Jef Friboulet

Jef Friboulet, né Émile Jean Jules Friboulet le à Fécamp et mort le à Fécamp, est un peintre, lithographe et sculpteur français.

Jef Friboulet est l’auteur notamment des tableaux la Japonaise (1974), la Langouste et sculpta, entre autres, le Violoncelliste.

Biographie

Émile Jean Friboulet naît le à Fécamp du mariage d’Albert Friboulet, pêcheur à Terre-Neuve, et d'Eugénie Monnier, factrice. Celle-ci est hospitalisée juste après sa naissance et, son père partant pour Terre-Neuve sur de longues périodes, il passe près de 3 ans à l’orphelinat des pêcheurs de Fécamp avec ses sœurs. Il développe une passion pour le dessin dès son plus jeune âge, obtient son certificat d'études le et entre aussitôt dans la vie active : il est successivement garçon d’épicerie, employé du port, commis à l’enregistrement, employé dans un garage et employé d’une entreprise de transport tout en continuant à s’exercer au dessin.

Il s’engage en 1939 dans l’armée de l'air. En 1940, il part en Afrique avec le groupe Bourgogne. Il a alors beaucoup de temps libre et il reprend le dessin et la peinture. Il reçoit le surnom de Jef par les forces américaines à cause des initiales EJF marquées sur ses bagages, que les Américains transforment en JEF. Il rencontre ensuite à Bamako Horcholl et Harris à Bamako, peintres officiels de l’armée. Ses supérieurs hiérarchiques, conscients à leur tour du talent de Jef Friboulet, le nomment photographe et peintre des armées. Il s’occupe alors de peindre des fresques dans les chambrées et le mess. Sa première exposition a lieu à Bamako en 1942. Son nouveau statut lui fait rencontrer Wurtemberg et le professeur Albert Schwarz de qui il tira beaucoup d’enseignement.

La guerre terminée, il revient à Fécamp où il exerce le métier d’enlumineur sur parchemin pour un couvent avant de devenir chauffeur d'autobus. De son mariage avec Renée Vaudin, le , naîtront quatre enfants : Christian, Régis, Patrice et Marie-Catherine.

Son métier de chauffeur lui laisse le loisir de sillonner à bicyclette et de peindre les paysages du Pays de Caux. En 1954, il est récompensé une première fois pour le Jardinier et il expose pour la première fois à Paris. Les propositions d’exposition et le soutien de la presse régionale puis nationale font qu’il quitte son travail de chauffeur pour se lancer dans la peinture en tant que professionnel. Il ouvre alors un grand atelier à Fécamp où il accueille de nombreux peintres amateurs et professionnels.

Son fils Régis meurt en 1964 et Jef Friboulet passe dans une nouvelle période de sa peinture est d'inspiration mystique et religieuse. Il commence à exposer beaucoup à l’étranger et parcourt Israël. Il peint aussi pour les églises de Fécamp et d’Yport et monte deux expositions sur la Bible. Il monte aussi une association dans son atelier pour former de jeunes peintres. Après avoir vécu toute sa vie à Fécamp, il part vivre à Yport, un village reculé et isolé où il trouve la tranquillité. Sa collection personnelle est constituée de peintures, aquarelles, dessins et lithographies signés notamment par Pierre Ambrogiani, Andrée Bordeaux-Le Pecq, Philippe Cara Costea, Jean Cluseau-Lanauve, Raymond Guerrier, Isis Kischka, René Margotton, Alain Mongrenier, Marcel Mouly ou Michel Rodde, souvent assortis d'une dédicace qui énonce une profonde amitié ou complicité[1]. Il peint jusqu’à la fin de sa vie, le .

Contributions bibliophiliques

  • Yves Lemoine, D'âge en âge jusqu'au retournement, livre-objet réalisé en aluminium par Régis Bocquel, sanguines de Jef Friboulet, Éditions Atelier des Grames, 1971.

Réception critique

Armand Lanoux de l’Académie Goncourt,  :

« Grasse, composée, carrée, avec des audaces paisibles, d’un dessin épais et fuyant toutes les coquetteries du trait, d’une couleur intensément nordique, à la fois éclatante et sourde, avec des verts de gazon lavé de pluie et des rouges pulmonaires de remorqueur ou de bœuf écartelé, la peinture de Friboulet ressemble bien à l’enfant du pêcheur de Fécamp, parce qu’il a compris que les gestes et les rythmes du travail peuvent être transposés par le peintre jusqu’aux franges de l’informel, sans être défigurés… Oui, le monde extérieur existe. Mais le peintre doit exprimer son être en le traduisant.

Il est émouvant de voir ainsi un artiste trouver, sans appel à l’idée et moins encore à la littérature, la solution au problème majeur du peintre.

Jef Friboulet crée son propre réalisme sans rivage.

