Bordeaux-Aéronautique
Bordeaux Aéronautique (BA) est un bureau d'études pour la construction d'avions de reconnaissance et de bombardiers français, fondé le [Note 1] et dissous le .
Bordeaux-Aéronautique | |
Création | 1939 |
---|---|
Disparition | 1947 |
Fondateurs | Marcel Dassault |
Siège social | Saint-Cloud France |
Actionnaires | Marcel Bloch, André Curvale, Henri Deplante et Claude de Cambronne |
Activité | Aéronautique, Défense |
Produits | Avion de reconnaissance, Bombardier |
Société mère | Groupe Dassault |
La société fut créée par l'industriel Marcel Bloch, le pilote André Curvale, l'ingénieur Henri Deplante et le secrétaire général de l'usine de Saint-Cloud de la SAAMB, de décembre 1938 à mai 1940, également trésorier de l'Association des anciens élèves de Sup'Aéro, Claude de Cambronne[Note 2].
Histoire
La Drôle de guerre (1939-1940)
Devant l’augmentation de la production d'avions, la SAAMB acquiert, en septembre 1939, à Talence, près de Bordeaux, des bâtiments à usage industriel, à partir d'un atelier mitoyen au château de Brama (devenu le château dit du Prince Noir en référence à Édouard de Woodstock)[1],[2], qu’elle rétrocède à la société Bordeaux-Aéronautique. La France fournit alors l’effort de réarmement le plus important[3],[Note 3],[Note 4].
Destinée à la fabrication en série des fuselages avant des avions Bloch MB.175, une activité d’études est mise en place parallèlement pour développer un prototype d’avion de transport bimoteur Bloch MB.1020[4], pour Air France dont la construction avancée est interrompue à la fin 1940[5],[Note 5],[Note 6]. Les 8 et , les Bloch MB.200 du III/39 bombardent la flotte britannique au large du Liban, touchent deux navires et deviennent des escadrilles de surveillance et de bombardement de nuit[6].
Après la bataille de France, le , la patrouille du lieutenant Zdzisław Henneberg, basée à Châteauroux, et composée de deux MB.152 et un MB.151, et d'un Caudron Simoun, fait escale à Bordeaux et devient la seule unité polonaise à rejoindre le Royaume-Uni.
De décembre 1940 à décembre 1942, l'Armée de l'air de Vichy utilise alors les MB.152/155, équipant la totalité des unités de chasse conservées en zone non occupée aux termes des accords franco-allemands et les MB.174/175, car les conventions d’armistice limitèrent à trois groupes stationnés en Afrique du Nord le nombre d’unités de Bloch. Au mois de novembre, l’Armée de l’air de Vichy est dissoute et 173 MB.152/155 sont regroupés à Guyancourt, Orange-Caritat et Châteauroux, où ils servent d’appareils d’entraînement à la chasse, pour la Luftwaffe.
- Bloch MB 174
- Bloch MB 174
- Marcel Bloch
La bataille d'Angleterre (1940-1941)
Après l'armistice du 22 juin 1940, le général allemand Ernst Udet, le directeur Cordua de la Generalluftzengmeister saluent, le , la qualité du MB 175. Kurt Tank, concepteur d'avions chez Focke-Wulf en commande deux-cents[7],[Note 7],[Note 8]. L'Europe sous domination nazie entraine un changement de l'Organisation de la Luftwaffe. La Luftflotte 3 installe, à Bordeaux–Merignac, une partie de la X. Fliegerkorps et de la Zerstörergeschwader 1 qui font partie de la Kampfgeschwader 40 d'Edgar Petersen.
Le , l'arrestation de Marcel Bloch, à Cannes, est saluée par la presse d'extrême droite[Note 9]. Il est interné administrativement par le gouvernement de Vichy dans l'Indre, à Pellevoisin d'abord et en Ardèche, à Vals-les-Bains ensuite.
Pendant sa détention à Thiers, le Commissariat général aux questions juives envoie aux directions régionales du service d'épuration économique de Marseille et de Limoges l'ordre de procéder à des enquêtes sur les sociétés Bloch, mais le comité d'organisation de l'aéronautique dirigé par Joseph Roos fait traîner tous les processus d'aryanisation[8].
