Robert Touchon

Robert Auguste Touchon, né le [1] à Paris et mort le à l'hôpital militaire de La Tronche[2], est un général français, pionnier de l'alpinisme et du ski militaire, et un héros de la Première Guerre mondiale puis général pendant la Seconde.

Robert Touchon

Robert Touchon pendant la Grande Guerre

Nom de naissance Robert Auguste Touchon
Naissance
Paris - 4e arrondissement
Décès
La Tronche
Arme Armée de Terre
Chasseurs Alpins
Unité 14e BCA (1901-1914)
30e BCA (1914-1915)
Années de service
Commandement 54e BCA (1915-1916)
115e BCA (1916-1918)
6e armée (1940)
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Distinctions  Croix de guerre 1914-1918
 
 Croix de guerre 1939-1945
Autres fonctions Alpiniste
Titulaire de 1941 à 1960 du fauteuil no 42 de l'Académie Delphinale.

Biographie

Famille

Robert Touchon est le fils de Pierre-Frédéric Touchon[2] (1840-1924), négociant en articles de cuir à Paris, et de Sophie-Clarisse Deckherr[2] (1846-) qu'il a épousée en 1878.

Sophie-Clarisse Deckherr est la fille de Joseph Alphonse Deckherr, né le à Montbéliard, et mort le à Audincourt, et de Sophie Adèle Lods, née le et morte le qui se sont mariés le . De ce mariage naquirent Henri-Alphonse Deckherr et Sophie-Clarisse Deckherr.

Robert Touchon épouse le [2] à Paris, Blanche Augustine Lacroix[2], née le à Vinay et morte le à Lyon. Trois enfants naissent de leur union : Pierre Touchon, Robert Touchon et Louise Touchon[3].

Études

Robert-Auguste Touchon étudie au lycée Montaigne de Paris et au lycée Louis-le-Grand[1].

Le [2], il est admis au sein de la 84e promotion de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, baptisée « promotion d'In Salah », et à laquelle appartiennent aussi Charles Mercier du Paty de Clam et son demi-frère Auguste "Jacques" Marie Mercier du Paty de Clam[4],[Note 1].

Il intègre cette école en tant qu'élève de 2e classe le [2], et y acquiert successivement les grades de caporal (le [2]) puis de sergent (le [2]).

Chasseur Alpin

En , le lieutenant Touchon du 14e BCA, est nommé membre du jury du concours de fabrication de skis que le Touring Club de France organise au Sappey-en-Chartreuse. Abel Rossignol est l'un les fabricants qui se sont engagés dans cette compétition[5].

En , deux étudiants allemands, Schell et Kern, s'égarent dans le mont Néron, et sont retrouvés deux jours plus tard par les compagnies du lieutenant Touchon au sommet du couloir Godefroy[6].

Pendant l'hiver 1912, il est à Névache où le 14e BCA tient un poste d'hiver. et organise des reconnaissances à ski. Notamment un aller-retour de Névache à Valloire par le col des Rochilles, et un aller-retour Névache-Le Monêtier-les-Bains par le col de Buffère, complété par un aller-retour de Le Monêtier au col de l'Eychauda[7].

Pendant la Première Guerre mondiale

Il commande au combat au début de la guerre la 6e compagnie du 30e bataillon de chasseurs[8]. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur le [9] et est un des premiers à avoir reçu cette décoration pendant la guerre[10]. En 1915, il reçoit le commandement du 54e bataillon de chasseurs[11] puis du 115e bataillon[10]. Il est cité de nombreuses fois, notamment plus de cinq fois à l'ordre de l'armée[12].

L'entre-deux guerres

Le général Touchon (en képi) avec les généraux Lestien et Doyen pendant un exercice en 1938.

Il prend en janvier 1928, le commandement du 159e régiment d'infanterie à Briançon qu'il détient jusqu'en 1930. Durant cette période, il parcourt les montagnes à la tête de son régiment, effectue personnellement des reconnaissances systématiques sur les glaciers et les sommets, rédige des manuels d'instruction. Il est aussi alors commandant du « Centre d'hiver d'études pratiques de montagne » et organise des stages d'instruction destinés à des officiers d'autres régiments qui sont rapidement réputés dans l'ensemble de l'Armée de terre.

Il est nommé général en 1933.

Pendant la Seconde Guerre mondiale

Le , par décision d'Édouard Daladier qui occupe à la fois les postes de président du Conseil et de ministre de la Guerre et de la Défense nationale, les rang et prérogatives de général d'armée sont conférés, à titre temporaire, au général de corps d'armée Touchon[13].

Il commande au début de la Seconde Guerre mondiale le 23e corps d'armée avant de prendre la tête, au début de l'invasion allemande, de la 6e armée. Il prend sa retraite après l'armistice du 22 juin 1940.

Le , en application d'une loi adoptée le qui abaisse les limites d'âge pour tous les grades, Robert Touchon est mis en retraite en même temps que les généraux Antoine Marie Benoit Besson, Georges Maurice Jean Blanchard, Victor Bourret[Note 2], Louis Colson, Charles-Marie Condé, Jeanny-Jules-Marcel Garchery et Charles Noguès[14].

