Le Malade imaginaire
Le Malade imaginaire, dernière œuvre dramatique écrite par Molière, est une comédie-ballet en trois actes et en prose, créée le par la Troupe du Roi sur la scène du Palais-Royal à Paris, avec une musique de scène composée par Marc-Antoine Charpentier et des ballets réglés par Pierre Beauchamp.
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Le Malade imaginaire | |
Le Malade imaginaire, vu par Honoré Daumier. | |
Auteur | Molière |
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Genre | Comédie |
Nb. d'actes | 3 |
Musique de scène | Marc-Antoine Charpentier |
Date de création en français | |
Lieu de création en français | Théâtre du Palais-Royal |
Personnages
- Argan, le malade imaginaire (hypocondriaque)
- Toinette, servante de Monsieur Argan
- Béline, seconde femme d'Argan
- Béralde, frère d'Argan
- Angélique, fille aînée d'Argan et amante de Cléante
- Louison, fille cadette d'Argan et sœur d'Angélique
- Cléante, amant d'Angélique
- Monsieur Purgon, médecin d'Argan
- Monsieur Diafoirus, médecin
- Thomas Diafoirus, fils de Monsieur Diafoirus et choisi par Argan pour se marier avec Angélique
- Monsieur Bonnefoy, notaire
- Monsieur Fleurant, apothicaire.
Résumé de la pièce
La pièce tourne autour d'Argan, le « malade imaginaire », éponyme. Il est veuf et a épousé en secondes noces Béline, qui simule des soins attentionnés, mais n'attend en réalité que la mort de son mari pour hériter. Il se fait faire des saignées et des purges et absorbe toutes sortes de remèdes, prescrits par des médecins pédants, plus soucieux de complaire à leur patient que de concourir à améliorer sa santé. Pour les berner, Toinette, sa servante, se déguise en médecin et lui dispense de nombreux conseils ironiques et moqueurs pour la profession.
Angélique, sa fille, aime Cléante, ce qui contrarie Argan, qui préférerait la voir épouser Thomas Diafoirus, lui-même médecin. Pour les tirer d'affaire, Toinette recommande à Argan de faire le mort. Sa femme, appelée par Toinette, manifeste, devant celui qu'elle croit trépassé, sa joie d'en être débarrassée. Angélique, appelée ensuite par Toinette, manifeste un chagrin sincère à la mort de son père, qui arrête aussitôt son jeu et accepte l'union avec Cléante, à la condition que celui-ci devienne médecin. Béralde, frère d'Argan, conseille à ce dernier de devenir médecin à son tour, menant à une fin burlesque de la pièce, à savoir la cérémonie bouffonne de l'intronisation du « malade imaginaire » comme médecin.
La dernière comédie de Molière
À la quatrième représentation, Molière qui joue le rôle d'Argan devient réellement malade, mais s'efforce de cacher sa douleur. Ses comédiens comprenant que leur chef est vraiment mal en point, ferment les rideaux, tandis que Molière s'évanouit. Les médecins l'emmènent chez lui et, pendant des heures, sa femme reste à son chevet jusqu'à ce qu'il décède ; elle « pleur[e] sa mort pendant des jours », ainsi que l'assure sa servante dans une lettre à sa mère.
Analyse de la pièce
Satire des médecins
La satire de notre peur de la mort apparaît dans la critique des médecins. Or la thématique des médecins est déjà présente dans le théâtre français du Moyen Âge et se retrouve tout aussi bien dans les pièces de la commedia dell'arte que dans le théâtre français du XVIIe siècle. Molière reprend ce thème pour la première fois dans Le Médecin volant, une de ses premières farces, peu connue. Dans Dom Juan ou le Festin de Pierre (1665) les thèmes de la maladie, des médecins et de la médecine resurgissent. Il suffit ici que Sganarelle (un domestique) s'habille en médecin pour passer pour un grand érudit et pour oser parler comme tel. Deux thématiques voient alors le jour : celle du jargon attribué aux médecins et celle du vêtement qui à lui seul suffit à transformer son porteur.
La critique de la médecine universelle est fréquente en Europe occidentale lors de la révolution scientifique des XVIe et XVIIIe siècles.
Rire de la mort
Une des thématiques importantes du Malade imaginaire est le rire sur la mort, qui est récurrente : Argan a peur de mourir, les amants Angélique et Cléante songent au suicide si jamais ils sont séparés, la plus jeune fille d'Argan fait semblant de mourir, pour échapper à la correction. Et, point d'orgue, Argan feint la mort afin de connaître les vrais sentiments de sa femme et de sa fille aînée.
La musique dans la pièce
La comédie de Molière était donnée initialement avec des intermèdes musicaux à la fin de chaque acte, y compris l'intronisation finale d'Argan à la médecine. Cléante et Angélique chantent une courte pièce au début du deuxième acte.
Marc-Antoine Charpentier a composé plus qu'une musique de scène, elle est référencée aujourd'hui, H.495, H.495 a et H.495 b dans le catalogue de ses œuvres. Le jeune compositeur avait succédé à Jean-Baptiste Lully brouillé avec Molière. Mais le surintendant de la musique prenant des mesures afin de limiter l'importance des effectifs dans une musique dont il ne serait pas l'auteur, Charpentier fut obligé de remanier deux fois sa partition, nous laissant ainsi trois versions. Par la suite certaines parties de la musique ont été dispersées et n'ont été retrouvées qu'en 1980 dans les archives de la Comédie-Française par le musicologue américain John S. Powel complétant l'édition de H. W. Hitchcock, musicologue spécialiste et auteur du catalogue raisonné des œuvres de Marc-Antoine Charpentier. Le , au Théâtre du Châtelet, la pièce est montée pour la première fois dans sa création d'origine, avec la musique de Charpentier (première version H.495, qui dure plus d'une heure) ; dans une mise en scène de Jean-Marie Villégier, une chorégraphie de Francine Lancelot, avec William Christie à la direction des Arts Florissants.
D'autres compositeurs s'essayèrent dans « l'illustration musicale » de la pièce. On peut citer l'Ouverture composée par Jacques Offenbach, alors directeur de la musique de La Comédie française en 1851, puis par Léon Roques en 1860 et Émile Magne en 1971. Le , la pièce est montée au théâtre Porel avec de nouveau la musique de Charpentier révisée par Camille Saint-Saëns. Au XXe siècle, d'autres compositeurs sont mis à contribution, André Jolivet (1944), Georges Auric (1958), Jean-Claude et Angélique Nachon (1991). L'édition scientifique du CMBV parue en 2019, Monumentale Charpentier, Musique pour les comédies de Molière, sous la direction de Catherine Cessac, devrait y mettre un terme.?
Voir aussi
Bibliographie
- Henri Bergson: Le rire. Essai sur la signification du comique. In : Œuvres. Paris 1963. p. 383–485.
- Patrick Dandrey, Le "cas" Argan : Molière et la maladie imaginaire, Klincksieck, , 448 p. (ISBN 2-252-03619-2)
- Irene Pihlström, Le Médecin et la médecine dans le théâtre comique français du XVIIe siècle, Uppsala, 1991.
- Molière, texte du Malade imaginaire (fr) / Malade Imaginaire (en)
- Catherine Cessac, Marc-Antoine Charpentier, Fayard 2004, Molière et la Comédie-Française, chap. III p. 61-115
- Catherine Cessac, Marc-Antoine Charpentier, Musiques pour les comédies de Molière, édition scientifique CMBV 2019
Article connexe
- Hypocondrie
- Guy de Chauliac (1298-1368)
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