Vénerie
La vénerie[Note 1] (ou vènerie, selon l'orthographe rectifiée de 1990[Note 2]) aussi appelée « chasse à courre » ou encore désignée par « chasse à courre, à cor et à cri », est un mode de chasse qui consiste à poursuivre un animal sauvage (traditionnellement le cerf, le sanglier, le chevreuil, le renard, le lièvre ou le lapin) avec une meute de chiens courants, jusqu'à le perdre ou le prendre. Les chiens chassent l'animal sauvage à l'odeur qu'il laisse sur son passage, appelée la "voie". Les chiens sont dressés et entraînés à ne chasser qu'un seul animal à la fois. Les veneurs, à pied, parfois à cheval, encadrent la meute de chiens et les aident dans leur quête.
« Courre » redirige ici. Pour les homophones, voir Court.
La chasse à courre est pratiquée en France, aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Irlande, et ponctuellement en Italie et au Portugal (équipage de Santo Huberto). En France, la chasse à courre se développe sous le règne de François Ier. On y chasse le cerf, le chevreuil, le sanglier, le renard, le lièvre et le lapin.
Controversée sur certains aspects, la chasse à courre est interdite en Belgique depuis 1995. En Allemagne, où elle a été abolie en 1934 (sous le régime nazi), et en Grande-Bretagne (2005), elle a été remplacée par une version inoffensive, sans gibier, où l'odorat des chiens est stimulé par des leurres artificiels ce qui permet d'entretenir l'instinct et la condition physique des meutes[1]. En Norvège, la dernière chasse à courre a eu lieu en 1777.[réf. nécessaire]
Terminologie
Le terme de vénerie[2],[3] désigne l'activité de la chasse à courre. Il vient du latin « venari » qui signifie chasser.
On parle de :
- « vénerie à cheval » pour un équipage chassant les grands mammifères comme le cerf, le chevreuil et le sanglier ;
- « vénerie à pied » pour une équipage chassant le petit gibier : lièvre, renard, lapin ;
- « équipage »[4] pour l'entité disposant d'un territoire de chasse et composée d'une meute de chiens et d'un certain nombre de veneurs ;
- les « brisées » sont les branches que le valet de limier rompt aux arbres et qu'il place dans son chemin pour reconnaître l'endroit où est rentré l'animal qu'il a détourné, le bout rompu du côté où l'animal est rentré ;
- l'« hallali », sonnerie qui annonce la mort. Elle est sonnée par les veneurs lorsque l'animal traqué est pris. Selon sa taille, l'animal est soit coiffé par les chiens, soit servi par un veneur, souvent le piqueur ;
- la « curée », cérémonie d'hommage à l'animal qui suit sa mort et récompense les chiens.
L'animal poursuivi utilise différentes tactiques pour échapper à ses poursuivants. Elles sont regroupées sous le terme de ruses et elles sont catégorisées :
- le « change » par lequel l'animal initialement levé ruse en côtoyant d'autres animaux de son espèce, semant la confusion dans la meute qui le suit à l'odorat ;
- le « bat l'eau » quand l'animal poursuivi traverse une rivière ou un étang et interrompt ainsi son « sentiment » (sa trace olfactive) ;
- le « forlonger » consiste à prendre une telle avance que la piste perd sa précision et les chiens risquent de perdre la trace de l'animal chassé ;
- le « hourvari » correspond à la ruse de l'animal consistant à revenir sur ses voies pour mettre les chiens en défaut. Les chiens se voient ainsi présentée une piste avec un embranchement ou une fourche qui complique la traque et permet de gagner de l'avance (pouvant ainsi mener au « forlonger »).
Ces termes sont à l'origine de plusieurs expressions dans le langage courant : « donner le change » (c'est-à-dire mettre sur une fausse piste), « couper la voie » (désignant à l'origine un défaut des chiens qui abandonnent la voie pour rejoindre plus vite l'animal qui a fait un détour ou des chasseurs pressés qui passent trop tôt sur la voie).
