Comédie-Française

La Comédie-Française ou Théâtre-Français (surnommé « le Français ») est une institution culturelle française fondée en et résidant depuis salle Richelieu au cœur du Palais-Royal dans le 1er arrondissement de Paris.

Ne doit pas être confondu avec Cinéma comique français.

Pour les articles homonymes, voir Théâtre-Français (homonymie).

Comédie-Française
La Comédie-Française vue de l'avenue de l'Opéra en 2010.
Surnom le Français
la Maison de Molière
Type Théâtre à l'italienne
Lieu Paris, France
Coordonnées 48° 51′ 49″ nord, 2° 20′ 10″ est
Architecte Victor Louis
Inauguration
Nb. de salles 3 :
Salle Richelieu
Théâtre du Vieux-Colombier
Studio-Théâtre
Capacité 862 (salle Richelieu)
300 (Vieux-Colombier)
136 (Studio-Théâtre)
Statut juridique EPIC
Théâtre national
Tutelle Ministère de la Culture
Direction Éric Ruf
Site web comedie-francaise.fr
Logo de Comédie-Française.
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : 1er arrondissement de Paris

Résidence

troupe des Comédiens français

Établissement public à caractère industriel et commercial depuis 1995, c'est le seul théâtre national en France disposant d'une troupe permanente de comédiens, la Troupe des Comédiens-Français. Bien que mort depuis sept ans quand la troupe a été créée, Molière est considéré comme le « patron » de l'institution, surnommée la « Maison de Molière ». Le fauteuil dans lequel il entra en agonie lors d'une représentation du Malade imaginaire est toujours exposé au fond de la galerie des bustes, après le Foyer Public[1].

La devise de la Comédie-Française est, en latin, « Simul et singulis » (qui peut être traduite par « être ensemble et rester soi-même »). Son emblème est une ruche avec des abeilles, à l'image d'une institution foisonnante[2].

Historique de la Comédie-Française

La Comédie-Française est fondée par ordonnance royale de Louis XIV le pour fusionner les deux seules troupes parisiennes de l'époque, la troupe de l'hôtel Guénégaud (troupe de Molière) et celle de l'hôtel de Bourgogne. Le 25 août, les comédiens s'étaient déjà réunis pour donner leur première représentation commune, composée de Phèdre (Racine) et des Carrosses d'Orléans (La Chapelle). L'acte royal leur accorde le monopole de jouer à Paris, que les Comédiens-Français défendront jalousement au cours du XVIIIe siècle, notamment contre les Comédiens-Italiens.

Le , les Comédiens-Français se lient entre eux par un acte d'association qui règle notamment le régime des pensions des comédiens retraités. Le répertoire se compose alors de l'ensemble des pièces de théâtre de Molière et de Jean Racine, ainsi que de quelques pièces de Pierre Corneille, Paul Scarron et Jean Rotrou. Les distributions sont arrêtées par l'auteur, s'il est vivant, sinon par les premiers gentilshommes de la Chambre du roi.

Le , pendant la Révolution, la Comédie-Française est fermée par ordre du Comité de salut public, et les comédiens sont emprisonnés. Une commission militaire y siège pour condamner une insurrection royaliste en 1795.

Le , le nouveau gouvernement met à disposition la salle du théâtre de la République (salle Richelieu) où jouait Talma, pour permettre aux comédiens de reconstituer la troupe qui n'en bougera désormais plus (sauf durant les périodes de restauration de la salle).

La nouvelle installation est dotée d'un café-caveau dont les salles souterraines s'étendent sous toute la longueur de la galerie vitrée jusqu’à la maison Chevet. Et qui connaîtra une grande vogue durant le Premier Empire et les premières années de la Restauration[3].

En 1812, l'empereur Napoléon Ier, en pleine campagne de Russie, décide de réorganiser la Comédie-Française en signant le 15 octobre, le décret dit « de Moscou » qui comporte 87 articles, et qui reste, à peu de chose près, le statut encore en vigueur aujourd'hui[4].

Différentes salles

La troupe de la Comédie-Française a occupé plusieurs salles depuis sa création :

  • le théâtre de Guénégaud (-), où la troupe a vu le jour en 1685 ;
  • la salle des Fossés-Saint-Germain (-). En juin 1687, les Comédiens-Français sont expulsés de l'hôtel de Guénégaud par ordre du Roi, au motif qu'ils risquaient de troubler le collège des Quatre-Nations qui allait ouvrir ses portes. Après quelques errances, ils s'installent en 1689 au jeu de paume de l'Étoile, sis rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés (actuel no 14 de la rue de l'Ancienne-Comédie) ;
  • la salle des Machines du palais des Tuileries (-) ;
  • le théâtre de l'Odéon (-). En 1782, les Comédiens-Français sont accueillis provisoirement au théâtre de l'Odéon (salle Luxembourg). La troupe s'étant dispersée lors de la Révolution, le théâtre devient propriété privée sous le nom de théâtre de la République. Ce précédent fera date puisque l'Odéon devient la seconde salle du « Français » tout au long du XXe siècle, durant des périodes plus ou moins importantes.
Théâtre français
Honoré Daumier, vers 1856
National Gallery, Londres

Conséquences de l'épidémie de COVID-19

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, la Comédie-Française a dû fermer durant les trois périodes de confinement en 2020 et 2021 comme tous les autres théâtres en France[8]. L'institution bénéficiant d'une troupe permanente, il a été décidé de lancer un programme de représentations en ligne, incluant la lecture intégrale de À la recherche du temps perdu, et un programme de représentations sur YouTube nommé Théâtre à la table pour lequel les acteurs jouent une pièce du répertoire après avoir répété pendant une semaine[9].