Le , Marcel Bloch reçoit la visite de son collaborateur, Claude de Cambronne. Il lui remet une lettre, manuscrite, destinée à l'Association des anciens élèves de Sup'Aéro dont il est le président[Note 10].
Il est libéré en janvier 1941 et assigné à résidence à Thiers où une usine est en construction. Le , Marcel Bloch délègue tous ses pouvoirs à Henri Carol (SACAM).
Le , une plainte est déposée contre la "Parisienne de Construction" à propos de l'"adjudication douteuse" de la halle de peinture de Mérignac. Marcel Bloch touche encore alors les royalties des licences des Bloch 175 construits par Sud-Ouest pour la Luftwaffe.
En mars 1941, les bureaux d'étude des sociétés nationales sont regroupées au Centre Mandelieu, dont ceux de la SNCASO et de Marcel Bloch, dans l'hôtel Continental, d'où ils passent commande, à l'établissement, de réalisations d'avions[9].
Le , Claude de Cambronne devient le représentant en Zone libre de la société Bordeaux-Aéronautique. Il est toujours à ce moment-là, secrétaire général de la Société des avions Marcel Bloch, à Pont-de-Dore au commencement de la Campagne de Syrie (1941).
La Charte du travail du 4 octobre 1941
Le , Georges Ramat est nommé administrateur provisoire de Bordeaux Aéronautique[10].
Le , 50 otages sont fusillés au Camp de Souge à Martignas-sur-Jalle, près de Bordeaux après l'exécution du conseiller d'administration militaire (Kriegsverwaltungsrat) Hans Reimers.
Le , Jean Bergeret, du secrétariat d’État à l’Aviation (SEA), Xavier Vallat, du Commissariat général aux questions juives (CGQJ) et Otto von Stülpnagel, de la Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF) nomment Jean de Broë, administrateur provisoire de l'entreprise Bloch, à Saint-Cloud remplacé plus tard par Eugène de Petrix, proche des usines Junkers[8],[11],[Note 11].
Le durcissement de l'antisémitisme (1942)
Sous Zone d'occupation italienne en France, à la suite de l'Armistice du 24 juin 1940, Cannes tombe sous l'autorité des fascistes italiens en novembre 1942. L'Aeronautica Militare se scinde entre l'Aeronautica Nazionale Repubblicana, pro-facsiste et l'Aeronautica Cobelligerante Italiana, pro-alliés. Les premiers souhaitent s'emparer de l'aviation hexagonale tandis que 27 sous-marins du 11e Groupe, BETASOM (bêta pour la lettre grecque initiale de Bordeaux), rejoignent la Base sous-marine de Bordeaux, dont cinq seront envoyés le long des côtes américaines.
En février 1942 commence le Procès de Riom. Auprès du préfet régional de Bordeaux, Maurice Sabatier, en sa qualité de secrétaire général de la préfecture de la Gironde, Maurice Papon[Note 12] contrôle le Service des affaires juives et participe à la politique d'arrestation et de déportation coordonnée par René Bousquet[Note 13] et Jean Leguay.
En , les Allemands envahissent la Zone Sud, dite libre, pendant l'Opération Anton.
Vers la Bataille aérienne de Berlin (1943)
Le , Hermann Graf, après l'Ergänzungs-Jagdgruppe Ost (en), dirige l'école avancée d'entrainement à la chasse, à Saint-Jean-d'Angély, au nord de Bordeaux.
Le Focke-Wulf Fw 189 Uhu (Eagle Owl dit l'Œil volant), un des meilleurs avions de reconnaissance en service au cours de la Seconde Guerre mondiale, est produit à l'usine de Bordeaux-Merignac, par la SNCASO[12], dans la France occupée, mais en 1943, après l'invasion de la zone libre, le général des armées allemandes en France, Gerd von Rundstedt, veut transférer l'aéronautique française en Allemagne. Le ministre de l'air, Jean-François Jannekeyn, s'y oppose mais ne réussit pas à stopper le départ d'un groupe d'ingénieurs en Allemagne[Note 14],[Note 15].
L'échec des attaques, du , contre la base sous marine de Bordeaux[13] et du , contre les usines Focke-Wulff de Brême, menées par trente-quatre avions puis par le Memphis Belle et cent quinze Boeing B-17 Flying Fortress précèdent l'Offensive de bombardement combinée de la 8th Air Force, le , à Marienburg[14].