Une tradition séculaire
La technique du courre, consistant à prendre un gibier avec une meute de chiens courants, est connue depuis deux millénaires. Les méthodes ont peu évolué à travers les âges, l'utilisation des chiens, des chevaux, de la trompe et éventuellement d'une dague existait déjà au XVe siècle comme en témoignent les représentations picturales de l'époque. La vénerie s'ordonne autour du chien dont les aptitudes naturelles ne changent pas, et des espèces chassées, dont les défenses ne varient pas davantage. Elle constitue, avec la chasse au vol et la chasse sous terre, une des formes de chasse qui reposent sur la mise en œuvre d'animaux dont l'instinct joue le rôle décisif[5].
L'homme encadre des chiens et les aide, il ne peut pas se substituer à eux.[réf. nécessaire]
Requérant une grande endurance physique, elle était conçue essentiellement comme un entraînement à la guerre chez les Assyriens. C'est avec la domestication du cheval pour le loisir qu'est née la chasse à courre. En France, c'est sous François Ier que cette pratique s'est transformée en art de vivre séduisant la noblesse française : le roi, appelé « le père des veneurs » par ses chroniqueurs[6], promulgue un édit en 1526 qui régit la police de la chasse et le « noble déduit » (règle de la grande vénerie)[7]. La chasse à courre fut développée aussi aux Amériques par les Anglais qui importèrent, avec les chevaux, les renards roux d'Europe. Destinée à chasser les animaux rapides, la chasse à courre est devenue un sport (Angleterre) ou une pratique traditionnelle (France).[réf. nécessaire]
La vénerie entretient un ensemble de traditions et représente une part du savoir cynégétique. La connaissance des animaux, la science du chien, s'apprennent sur le terrain au prix d'une longue expérience et se transmettent de génération en génération.[réf. nécessaire]
La vénerie utilise un langage qui lui est propre, à la fois utile et imagé, qui n'a pas varié depuis des siècles. De nombreuses expressions sont fréquemment utilisées dans le langage courant : donner le change, sonner l'hallali, marcher sur les brisées, être aux abois etc.[réf. nécessaire]
Elle a inspiré les artistes. Ceux d'antan lui ont consacré des œuvres célèbres qu'on peut voir dans de très nombreux musées. Aujourd'hui, en France, de nombreux peintres animaliers s'intéressent à la vénerie grâce à trois grands musées (Senlis, Gien, Montpoupon) de nombreuses expositions sont organisées.[réf. nécessaire] Les fêtes de la chasse animées par les équipages de vénerie accueillent au total plus d'un million de visiteurs par an en France[8].
Pays de chasse à courre
On pratique ce mode de chasse sur tous les continents dans une vingtaine de pays à travers le monde.[réf. nécessaire]
Au Royaume-Uni
La chasse à courre est abolie en Écosse depuis 2002, ainsi qu'en Angleterre et dans le Pays de Galles depuis , à la suite du « Hunting Act », loi votée en 2004 et appliquée dès 2005 qui « interdit la chasse des animaux sauvages avec plus de trois chiens ». La poursuite des lièvres est également complètement interdite. En Irlande du Nord, en revanche, elle est toujours légale et pratiquée[9],[1]. En Angleterre, la chasse à courre est encore très largement pratiquée.
En France
Au cours d'une journée de chasse, un équipage chasse en principe un seul animal. Dans le total des animaux tués par les chasseurs (un million d'animaux soumis à plans de chasse abattus en 2005 en France, dont 500 000 chevreuils), dont les espèces sont toutes en progression, la proportion imputable à la vénerie (3 800 animaux sur 13 000 journées de chasse) est faible (cerf), très faible (sanglier, chevreuil), voire insignifiante (renard, lièvre, lapin de garenne)[10].