Fonctionnement

L'ancien et le nouveau logo de la Comédie-Française depuis 2015.

Troupe du Français

En 2013, la troupe était composée de 60 comédiens, dont 37 sociétaires et 23 pensionnaires. Elle compte aussi 21 sociétaires honoraires[10].

Équipes techniques

Une équipe de vingt personnes assure la réalisation des décors, conçus au fil du temps par des artistes renommés comme Marie Laurencin, Valentine Hugo, Christian Bérard, Jean Carzou, Cassandre, Raoul Dufy, Pierre Clayette, Richard Peduzzi ou le metteur en scène et plasticien Bob Wilson.

Bibliothèque-musée

La Comédie-Française dispose d'un fonds de livres, documents, manuscrits, tableaux, sculptures, dessins et objets d'art. Cet ensemble, fort important, (dont 360 tableaux et 270 sculptures) est conservé par la bibliothèque-musée de la Comédie-Française, dont les bureaux sont situés dans l'enceinte du Palais-Royal, galerie du Beaujolais. Cet établissement, ouvert aux chercheurs, ne se visite pas (le terme musée est inadéquat), des œuvres sont, le cas échéant, prêtées lors d'expositions.

Si beaucoup de ces œuvres sont des œuvres de commandes créées spécialement pour jouer les spectacles ou pour orner les salles de théâtre, la Comédie possède aussi de nombreuses peintures ou sculptures qui ont été données à la troupe par des admirateurs. L’ensemble de ces pièces permet de retracer l’histoire de cette institution et de suivre l’évolution du statut du comédien depuis le XVIIe siècle. À l'occasion du tricentenaire de la compagnie, une grande rétrospective fut organisée au Centre Georges-Pompidou en 1980 ; une partie des œuvres furent à nouveau exposées au Petit Palais de Paris en 2011-2012.

Répertoire

La Comédie-Française dispose en 2020 d'un répertoire de près de 3 500 pièces[11].

En juillet 2015, le nouvel administrateur, Éric Ruf, annonce le retour des Comédiens-Français au Festival d'Avignon pour son 70e anniversaire en 2016, avec la création d'une adaptation scénique des Damnés de Luchino Visconti, mise en scène par Ivo van Hove[12].

Notes et références

  1. Sylvie Chevalley, « Le fauteuil de Molière », Revue de la Comédie-Française no 1, septembre 1971, pp. 25-26.
  2. Emblème figurant à la salle Richelieu.
  3. Début de l'article de Jules Lovy Les cafés de Paris, Le Tintamarre, 18 avril 1858, p. 5, 2e colonne. Voir l'original de ce début d'article reproduit sur la base Commons. Lovy utilisant le nom ancien du lieu l'appelle ici « les Variétés Amusantes ».
  4. Texte du décret de Moscou [PDF] sur le site de la Comédie-Française.
  5. Élisabeth Hauser, Paris au jour le jour, Éditions de Minuit, p. 497.
  6. « Structure bois pour le théâtre éphémère de la Comédie-Française », Le Moniteur, 10 janvier 2012.
  7. Marie-Pierre Ferey, « Comédie-Française : fin des travaux de rénovation de la salle Richelieu », AFP,
  8. Mathilde Cousin, « Coronavirus : Les lieux culturels sont-ils majoritairement fermés en Europe, comme l’affirme Bachelot ? », 20 minutes, 16 janvier 2021.
  9. Benoît Grossin, « Confinement : la Comédie-Française "n’a jamais été aussi proche du public" qu'en ligne », France Culture, 23 décembre 2020.
  10. Distinction accordée à certains comédiens après vingt ans d'ancienneté à la Comédie-Française leur permettant de jouer occasionnellement dans la troupe.
  11. Hands Agency, « Les piliers », sur Les piliers (consulté le ).
  12. Vincent Pontet, « Les Damnés » [lire en ligne], sur comedie-francaise.fr (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • André Blanc, Histoire de la Comédie-Française : de Molière à Talma, Paris, Perrin, (lire en ligne).
  • Sabine Chaouche, La Mise en scène du répertoire à la Comédie-Française, 1680-1815, Paris, Honoré Champion, 2 vol., 2013.
  • Marie-Agnès Joubert, La Comédie-Française sous l'Occupation, Paris, Tallandier, coll. « Documents d'histoire », (lire en ligne).
  • Martial Poirson et Agathe Sanjuan, Comédie-Française : une histoire du théâtre, Paris, Seuil, coll. « Beaux livres », 2018, 304 p.
  • Agathe Sanjuan, L'Art du costume à la Comédie-Française, Paris, Bleu autour, 2011.
  • Catherine Steinegger (préf. Marcel Bozonnet), La Musique à la Comédie-Française de 1921 à 1964 : Aspects de l'évolution d'un genre, Liège, Mardaga, 2005.
  • Anne Surgers, La Comédie-Française : un théâtre au-dessus de tout soupçon, Paris, Hachette, 1982.
  • Hélène Tierchant et Gérard Watelet, La Grande Histoire de la Comédie-Française, Paris, Télémaque, 2011.
  • Simon Trowbridge, The Comédie-Française from Molière to Éric Ruf, Oxford, Englance Press, 2020.
  • Jean Valmy-Baysse, Naissance et vie de la Comédie-Française : histoire anecdotique et critique du théâtre français, 1402-1945, Paris, Floury, 1945.
  • Catherine Cessac, Marc-Antoine Charpentier, Fayard 2004, La Comédie Française, chap III p. 61-115
  • Marc-Antoine Charpentier, Musiques pour les comédies de Molière, coll. « Monumentale », dir. Catherine Cessac, édition scientifique du CMBV Modèle:Ismn, 2019

Liens externes

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