud de la France, ignorant tout de sa précieuse cargaison et ne remarquant pas que le malfaiteur le suit à distance pour veiller sur la marchandise, qui est également convoitée par une bande rivale menée par Mickey dit « le bègue ».
Après une traversée de l'Italie marquée par des incidents, Maréchal arrive à la frontière et va découvrir la vérité sur la voiture et comprendre qu'il a été pris pour un « corniaud ». Il se vengera à sa façon lors d'une halte à Carcassonne tout en continuant d'emmener la voiture à Bordeaux où il découvrira la cachette du Youkounkoun : le klaxon de la voiture, qui connaissait plusieurs dysfonctionnements depuis le début du voyage.
Fiche technique
- Titre : Le Corniaud
- Réalisation : Gérard Oury
- Assistants réalisateurs : Serge Vallin, Giorgio Stegani, Gérard Guérin
- Scénario et adaptation : Gérard Oury, Marcel Jullian
- Dialogues : Georges Tabet et André Tabet
- Décors : Francesco Siarletta et Robert Giordanni
- Costumes : Tanine Autré
- Photographie : Henri Decaë
- Vladimir Ivanov, Alain Douarinou pour la seconde équipe
- Son : Antoine Bonfanti
- Régisseur général : Jean Pieuchot, Roberto Cocco, Gaetano Amata (de)
- Montage : Albert Jurgenson, Laurence Leininger, Étiennette Muse
- Musique :
- Musique originale : Georges Delerue
- Musique préexistante : la tarentelle de Gioachino Rossini extraite de La Boutique fantasque (arrangée par Ottorino Respighi)
- Production : Robert Dorfmann
- Directeurs de production : Yves Laplanche, Enzo Provenzale, Jacques Juranville
- Sociétés de production : Les Films Corona (France), Explorer Film '58 (Italie)
- Sociétés de distribution : Valoria Films
- Pays d'origine : France, Italie, Espagne
- Attaché de presse : Richard Balducci
- Budget : 3,5 millions de francs[1] (soit environ 4 940 000 euros en 2020[2])
- Langues originales : français avec quelques séquences en italien et en allemand
- Genre : comédie, road movie
- Format : couleur (Eastmancolor) - 35 mm - 2,35:1 - Son mono
- Durée : 105 minutes
- Dates de sortie :
Distribution
- Bourvil : Antoine Maréchal
- Louis de Funès : Léopold Saroyan
- Venantino Venantini : Mickey dit « le bègue », dit « la souris »
- Jacques Ferrière : le chauffeur de Saroyan
- Jean Droze : le porte-flingue de Saroyan
- Beba Loncar : Ursula, l'auto-stoppeuse
- Alida Chelli : Gina, la manucure
- Lando Buzzanca : Lino, le barbier
- Henri Génès : Martial
- Jacques Eyser : un truand, associé de Saroyan
- Henri Virlogeux : un truand, associé de Saroyan
- Jean Meyer : un truand, associé de Saroyan
- Pierre Roussel : Mario Costa, le maitre d'hôtel
- Guy Delorme : Luigi, complice de Mickey
- Bob Lerick : Loulou, complice de Mickey
- Jack Ary (crédité « Jacques Ary ») : le commissaire
- Guy Grosso (crédité « Grosso ») : un douanier
- Michel Modo (crédité « Modo ») : un douanier
- Yvon Jeanclaude : un douanier
- Nino Vingelli : Tagliella, le garagiste napolitain
- Robert Duranton : l'athlète sous la douche
- Jean-Marie Bon : le garagiste romain
- Jean Minisini : un inspecteur à Carcassonne
- Éric Vasberg : un inspecteur à Carcassonne
- Annie Claparède : Suzanne, la serveuse du Café de France
- Nicole Desailly : Madame Chenu, la concierge de Maréchal
- Germaine de France : la vieille dame qui chante
- Marius Gaidon : un policier à Bordeaux
- Bernard Meunier : le secrétaire de Saroyan
- Louis Viret
- Walter Chiari
- Michèle Morgan : elle-même (scène coupée)
- André Hubert : cascadeur