Depuis une vingtaine d'années, la vénerie française s'est fortement développée ; avec près de 400 équipages contre 300 en 1914[11], 30 000 chiens, 7000 chevaux et près de 100 000 suiveurs et veneurs, elle est présente dans 69 départements. La France offre en effet des conditions très favorables à l'exercice de la vénerie : la densité des espaces boisés est plus élevée que partout ailleurs en Europe et le climat tempéré fournit des conditions propres à ce mode de chasse où tout repose sur le travail des chiens.[réf. nécessaire]
Les membres d'un équipage sont appelés « boutons » lorsqu'ils sont admis à porter la tenue de l'équipage avec les boutons ornés selon un motif propre à cet équipage[12],[13]. Leur nombre, avec celui des autres pratiquants, est de l'ordre de 10 000, le nombre de sympathisants à vélo, à pied, ou en voiture est 10 fois plus élevé : 30 000 « suiveurs » assidus et 70 000 suiveurs occasionnels, aux périodes de vacances notamment. Le public est accueilli gratuitement - depuis le rapport jusqu'à la curée.[réf. nécessaire]
Jadis apanage de l'aristocratie et d'une toute petite minorité, la vénerie s'est ouverte au XXe siècle à un public plus vaste. Une majorité des équipages sont aujourd'hui constitués en associations, dont les membres paient une cotisation à l'image des sociétaires de clubs sportifs.[réf. nécessaire]
Les équipages accueillent tous les suiveurs, puisque suivre une chasse est gratuit. Elle ne devient payante que pour les boutons ou sociétaires. La seule requête valable pour tous est celle de la courtoisie envers tous, veneurs ou non, suivant la chasse ou se promenant en forêt.[réf. nécessaire]
L'équipage demande une « attestation de meute » auprès de la Direction départementale des Territoires. Elle est délivrée pour la voie d’un seul animal et est valable pour six ans sur l’ensemble du territoire national. L'obtention du certificat est accompagnée par la délivrance d'un « certificat de Vénerie » par la Société de Vénerie, certificat qui rappelle les règles et l'éthique de cette chasse[14].
On peut suivre une chasse à courre à pied, à vélo, à cheval ou en voiture. D'autre part, l'usage d'armes à feu y est proscrit (sauf par mesure de sécurité dans de rares cas extrêmes).[réf. nécessaire]
Organisation
Déroulement
Tout commence par ce que l'on appelle "faire le pied", c'est-à-dire aller avant la chasse, repérer les passages des animaux afin d'adopter la meilleure stratégie de chasse[réf. nécessaire]. Pour cela on utilise un seul chien, souvent un peu âgé, très expérimenté et avec un nez très fin,[réf. nécessaire] que l'on appelle le limier. L'homme qui l'accompagne se nomme le valet de limier.
Ensuite c'est le rapport, où chaque valet de limier rapporte ce qu'il a vu en faisant le pied. C'est ensuite au maître d'équipage de choisir quel animal on doit attaquer.
Après le rapport, c'est l'attaque : On met la meute sur la piste de l'animal. Si l'animal est levé, c'est le lancé où les chiens donnent de la voix, c'est le début de chasse. Durant la chasse les chiens sont confrontés aux ruses de l'animal comme le change[réf. nécessaire] où l'animal essaye de tromper les chiens en livrant un de ses congénères.
La fin de la journée se termine (si prise il y a eu) par la curée où les chiens sont récompensés et l'animal honoré. Les chiens mangent tout ou partie de l'animal et le reste est gardé pour les hommes.
Chien courant
Les chiens courants sont créancés, c'est-à-dire habitués à chasser exclusivement sur un animal donné (cerf, chevreuil, sanglier, renard, lièvre ou lapin) et sont amenés à chasser en meute. Les chiens de meute sont aussi appelés "chiens d'ordre" car leur dressage doit leur permettre de toujours rester sous contrôle de l'homme. La meute est composée de 20 à 60 chiens.
Leur races sont issues d'une longue sélection génétique qui forme aujourd'hui un patrimoine cynophile et cynégétique français unique.
Les soins apportés aux chiens vont bien au-delà de la saison de chasse. Il s'agit, pour le piqueur de vivre toute l'année auprès de ses chiens au chenil. Il créé ainsi une réelle complicité avec eux. La reproduction représente un élément fondamental et c'est l'occasion pour le passionné de réfléchir au meilleur croisement, de rêver au chien idéal.
Les qualités recherchées sont la finesse de nez, l'intelligence de la chasse, l'ossature, la vitesse, la résistance et la gorge (aboiement).
