Hôtel de Guénégaud

L’hôtel de Guénégaud (60, rue des Archives - 75003 Paris) est un hôtel particulier du Marais, élevé en 1652 et 1653 par François Mansart, le seul construit par ce célèbre architecte à subsister aujourd'hui dans son intégrité.

Pour les articles homonymes, voir Guénégaud.

Ne doit pas être confondu avec l'hôtel de Guénégaud ou théâtre de Guénégaud du 6e arrondissement, autres noms de la salle du Jeu de paume de la Bouteille

Description

Parfait exemple de l'hôtel parisien du milieu du XVIIe siècle, il se compose d'un corps principal, entre cour et jardin, de deux ailes en retour et d'un bâtiment donnant sur la rue [1]. L'ensemble est empreint d'une grande sobriété. L'hôtel a conservé, dans son aile sud, son admirable escalier d'honneur en pierre, formé d'une double volée droite, poursuivie jusqu'au sol par des marches courbes disposées en arc de cercle.

L'hôtel fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [2].

Histoire

Côté jardin.

L'hôtel s'élève sur un terrain qui fut, aux XVIe et début du XVIIe siècles, la propriété des familles Gentien, puis Le Beauclerc. Une maison s'y élève alors. En 1644, cette maison est achetée par Charles Coiffier, baron d'Orvilliers, surintendant des Mines de France [3], et son épouse, qui la revendent en 1647 à Jean-François de Guénégaud, seigneur des Brosses, maître des comptes, et sa seconde épouse, Marie Gargan [4]. En 1652 et 1653, ces derniers font construire sur son emplacement, par l'architecte François Mansart, l'hôtel que nous connaissons aujourd'hui [5].

En 1667, Jean-François de Guénégaud meurt dans son hôtel [6], dont hérite son fils, Claude de Guénégaud.

Commissaire du Roi aux États de Languedoc en 1672, puis ambassadeur extraordinaire au Portugal, de 1673 à 1681, ce dernier est éloigné de Paris par ses fonctions et loue l'hôtel à Pierre Louis Reich de Penautier, receveur général du Clergé de France.

L'hôtel est à nouveau occupé par Claude de Guénégaud avant d'être vendu en 1703 à Jean Romanet, receveur général des Finances en Auvergne, puis Fermier général. Celui-ci fait redécorer au goût du jour une grande partie des espaces intérieurs de l'hôtel, avec la pose de lambris, trumeaux, cheminées.

À la mort de Jean Romanet, en 1719, l'hôtel passe à sa petite-fille, Chartlotte Rosalie de Romanet, mariée en 1751 avec François Martial de Choiseul Beaupré, Menin du Dauphin, et décédée en 1753 [7]. Son époux habite l'hôtel jusqu'en 1766, date à laquelle il le vend à François Thiroux d'Epersenne.

Collectionneur d'Art, celui-ci s'installe dans l'hôtel, où il commence des travaux, interrompus par son décès, en 1767. Pendant plus d'un siècle, l'hôtel reste dans sa famille, qui l'occupe jusqu'en 1842 [8].

À partir du milieu du XIXe, l'hôtel est loué à différents occupants, institution d'éducation, atelier de bronzes, puis d'orfèvrerie. Son jardin et un côté de sa cour sont couverts d'ateliers. Il est vendu en 1895 par la famille Thiroux et ne reçoit plus qu'un entretien sommaire [9].

Inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1929 il en est rayé quatre ans plus tard, puis y est remis en 1945.

Peu entretenu, il se dégrade et, devant le coût d'une remise en état approfondie, son propriétaire, à la fin des années 1950, envisage sa démolition pure et simple [10].

Grâce à André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, l'hôtel est classé Monument historique en 1962 et acheté par la ville de Paris. C'est l'un des tout premiers hôtels à être restauré dans le cadre des plans de sauvegarde du Marais décidés par André Malraux[9].

En 1964, la ville de Paris le loue, par bail emphytéotique de 99 ans, à la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature [9], à charge pour elle d'y effectuer les travaux de restauration. Le sauvetage et la mise en valeur de l'hôtel de Guénégaud seront donc opérés grâce au mécénat de François et Jacqueline Sommer. En février 1967, le musée est inauguré par André Malraux.