- Yvan Chiffre : cascadeur
- André Louis : doublure de Bourvil
- Bourvil
- Louis de Funès
- Venantino Venantini
- Beba Loncar
- Alida Chelli
Genèse
Gérard Oury s'est inspiré de la mésaventure d'un présentateur de la télévision française, Jacques Angelvin, qui fut arrêté aux États-Unis en 1962 au volant d'une Buick Invicta provenant de France et dans laquelle plus de cinquante kilogrammes d'héroïne pure avaient été dissimulés[b 1]. Lors de son arrestation, la voiture ne contenait plus la drogue et Angelvin clama d'abord son innocence en prétendant avoir été dupé. Il fut pourtant prouvé que la voiture du Français avait bien servi à transporter la drogue depuis Marseille jusqu'aux États-Unis et qu'il avait touché dix mille dollars pour cela. Plaidant coupable lors de son procès, le présentateur de Paris-Club fut incarcéré pendant cinq ans[3]. Cette arrestation est un des épisodes du démantèlement de la « French Connection ».
Production
Choix des acteurs
Dès le début, Gérard Oury sait à quels acteurs il fera appel pour les deux rôles principaux : Bourvil et Louis de Funès. Les deux acteurs s'étaient déjà côtoyés dans les films Poisson d'avril (1954), Les Hussards (1955) et La Traversée de Paris (1956) et ont envie de travailler à nouveau ensemble. Tandis que Bourvil est une vedette depuis près de dix ans, Louis de Funès, lui, commence à en devenir une : il est un second rôle remarqué et apprécié du public et, lorsque Oury prépare Le Corniaud, l'acteur tourne un film dont personne n'imagine alors le succès et qui le rendra définitivement célèbre, Le Gendarme de Saint-Tropez.
Louis de Funès, qui, sur le tournage du précédent film d'Oury, Le crime ne paie pas, lui avait dit « tu es un auteur comique, et tu ne parviendras à t'exprimer vraiment que lorsque tu auras admis cette vérité-là », accepte sa proposition sans hésiter. Bourvil apprécie beaucoup Gérard Oury et lui donne son accord sans même connaître l'histoire. Ils avaient joué ensemble dans le film Garou-Garou, le passe-muraille en 1950 et Bourvil, au cours d'une scène, giflait Oury ; ils s'étaient également vus sur le tournage du film Le Miroir à deux faces, où Oury était acteur et scénariste. Le cachet de Bourvil pour ce film est trois fois plus important que celui octroyé à de Funès[b 2].
Les auditions à Carcassonne sont annoncées par les journaux locaux et se déroulent sur la place Saint-Nazaire : 200 postulants s'y rendent pour décrocher un petit rôle dans Le Corniaud[4]. Annie Claparède, jeune Carcassonnaise de 16 ans, décroche le rôle succinct de la serveuse du Café de France[5]. Lors de son essai, Gérard Oury lui demande d'accentuer son accent[5]. Elle est payée 80 FRF et reste quinze jours sur le tournage ; chaque soir elle est ramenée chez elle à bord de la Cadillac du film[5]. Après le tournage, Gérard Oury lui propose de suivre l'équipe à Paris pour tenter une carrière d'actrice, disant d'elle qu'elle était une « petite Jeanne Moreau », mais ses parents ne veulent pas la laisser partir[5].
Tournage
Deux jours avant le début du tournage, le , un samedi soir, le fils de 16 ans du premier assistant « emprunte » la Jaguar verte que Louis de Funès devait utiliser et la détruit dans un accident. En conséquence, beaucoup des scènes de l'acteur ne pourront être filmées qu'après l'arrivée d'une voiture de rechange, « repeinte à toute vitesse de couleur verte », des jours plus tard [b 3],[6].