À la chasse à courre, les chiens crient et n'aboient pas. On n'utilise le verbe aboyer que lors de l'hallali sur pied, lorsque l'animal tient tête à la meute.
Les chiens utilisés en vénerie sont des chiens courants. On distingue les chiens de grande vénerie, que l'on suit à cheval (comme le français tricolore), et le chien de petite vénerie (par exemple, le beagle). Le standard des chiens courants édité sous l'égide de la Société centrale canine dénombre 38 races élevées en France, dont 9 sont utilisées en grande vènerie (environ 20 000 chiens) et 11 sont utilisées en petite vènerie (environ 10 000 chiens). Voici quelques chiens de vénerie :
- Le chien d'Artois
- Le basset artésien normand
- Le poitevin
- Le français blanc et noir
- Le français tricolore
- Le porcelaine
- L'anglo-français
- Le billy
- Le Foxhound anglais
Cheval de chasse
Le cheval de chasse, généralement Trotteur Français, est choisi pour sa robustesse, son endurance, son calme et son agilité. Au même titre que n'importe quel cheval de sport, le cheval de chasse est un athlète. L'équitation du cheval à la chasse est une discipline de la Fédération Française d'Equitation dont le championnat de France se tient chaque année à Fontainebleau (Le Grand Parquet).
Pour Hubert Parot, cavalier de renommée mondiale, médaillé d'or olympique et veneur, le cheval de chasse est un athlète, au même titre que celui de concours ou celui de course.
- « Son travail est dur et nécessite des soins attentifs :
- À l'entraînement, le cheval doit sortir tous les jours, au moins 5 à 6 km. Il n'est pas nécessaire que cet exercice soit soutenu, une promenade au pas ou quelques heures au paddock suffisent. Pendant la chasse, il faut savoir régler l'allure du cheval, savoir l'équilibrer et éviter de le mettre hors de son souffle. Il ne faut jamais être « à fond », au contraire, en le retenant suffisamment il trouvera de lui-même son rythme et sa cadence. Le bon cavalier trouvera une occasion pour faire uriner son cheval au milieu de la journée ; il retrouvera ainsi de la vigueur. Le soir de chasse, le cheval doit être douché à l'eau chaude et séché aussitôt. On lui mettra une couverture pour qu'il ait chaud toute la nuit. C'est aussi l'occasion d'observer minutieusement son cheval et soigner la moindre de ses petites atteintes. Veneurs oui, mais cavaliers aussi ! »
La trompe, l'outil de communication des veneurs
La trompe de chasse (différente du cor de chasse) est indissociable de la vénerie. Elle lui doit son origine, sa signification et son développement. L'action de chasse est accompagnée de fanfares de trompe de chasse qui permettent aux veneurs de communiquer entre eux et avec les chiens. La trompe de chasse est également un instrument de musique spécifiquement français à part entière qui donne lieu à des concerts. La pratique de la trompe est maintenue par tous les veneurs, dont elle est l'instrument de communication à la chasse, mais aussi par des artistes.
Les premières fanfares de chasse remontent à 1723 où le marquis de Dampierre écrivit les premières des 4 000 fanfares (d'après le recueil de fanfares de chasse de la Fédération internationale des trompes de France, Philidor l'Aîné avait publié la « retraite prise » en 1705 et « La Sourcillade » devenue « la vue » en 1707/1709).
Les veneurs sonnent des fanfares « de circonstance » pour faire connaître les péripéties de la chasse dont ils sont témoins. Ainsi, le « bien-aller » indique que les chiens chassent « en bonne voie », le « débucher » que la meute est en plaine et se dirige vers un autre massif forestier, le « bat-l'eau » que l'animal de chasse est dans un étang ou une rivière, la « vue » que l'animal de chasse est vu par le sonneur.
Au cours de la « curée », cérémonie destinée à rendre hommage à l'animal de chasse et à récompenser les chiens, on sonne à nouveau les fanfares sonnées au cours de la chasse de manière à en rappeler les épisodes. Puis, pendant que les chiens « font curée », on sonne d'autres fanfares dédiées aux veneurs présents.