Les Allemands occupent alors Cannes, en novembre 1943, transfèrent Marcel Bloch, sa femme, Madeleine, et ses fils, Claude et Serge, de Vals-les-Bains vers la Prison Montluc, en mars 1944, puis vers le camp d'internement de Drancy. Tandis que la Bataille de Normandie se termine, l'avionneur part seul pour le camp de concentration de Buchenwald, au mois d'août.
- Le Focke Wulf Fw 190 A-5/U7 d'Hermann Graf
- Focke-Wulf Fw 189 «Uhu»
- B17 Flying Fortress
Après la Libération (1944-1947)
Après avoir quitté Pau le , les Allemands quittent Bordeaux le .
La SNCASO récupère quelques machines-outils dans les décombres de l'Aéroport de Bordeaux - Mérignac pour les Anglais et dès son retour de Buchenwald, en avril 1945, Marcel Dassault fait appel au groupe de Talence pour relancer ses activités aéronautiques. En juin 1945, l'Armée de l'air française lance un appel d'offres pour un avion de liaison équipé de 2 moteurs Lorraine Béarn.
Marcel Dassault reprend le projet du BA 30, réalisé par Bordeaux-Aéronautique[15], mais des modifications paraissent nécessaires à Paul Deplante. En juillet 1946, deux prototypes sont commandés par l'armée dont le Dassault MD 311-312-315 Flamant[16],[Note 16], équipé de deux moteurs SNECMA-Argus S12, des V12 équipant également les Fw-189 de la Luftwaffe[17].
La société Bordeaux Aéronautique est dissoute le .
Jacques Chaban-Delmas, général de la Résistance proche de l'avionneur, remporte les Élections municipales françaises de 1947 et devient maire de Bordeaux[Note 17],[Note 18].
- Dassault MD.315 Flamant
- Dassault Flamant à Rouen-Boos en 1997
Bibliographie
- Marcel Dassault, Le Talisman (autobiographie), éd. J'ai Lu, 1970 et éd. Jours de France, 1973
- Jean-Yves Lorant, Le Focke Wulf 190, Paris, avec Jean-Bernard Frappé, Editions Larivière, coll. « Docavia », 1981, 408 p.
- Guy Audrain, Le Bureau d’études de Bordeaux, 1982[18]
- Pierre Assouline, Monsieur Dassault, Balland, 1983, (ISBN 9782715804067)
- Michel Slitinsky, Procès Papon, le devoir de justice, éditions de l'aube, 1997
- Claude d'Abzac-Epezy, L'Armée de l'air des années noires : Vichy 1940-1944, avec Général Maurice Schmitt, 1998
- Philippe Verheyde, Les Mauvais Comptes de Vichy: L'aryanisation des entreprises juives, 1999
- Herrick Chapman, L'Aéronautique : Salariés et patrons d'une industrie française (1928-1950). Pu Rennes, Préface de Patrick Fridenson, 2011
- Claude Carlier, Marcel Dassault la légende d'un siècle, Perrin, 2002
- Patrick Facon, La guerre aérienne, 1933-1945, 2003
- Guy Vadepied (avec la collaboration de Pierre Péan), Marcel Dassault ou les ailes du pouvoir, éd. Fayard, 2003
- Vincent Giraudier, Les Bastilles de Vichy, répression politique et internement administratif, Editions Taillandier, 2009 (ISBN 978-2847344141)
- Patrick Fridenson, Entreprises et Histoire, n°85, Éditions Eska, (ISBN 9782747226721)[19]
- Claude Carlier, Dassault : De Marcel à Serge, Éditions Perrin, 2017
- Alain Juppé, Dictionnaire amoureux de Bordeaux, Plon, 2018
Liens externes
- Dassault Aviation 1940-1945 - During the War, Global Security
- Marcel Dassault parrain de la nouvelle promotion d’officiers de l’École de l’Air, European Security
- Bordeaux Aéronautique à Talence, Air et espace Aquitaine
- Usine Marcel Bloch à Talence, Patrimoine et inventaire
Liens internes
Voir aussi
Notes
- Devant l'accélération des commandes, Marcel Bloch envoie Henri Deplante, en novembre 1939 à Bordeaux, pour mettre au point la série des MB 170, produits par l'usine de Mérignac dirigée, depuis 1937, par Bention Grebelsky. Il le charge ainsi que son frère Paul, et André Curvale, d'installer une nouvelle usine privée qu'il dénomme Bordeaux-Aéronautique. elle est située dans la banlieue bordelaise de Talence. Cette décision d'envoyer Henri Deplante à Bordeaux est très importante. Elle montre que Marcel Bloch a pris conscience de ses défauts : vouloir aller trop vite et sous-estimer les problèmes de la fabrication en série. S'il a réussi à résoudre correctement la fabrication en série des MB 170, par contre il est trop tard pour accélérer la production des MB 150. De violentes polémiques s'engagent avec le ministère de l'Armée de l'Air. Ce comportement est bien caractéristique de Marcel Bloch puis de Marcel Dassault : les prototypes le passionnent, pas la série. (Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p. 101)