Après la projection des épreuves (rushes) des deux premières semaines de tournage, de Funès trouvant qu'il n'était pas assez présent à l'écran fera une « grève du masque »[b 4],[C 1] pendant près de 24 heures. Autrement dit, de Funès ne joue plus que ce qui est écrit et rien de plus[7]. Gérard Oury indique dans ses mémoires qu'il reconnaît dans le film l'endroit où de Funès effectue cette « grève », mais le réalisateur reste muet sur l'instant précis dans le film. Oury imagine alors pour de Funès la scène du garage et celle de la douche, où l'acteur compare sa musculature avec celle d'un « grand balèze », l'ex-catcheur Robert Duranton. L'idée lui est inspirée par une rencontre étonnante faite lors d'un voyage en Italie : « ... J'avais rencontré à Capri un couple étrange, lui : un homo maigrichon américain, ridaillé mais milliardaire, elle : un colossal biquet français culturiste ! L'opposition physique entre ces deux êtres dépassait les limites de la bouffonnerie[b 5] ».
La 2CV conduite par Bourvil qui se disloque lors de l'accident avec Louis de Funès était équipée de boulons explosifs afin qu'elle s'éparpille au moment voulu. Le spécialiste des effets spéciaux, Pierre Durin, avait scié le véhicule en 250 morceaux puis ré-assemblé le tout avec des crochets. De petits appareils électriques faisaient sauter les crochets solidarisant les morceaux au moment opportun[8],[9]. Cette scène, la dernière tournée, le sur la place Sainte-Geneviève à Paris[10], fut peut-être inspirée à Oury par sa rencontre cinématographique avec Bourvil sur le tournage du Miroir à deux faces. Dans ce film dramatique d'André Cayatte réalisé en 1958, Bourvil au volant de sa 2CV est percuté par Gérard Oury, acteur mais aussi coscénariste du film, au volant d'une grosse américaine. Dans Le Corniaud, le plan est particulièrement complexe, puisque la 2CV doit se désintégrer sous le choc avec la Rolls Royce, ce qui ne peut être filmé qu'une fois. Bourvil improvise la remarque « Elle va marcher beaucoup moins bien forcément » sur le moment, provoquant un fou rire chez de Funès, qui dut tourner la tête pour le cacher et ainsi ne pas gâcher cette prise si complexe.
- Les boulons explosifs servant à disloquer la 2CV prédécoupée, le récepteur de la télécommande et son relais.
- Détonateur des boulons explosifs.
Lieux de tournage[11]
- Italie :
- Naples. Bourvil prend en charge la Cadillac sur le lieu de la gare maritime du port ; il rejoint le centre historique depuis la Via Nuova Marina. Le garagiste vole un pare-chocs dans le Borgo Marinari où l'on vient profiter des restaurants d'un petit port de pêche situé au pied de Castel dell'Ovo. Tout près de là, dans le très huppé Hotel Vesuvio, loge Maréchal, qui repartira le lendemain en empruntant la route de bord de mer : la via Caracciolo, puis les hauteurs du Pausilippe.
- Aire d'autoroute Teano-est, dans le sens Rome-Naples (actuelle autoroute A1), près de laquelle la voiture de Saroyan tombe en panne.
- La « via Flacca » ou « strada statale 213 » dans le sud du Latium entre Sperlonga et Gaeta, où se trouve actuellement la discothèque « Il sombrero ». Il y a, sur ce tronçon, quatre tunnels. La scène de la batterie remplie de bijoux jetée à la mer a été tournée sur un parking situé entre les 2e et 3e tunnels.
- Rome (à proximité du Colisée, du Vatican, du Château Saint-Ange...). Maréchal loge à l'hôtel Résidence Palace (actuel The Duke Hotel), au 69 via Archimede. Extérieurs devant le restaurant La Casina Valadier sur le Pincio[A 1].
- Les jardins et les fontaines de la villa d'Este à Tivoli pour la scène de combats et d'échanges de tirs entre les hommes du bègue et ceux de Saroyan.