- La trompe de chasse est accordée en ré, par sa longueur (4,545 m), son utilisation (chasse à courre, musicalement en groupe de trompes ou autres instruments jouant dans cette tonalité). Elle doit son nom à Philidor qui l'appela ainsi en 1705. La mesure de la musique jouée est principalement 6/8, mesure ternaire à deux temps, et les liaisons sont tayautées.
- Le cor de chasse est accordé en mi bémol et n'est pas utilisé à la chasse mais en musique militaire. La différence visible est la coulisse d’accord (petit tube intérieur modifiant la tonalité), sur la branche d’embouchure. Contrairement à la trompe, son pavillon n'est jamais peint en noir intérieurement. La mesure de la musique semblerait être principalement à 2 ou 4 temps binaires (troupes à pied) mais redevient ternaire, dans les fanfares de cavalerie où il se présente pavillon en avant au contraire du cor et de la trompe. On l'appelle alors trompette-cor.
L'embouchure. D’abord fixée à la branche d’embouchure, elle devint amovible en 1689, et il faut arriver à 1830 pour en trouver dans le commerce trois tailles différentes. Les dimensions actuelles ont été réglées par le professeur Cléret, mort peu d’années avant la guerre et c’est lui, et non Périnet, qui a réglé la profondeur du bassin à 0,032 m. Contrairement aux embouchures des autres cuivres, elle est à bords coupants.
Différentes trompes existent[15].
Nom | Longueur | Enroulement |
---|---|---|
La Dampierre (1723) | 4,545 m | 1 tour et demi |
La Dauphine (1729) | 4,545 m | 2 tours et demi |
La d'Orléans (1817/1831) | 4,545 m | 3 tours et demi |
La d'Orléans est l'instrument utilisé aujourd'hui.
Controverse
Opposition à la chasse à courre
Les arguments critiquant la chasse en général sont disponibles dans l'article consacré à la chasse.
Il existe, en France et dans les pays où la vénerie est présente, une opposition à sa pratique par une partie de la population[16],[17].
Arguments
- Les animaux chassés souffrent pendant toute la durée de la chasse à courre[18] : en effet, en analysant des échantillons de sang de cerfs chassés, Patrick Bateson, professeur de l’université de Cambridge, a conclu dès 1997 à des preuves évidentes de stress physiologiques et psychologiques et à une souffrance aggravée de l'animal[19].
- En 1999, une commission d'enquête du gouvernement britannique a rédigé le rapport Burns. Il conclut que le bien-être des animaux est « sérieusement compromis » lors d'une chasse à courre [20]. Ce rapport a grandement participé à l'abolition de la chasse à courre au Royaume-Uni en 2004 [21].
- La mise à mort est faite à la dague ou à l'épieu[réf. nécessaire], armes dont peu de piqueurs savent se servir[réf. nécessaire], et dans un état de fatigue absolue et douloureuse (quasi paralysie lactique)[réf. nécessaire], détresse psychologique de l'animal comprenant le sort qui lui est fait et sentant qu'il n'a pas les moyens d'y échapper son corps n'en pouvant plus; ces conditions ne permettent pas une mort rapide et sans souffrance pour l'animal[22]. La mise à mort se fait désormais de plus en plus au fusil, permettant une mort rapide et limitant les risques pour les hommes et les chiens[réf. nécessaire].
- L'hallali (le moment où la meute rattrape l'animal chassé) ou la curée (où l'on joue avec la peau de l'animal recouvrant les viscères pour dominer la meute des chiens) sont des scènes spécifiquement violentes[23].
- Les conditions de vie des chiens de chasse à courre peuvent porter atteinte à leur bien-être, ceux-ci étant enfermés dans des chenils parfois exigus et forcés à une grande promiscuité. Il arrive également que des chiens se perdent ou meurent durant la chasse[24].
- Utilisation de chevaux dans des conditions pouvant porter atteinte à leur bien-être (distance à parcourir, état de fatigue potentiel)[25][réf. nécessaire].
- La chasse à courre est considérée comme un « sport » à destination d'une population souvent citadine, très aisée, dont certains connaissent assez peu le monde rural et la faune sauvage[26][réf. nécessaire].