- En 1939, Marcel Bloch, toujours pressé, continue de recruter. Le 1er février, il embauche Claude de Cambronne : « Après Sup'Aéro, je travaillais dans une compagnie d'assurance qui ne couvrait que le risque aviation de tourisme, j'étais directeur des expertises. Marcel Bloch m'a proposé d’entrer dans sa Société en me disant : " Je vous propose une situation chez moi car nous allons avoir la guerre ". J'ai été très étonné. Plus tard j'ai compris que quand il ouvrait la bouche ce n'était que pour dire des choses sensées. Avec lui, je suis passé du niveau de l'élève de Sup'Aéro au plus haut niveau de la profession. (Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p.103)
- Dans un premier temps, l'usine de Saint-Cloud est affectée à la réalisation d'hélices métalliques du type Chauvière mais, comme le gouvernement souhaite décentraliser l'industrie aéronautique, la SAAMB signe, avec la Caisse de compensation, un contrat prévoyant la construction d'usines à Thiers (Puy-de-Dôme) et à Monnaie (Indre-et-Loire) avec achat de machines-outils. Alors que ces usines n'en sont encore qu'à l'état embryonnaire, la SAAMB, d'une usine en chômage. Cette usine n'ayant pas un emploi immédiat, la SAAMB la rétrocède à la société Bordeaux-Aéronautique, créée en octobre 1939 par Marcel Bloch. Entre-temps, en juillet, le ministère de l'AIr demande d'arrêter les travaux de réalisation de l'usine de Monnaie et d'achever seulement celle de Thiers. (Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p.104-105)
- Le 20 janvier, le ministre de l'Air informe son collègue des Finances qu'il trouve désormais incompatibles les fonctions d'administrateur d'une société exerçant son activité dans la même branche que la société nationale. Le même jour, il avertit Marcel Bloch qu'en raison de son cumul de fonction à la Sncaso et à Bordeaux Aéronautique, fondée le 17 octobre 1939, il est amené à donner des ordres pour que soit exercé le contrôle des prix de revient et des bénéfices de Bordeaux-Aéronautique. Le ministre ordonne également aux sociétés nationales de ne pas passer directement de commandes à Bordeaux-Aéronautique sans que les prix n'aient été discutés et agréés par ses services. Le 20 janvier, le contrôle téléphonique de la 5e Région aérienne intercepte une communication entre Marcel Bloch à Saint-Aignan et le secrétaire technique de la Sncaso, M.Fernand Vinsonneau, à Paris. Elle concerne les essais d'évaluation en cours du Bloch 134. Marcel Bloch parle : "Il est convenu qu'après la base on dira que les bougies sont encrassées et on enlèvera le réchauffage."(Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p. 110-111)
- (Marcel Bloch) encouragea la création d'une société sous-traitante, la fameuse Bordeaux-Aéronautique. Une usine désaffectée fut installée. Bloch y détacha des ingénieurs de Villacoublay, une usine de prototypes qu'il avait reçu l'ordre de décentraliser parce qu'elle était trop exposée ; les autres techniciens et spécialistes, furent envoyés à Bordeaux-Mérignac. On y fabriqua des parties avant de Bloch 175. Quatre-cents femmes y furent embauchées. À l'armistice, après cinq mois de production, on avait construit deux cents fuselages. Quant aux hélices métalliques à pas variable, il rappelle qu'en avril 1940, il en sortait 175 par mois et qu'en l'espace de quinze mois, il avait mis sur pied une des plus puissantes usines d'hélices de France. (Extrait du livre de Pierre Assouline, Monsieur Dassault, Balland, 1983, p.158)