- Sutri : scène où Lino, le coiffeur sicilien jaloux poursuit avec sa voiture Autobianchi Bianchina son amie Gina partie en compagnie de Maréchal, qui finalement prend en stop Ursula
- Pise
- Toscane
- France :
- Bordeaux
- Carcassonne et ses remparts[A 2]
- Menton, poste de douane du Pont Saint-Louis
- Paris : rue et place Sainte-Geneviève, à vingt mètres du Panthéon (scène de l'accident de la 2 CV), rue Gaillon (extérieurs devant le restaurant Drouant, où Saroyan expose son plan)[A 3]
- Paris : place de Rungis (XIIIe arrondissement) quand dans la dernière séquence (censée être à Bordeaux) la Cadillac s'encastre dans une vitrine
- Versailles : rue de l'Indépendance-Américaine, dernier plan du film
- La Motte : scène du passage à niveau, près de la gare de La Motte-Sainte-Roseline[A 4]
- Le Dramont à Saint-Raphaël : scènes du camping et du bain de minuit d'Ursula sur la plage du débarquement[A 5]
Accueil
Promotion
Bourvil demandera que Louis de Funès soit nommé en haut de l'affiche, à ses côtés. Des années plus tard, en 1976, Louis de Funès, reconnaissant de ce qu'a fait Bourvil pour lui, fait le même geste à l'égard de Coluche pour L'Aile ou la Cuisse.
Box-office
N° 1 au box-office en 1965 en France et énorme succès : 11 739 783 entrées. Il fit également 1 545 858 entrées en Espagne[12], ainsi que 30,9 millions d'entrées en URSS[13].
À l'international, selon le producteur Robert Dorfmann à la sortie de La Grande Vadrouille, Le Corniaud réalise de très bons résultats dans les pays scandinaves, connaît une carrière très moyenne en Allemagne et est un échec en Italie[14].
Diffusions à la télévision
Le , pendant la période de confinement dû à la pandémie de Covid-19, le film est vu par 3,54 M de téléspectateurs[15].
Postérité
Les répliques du film sont devenues cultes. En premier lieu figure celle, improvisée, de Bourvil : « Maintenant, elle va marcher beaucoup moins bien forcément ». Celle-ci est aussi associée à l'image de Bourvil qu'une autre réplique provenant de La Grande Vadrouille - mais en réalité apocryphe - « Mon vélo ! On a volé mon vélo ! »
Ainsi, la réplique est reprise dans de nombreux films comme Taxi 2 (2000) et À toute épreuve (2014), ou encore à la télévision comme dans la version française de l'épisode 11 de la saison 2 de la série américaine NCIS : Enquêtes spéciales (elle est prononcée par Tony DiNozzo)[16]. Par ailleurs, dans le 33e album d'Astérix Le ciel lui tombe sur la tête, lorsque le vaisseau des Tadsylwiniens ordonne au Nagma de partir après avoir cassé son vaisseau : le chef Nagma dit « Oui, mais elle va moins bien marcher maintenant ! ». Une petite case dans le coin précise aux lecteurs la référence hommage au film.
En , une société de production française annonce la conversion en 3D du film et de La Grande Vadrouille, dans la foulée du succès d'Avatar[17],[18].
Analyse
Louis de Funès rend hommage à Charlie Chaplin, qu'il admirait, dans la scène où il « emprunte » en pleine nuit l'atelier d'un garagiste (Jean-Marie Bon) pour réparer la Cadillac (à la 54e minute du film) sous les yeux médusés de celui-ci et de son fils. Il s'agit d'un clin d'œil évident aux Temps modernes et plus encore au Dictateur :
- La musique est très proche de celle d'une scène du film de Chaplin : la pause déjeuner (1 h 1 min). Il s'agit ici d'une version instrumentale de La danza, une tarentelle extraite de La Boutique fantasque de Gioachino Rossini (arrangée par Ottorino Respighi).