Carrière politique

Le , Robert Touchon est l'un des six militaires nommés par le maréchal Pétain membre du Conseil national, une assemblée consultative créée à l'initiative de Pierre-Étienne Flandin, par une loi du , afin de consolider son pouvoir et prévenir le retour de Pierre Laval à la direction du gouvernement. Pierre-Étienne Flandin démissionne le , François Darlan le remplace. Cette assemblée consultative qui ne tient pas de séance publique, qui se réunit principalement, selon les règles inspirées par François Darlan[15], sous la forme de quatre commissions dont la mission est limitée dans le temps, et dans laquelle les élus siègent par ordre alphabétique afin de masquer l'existence d'éventuelles tendances politiques en son sein, est progressivement vidée de tout pouvoir[16].

En 1941, il est nommé juge de la section lyonnaise du « Tribunal d'État », une juridiction d'exception créée par le régime de Vichy dont la compétence est très élargie et dont la procédure d'exception réduit à néant les garanties des accusés[17]. M. Malaspina, président de chambre à la cour d’appel d’Aix-en-Provence, préside la « Section de Lyon du Tribunal d'État ». Joseph Darnand, futur chef de la milice française, le préfet honoraire Gustave Vié, l’inspecteur des PTT Émile Champsaur, le contre-amiral Jean-Emmanuel Cadart et Robert Touchon siègent à ses côtés. Louis Souppe, avocat général près la cour d’appel de Lyon, y exerce les fonctions de commissaire du Gouvernement.

Le , il témoigne, avec les généraux Joseph de La Porte du Theil, François Trolley de Prévaux et Antoine Jules Joseph Huré devant la Cour suprême de justice, dans le cadre de la 18e audience du procès de Riom[18].

Retraite

Le , il succède au fauteuil de membre titulaire no 42 de l'Académie delphinale, à Bruno de Corbel Corbeau de Vaulserre, décédé le [19] et a comme successeur, à ce même fauteuil, le , Augustin Guillaume[20].

Distinctions

Publications

Récits

  • Robert Touchon (auteur) et Joanny Drevet (illustrateur), Trois Noëls d'alpins., Grenoble, Didier et Richard, , 44 p., In-8°.
  • Robert Touchon (réédition), « Noël 1914 à la Tête des Faux », Revue historique des armées, Vincennes, Service Historique de la Défense, nos 2/1966, .

Ouvrages et articles relatifs à l'alpinisme

  • Robert Touchon, « Le Massif des Pénitents », La Montagne, Paris, Club Alpin Français, no 2, .
  • Robert Touchon, « Ski de printemps au Mont Blanc. Les mauvaises neiges », La Montagne, Paris, Club Alpin Français, no 231, .
  • Robert Touchon, La Grande Manche : Le massif des Cerces et de la Moulinière., Val-des-Prés, éditions transhumances, , 38 p..

Bibliographie

Livres et périodiques

  • Maurice Talmeyr, « Le commandant Touchon », dans L'héroïsme pendant la guerre : portraits de la belle France., Paris, Perrin, , 244 p., in-16 (lire en ligne), pp. 145 à 156.
  • Henri Temerson, Biographies des principales personnalités françaises décédées au cours de l'année. : Général Touchon (Robert), Paris, Hachette, .
  • Angelo Tasca (auteur) et Denis Peschanski (éditeur technique), Vichy 1940-1944 : quaderni e documenti inediti di Angelo Tasca., Paris et Milan, Editions du CNRS et Feltrinelli, (lire en ligne).
  • Bénédicte Vergez-Chaignon, Pétain., Paris, EDI8 (Perrin), (lire en ligne).
  • Secrétariat d’État à l'Intérieur, Bureau d études juridiques et de documentation générale, Informations générales., vol. 3e année, Vichy, Ministère de l'intérieur (Vichy) (no 83), (lire en ligne).
  • « De nombreux généraux sont mis à la retraite », L'Ouest-Éclair, Rennes, no 15977, (lire en ligne, consulté le ).
  • « Rétrovision du 23 mars 2012 : (re-publication d'articles publiés dans d'anciens numéros d'Alpes&Midi) », Alpes&Midi, Gap, (lire en ligne, consulté le ).
  • M. M., « Concours de fabrication de skis », Revue mensuelle du Touring-club de France, Neuilly-sur-Seine, Touring-club de France, no janvier, .
  • « Ministère de la Défense Nationale et de la Guerre, État-major général de l'armée, nominations », Journal officiel de la République française. Lois et décrets, Paris, Imprimerie Nationale pour le Ministre de l'Intérieur et des Cultes, 72e année no 44, (lire en ligne, consulté le ).
  • Claude Simon, Le Néron, Saint-Martin-le-Vinoux, S. Claude, , 352 p. (ISBN 978-2-9518427-0-0 et 2951842708).

Publications en ligne

Notes et références

Notes

  1. Le nom de la promotion a été choisi afin de commémorer la prise de l’oasis d'In Salah sur les Touaregs. Selon Jacques Mercier du Paty de Clam, un autre nom a alors la faveur des élèves officiers, mais la hiérarchie politique et militaire s'y oppose : « Nous voulions nous appeler : « Villebois-Mareuil ». La guerre anglo-boër nous excitait beaucoup et notre admiration pour le vaillant compagnon des Afrikanders s’exprimait par ce désir. La Diplomatie s’y opposa, et le nom « d'In Salah », rappelant la conquête récente de ce poste important, préludant la possession de notre Empire africain actuel nous fut donné ».
  2. Victor Bourret est prisonnier à Königstein quand il est mis en retraite

Références

  • Armée et histoire militaire françaises
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