- G.Poullain raconte en 1972 : "Vous m'aviez dit que vous souhaitiez ne pas vous cantonner dans l'industrie aéronautique militaire. Vous projetiez de voir des avions civils Dassault parcourir les lignes du monde." Marcel Dasault lui répond : Je me rappelle très bien de nos travaux d'Ecully qui m'ont permis à une époque difficile, de me maintenir dans l'ambiance aéronautique." Le 3 mai 1986, après la mort de Marcel Dassault, G.Poullain précise "Étant optimiste sur l'issue de la guerre, Monsieur Dassault confia à M. Vinsonneau et Paul Deplante l'étude d'un avion commercial destiné à Air France, le 1020. Je continuai à assurer la liaison entre eux et Monsieur Dassault. La réalisation de la construction fut réalisée aux trois-quarts à Talence. En 1944, M.Curvale en arrêta la fabrication." (Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p. 144-145)
- Pendant ce temps, l'équipe de Marcel Bloch restée à Bordeaux fait la connaissance d'un Allemand au comportement curieux, l'ingénieur Vogel. Tandis que les dirigeants industriels français essaient de camoufler leurs réalisations et de conserver un maximum de personnel. Vogel ne manifeste aucun zèle pour les gêner, il leur fait même des confidences sur les difficultés que rencontre la Luftwaffe face aux anglais pendant la Bataille d'Angleterre. La présence à Bordeaux, en zone occupée, des principaux concepteurs d'avions Bloch devient un risque inutile. En juillet 1940, une partie du bureau d'études emmenée par Henri Deplante rejoint Châteauroux, en zone libre. Il ne comprend pas pourquoi Vogel n'essaye pas de les poursuivre. (Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p. 125)
- La Luftwaffe s'est déjà signalée à Bordeaux, lors d'un bombardement dans la nuit du 19 au 20 juin 1940, faisant 68 morts et 185 blessés. L'aérodrome de Mérignac, construit en 1934, devient une importante base militaire allemande, dès l'été 1940, qui prolonge ses installations jusqu'à Beutre. Durant quatre années, le nom de Mérignac est indissociable de la 40ème escadre de bombardement, qui va regrouper jusqu'à seize escadrilles et aligner 10 000 hommes et 150 avions, dont les quadrimoteurs Focke-Wulf 200 Kondor. Le 27 mars 1944, un bombardement de la Royal Air Force la détruit partiellement. Par précaution, la Luftwaffe déplace les avions sur Avignon et Mont-de-Marsan. À cette époque, l'aviation du maréchal Goering ne compte plus que 319 appareils disponibles dans toute la France, dont 30 à Mérignac. La 4ème escadre du lieutenant Heyn n'est plus que l'ombre d'elle même. Outre celle de Mérignac, la Luftwaffe aura occupé, en Aquitaine, les bases aéronavales d'Hourtin et de Bicarrosse et pour la chasse ou la reconnaissance celles de Mont-de-Marsan, Cazaux, Biarritz et Corme-Ecluse. Pour contrebalancer, les très importantes pertes, de puissantes formations terrestres de la Luftwaffe sont formées et équipées de nombreuses pièces de DCA. LE 45ème régiment de la Flak, fort de 15 000 hommes, occupe Bordeaux-Mérignac et ses environs jusqu'en août 1944. Cette grande unité comprend huit groupes DCA, un groupe de barrages (ballons) et un groupe de projecteurs. Chaque groupe de DCA aligne 3 à 6 batteries. Dès le 22 juillet 1940, Bordeaux a le triste privilège de loger la première des seize antennes du SD (Service de renseignement d'espionnage et de sécurité proprement SS en France). L'officier SS, Herbert Hagen s'installe discrètement avec huit de ses agents dans la cité girondine. Né en 1913 à Neumunster, Hagen s'inscrit au Parti nazi en 1934. Disciple d'Adolf Eichmann et du docteur Franz Six, il gravit rapidement les échelons du SD pour devenir à 23 ans le bras droit du docteur Helmut Knochen, chef de la Gestapo. (Bordeaux brûle-t-il ?, Dominique Lormier, Les Dossiers d'Aquitaine p.17, 2003)