- De Funès est toujours en mouvement dans la scène, son bras ne peut s'empêcher de faire des gestes circulaires, ce qui parodie bien sûr le travail à la chaîne critiqué dans le film de Chaplin.
- On peut remarquer à la fin de la scène (lorsque de Funès est debout sur la voiture) des rouages sur le côté : le plan est très proche de l'affiche des Temps modernes.
Cette scène du garage est encore plus proche de celle de la séance de rasage dans Le Dictateur où Chaplin rase un client au son de la cinquième des Danses hongroises de l'Allemand Brahms. Les deux « chorégraphies » sont très similaires par la coordination des gestes et de la musique.
Notons que par une étrange coïncidence, Louis de Funès tenait un rôle dans un film (Taxi, roulotte et corrida, 1958) où il était déjà question de faire passer une frontière avec un gros diamant caché notamment dans la poche de veste d’un corniaud (joué justement ici par... Louis de Funès !) à l’initiative de la complice d’une bande de voleurs de bijoux, complice qui elle aussi (comme Bourvil) se déplaçait dans une grosse voiture américaine. Des ingrédients que l’on retrouve, quoiqu’assemblés différemment, dans Le Corniaud.
Autour du film
Adaptations avortées américaine et française
Lors du festival de Cannes 1965, Gérard Oury et son producteur Robert Dorfmann se voient proposer par des producteurs américains de réaliser et produire un remake avec Dean Martin et Jack Lemmon[19]. Malgré une offre importante (un budget important, les salaires versés dans des comptes en Suisse et la promesse de produire deux autres films dans les cinq ans[20]), les deux Français ne donnent pas suite. Ces Américains n'avaient d'ailleurs pas vu le film au moment où ils proposaient d'en faire un remake.
Lors du festival de Cannes 2005 court une rumeur sur un nouveau projet de remake du film : Benoît Poelvoorde et Jamel Debbouze auraient donné leur accord pour tourner dans le film et reprendre respectivement les rôles de Bourvil et de Louis de Funès[19]. Produit par La Petite Reine[N 2] et StudioCanal, le film aurait été écrit par Franck Magnier et Alexandre Charlot et devait s'intituler On a encore volé le Youcouncoun[21]. Mais Gérard Oury annonce qu'il n'a jamais donné son accord à un tel projet et que celui-ci n'était « en aucun cas à l'ordre du jour »[22]. De plus, Jamel Debbouze dément en 2015 avoir été contacté pour un tel projet, dont il ne sait rien[23].
Suite de la collaboration Oury / Bourvil / de Funès
Lors du tournage à Carcassonne, Gérard Oury raconte aux deux acteurs une idée de film qu'il avait vendue au producteur Henry Deutschmeister quelques années auparavant : l'histoire de deux jumelles qui sauvent des aviateurs anglais pendant la Seconde Guerre mondiale et les conduisent en zone libre[4].
Des mois plus tard, Le Corniaud triomphant au box-office, le producteur Robert Dorfmann presse Gérard Oury de vite réfléchir à un prochain film - si possible un nouveau road movie comique - pour Bourvil et Louis de Funès. Oury écarte tout d'abord l'idée de donner une suite au film ; il ne veut pas « remettre les pieds dans les mêmes chaussures, si vernies soient-elles » (il ne réalisera d'ailleurs aucune suite de toute sa carrière)[24]. Il repense ensuite à l'idée des deux jumelles, qu'il propose à Dorfmann. Le producteur accepte le projet et récupère alors, moyennant finances, les droits du scénario auprès d'Henry Deutschmeister. Les personnages des deux jumelles sont transformés en hommes et Gérard Oury annonce son futur projet à Bourvil et Louis de Funès le . Le projet de La Grande Vadrouille est lancé. Gérard Oury écrit le scénario à nouveau avec Marcel Jullian mais également avec sa fille, Danièle Thompson. D'importants moyens sont mis en place pour La Grande Vadrouille, grâce à un gros budget ; pour l'amortir, le producteur vend le film aux gérants de salles avant même qu'il soit tourné. Le tournage se déroule beaucoup mieux que celui du Corniaud, même s'il est très long : il commence le et s'achève à la mi-octobre.