- Héritière d'un passé monarchique fastueux révolu, la chasse à courre peut aussi être perçue comme un événement mondain coûteux, recréant pour un temps une hiérarchie sociale surannée (rabatteurs, piqueurs, coureurs, cavaliers, invités, maréchaussée, maître d'équipage et spectateurs)[26][réf. nécessaire].
- La chasse à courre oblige à fixer les hardes, par l'agrainage par exemple, provoquant ainsi une sédentarisation du gibier près des activités humaines et une destruction des cultures céréalières.[27][réf. nécessaire].
- Les opposants à la chasse à courre sont souvent des agriculteurs, « aux premières loges » et les plus touchés par l'impact sur leurs champs, prairies et activités. Certains chasseurs à pied réprouvent aussi cette chasse qui les prive de plus nombreux trophées[27][réf. nécessaire].
- Il n'y a pas de permis spécifique de chasser à courre ; quiconque sachant monter et ayant son permis de chasser validé peut participer.
- La chasse à courre est aussi accusée d'être bruyante, agitée, et source de tension avec les riverains, notamment les néo-ruraux[28],[29].
Prises de position
En , 78 % des Français sont contre la chasse à courre ; en , 84 % des Français s'y opposent[16], et en , un sondage réalisé par l’institut Ifop pour la Fondation Brigitte Bardot montre que 82 % des Français sont opposés à cette pratique[30].
Au Royaume-Uni, en 2017, 85% des sondés estimaient que la chasse à courre devait rester illégale [31].
Des collectifs citoyens, comme l'association Abolissons la vénerie aujourd'hui, suivent les équipages afin de filmer la chasse et les conditions de mise à mort de l'animal[32],[33].
Ces mêmes collectifs organisent parfois des manifestations pour demander l'interdiction de la chasse à courre[34].
Propositions de loi visant à interdire la pratique en France
Le est déposée en France une proposition de loi[35] visant à interdire la pratique, à l'image d'autres pays européens (Allemagne en 1936/52, Belgique en 1995, Écosse en 2002, Angleterre et Pays de Galles en 2004). Cette proposition de loi, conduite par Barbara Pompili et dix autres députés verts, est renvoyée à la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. Elle n'est finalement pas débattue[36].
À la suite de ce troisième échec qui fait suite aux précédentes propositions sur le même sujet de 2005 et 2010, une question écrite est posée à Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, demandant si, au vu de l’affluence de veneurs étrangers venus en France pratiquer leur loisir interdit dans leur pays, de nouvelles autorisations de meutes sont prévues. Elle réaffirme ne pas envisager d'interdire cette pratique de chasse[37].
Le , la sénatrice du Parti socialiste Laurence Rossignol a déposé une proposition de loi visant à interdire la chasse à courre en France[38].
Soutien à la chasse à courre
Selon les partisans de la chasse à courre, il existerait une tradition séculaire liée à une culture riche, qui justifierait sa pratique : variété de types de chasse à courre, à pied ou à cheval, en fonction des chiens, des animaux et des territoires ; passion des chiens, leur élevage, leur dressage, et leurs races spécifiques, vivant en meute.
Selon Gonzague Guespereau, un chasseur pratiquant dans la forêt de Montargis, la chasse à courre participerait au renforcement des espèces et contribuerait à la sélection naturelle, contrairement aux autres modes de chasse[39].
La pratique de la chasse à courre permettrait de réguler des populations d'animaux classés nuisibles (ex. : sanglier) dans des zones où les animaux ne peuvent être chassés à tir pour des raisons de sécurité. De plus, selon la Société de vènerie, la chasse à courre favoriserait une grande mixité sociale puisque toutes les catégories socio-professionnelles se retrouveraient ensemble pour chasser ou suivre la chasse[40][source insuffisante]. Enfin, la réelle capacité des animaux poursuivis à semer la meute ou à brouiller la piste serait sous-estimée. La prise ne serait en effet pas systématique, suivant les animaux et les équipages, l'animal ne serait pris qu'une fois sur quatre. L'échec s'expliquant soit parce que le poursuivi a semé ses poursuivants, soit parce qu'il est sorti du périmètre attribué à la chasse, périmètre précisé selon l'animal chassé[41][source insuffisante].