- "Dès l'annonce de l'arrestation de Bloch, la presse d'extrême droite exulte et salue "une mesure de salubrité publique". Le collaborateur de Gringoire, Michel Labruyère, antisémite notoire, signe depuis quelques numéros déjà une série d'articles intitulés "Lumières sur les scandales de l'aviation" : "Insuffisance de production, malversations de tous ordres, sabotages prémédités, détournements de personnel…" Ou encore : "Qui expliquera le complexe patriotique du gendre de Mourier : Paul Mazer, qui s'est imposé par trois fois des sudations oléagineuses pour légaliser le kidnappage par Bloch de vingt-neuf spécialistes de la SNCASO au profit de la Société Bordeaux Aéronautique ? Qui dira les sanctions prises contre Bloch et son démarcheur pour cet acte inqualifiable ?" (Extrait du livre de Guy Vadepied (avec la collaboration de Pierre Péan, Marcel Dassault ou les ailes du pouvoir, Fayard, 2003, p. 88)
- « Mes chers camarades, si l'heure est difficile, ne désespérez pas de l'avenir. (…) Après cette guerre où les bateaux, le matériel roulant, les avions commerciaux auront été anéantis, l'aviation commerciale connaîtra un essor inouï car elle remplacera la plupart des moyens de transport. (…) « Nul doute que le gouvernement de l'État français, dans une Europe reconstruite, saura conserver à notre pays la part de production aéronautique qui revient à notre technique et à notre position géographique dans le monde. (…) « Président de votre Association, je reviendrai un jour me placer à côté de vous et mon concours amical vous sera comme toujours acquis. » (Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p. 129)
- (Marcel Bloch) estime que le ministère de l'air se fonde sur autre chose que le prix des fuselages pour le maintenir en prison. Pour lui, c'est sa société Bordeaux-Aéronautique qui est la cause du litige. Le ministère de l'air prétend que s'il n'a pas été actionnaire de Bordeaux-Aéronautique au début, c'était pour mieux lui permettre de passer, à des prix excessifs, des commandes de la Société nationale à Bordeaux Aéronautique : "Il sait qu'il n'y a jamais eu d'intention puisque je n'ai jamais passé de commandes à Bordeaux-Aéronautique, que mes lettres des 7 et 13 novembre n'étaient pas valablement signées et que ce n'était que des projets de commandes, destinés à inviter Bordeaux-Aéronautique à se mettre en rapport avec le Service des marchés pour recevoir un marché d'Etat que Bordeaux-Aéronautique a du reste reçu. D'ailleurs, Caquot dit bien que la Société Nationale n'avait pas le droit de passer un tel marché, c'est pour cela que l'on ne l'a passé. C'est à l'expert de donner son avis là-dessus." . (Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p.134)
- Il devient président de Sud-Aviation, en 1967, ancêtre de l'Aérospatiale, (Article Maurice Papon (1910-2007), Encyclopedia Universalis)
- Antoien Veil, le marie de Simone, "manager", lui-même m'a confié, l'autre jour, qu'il avait longtemps participé au conseil d'administration d'UTA Union de transports aériens - la compagnie d'aviation, aux côtés de René Bousquet. (Dieu n'a pas fait la mort, Françoise Verny
- Bloch suit tout cela de sa chambre d'hôpital d'Ecully. Il ne sait pas tout, mais il a encore des antennes bien placées. Il attend les réactions à la dernière opération qu'il a tenté de monter pour soustraire sa société Bordeaux-Aéronautique à des indésirables. Le capital de cette entreprise, fondée en octobre 1939, était de un million de francs divisé en deux mille actions de cinq cents francs. Il en possédait lui-même 650. Après lui, le plus gros actionnaire était André Curvale avec 635 actions. En tant que juif, Marcel Bloch n'a plus le droit de détenir ces actions. Tant qu'à vendre, il veut les faire acheter par les trois autres plus gros actionnaires. Seulement voilà, l'administrateur provisoire se demande s'ils ne sont pas "enjuivés" et s'ils sont vraiment hors de l'influence de Marcel Bloch. (Extrait du livre de Pierre Assouline, Monsieur Dassault, Balland, 1983, p. 173-174)