La Grande Vadrouille sort le et, à la stupeur de tous, attire près 17 267 607 spectateurs au bout de sa première exploitation, battant non seulement le record au box-office du Corniaud mais aussi tous les autres films sortis en France avant lui. Il devient alors le plus grand succès cinématographique sur le territoire français, toutes nationalités confondues, et le reste pendant plus de trente ans jusqu'à être dépassé par le blockbuster américain Titanic en 1998 au cinéma. Il demeure quand même le film français au plus grand nombre d'entrées jusqu'à être également dépassé par la comédie française Bienvenue chez les Ch'tis en 2008.
Après ce deuxième succès pour son duo d'acteurs, Gérard Oury prévoit ses prochains films pour les quatre années à venir[25]. Il projette d'abord un film avec Bourvil et Jean-Paul Belmondo, Le Cerveau, une comédie inspirée de l'attaque du train postal Glasgow-Londres : le film sort en et réunit cinq millions de spectateurs. Puis vient une adaptation parodique de la pièce de théâtre Ruy Blas de Victor Hugo, qu'Oury avait jouée à la Comédie Française en 1960 : le film, alors intitulé Les Sombres Héros, est destiné à devenir le troisième film du duo Bourvil / de Funès, mais Bourvil meurt des suites d'une longue maladie le . C'est finalement l'acteur Yves Montand qui remplace Bourvil dans le rôle qui lui était prévu. La Folie des grandeurs sort en décembre 1971 et est, malgré l'absence de Bourvil, une réussite.
Gérard Oury décide ensuite de tourner un film avec Louis de Funès comme seule tête d'affiche, Les Aventures de Rabbi Jacob, qui sort en 1973 et est à son tour un succès. Il envisage ensuite Le Crocodile, un cinquième film avec Louis de Funès dans lequel celui-ci jouerait un dictateur, mais le projet ne se concrétise jamais car l'acteur subit deux infarctus successifs en .
Divers
- Dans sa chambre d'hôtel, Bourvil tient à la main un livre de science-fiction, il s'agit de Une Mouche nommée Drésa, de B.R. Bruss, Fleuve noir, coll. « Anticipation » no 239, 1964
- Le rôle du garagiste Tagliella est souvent attribué à Saro Urzì alors qu'il est joué par l'acteur napolitain Nino Vingelli.
- Durant la scène à la douane de Menton, on peut apercevoir Guy Grosso et Michel Modo en douaniers, un certain clin d'oeil à la suite de leur collaboration durant le premier volet de la série des Gendarmes un an auparavant.
Récompenses
- Prix du meilleur scénario du Festival international du film de Moscou 1965[b 5].
- Prix du film étranger ayant le mieux servi la beauté de l'Italie, décerné par l'Agence nationale italienne du tourisme (en)[b 6]. Ce prix décerné annuellement est remis à Gérard Oury à Venise, sous la forme d'un chèque de 5 millions de lires et d'une plaque en or.
Notes et références
Notes :
- Le nom est celui d'une localité guinéenne, Youkounkoun : voir Sophie Dulucq, « Vrai diamant… », sur Anthropophagie et Histoire, .
- Il fut aussi annoncé dans les années 2000 que La Petite Reine allait produire un remake du film Fantômas d'André Hunebelle. Il devait être réalisé par Christophe Gans avec Jean Reno et José Garcia dans les rôles principaux mais le film ne vit jamais le jour.
