Vittersbourg

Vittersbourg est une commune française située dans le département de la Moselle, en région Grand Est.

Vittersbourg

Église Saint-Georges.

Héraldique
Administration
Pays France
Région Grand Est
Département Moselle
Arrondissement Sarrebourg-Château-Salins
Intercommunalité Communauté de communes du Saulnois
Maire
Mandat
Gilbert Rostoucher
2020-2026
Code postal 57670
Code commune 57725
Démographie
Gentilé Vttersbourgeois, Vitterbourgeoises
Population
municipale
351 hab. (2018 )
Densité 49 hab./km2
Géographie
Coordonnées 48° 57′ 03″ nord, 6° 55′ 46″ est
Altitude Min. 218 m
Max. 253 m
Superficie 7,13 km2
Type Commune rurale
Aire d'attraction Commune hors attraction des villes
Élections
Départementales Canton du Saulnois
Législatives Quatrième circonscription
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Grand Est
Vittersbourg
Géolocalisation sur la carte : Moselle
Vittersbourg
Géolocalisation sur la carte : France
Vittersbourg
Géolocalisation sur la carte : France
Vittersbourg

    Géographie

    Le village de Vittersbourg est situé en Lorraine germanophone dans la vallée de l'Albe, non loin de la frontière linguistique mosellane, à 6 km au nord-est d’Albestroff, chef-lieu du canton.

    Urbanisme

    Typologie

    Vittersbourg est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[1],[2],[3]. La commune est en outre hors attraction des villes[4],[5].

    Occupation des sols

    Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (76,3 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (77 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones agricoles hétérogènes (42,6 %), prairies (20,8 %), forêts (18,9 %), terres arables (12,9 %), zones urbanisées (4,7 %)[6].

    L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[7].

    Toponymie

    • Witerborch (1343), Vitersberg et Vittersberg (1559), Witersburg (1594), Vitersbourg (1793), Witersbourg (1801), Wittersburg (1871-1918).

    Histoire

    Des origines à la fin du duché de Lorraine en 1766

    L’origine du village n’est pas connue. Selon Lepage[8], la plus ancienne mention du village se trouve dans une charte de 1343.

    Vittersbourg fit sans doute initialement partie du comté de Marimont (Mörsberg)[9].

    Du Moyen Âge au XVIIIe siècle, Vittersbourg fit partie du duché de Lorraine, État souverain relevant du Saint-Empire romain germanique. Le village dépendait de la prévôté d’Insming[10] et de la châtellenie de Marimont dans le bailliage d'Allemagne[11].

    La guerre de Trente Ans qui dévasta toute la Lorraine n’épargna pas le village de Vittersbourg, qui semble avoir été entièrement détruit en 1633[10].

    Sur le plan religieux, Vittersbourg resta pendant des siècles une simple annexe de la paroisse catholique d’Insming. Après des décennies de négociations, les habitants de Vittersbourg obtinrent enfin que leur église soit érigée en paroisse en 1747.

    L’annexion à la France (1766-1871)

    Conformément aux dispositions du traité de Vienne de 1738, le duché de Lorraine perd son indépendance et est annexé au royaume de France en 1766 après le décès du duc Stanislas Leszczyński. Le village de Vittersbourg devient français et est alors rattaché à la province de Lorraine, née de la fusion des Trois-Évêchés (annexés de facto au royaume depuis 1552) et des anciens duchés nouvellement acquis.

    Le découpage de la province de Lorraine en départements en 1790 fait fi aussi bien des liens historiques de ses territoires que de la frontière linguistique mosellane. Le vœu formulé par l’assemblée de réduction de Sarreguemines de créer un département lorrain de langue allemande n’a pas été retenu[12]. La commune se voit ainsi rattachée au canton d'Albestroff, autrefois siège d’une châtellenie épiscopale, dans le département de la Meurthe, qui était majoritairement francophone.