Depuis cette époque, l'hôtel abrite le siège de la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature, voulue par François et Jacqueline Sommer, et un club privé, le Club de la Chasse et de la Nature [11].

Le Musée de la Chasse et de la Nature, aussi installé dans l'hôtel après sa restauration, est étendu depuis 2007 dans l'hôtel de Mongelas, mitoyen, acheté à cette fin en 2002 par la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature. Depuis cette opération, les deux hôtels sont donc communicants.

Evocation littéraire de l'hôtel de Guénégaud

L'hôtel de Guénégaud est probablement l'hôtel de Niorres où Ernest Capendu situe l'action de son roman éponyme: "En 1775, en face de ce magnifique hôtel de Soubise, devenu depuis l'hôtel des Archives, et occupant le centre du côté droit de la rue du Chaume, se dressait une demeure somptueuse, mais dont l'aspect général offrait à l’œil quelque chose de sévère et de triste. Deux pavillons, deux ailes donnant sur la rue, de chaque côté de la massive porte d'entrée, se reliaient, à l'extrémité d'une vaste cour, au corps, de logis principal, fort beau bâtiment construit en pierres et en briques, dans" le style des édifices' entourant la place Royale et rappelant le règne de Louis XIII. Le temps avait rendu brunes les briques et noires les pierres. Deux étages de fenêtres énormes et décelant la hauteur majestueuse des pièces intérieures, couraient autour de ces deux ailes et de ce grand bâtiment. Un toit aigu, en ardoises, recouvrait le tout et ne contribuait pas peu à donner une apparence lugubre à cette habitation évidemment seigneuriale." Ernest Capendu "L'hôtel de Niorres T1" 1861

Accès

L'entrée est réservée aux membres du club.

Ce site est desservi par les stations de métro Arts et Métiers et Filles du Calvaire.

Pour approfondir

Bibliographie

  • Sous la direction d'Alexandre Gady & Jean-Pierre Jouve, Les hôtels de Guénégaud et de Mongelas, Rendez-vous de chasse des Sommer au Marais, 2006, Paris, Citadelles & Mazenod, un vol. in 4°, 335 p. (ISBN 2 85088 218 6)

Notes et références

  1. « Hotel de Guenegaud », sur fracademic..com (consulté le )
  2. Notice no PA00086135, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. « Charles Coiffier, baron d'Orvilliers », sur Réunion des Musées nationaux (consulté le )
  4. « Le château des Hauldres à Etiolles (Essonne), une œuvre de François Mansart ? », sur Philippe Cachau - Histoire des Arts - Etudes Mansart (consulté le )
  5. Jean-Pierre Babelon et Isabelle Dérens, Histoire d'une demeure in Les Hôtels de Guénégaud et de Mongelas, rendez-vous de chasse des Sommer au Marais, Paris, Citadelles & Mazenod, , 335 p. (ISBN 2-85088-218-6), p. 41-50
  6. « Transcription des prisées du mobilier de l'inventaire dressé après le décès de Mre Jean-François de Guénégaud, seigneur des Brosses... », sur Centre Chastel Paris-Sorbonne, Inventaires après décès des hôtels parisiens du XVIIe siècle (consulté le )
  7. « Charlotte Rosalie de Choiseul Beaupré », sur Jardin Secret, (consulté le )
  8. Jean-Pierre Babelon et Isabelle Dérens, Histoire d'une demeure in Les Hôtels de Guénégaud et de Mongelas, rendez-vous de chasse des Sommer au Marais, Paris, Citadelles & Mazenod, , 335 p. (ISBN 2-85088-218-6), p. 50-62
  9. Camille Lestienne , « Le Marais : un quartier insalubre sauvé par André Malraux en 1962 », lefigaro.fr, 18 novembre 2016.
  10. Jean-Pierre Babelon et Isabelle Dérens, Histoire d'une demeure in Les Hôtels de Guénégaud et de Mongelas, Rendez-vous de chasse des Sommer au Marais, Paris, Citadelles & Mazenod, , 335 p. (ISBN 2-85088-218-6), p. 62-87
  11. « Le club de la chasse et de la nature à l'hôtel Guénégaud »

Pages connexes

Lien externe

Corpus des hôtels parisiens du XVIIe siècle, inventaires après décès de 24 hôtels : hôtel de Guénégaud des Brosses

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