Ne lui reprochez pas de ne pas peindre des barques. Il est la barque. »

Georges Braque, Galerie Charpentier, 1955 :

« Heureux de voir un Normand prendre la relève. »

Georges Rouault :

« J’ai été très sensible au côté humain et mystique de votre peinture. »

Maurice de Vlaminck :

« Vous êtes né peintre comme d’autres naissent paysan ou marin[2]. »

Michel Ciry,  :

« J'admire et affectionne cette force de la nature qu'est cet ex-chauffeur de cars devenu promptement peintre à part entière... Jef stylise, empâte, sabre, rudoie, tout cela dans l'unique but d'imposer sa vigoureuse vision des choses, du moins celles qui retiennent suffisamment son attention pour devenir éléments constitutifs de son très personnel univers... Abordant tous sujets, inanimés ou vivants, il brasse la création à coups de brosse d'une robustesse paysanne. Terrien, Jef l'est superbement, en seigneur, bien que de très modeste extraction... De peindre à la hussarde convient à ce très talentueux bagarreur qui, plastiquement, perdrait une bonne part de sa prenante originalité en renonçant à sa violence expressive[3]. »

Gérald Schurr :

« Une peinture agréable, décorative, sans arrière-pensée dans son expressionnisme virulent qui fait penser à la verve réaliste des Flamands ; des paysages bien charpentés, des natures mortes gourmandes hautes en pâte et en couleurs[4]. »

Prix et distinctions

  • Prix de Monaco, 1950.
  • Prix de la revue Le Peintre, 1954.
  • Prix Othon-Friesz, 1955.
  • Prix des peintres de la mer, 1956.
  • Prix d'Asnières, 1958.
  • Coupe Shell, 1956.
  • Grand Prix de treizième centenaire de l'Abbaye bénédictine de Fécamp, 1958.
  • Prix de la Biennale de Cherbourg, 1964.

Hommages

  • Une voie des communes du Havre et de Saint-Pierre-de-Varengeville, un espace recevant du public à Yport portent le nom de « Jef-Friboulet ».

Expositions

Expositions collectives

église Saint-Martin, Yport

Expositions personnelles

Collections publiques

  • Musée Michel-Piel, Cabourg.
  • Église Saint-Martin d'Yport, chemin de croix[10].
  • Musée centre des arts, Fécamp, Poissons, huile sur toile 46x55cm[6].
  • Musée des Pêcheries, Fécamp, :
    • La route, 1955, huile sur toile ;
    • La bataille d'Hastings, fresque 1.400cm, 1957.

Collections privées

Références

  1. Chalot et Associés, Fécamp, catalogue collection et succession Jef Friboulet, 3 juillet 2021.
  2. Site officiel de Jef Friboulet
  3. Michel Ciry, Brisons nos fers - Journal, 1987-1988, Buchet/Chastel, 1992, pages 180-181.
  4. Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture,, Les Éditions de l'amateur, 1996, page 330.
  5. Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'Automne de 1903 à nos jours Éditions Arts et Images du Monde, 1992, voir pages 260 et 261
  6. Éric Mercier, Années 50 - La Jeune Peinture, tome II, Panorama de la Jeune Peinture, ArtAcatos, 2010, « Jef Friboulet » pages 160-161.
  7. Le jardin des sculptures - château de Bois-Guilbert, Les petits maîtres et la Seine-Maritime (1850-1980), dossier de presse, 2020
  8. « Hommage à Jef Friboulet, dix ans après sa mort », Paris-Normandie, 18 septembre 2013
  9. FR3 Normandie, Vente de l'atelier Jef Friboulet, Le Havre, décembre 2014, reportage (durée :2'13")
  10. Petit patrimoine, l'église Saint-Martin d'Yport
  11. Bruno Roquigny, Saint-Valery-en-Caux, catalogue des collections de la villa Bénédictine, 8 mai 2021.

Annexes

Bibliographie

  • « Jef Friboulet », Les Amis des musées de Poitiers - Bulletin trimestriel, n°18, 1er janvier 1955.
  • Xavier de Langlais, La technique de la peinture à l'huile, Flammarion, 1959.
  • Raymond Nacenta, School of Paris - The painters and the artistic climate of Paris since 1910, Oldbourne Press, 1960.
  • George Besson, « Jef Friboulet », Les Lettres françaises, n°863, .
  • Gerry Speck, First exhibition of paintings by Jef Friboulet, Archer Gallery, Londres, 1971.
  • Armand Lanoux, Fenêtre sur Jef Friboulet - Cent dessins inédits, trois cent cinquante exemplaires numérotés, Imprimerie Binesse, 1977.
  • Sanjiro Minamikawa, Ces maîtres dans leur atelier, Asahi Sonorama, Japon, 1980.
  • Pierre Mazars et Armand Lanoux, Jef Friboulet - Quarante ans de peinture ou l'aventure d'un autodidacte, Éditions Junes et fils, Paris, 1982.
  • Alain Le Métayer, Jef Friboulet, editions du Palais Bénédictine, Fécamp, 1989.
  • Geneviève Testanière et Florence Verdier, Jef Friboulet, Musée d'art moderne André-Malraux, Le Havre, 1992.
  • Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'Automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992.
  • Gérard Bonnin et André Parinaud, Jef Friboulet, Centre culturel du Palais Bénédictine, Fécamp, 1992.
  • Ouvrage collectif, Peintres en Normandie, Éditions Normandie-Magazine, 1995. Voir pages 82 et 83.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
  • Michel Carduner et Gérard Bonnin, Jef Friboulet, peintre et sculpteur, rien que pour le plaisir, Ministère de la culture/Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô, 1999.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999. Voir tome 5.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
  • Yoland Simon, Jef Friboulet, Éditions des Falaises, 2004.
  • Éric Mercier, Années 50 - La Jeune Peinture, tome I : L'alternative figurative ; tome II : Panorama de la Jeune Peinture, ArtAcatos, 2010.

Filmographie

Liens externes

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