    L’annexion à l’Allemagne et le Reichsland (1871-1919)

    En 1871, Vittersbourg est annexée à Empire allemand en vertu du traité de Francfort. Le village fait alors partie du district de Lorraine, l’un des trois districts administratifs de l'Alsace-Lorraine et adopte l’orthographe allemande Wittersburg.

    En 1914, la mobilisation des soldats du Reichsland s’opéra dans l’ordre et le calme, les défections furent rares ; seuls quelques centaines de mobilisables proches de la frontière s’enfuirent en France plutôt que de se battre pour le Kaiser[13]. Le drame de ces Malgré-nous de la Grande-Guerre, dont beaucoup perdirent la vie sur les champs de bataille, est rarement évoqué.

    Le rattachement à la France et la Seconde Guerre mondiale

    Conformément à l’article 27 du traité de Versailles, Vittersbourg est réunie à la France en 1919. Le village reprend son orthographie française et est rattaché au nouveau département de la Moselle qui adopte les limites administratives du district de Lorraine.

    À la suite de l'offensive allemande à l’Ouest du , les habitants sont évacués en toute hâte le à Châteldon dans le Puy-de-Dôme[14] et forcés d’abandonner sur place leurs biens et leur bétail.

    À leur retour en , les réfugiés retrouvent un village dévasté et pillé. L'église, dont le clocher pouvait servir d'observatoire, a été détruite par des bombes incendiaires allemandes les 12 et [15]. Le département de la Moselle a été entretemps occupé par l’Allemagne et annexé de facto au troisième Reich qui l’a incorporé au Gau Westmark.

    Le , le Gauleiter Josef Bürckel promulgua l’ordonnance instituant le service militaire obligatoire pour les Mosellans, en violation du droit international. La situation était cependant bien différente de celle de 1914 et nombreux furent les jeunes Alsaciens-Lorrains qui refusèrent de se battre pour le troisième Reich.

    En 1943 quatorze jeunes réfractaires et déserteurs Malgré-nous de Vittersbourg rejoignirent une cinquantaine de prisonniers russes et serbes évadés d’un camp de Sarralbe et se réfugièrent dans la forêt du Muhlwald[16].

    Le le village fut une première fois fouillé sans succès par une unité allemande. Une deuxième fouille, encore plus brutale, menée le ne permit pas davantage de retrouver les réfractaires, mais par mesure de représailles onze parents de ces Malgré-nous furent internés au camp de la Brême d’Or à Sarrebruck. Ce n'était que la première étape d’un long calvaire qui devait se poursuivre à partir de début à Sachsenhausen pour les hommes et à Ravensbrück puis Oranienburg-Sachsenhausen pour les femmes[17].

    Alors que la bataille de Metz venait de commencer, les Allemands lancent du 21 au une nouvelle action[18]. Lors d'une battue dans la forêt le , un des jeunes maquisards, Eugène Blanchard, fut abattu. Les treize survivants ne purent cependant être capturés. Dans la nuit du 22 au , les maquisards du Muhlwald commirent un attentat près d’Insming sur la ligne de chemin de fer de Bénestroff à Sarralbe. Les Allemands menacèrent alors de pendre dix otages et d'incendier les maisons du village s’ils refusaient de se rendre. Devant cette menace, les treize maquisards sortirent de leurs cachettes le et se rendirent à l’occupant. Transférés à la prison militaire de Torgau, ils furent jugés par un tribunal militaire et condamnés à de lourdes peines. Deux d'entre eux moururent peu après leur libération en mai et .

    Deux mois plus tard, en , la commune fut enfin libérée par les troupes américaines. Sur les vingt sept habitants du village qui avaient été au total déportés ou emprisonnés, sept n'ont pas survécu. Il faut ajouter à ces victimes de la déportation les cinq habitants du village tués par faits de guerre et le fusillé de la forêt du Muhlwald[19]. Village martyr, la commune est citée à l'Ordre de la Nation le .