Références bibliographiques :
- Mémoires d'éléphant de Gérard Oury (1988), livre autobiographique
- p. 221 :
« Influencé par l'affaire Angelvin, j'en ai rêvé de cette histoire. Ce présentateur croupit en prison à New York pour avoir emmené par bateau sa voiture américaine en Amérique. Cela a paru louche [...] Ou alors le type ne savait rien. C'est ce qu'il prétend, ce corniaud ! »
. - p. 230.
- Oury 1988, p. 223.
- Oury 1988, p. 225.
- Mémoires d'éléphant, p. 225.
- Oury 2001, p. 202–203.
- Louis de Funès : Ne parlez pas trop de moi, les enfants ! d'Olivier et Patrick de Funès (2005), livre sur Louis de Funès écrit par ses fils
- de Funès et de Funès 2005, p. 144 :
« J'ai lu plus tard que mon père, un temps, se serait livré à une sorte de grève sur le tournage [...]. C'est inexact : il avait bien trop de conscience professionnelle pour cela. [...] En réalité, durant cette très courte période de froid, il ne joua plus que ce qui était écrit [...] sans plus chercher à inventer ni improviser »
.
Références issues du site Autour de Louis de Funès.fr :
- « Rome (Italie), lieu de tournage de Le Corniaud (1964), Fantomas se déchaîne (1965) et L'Homme-Orchestre (1970). », (consulté le ).
- « Carcassonne, lieu de tournage du Corniaud », (consulté le ).
- « Restaurant Drouant (Paris, 2ème), lieu de tournage du Corniaud », (consulté le ).
- « Le Passage à niveau de la Motte Sainte-Roseline », (consulté le ).
- « Cap Dramont, lieu de tournage du Corniaud (novembre 1964) », (consulté le ).
Autres :
- http://www.boxofficestory.com/box-office-bourvil-c22694837/38.
- Chiffres de l'inflation en France d'après l'INSEE. Coefficient de transformation de l'euro ou du franc d'une année, en euro ou en franc d'une autre année – Base 1998 et Base 2015. Dernière mise à jour à l'indice de 2020.
- Jacques Angelvin raconte son histoire dans son livre Mes prisons américaines (Plon, 1968).
- Loubier 2014.
- Martial Andrieu, « Novembre 1964, on tourne Le Corniaud dans la Cité », sur Blog Musique & Patrimoine, L'Indépendant, (consulté le ).
- [vidéo] Bourvil, Louis de Funès et Gérard Oury à propos du film Le Corniaud sur YouTube.
- Anne Audigier, « Quand Louis de Funès fait une crise de jalousie à Gérard Oury à propos de Bourvil », sur franceinter.fr, (consulté le ).
- www.telestar.fr François Coulaud, Le corniaud les secrets de la scène culte, 19 décembre 2016 (consulté le 3 janvier 2017).
- Nathalie Chuc, L'histoire vraie du Corniaud 28 décembre 2012 sur Le Figaro.
- Le Corniaud - Tournage de la scène de l'accident (1964).
- Le Corniaud sur L2TC.com.
- « The Sucker (1965) - IMDb » [vidéo], sur IMDb (consulté le ).
- http://www.kinopoisk.ru/film/80775/
- Pierre Billard, « La bataille du rire », L'Express, no 809, 19-25 décembre 1966, p. 72-76 (ISSN 0014-5270).
- « Le corniaud : quelle audience pour Louis de Funès et Bourvil sur France 2 ? », sur Toutelatele (consulté le )
- Les références ciné de Tony sur www.ncis.hypnoweb.net.
- Damien Tastevin, « Le Corniaud et le porno en 3D », sur Écran Large, (consulté le ).
- Yannick Vely, « Le Corniaud et La Grande Vadrouille bientôt en 3D ? », sur www.parismatch.com, Paris Match, (consulté le ).
- Guezennec et Gargouil 2013, p. 71.
- Sur la route de la grande vadrouille : les coulisses du tournage, p. 9 : « Budget doublé, salaires versés en Suisse, promesses de deux autres films dans les cinq ans. Énorme ».
- Fiche de On a encore volé le Youcouncoun, sur www.cinenews.be.