- Bordeaux Aéronautique a été créée, le 17 octobre 1939, selon acte sous seings-privés déposé chez maître Bonnel, notaire à Paris, le 19 octobre. Sur les actions, 650 appartiennent à Marcel Bloch, 655 à André Curvale, 390 à Henri Deplante et 260 à Claude de Cambronne, qui sont les principaux actionnaires. (Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002)
- Dès son retour de déportation, il demande à Paul Deplante de lui ressortir le projet de bimoteur de liaison BA 30 étudié par Bordeaux-Aéronautique pendant l'occupation : "Il examine longuement l'ensemble trois vues, accepte l'aile médiane qui a l'avantage d'assurer une silhouette élégante, remonte l'empennage horizontal et demande d'allonger le nez du fuselage pour y loger la roue avant, il augmente aussi la puissance des moteurs et définit les hélices." C'est ainsi que prend forme le projet d'un avion baptisé Flamant. La réalisation d'une maquette grandeur nature est immédiatement lancée à Talence puis un prototype est mis en chantier : le MB 303 de liaison et d'entrainement. En même temps une étude préliminaire est effectuée pour un appareil d'entrainement à la navigation et au bombardement : le MB 301. De son côté, la Sncaso présente un projet concurrent, le SO 94 Corse. Le ministère de l'Air veut comparer les performances en vol des prototypes avant de choisir. (Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p. 182)
- Le député maire de Bordeaux, Jacques Chaban Delmas, intervient et l'Armée de l'air met à leur disposition d'anciens hangars à Mérignac près de celui où sont déjà assemblés les prototypes. Les premiers travaux commencent en avril 1949, le bâtiment est utilisé dès août 1950. (Extrait tiré de la biographie de Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p. 185)
- 1948 : (Marcel Bloch) abandonne la présidence de la SNCASO, pour celle de la Société nationale de constructions aéronautiques du Centre. Il crée à Casablanca une SARL au capital de vingt millions, les Lignes aériennes Marcel Dassault, à laquelle il associe son fils Serge. 1950 : la société montée à Casablanca, rue Gallieni, s'appelle dorénavant Air Atlantique et son capital passe à cinquante millions, l'un des gérants s'appelle Corniglion-Molinier. La même année, il crée la Société Casblanca-avions Marcel Dassault au capital de dix millions. Le début des années cinquante marque un nouveau départ. L'horizon de Marcel Dassault s'élargit. Il jette les bases de la Société des avions Marcel Dassault en regroupant ses sociétés précédemment installées à Boulogne, Mérignac, Villaroche… Elle prendra le nom, par la suite, de Générale aéronautique Marcel Dassault. (Extrait du livre de Pierre Assouline, Monsieur Dassault, Balland, 1983, p.304-305)
Références
- Souterrain du Prince Noir, Talence
- Aviation erienne, Aerobordelaise
- La nationalisation et le réarmement, Dassault Aviation
- LE BESTIAIRE EXTRAORDINAIRE DE L'ARMEE FRANÇAISE, Model Archives
- Mérignac, Dassault aviation
- Guerre aérienne - Armée de l'Air de Vichy 1940-1941, histoire. Arrive
- Klemm, op cit, p 54
- Assouline, p. 161.
- L'Économie du risque: Les entrepreneurs de 1850 à 1980, d'Emmanuel Chadeau
- Claude Carlier, Marcel Dassault : La légende d'un siècle, Éditions Perrin, mai 2002, p.137)
- Assouline, p. 165.
- Focke Wulf fw 189 uhu, Avions legendaires
- Histoire des Maires de Bordeaux , Les dossiers d'Aquitaine, p.396
- Masters of the Air: Tribute to the Mighty Eighth, Flyingmag
- Guerres mondiales et con flits contemporains : Des hommes d'église dans la grande guerre, Numéros 187 à 188, 1996, p.86
- Dassault MB-30 Flamant, Avions militaires
- Le MD 315 « Flamant » ou le premier avion de Marcel Dassault, Aerobuzz
- La conception de l’usine Dassault de Mérignac dans l’histoire architecturale aéronautique française, de l’entre-deux-guerres à la guerre froide par Laetitia Maison Soulard, Openedition
- Entreprises et histoire, Cairn
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