    Héraldique

    Blason
    D'or à la tour donjonnée de gueules, issant d'une champagne crénelée du même, et sommée d'un étendard d'argent à la fasce de gueules.
    Détails
    Le statut officiel du blason reste à déterminer.

    Politique et administration

    Liste des maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    mars 1993 mars 2001 Armand Blang    
    mars 2001 mars 2008 Éric Schmitt    
    mars 2008 En cours Gilbert Rostoucher    
    Les données manquantes sont à compléter.

    Démographie

    L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[20]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[21].

    En 2018, la commune comptait 351 habitants[Note 2], en diminution de 1,96 % par rapport à 2013 (Moselle : −0,32 %, France hors Mayotte : +1,78 %).

    Évolution de la population  [modifier]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    500429546424580614603592539
    1856 1861 1871 1875 1880 1885 1890 1895 1900
    502533519521503503482483463
    1905 1910 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962
    451423363368376344320300330
    1968 1975 1982 1990 1999 2006 2007 2008 2013
    322310309296287320325330358
    2018 - - - - - - - -
    351--------
    De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[22] puis Insee à partir de 2006[23]. |recens-prem=2008 .)
    Histogramme de l'évolution démographique

    Lieux et monuments

    Ferme à pans de bois datant du XVIIIe siècle.

    Édifices religieux

    • Église Saint-Georges 1747, détruite en 1940, remplacée par une église 1955 : clocher 1847.
    • Grotte de Lourdes édifiée par les habitants de la commune en 1930. Fête religieuse célébrée tous les ans en l'honneur de la nativité de la Sainte Vierge, le premier dimanche de septembre avec retraite aux flambeaux à travers les rues du village.

    Voir aussi

    Liens externes

    Notes et références

    Notes

    1. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    2. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.

    Références

    1. « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    2. « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
    3. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    4. « Base des aires d'attraction des villes 2020. », sur insee.fr, (consulté le ).
    5. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
    6. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
    7. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
    8. Henri Lepage, Dictionnaire topographique du département de la Meurthe, Paris, 1862.
    9. (de) Die Alten Territorien des Bezirkes Lothringen nach dem Stande vom 1. Jan. 1648. I. Theil, Strasbourg, 1909, p. 241.
    10. Jean Houpert, La Prévôté d’Insming : repeuplement et restauration d’un canton lorrain après la guerre de Trente ans, Éditions Naaman, Sherbrooke, 1975.
    11. Henri Hiegel, Le bailliage d’Allemagne de 1600 à 1632. Tome 1. L’administration, la justice, les finances et l’organisation militaire, Sarreguemines, Éditions Pierron, 1961.
    12. Jean-Louis Masson, Histoire administrative de la Lorraine, Éditions Fernand Lanore, Paris, 1982, p. 139.
    13. François Roth, Alsace Lorraine histoire d’un « pays perdu » de 1870 à nos jours, Place Stanislas Éditions, 2010, (ISBN 978-2-355-78050-9).
    14. Henri Hiegel, La drôle de guerre en Moselle Tome I, Éditions Pierron, 1983, (ISBN 2-7085-0019-8).
    15. Jean Gerault, Fernand Wilhelm, 1940. L'église de Vittersbourg victime de la guerre, Le pays d'Albe, revue de la société d'histoire régionale les amis du pays d'Albe, N° 40, 2010.
    16. Henri Hiegel, L’enrôlement des Mosellans dans le R.A.D. et la Wehrmacht de 1940 à 1945, Académie nationale de Metz, 1982.
    17. Témoignage de Marthe Gaertner, déportée.
    18. Cédric Neveu, La Gestapo en Moselle, éditions Serpenoise, Metz 2012, p. 264-265, (ISBN 978-2-87692-921-0).
    19. Erika Wagner, Vittersbourg sous l'occupation allemande, Le pays d'Albe, revue de la société d'histoire régionale les amis du pays d'Albe, N° 42, 2012.
    20. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    21. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    22. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
    23. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
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