- « Pas de remake pour "Le Corniaud" ! », sur Allociné, (consulté le ) :
« Monsieur Gérard Oury tient à faire savoir qu'il n'a jamais donné son accord sur le projet de remake du Corniaud et que celui-ci n'est en aucun cas à l'ordre du jour. »
. - « 50 ans du Corniaud : l'hommage de Jamel Debbouze », sur Allociné, (consulté le ).
- Oury 1988, p. 228.
- Oury 1988, p. 236.
Voir aussi
Articles connexes
- Duo comique
- Plaisir d'amour
- Youkounkoun, localité guinéenne dont le nom désigne dans le film « le plus gros diamant du monde »
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Sur Le Corniaud :
- Georges Tabet et André Tabet, Le Corniaud, d'après le film de Gérard Oury, Fleuve noir, , 348 p. (novélisation)
- Gilles Gressard, Le Corniaud, Dark Star / Studiocanal, , 75 p. (ASIN B003WTWM9S) (livret accompagnant le DVD du film)
- Le Corniaud : sélection d'articles de presse assemblés par la mère de Gérard Oury, Studiocanal, (supplément du coffret vidéo du 50e anniversaire du film)
Ouvrages de membres de l'équipe :
- Gérard Oury, Mémoires d'éléphant, Paris, Orban, (réimpr. Presses Pocket, 1989 (ISBN 2266030639) et Plon, 1999 (ISBN 2259191835)), 330 p. (ISBN 2-85565-435-1).
- Jean Pieuchot (préf. Gérard Oury), Régisseur de cinéma, Paris, Dualpha editions, coll. « Patrimoine du spectacle », , 438 p. (ISBN 2-912476-76-3)
- Gérard Oury, Ma grande vadrouille, Paris, Plon, , 250 p. (ISBN 2-259-19352-8).
Sur Louis de Funès et Bourvil :
- Olivier de Funès et Patrick de Funès, Louis de Funès : Ne parlez pas trop de moi, les enfants !, Paris, Le Cherche midi, coll. « Documents », , 304 p. (ISBN 2-7491-0372-X).
- Jean-Jacques Jelot-Blanc, Bourvil, De Funès : leur grande vadrouille, éditions Alphée, coll. « Couples mythiques », , 333 p. (ISBN 978-2-7538-0322-0 et 2-7538-0322-6)
- Bertrand Dicale, Louis de Funès, grimace et gloire, Paris, Grasset & Fasquelle, , 528 p. (ISBN 978-2-246-63661-8 et 2-246-63661-2, présentation en ligne, lire en ligne).
- Bertrand Dicale, Louis de Funès, de A à Z, Paris, Tana (Editis), , 456 p. (ISBN 978-2-84567-785-2 et 2-84567-785-5).
- Stéphane Guezennec et Gérard Gargouil, Le dico fou de Louis de Funès, Paris, Hugo BD, , 96 p. (ISBN 978-2-7556-1121-2 et 2-7556-1121-9).
- Jean-Marc Loubier, Louis de Funès. Petites et grandes vadrouilles, Paris, Robert Laffont, , 564 p. (ISBN 978-2-221-11576-3 et 2-221-11576-7, lire en ligne)
- Philippe Chanoinat et Charles Da Costa, De Funès et Bourvil : Deux corniauds en vadrouille, Éditions Jungle, , 48 p. (ISBN 978-2-8222-0757-7 et 2-8222-0757-7, lire en ligne)
Documentaires
- 2007 : Louis de Funès intime, film documentaire réalisé par Serge Korber, diffusé sur M6, 105 minutes
- 2013 : Louis de Funès, l'Irrésistible, film documentaire réalisé par Stéphane Bonnotte, diffusé sur le bouquet de chaînes cinéma Ciné+.
- 2014 : De Funès : 100 ans de rire, film documentaire réalisé par Matthieu Allard, diffusé sur D8
Liens externes
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