Réglementation et interdiction
Controversée sur certains aspects, la chasse à courre est interdite en Allemagne depuis 1936[42], en Belgique depuis 1995, ainsi qu'en Grande-Bretagne depuis 2005[43].
L'Angleterre, qui l'avait transformé en sport de poursuite et de course d'équitation plus qu'en chasse elle-même, l'a interdite en 2005[43]. 76 % des Anglais étaient favorables à cette interdiction, ruraux et métropolitains confondus. Cela étant, bien qu'interdite, la chasse à courre au renard continue d'être pratiquée outre-manche.
En , contrairement à l'une de ses promesses de campagne lors des élections législatives de , la Première ministre ne soumet pas au Parlement le vote d'une révision de l'interdiction de la chasse à courre au renard, déclarant que « sur la question de la chasse au renard, il n'y aura pas de vote sous ce Parlement »[44],[45].
Influences et héritages
Langage et vocabulaire
Plusieurs expressions de la langue française sont issues de la vénerie[47] parmi lesquelles :
- « marcher sur ses brisées »
- « mettre sur la voie »
- « donner le change »
- « être aux abois »
- « ne pas courir deux lièvres à la fois »
- « être un fin limier »
- « à cor et à cri »
Représentations dans l'art pictural
Les scènes de chasses à courre abondent dans les tableaux ou les tapisseries (des Gobelins par exemple représentant les chasses de Louis XV), du Moyen Âge au XIXe siècle. Parmi les grands peintres classiques, Pierre Paul Rubens, Jean-Baptiste Oudry, Adam François van der Meulen, Carle Vernet ou Alexandre-François Desportes, entre autres, ont abordé la thématique cynégétique tout comme le baron Karl Reille, Coutisson des Bordes, René Princeteau, Xavier de Poret, Edwin Landseer, Jules-Bertrand Gélibert, Charles de Condamy et Arnaud Fréminet dans une époque plus contemporaine.
Littérature
En littérature, des chasses à courre sont décrites dans Une poignée de cendre (A Handful of Dust) d'Evelyn Waugh (1934), ou encore dans La Dernière Harde de Maurice Genevoix (1938). Il y a plusieurs scènes aussi dans Les Grandes Familles (surtout le tome II) de Maurice Druon. Gaston Fébus au XIVe siècle, Paul Vialar, Henri Vincenot ou Pierre Moinot au XXe siècle traitent du « noble déduit ».
Théodore de Foudras est le premier auteur à faire de la chasse un objet de littérature et non plus un sujet d'ouvrages techniques. Ses romans cynégétiques sont toujours publiés, soit dix volumes : Abbé Tayaut, Les Gentilshommes chasseurs, Madame Hallali…
Architecture et sculpture
Le pavillon de chasse, bâtiment voué à la vénerie, édifié dans les domaines forestiers découle directement de la pratique de la chasse à courre comme celui de Versailles par exemple. Plus encore, Chambord, édifié par François Ier pour se livrer sans compter à sa passion de la chasse aux chiens courants ou Chantilly et ses Grandes Écuries des princes de Condé témoignent des retombées architecturales de la chasse à courre
La vénerie a également été le sujet de prédilection de plusieurs sculpteurs tels Jean Goujon, avec ses bas-reliefs du château d'Anet, ou encore les sculpteurs animaliers français Antoine-Louis Barye et Pierre Jules Mène.
Musées
- Musée de la vénerie à Senlis[50]
- Musée de la Chasse et de la Nature à Paris dans l'hôtel de Guénégaud
- Musée du Veneur - Château de Montpoupon à Céré-la-Ronde en Indre-et-Loire
- Musée Théodore de Foudras - Château de Demigny à Demigny en Saône-et-Loire
Musique
Jean-Baptiste Lully a composé les « chasses royales » et le grand sonneur compositeur lyonnais, Tyndare Gruyer, présente pour la première fois la désormais célèbre « messe de Saint-Hubert » le à Marseille. La trompe de chasse et les différents morceaux composés pour elle sont autant de témoignages de l'influence musicale de la vénerie.
Environnement et races canines
On doit à la vénerie les forêts royales dessinées en étoile ou encore un patrimoine canin d'importance avec les 70 races de chiens courants reconnues par les instances cynophiles internationales, dont 36 sont françaises.
En 2015, le paysage de « chasse par force » ou chasse à courre de Zélande du Nord au Danemark a été désigné patrimoine mondial de l'UNESCO[51].
Notes et références
Notes
- Orthographe traditionnelle. L'Académie française accepte les deux orthographes : « Aucune des deux graphies ne peut être tenue pour fautive » (Journal officiel).
- Variante orthographique de vénerie. Les rectifications orthographiques du français en 1990 (Règle no 3) énoncent que, devant une syllabe contenant un e muet, on peut écrire « è » et non « é ».
Références
- Quentin Vasseur, « Comment les pays étrangers pratiquent (ou non) la chasse à courre ? », sur France TV Info.fr,
- https://cnrtl.fr/definition/dmf/v%C3%A9nerie?str=1
- https://cnrtl.fr/definition/dmf/veneur1?idf=dmfXhgYrmXart.revusYvYzXee;str=0
- « Mémoire des Equipages - Rechercher », sur www.memoiredesequipages.fr (consulté le )
- (fr) La Vénerie, www.chasses-du-monde.com, consulté le 15 novembre 2011
- Première mention de ce titre par Jacques du Fouilloux dans son traité de la vénerie.
- Guy de Laporte, Chasse à courre, chasse de cour : fastes de la vénerie princière à Chantilly au temps des Condés et des Orléans, 1659-1910, Renaissance Du Livre, , 362 p. (lire en ligne), p. 20
- (fr) La vènerie en chiffres, www.venerie.org, consulté le 4 janvier 2013
- « La chasse à courre est abolie en Angleterre », sur Le Monde.fr avec AFP,
- (fr) Tradition et écologie, www.venerie.org, consulté le 15 novembre 2011
- Société de vénerie
- Guy de Landevoisin, « Le Bouton de vénerie », dans Encyclopédie de la vénerie française, Olivier Perrin, , p. 191 et suivantes.
- Léon Labbé, « Le Bouton », dans La Tenue et le bouton de vénerie, Paris, Art et Industrie, .
- Les Neuf Mondes, « Vènerie, la chasse à courre en France », sur www.venerie.org
- « Rallye Trompes De Paris - All Things Tech! », sur Rallye Trompes De Paris
- « Ifop - Les Français et la chasse », sur www.ifop.com (consulté le ).
- « Selon une étude, la chasse est de moins en moins bien perçue en Belgique francophone », sur RTBF Info, (consulté le ).
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- Un chien de relais est un chien destiné à relayer un chien fatigué
- « Camille Gâté, tanneur et sculpteur nogentais », sur www.jcbourdais.net
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Annexes
Bibliographie
- Robert Ambelain, Symbolisme et rituel de la chasse à courre, Paris, Robert Laffont, 1981 (ASIN 2221006879) ;
- Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, La Chasse à courre, ses rites et ses enjeux, Paris, Payot, coll. « Petite bibliothèque », 2003 (1re édition 1993) (ISBN 2-228-89749-3) ;
- Philippe Salvadori, La Chasse sous l'Ancien Régime, Paris, Fayard, 1996 (ISBN 2-213-59728-6) ;
- Jean-Emmanuel Le Couteulx de Canteleu, Manuel de vénerie française, Paris, Hachette, 1890. (ISBN 9782857046547) ;
- Céline Anaya Gautier, Chasse à courre. À la croisée des mondes, Flammarion, 2018.
Articles connexes
Liens externes
Chasse à courre
- Site web de la Société de vénerie
- Site web de l'Office national des forêts (ONF)
- Site Web de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS)
- Site Web de la Fédération des associations de chasseurs aux chiens courants
Trompe
- Site web de la Fédération internationale des trompes de France (FITF)
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